Le Creusot - article ; n°243 ; vol.43, pg 255-274
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Description

Annales de Géographie - Année 1934 - Volume 43 - Numéro 243 - Pages 255-274
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Perrin
Le Creusot
In: Annales de Géographie. 1934, t. 43, n°243. pp. 255-274.
Citer ce document / Cite this document :
Perrin M. Le Creusot. In: Annales de Géographie. 1934, t. 43, n°243. pp. 255-274.
doi : 10.3406/geo.1934.10559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1934_num_43_243_10559255
LE CREUSOT i
Le Creusot peut fournir un bon exemple d'une ville qui s'est déve
loppée rapidement dans une région restée jusque tout près de notre
époque sans activité intense et sans grande population. Il y a cent
cinquante ans, quelques ménages seulement vivaient sur son sol ;
aujourd'hui, l'agglomération compte 40 000 hab. Elle apparaît
comme une immense usine autour de laquelle se sont bâtis, régu
lièrement, les quartiers d'habitation pour la main-d'œuvre. L'en
semble présente, à côté de quelques traits originaux, l'aspect ordi
naire des villes industrielles, sans beaux monuments, sans attraits ;
les rues ne s'animent qu'aux heures d'entrée et de sortie des ouvriers,
mais le bourdonnement des machines, le roulement des laminoirs,
la circulation des trains ne s'arrêtent jamais.
La grande industrie métallurgique y est le centre et la raison de
tout. Déterminée et localisée à son origine par l'existence de certains
facteurs naturels, elle a dû, dans la suite, s'adapter à des conditions
largement modifiées, s'écarter progressivement de son site primitif
et, tout en se développant puissamment, tout en continuant d'inté
grer la gamme complète des travaux du fer, se spécialiser surtout
dans les fabrications difficiles et coûteuses.
C'est cette évolution qui se trouve reflétée dans la naissance de
la cité, dans les étapes de sa croissance et de son peuplement, comme
aussi dans sa physionomie actuelle et dans ses inquiétudes.
I. — L'industrie métallurgique du Creusot
Les conditions naturelles et la création de l'usine. — Pas même
un forgeron ne travaillait en 1780 sur l'emplacement actuel de cette
grande métropole du fer. Son développement rapide depuis
époque présente à sa base, d'abord un faisceau de principes natur
els favorables, mais aussi d'heureuses initiatives s'exerçant, après un
long dédain, dans une ambiance propice.
A vrai dire, toute la vaste dépression qui s'étend de la Saône à la
Loire, et où coulent en sens inverse la Dheune et la Bourbince, pos
sédait la vocation économique. Elle constitue, au Nord du Massif
Central, une voie de passage remarquable, utilisée de tous temps pour
1. La Direction des Établissements Schneider et C1e a eu la grande obligeance
d'organiser une visite spéciale des Usines du Creusot en faveur des membres de l'Asso-
ciation de Géographes français lors de l'excursion de septembre 1933. Nous tenons
à l'en remercier encore très vivement, ainsi que de l'accueil excellent qu'elle nous a
réservé. 256 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
les communications entre l'Est et le Nord de la France, d'une part,
et, d'autre part, la Loire avec, au delà, l'Auvergne et l'Aquitaine.
Elle fut empruntée de bonne heure par une route royale, très fr
équentée. Elle fut choisie à la fin du xvine siècle, de préférence à
d'autres, pour recevoir le canal du Charolais, appelé plus tard canal
du Centre. Elle est suivie de bout en bout, de Chagny à Digoin, par
une ligne de chemin de fer, l'une des grandes transversales de la
France, sur laquelle se greffe à Montchanin une autre transversale
importante, se dirigeant sur Nevers. En relation avec cette facilité
des communications, en relation aussi avec des ressources locales
variées, se sont développés de bonne heure des centres petits, mais très
actifs, d'industries artisanales.
Parmi ces ressources naturelles, les minerais de fer recelés dans
les calcaires oolithiques étaient anciennement connus et exploités aux
environs de Couches-les-Mines, à Chalençay, Change, Mazenay,
Créot, ainsi que dans les paroisses situées de l'autre côté de la Dheune.
