La contribution de l informatisation à la croissance française : une mesure à partir des données d entreprises
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La contribution de l'informatisation à la croissance française : une mesure à partir des données d'entreprises

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Les modèles classiques de décomposition de la croissance permettent d'estimer deux types de contribution : d'une part l'effet de la diffusion de l'informatique stricto sensu sur la croissance, par accumulation de capital informatique dans tous les secteurs de l'économie ; d'autre part la contribution à la croissance des gains de productivité réalisés dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies. A l'instar des études américaines sur la comptabilité de la croissance, on évalue l'importance de ces deux types de contribution en France au cours des 15 dernières années. Alors que d'autres études font appel aux données de la comptabilité nationale, l'originalité de cette étude est d'utiliser des données individuelles d'entreprises agrégées par secteurs d'activité. Ces données d'origine fiscale présentent l'avantage de fournir une mesure du stock de capital informatique au sein de chaque entreprise grâce au poste comptable des immobilisations en matériel de bureau, mobilier et informatique. Les effets de diffusion de l'informatique sont importants, de l'ordre de 0,3 point pour une croissance de 2,6 % par an en moyenne sur la période 1987-1998. Ils sont concentrés dans un petit nombre de secteurs fortement équipés en matériels informatiques. L'effet des gains de productivité dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies contribue également de façon significative à la croissance puisque il est évalué à 0,4 point sur la même période. Au total, la contribution du processus d'informatisation en France représente, selon ces estimations, 0,7 point de croissance annuelle sur la période 1987-1998. Par ailleurs, la diffusion de l'informatique et les gains de productivité dans les secteurs producteurs de nouvelles technologies ont aussi sensiblement limité la hausse des prix de la valeur ajoutée, de 0,3 point et 0,4 point respectivement pour une croissance de 1,4 % par an en moyenne sur la période 1987-1998.

