LIPC, miroir de lévolution du coût de la vie en France ? Ce quapporte lanalyse des courbes dEngel (suivi d un commentaire de Nicolas Gravel)
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L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) vise à mesurer l’évolution générale des prix à qualité de produits constante. Il est aussi utilisé comme mesure de l’évolution du coût de la vie quand il sert à l’indexation de revenus ou de contrats privés. Il est donc important de s’assurer que cet indice est un bon indicateur de l’évolution du coût de la vie. On se propose ainsi de tester, dans le cas français, l’existence d’une divergence entre l’IPC et l’évolution du coût de la vie en s’appuyant sur la comparaison intertemporelle des courbes d’Engel relatives à la consommation alimentaire. Celles-ci retracent la part de la consommation alimentaire dans le budget des ménages en fonction du pouvoir d’achat, part qui est décroissante avec le revenu. Sous l’hypothèse que les courbes d’Engel théoriques sont constantes au cours du temps, le déplacement des courbes observées traduit une divergence entre l’évolution de l’indice des prix et celle du véritable coût de la vie. Cette méthodologie est reprise de Costa (2001) et Hamilton (2001). On l’applique aux données françaises en mobilisant les séries de l’IPC et les enquêtes Budget de famille de 1979 à 2006. L’analyse est conduite par catégorie de ménages. Un éventail de techniques est utilisé : techniques robustes à l’influence trop forte de certaines observations, instrumentation contre les erreurs de mesure et l’endogénéité du total des dépenses, techniques de recalage pour corriger d’éventuelles mauvaises déclarations. Les résultats diffèrent selon que l’on travaille sur les données issues directement de l’enquête ou sur celles recalées sur les agrégats des comptes nationaux. Même si ces résultats ne peuvent pas avoir de valeur normative, l’analyse intertemporelle des courbes d’Engel ne conforte donc pas la thèse selon laquelle l’IPC français aurait sous-estimé l’évolution du coût de la vie entre 1979 et 2006.

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Langue Français
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Extrait