Suivant la méthode de l'époque, ces minerais devaient être traités
dans des fourneaux chauffés au bois, et le métal obtenu, battu par
des martinets ; des chariots les conduisaient donc à quelques lieues
aux alentours, dans des points bien choisis au milieu des forêts
donnant le combustible et près des cours d'eau fournissant la force
motrice.
Plusieurs petits centres d'élaboration du fer existaient ainsi à la
fin du xvine siècle1 : dans la paroisse de Saint-Sernin-du-Bois2, le
fourneau de Bouvier et deux affineries établies sur le Mesvrin retenu
en étang ; dans celle d'Antully, le fourneau et les forges des Baumes ;
à Saint-Émiland, des installations analogues, sur l'étang ; au Sud-
Est de la dépression, deux petits ateliers, à Parizenot, paroisse de
Saint-Eusèbe-aux-Bois et à la Motte-Vouchot, paroisse d'Écuisses 3.-
C'étaient de fort petites entreprises, employant seulement quel
ques ouvriers, et de façon peu régulière, produisant par conséquent
une faible quantité d'un métal dont on ne signale ni les débouchés,
ni la transformation en objets de commerce ; elles devaient alimen
ter seulement les petits maréchaux des villages voisins.
La facilité des communications, l'existence de minerai et d'une
petite métallurgie eurent dans la suite leur part dans le développe
ment du Creusot, mais ne paraissent pas avoir joué un rôle déte
rminant dans la création de l'usine. En effet, l'industrie qui y fut
importée par des fondateurs et une main-d'œuvre venus d'ailleurs
1. H. et G. Bourgin, LHndustrie sidérurgique en France au début de la Révolution,
1912. — Voir Bull. Soc. Éduenne, Autun, 1923.
2. Dans la paroisse de Saint-Sernin, à Prodhun, une verrerie avait été créée pour
« consommer les forêts qui avaient été négligées jusqu'alors ».
3. Certains noms de lieux conservent le souvenir de ces établissements : Couches-
les-Mines, le Vieux Fourneau, le Martinet.... LE CREUSOT 257
était bien différente de ces petits travaux ; elle mettait en œuvre des
procédés nouveaux et reposait avant tout sur l'emploi du charbon
local.
Le bassin houiller, qui s'étend sur 60 km. dans le synclinal hercy
nien, de Charrecey à Perrecy-les-Forges, comprend en réalité deux
bassins d'inégale importance, disposés parallèlement et séparés par
une dorsale granitique : à l'Est, le bassin de Blanzy, de beaucoup le
plus riche, mais qui fut découvert seulement au xixe siècle et pro
duit actuellement 1 million et demi de t. ; à l'Ouest, une série discon
tinue de lambeaux, dont le plus important, celui du Creusot, s'est
déposé dans un petit golfe de l'époque carbonifère, de 3 km. de lon
gueur seulement. Sa richesse est constituée essentiellement par une
grande couche, très plissée, dont la puissance est généralement de 8
à 10 m., mais peut atteindre jusqu'à 30 m. dans certains renflements ;
la gamme des charbons s'étend des sortes grasses jusqu'aux anthrac
ites. L'érosion, agissant sur les terrains houillers tendres et hétéro
gènes, a profondément affouillé la vallée de la Charbonnière et déter
miné sur son versant des affleurements plus ou moins apparents. Le
gisement fut découvert en 1502, et le premier acte relatif à son exploi
tation est de 1510 x ; mais les paysans se contentèrent longtemps de
ramasser le charbon des affleurements, et sans prendre aucune pré
caution, comme en témoignent des incendies fréquents. L'exploi
tation véritable ne commença qu'après 1769 lorsque le baron de
Montcenis en eut obtenu la concession exclusive pendant cinquante
ans, sur 30 lieues de superficie.
L'époque à laquelle commença cette exploitation exerça sur les
destinées du Creusot une influence capitale. Dans certaines autres
régions houillères, — ■ à Saint-Étienne, en Saxe, en Angleterre, —
l'extraction plus ancienne du charbon avait développé une petite
industrie de transformation du fer : la chaleur dégagée par sa com
bustion était utilisée pour réchauffer le métal venu d'ailleurs, le
travailler à la forge et fabriquer des objets usuels dans une poussière
de petits ateliers. Rien de tel ne devait

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