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n° 339-340 - Informatisation 07/05/2001 11:00 Page 93
SYNTHÈSES
La contribution de l’informatisation
à la croissance française : une mesure
à partir des données d’entreprises
Bruno Crépon et Thomas Heckel*
Les modèles classiques de décomposition de la croissance permettent d’estimer deux
types de contribution : d’une part, l’effet de la diffusion de l’informatique stricto sensu
sur la croissance, par accumulation de capital informatique dans tous les secteurs
de l’économie ; d’autre part, la contribution à la croissance des gains de productivité
réalisés dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies. À l’instar des études
américaines sur la comptabilité de la croissance, on évalue l’importance de ces deux
types de contribution en France au cours des 15 dernières années. Alors que d’autres
études font appel aux données de la comptabilité nationale, l’originalité de cette étude
est d’utiliser des données individuelles d’entreprises agrégées par secteurs d’activité.
Ces données d’origine fiscale présentent l’avantage de fournir une mesure du stock de
capital informatique au sein de chaque entreprise grâce au poste comptable des immo-
bilisations en matériel de bureau, mobilier et informatique.
Les effets de diffusion de l’informatique sont importants, de l’ordre de 0,3 point pour
une croissance de 2,6 % par an en moyenne sur la période 1987-1998. Ils sont concentrés
dans un petit nombre de secteurs fortement équipés en matériels informatiques. L’effet
des gains de productivité dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies
contribue également de façon significative à la croissance puisque il est évalué à
0,4 point sur la même période. Au total, la contribution du processus d’informatisation
en France représente, selon ces estimations, 0,7 point de croissance annuelle sur la
période 1987-1998.
Par ailleurs, la diffusion de l’informatique et les gains de productivité dans les secteurs
producteurs de nouvelles technologies ont aussi sensiblement limité la hausse des prix
de la valeur ajoutée, de 0,3 point et 0,4 point respectivement pour une croissance de
1,4 % par an en moyenne sur la période 1987-1998.
* Bruno Crépon et Thomas Heckel appartiennent à la division Marchés et stratégies d’entreprise du département des Études éco-
nomiques d’ensemble de l’Insee.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
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n a longtemps pensé que les investisse- classique, dite « primale » explique le taux deOments informatiques des entreprises, croissance de la valeur ajoutée en fonction
pourtant massifs, n’avaient pas conduit aux de la croissance des différents facteurs de
gains de productivité qu’on pouvait en production. La seconde, moins utilisée, dite
attendre. La croissance particulièrement forte « duale » explique le taux de croissance des
que les États-Unis ont connue au cours de la prix de la valeur ajoutée par la hausse des
seconde moitié des années 90 a ranimé le coûts de chacun des facteurs de production
débat sur ce paradoxe de la productivité attri- (cf. encadré 1).
bué à Solow. Le taux de croissance de la pro-
ductivité du travail est en effet passé de 1,5 % L’intérêt des approches primale (par facteur
à 2,5 % de la période 1991-1995 à la période de production) et duale (par prix des facteurs
1996-1999 dans les secteurs marchands non agri- de production) est qu’elles ne nécessitent pas
coles. De nombreux économistes ont cherché à d’hypothèse particulière concernant la techno-
expliquer le rebond du taux de croissance de la logie de production. En revanche, elles reposent
productivité du travail observé depuis 1995 par très fortement sur des hypothèses de concur-
l’informatisation et, plus généralement, par rence sur les marchés des biens et des facteurs,
l’utilisation des nouvelles technologies de l’in- ainsi que sur l’hypothèse de rendements
formation et de la communication (NTIC). d’échelle constants (1). L’approche primale est
Selon les estimations les plus récentes (Oliner néanmoins très largement suivie en pratique.
et Sichel, 2000), près de la moitié de cette La comptabilité de la croissance est un exercice
hausse de la productivité du travail pourrait régulièrement effectué pour les facteurs de
être attribuée à l’utilisation des nouvelles production standards (voir en particulier
technologies. Accardo, Bouscharain et Jlassi (1999) pour
une approche très complète dans le cas de la
France). C’est cette approche qui a été suivieUne question importante est de savoir si la
dans toutes les études ayant cherché à mesu-contribution de l’informatisation à la croissance
rer la contribution de l’informatisation à la provient de la diffusion des ordinateurs dans
croissance (voir Oliner et Sichel (2000) etl’économie ou au contraire trouve seulement
Jorgenson et Stiroh (2000) pour les États-son origine dans le dynamisme des secteurs
Unis ; voir Heckel (2000) (2) et Mairesse,produisant les nouvelles technologies. Ainsi,
Cette et Kocoglu (2000b) pour la France). Encontrairement à Oliner et Sichel, Gordon (2000)
revanche, il n’existe pas d’étude à notresoutient que l’accélération des gains de produc-
connaissance ayant cherché à déterminer tivité observée au niveau agrégé est localisée
l’impact de l’évolution du prix du matérieldans les secteurs producteurs des NTIC et
informatique sur l’évolution des prix, tant enrésulte des progrès techniques importants
France qu’aux États-Unis.réalisés dans le domaine des nouvelles techno-
logies. Dans les autres secteurs, simples utili-
sateurs des nouvelles technologies, le rythme
de croissance de la productivité du travail Une mesure de l’informatisation :
n’aurait pas augmenté structurellement du fait le stock d’équipement informatique
d’une utilisation plus intensive des ordinateurs.
Pour déterminer la place tenue par l’informa-
Dans le cas de la France, la problématique est tisation dans l’économie, il est essentiel de
bien sûr largement différente. Il n’a en effet pouvoir mesurer le stock d’équipement infor-
pas été observé de cycle de croissance impor- matique. On ne dispose en France que de peu
tant et durable au cours des années 90, pas d’informations sur ce sujet. Les travaux de
plus que d’augmentation du rythme des gains
de productivité du travail. On cherche donc
1. De nombreux travaux ont mis en évidence la fragilité dessimplement à mesurer la place de l’infor-
mesures de la productivité globale des facteurs (PGF) à cesmatique dans le système productif français
hypothèses (Hall, 1988 ; Roeger, 1995 ; Klette et Griliches,
et la contribution qu’elle apporte à la crois- 1996 ; Crépon, Desplatz et Mairesse, 1999).
2. Cette étude prolonge en fait celle de Heckel (2000) danssance, en s’intéressant également au poids des
laquelle on estime la contribution du capital informatique à dif-
secteurs qui produisent les NTIC et à leurs férents niveaux d’agrégation. Plusieurs différences notables
existent avec celle-ci. Tout d’abord, les prix de la nouvelle baseperformances.
de l’Insee, la base 95, ont pu être utilisés. Le facteur travail a, par
ailleurs, été introduit, ce qui nous a permis de calculer le taux de
croissance de la PGF. Nous avons également effectué la décom-Deux types de décomposition permettent
position duale, c’est-à-dire de l’évolution des prix. Enfin, la
d’analyser la croissance de la valeur ajoutée et comptabilité de la croissance a été effectuée en distinguant
les secteurs producteurs des NTIC des autres secteurs.la croissance des prix. La première, la plus
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Encadré 1
LE CADRE THÉORIQUE DE LA COMPTABILITÉ DE LA CROISSANCE
La croissance d’une économie, d’un secteur ou d’une entreprise peut être décomposée à partir de la croissance
des différents facteurs entrant dans la production. Le formalisme correspondant à cette décompositi

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