ÉCONOMIE
L’IPC, miroir de l’évolution du coût
de la vie en France ? Ce qu’apporte
l’analyse des courbes d’Engel
Marie-Émilie Clerc et Élise Coudin*
L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) vise à mesurer l’évolution générale des prix
à qualité de produits constante. Il est aussi utilisé comme mesure de l’évolution du coût
de la vie quand il sert à l’indexation de revenus ou de contrats privés. Il est donc impor-
tant de s’assurer que cet indice est un bon indicateur de l’évolution du coût de la vie.
On se propose ainsi de tester, dans le cas français, l’existence d’une divergence entre
l’IPC et l’évolution du coût de la vie en s’appuyant sur la comparaison intertemporelle
des courbes d’Engel relatives à la consommation alimentaire. Celles-ci retracent la part
de la consommation alimentaire dans le budget des ménages en fonction du pouvoir
d’achat, part qui est décroissante avec le revenu. Sous l’hypothèse que les courbes d’En-
gel théoriques sont constantes au cours du temps, le déplacement des courbes observées
traduit une divergence entre l’évolution de l’indice des prix et celle du véritable coût de
la vie.
Cette méthodologie est reprise de Costa (2001) et Hamilton (2001). On l’applique aux
données françaises en mobilisant les séries de l’IPC et les enquêtes Budget de famille
de 1979 à 2006. L’analyse est conduite par catégorie de ménages. Un éventail de tech-
niques est utilisé : techniques robustes à l’infuence trop forte de certaines observations,
instrumentation contre les erreurs de mesure et l’endogénéité du total des dépenses,
techniques de recalage pour corriger d’éventuelles mauvaises déclarations.
Les résultats diffèrent selon que l’on travaille sur les données issues directement de l’en-
quête ou sur celles recalées sur les agrégats des comptes nationaux mais la croissance du
coût de la vie que refètent les courbes d’Engel est toujours plus faible que celle de l’IPC.
Même si ces résultats ne peuvent pas avoir de valeur normative, l’analyse intertempo-
relle des courbes d’Engel ne conforte donc pas la thèse selon laquelle l’IPC français
aurait sous-estimé l’évolution du coût de la vie entre 1979 et 2006.
* Lors de la rédaction de cet article, Marie-Émilie Clerc et Élise Coudin faisaient partie du département des Études Économiques d’En-
semble (D3E) de l’Insee. Élise Coudin est également affliée au Cr est.
Les auteures remercient Didier Blanchet, Magali Beffy, Hélène Erkel-Rousse pour leur relecture attentive ainsi que Vanessa Bellamy,
Maryse Fesseau et Emmanuel L’Hour pour leur aide précieuse. Ce travail a été présenté à l’occasion d’un séminaire interne du D3E
le 23 novembre 2009. Les auteures remercient Jérôme Accardo pour ses remarques constructives, les deux rapporteurs ainsi que les
participants au séminaire D3E.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 433-434, 2010 77’objet de cette étude est de confronter Russie, (Gibson et al., 2008), Mexique et Brésil L l’évolution du coût de la vie, telle qu’elle (de Carvalho et al., 2008), Italie (Papalia, 2006).
ressort des courbes d’Engel relatives aux dépen- Cet article étudie le cas de la France en utilisant
ses alimentaires, à celle de l’Indice des Prix à les séries de l’IPC et les six enquêtes Budget de
la Consommation (IPC) de l’Insee, entre 1979 Famille (BdF) disponibles de 1979 à 2006 (cf.
et 2006. encadré 1). Compte tenu des hypothèses restric-
tives sur lesquelles repose la méthode, l’étude
ne peut pas fournir une estimation du biais Les courbes d’Engel relatives aux dépenses ali-
effectif de l’IPC, mais elle peut fournir un élé-mentaires relient la part du budget consacrée à
ment utile à l’appui, ou au contraire à l’encon-l’alimentation au pouvoir d’achat du consom-
tre, de la thèse parfois défendue selon laquelle mateur. La première loi d’Engel stipule que
l’IPC aurait sous-estimé la hausse du coût de la cette part décroît avec le niveau de richesse.
1vie, notamment depuis le passage à l’euro. Autrement dit, quand la richesse d’un ménage
augmente, la part des dépenses qu’il consacre
à l’alimentation diminue. La part des dépenses
L’IPC et la mesure de l’évolution du coût alimentaires peut donc s’interpréter comme un
de la vieindice indirect de bien-être. Cette idée se for-
malise en se plaçant dans le cadre de la théo-
L’IPC vise à mesurer l’évolution générale des rie du consommateur. Sous un certain nombre
prix à qualité de produit constante. Il a plusieurs d’hypothèses, notamment celle de stabilité
fonctions, qui ne sont pas toujours aisément des préférences, la part du budget consacrée à
conciliables. Il est en premier lieu un indicateur l’alimentation diminue si les consommateurs
macroéconomique des tensions infationnistes. s’enrichissent, augmente s’ils s’appauvrissent,
Il sert aussi de base de calcul au défateur utilisé en se déplaçant toujours le long de la même
pour calculer les évolutions en termes réels pour courbe d’Engel. À caractéristiques identiques,
la Comptabilité nationale. Il doit aussi mesurer deux ménages observés à deux dates diffé-
l’évolution du pouvoir d’achat des revenus, rentes qui ont la même richesse consacrent la
quand il sert à l’indexation de revenus (minima même part de leurs dépenses à l’alimentation.
sociaux, smic, pensions,…) ou de contrats pri-On peut donc construire un indice de coût de
vés. Enfn il doit permettre des comparaisons la vie en recherchant le défateur du revenu qui
internationales.permet aux courbes d’Engel de se superposer
d’une période à l’autre. Il est alors possible de
La hiérarchie entre les différentes fonctions de confronter les évolutions de cet indice à celle de
l’IPC a évolué au cours du temps et les méthodes l’IPC. Telle est l’idée développée par Hamilton
retenues pour le calculer sont le refet de cette (2001) et Costa (2001). Ces auteurs comparent
évolution. Au moment de sa création (en 1916), le Consumer Price Index (CPI) américain à cet
et au cours des 50 ans suivants, l’IPC avait pour indice d’évolution du coût de la vie et interprè-
objectif principal la mesure du pouvoir d’achat tent l’écart entre les deux comme un biais du
des salariés dans le cadre des négociations CPI. Leur approche s’applique dans le cadre
salariales. Puis le développement des analyses précisé ci-dessus et nécessite des hypothèses
conjoncturelles, la nécessité d’une mesure cor-supplémentaires : une utilité séparable entre
recte des agrégats de la Comptabilité nationale l’alimentation et les autres biens, une spécif-
(par exemple pour calculer la croissance) ont cation linéaire de la courbe d’Engel et d’autres
donné plus de poids aux objectifs macroécono-hypothèses techniques.
miques. Enfn, l’harmonisation internationale a
pris une importance croissante depuis les années Cette méthodologie a été appliquée depuis telle
1980-1990, avec la mise en place des critères quelle, ou dans des versions étendues, dans
de Maastricht portant sur l’infation (cf. Insee, de nombreux pays. Beatty et Larsen (2005)
1998). Cependant, son rôle socio-économique et Larsen (2004) proposent des spécifcations
s’est à nouveau renforcé récemment notamment semi-paramétriques de la courbe d’Engel. Logan
parce qu’il entre dans l’indexation des pensions (2008) introduit un effet variable de la taille du
depuis 2003 et dans le calcul de l’évolution des ménage, au lieu d’un effet fxe comme dans la
loyers depuis 2008.spécifcation d’Hamilton et Costa. La méthode
initiale et ses extensions semi-paramétriques
ont été appliquées dans divers pays : Norvège
(Larsen, 2004 (1)), Canada (Beatty et Larsen, 1. C’est la seule étude dont nous avons connaissance qui
conclut à une sous-estimation du coût de la vie en utilisant cette 2005), Australie (Barrett et Brzozowsky, 2009),
méthode, attribuée au traitement

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