L’exploitation fluviale du bassin de Saint-Etienne - article ; n°1 ; vol.10, pg 5-45
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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1934 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 5-45
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A. Desaunais
L’exploitation fluviale du bassin de Saint-Etienne
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 10 n°1-2, 1934. pp. 5-45.
Citer ce document / Cite this document :
Desaunais A. L’exploitation fluviale du bassin de Saint-Etienne. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 10 n°1-2, 1934. pp. 5-45.
doi : 10.3406/geoca.1934.1520
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1934_num_10_1_1520L'EXPLOITATION FLUVIALE DU BASSIN
DE SAINT-ETIENNE
PAR A. DESAUNAIS
II est d'un commun usage de montrer les avantages écono
miques de la voie fluviale sur la voie ferrée en ce qui concerne
les poids lourds, tels que les matériaux de construction, la
houille. Or, en fait, nous devons constater que souvent la voie
ferrée a tué la voie fluviale. L'exemple le plus net est peut-
être celui du bassin houiller de Saint-Etienne, où la construc
tion des premiers chemins de fer a fait disparaître tour à tour
la navigation sur la haute Loire et sur le canal de Givors et
réduit à des quantités insignifiantes les transports de houille
sur le Rhône.
Pour démontrer ces résultats, nous étudierons les premières
exploitations sous l'ancien régime et les premières tentatives
de navigation ; puis nous verrons les effets de la tourmente
révolutionnaire ; nous assisterons ensuite à la construction
des premiers chemins de fer et enfin nous examinerons les
principaux projets d'un canal du Rhône à la Loire.
I. LES PREMIERES EXPLOITATIONS HOUILLERES
Le charbon était connu dans le Jarez depuis les environs
du xive siècle ; mais jusqu'au premier quart du xvine siècle DE SAUNAIS A.
il ne servit qu'à des usages locaux dans les trois parties du
bassin (Rive-de-Gier, Saint-Etienne, Firminy).
A. Le Rhone
Dès le début, de très faibles exportations se dirigèrent vers
le Rhône ; c'est ainsi que dans la deuxième moitié du xve siè
cle, le port de Givors prit de l'importance par suite de la dif
fusion de l'usage du charbon ; la confrérie des mariniers cons
truisit alors la première chapelle Saint-Nicolas (entre 1462 et
1485), et le chapitre des chanoines, comtes de Lyon, « abéné-
visa « (loua) la mesure ou benne de charbon de pierre de Givors
à Hugues Pollicard, « sous le servis de 6 blancs, monnaie cou
rante, dont 4 payables aux obéanciers et les 2 autres au sieur
de Montagny, le dit servis portant lods » (20 avril 1491) '.
Pour aller de Rive-de-Gier au Rhône, on se servait de mul
ets, car les chemins étaient impraticables pour les voitures.
Givors n'était d'ailleurs pas le seul port houiller ; par les sen
tiers de la montagne, les mulets allaient aussi porter le char
bon à Condrieu. Jusqu'à la fin de l'empire, le commerce du
charbon à Rive-de-Gier se faisait de bonne foi entre les extrac
teurs et les marchands de Givors et de Condrieu.
Au xviie siècle, l'importance du trafic houiller s'accrut à
tel point qu'un sieur Grisolon, marchand lyonnais, fermier
des mines du Vivarais, faisant valoir la concurrence des char
bons anglais à Marseille et à Toulon, se fit accorder par le
conseil du Roi, sur le rapport de Colbert, le monopole de
« vendre et voiturer seul » les charbons du Vivarais, du Forez
et du Lyonnais « sur les ports de la rivière du Rhône », à charge
d'approvisionner Marseille et Toulon à des prix défiant la
concurrence anglaise (1669). Mais Grisolon, n'offrant qu'un
vil prix aux muletiers, maintint les prix de vente antérieurs ;
dès lors, le commerce cessa et l'extraction se ralentit ; bientôt
les marchands de Givors, de Condrieu et de Vienne, ainsi que
1. Abeille, Histoire de Givors. EXPLOITATION FLUVIALE DU BASSIN DE SAINT-ETIENNE J
les exploitants de Rive-de Gier protestèrent par pétition, sou
lignant que 6 ou 7.000 familles allaient être ruinées et rendues
incapables de payer les tailles. Ce dernier argument toucha
vivement le gouvernement, qui révoqua le privilège, quelques
mois après sa concession 1.
A la fin du xviie siècle, Givors comptait 12 marchands au
port et de nombreux portefaix.
Jusqu'alors, le « grand port » rhodanien restait Condrieu,
dont les habitants étaient « toujours renommés par leur force,
leur prudence, leur habileté et leur connaissance du fleuve.
Ils fournissaient, ajoute l'almanach de Lyon de 1756, « les meil
leurs patrons pour diriger les bateaux sur le fleuve, dont l'i
nconstance dépasse la rapidité. Le port, près de Condrieu, est
habité par un grand nombre de gens de rivière, fort adroits
et expérimentés à la navigation, continuellement occupés à
la conduite des voitures du Rhône, soit coches, diligences et
autres. Il y a aussi plusieurs charpentiers très entendus à la
construction de toutes sortes de barques et bateaux ». Le port
d'Ainay, à Lyon, était appelé « le petit Condrieu ».
Toutefois Givors tendit de plus en plus à l'emporter sur
Condrieu pour une double raison : d'abord parce qu'au xvine
siècle, le principal courant du Rhône s'étant déplacé, le port
voisin de Grigny disparut au profit de Givors et surtout parce
que Givors est au débouché de plusieurs grandes vallées, qui
sont d'admirables voies de passage, celle du Garon, ancien
chenal de la Saône préglaciaire, et surtout celle du Gier, voie
d'accès vers le bassin houiller ; au xvine siècle, la place de la
Liberté, encore une saulaie, devint un vaste entrepôt, tandis
que le péage rapportait 5.000 livres aux chanoines, comtes de
Lyon.
Le charbon était embarqué sur des « savoyardes », que la
force du courant laissait descendre le fleuve ; au retour, des che
vaux groupés par quadriges remontaient la flotille ; il y avait
parfois quinze à vingt quadriges remorquant ces « rigues » et
tirant la maille. Le patron Arpian est resté célèbre avec ses
1. Gras, Histoire économique des Mines de la Loire. 8 A. DESAUNAIS
80 charollais, accompagnés de conducteurs de 4 en 4, le pre
mier quadrige à robe blanche portant le baile-charretier ; il
plaçait 10 couples au câble arrière, une douzaine au câble de
carate, les autres au restant de la rigue. Cette navigation ne
manquait ni d'allure ni de poésie : on avançait au cri de :
« Royaume ! Empire ! ». On croisait d'autres rigues, des trains
de bois venant de l'Isère, des convois de forçats à destination
de Toulon.
Mais si le Rhône offrait, sinon de grandes facilités, du moins
une possibilité certaine de navigation, la question la plus dé
licate était d'amener le charbon de Rive-de-Gier à l'un des
ports : Condrieu ou Givors. Cette question se posa avec plus
d'acuité encore lorsque, dans la deuxième moitié du xvine siè
cle, les exploitations houillères prirent une extension nouvelle.
Au début, le charbon était recueilli à fleur de terre ; mais
dans le premier quart du xvine siècle, on commença à creuser
de petits puits en suivant les couches affleurantes ; ces premières
« perrières » avaient à peine 1 mètre de largeur sur 30 à 60
mètres de profondeur. « Lorsqu'on creusa celui appelé Piro-
Jacques, lequel dépassa de moitié les profondeurs ordinaires,
les mineurs disaient, et les gens simples les croyaient, que du
fond de cette perrière sans pareille on entendait chanter le
coq de l'autre monde » \ Ces premiers péreiroux utilisaient des
moyens de fortune et se servaient notamment de pelles en
bois.
Puis les propriétaires exploitèrent eux-mêmes le précieux
minéral, ruinant ainsi les péreiroux, qui devinrent leurs ou
vriers ; de nombreux puits se creusèrent à Dorlay, à la « Mon
tagne du Feu »2, au Mouillon, aux Grandes Flaches.
C'est alors que se produisit une véritable révolution sociale ;
la vue du charbon dans les ports de Lyon, Givors et Condrieu,
suggéra à des intrigants l'idée d'une exploitation en grand ;
une compagnie se forma à Lyon (10 avril 1759), sous la direc
tion du sieur Lacombe, secrétaire de l'Intendance du Lyonn
ais, et obtint une ordonnance de concession de toutes les
1. J.-B. Chambeyron, Recherches historiques sur la ville de Rive-de-Gier.
2. Ainsi appelée parce que la houille y brûle depuis des siècles. EXPLOITATION FLUVIALE DU BASSIN DE SAINT-ETIENNE 9
mines des territoires de Gravenand, du Mouillon et d'une lieue
à la ronde. Malgré les protestations des propriétaire

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