Mesurer le rendement de l innovation
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Évaluer le rendement de l'innovation, c'est-à-dire estimer les gains de productivité des entreprises imputables à la recherche, peut se faire de deux façons. La première, plus traditionnelle, utilise le nombre de brevets déposés, mais reste insuffisante car la décision de breveter une innovation varie beaucoup d'une entreprise à l'autre. La seconde, plus récente, donne une mesure complémentaire et plus satisfaisante de l'innovation en mesurant la part des produits de moins de cinq ans dans le chiffre d'affaires des entreprises. Elle a l'avantage de prendre en compte à la fois les innovations mais aussi les améliorations voire les imitations de produits. Globalement, ces deux mesures permettent d'expliquer dans des proportions comparables les gains importants de productivité dus à la recherche dans l'industrie manufacturière. Cependant, la seconde approche permet de mieux prendre en compte les effets de variables comme l'impulsion de la demande ou la dynamique propre de la technologie. Plus qualitatives, elles expliqueraient au moins autant la décision des entreprises de faire de la recherche et le montant des sommes qu'elles sont disposées à y consacrer que leur taille, leur part de marché ou leur diversification.

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Langue Français

Extrait

065-078 Mesurer rendement 05/10/2000 10:30 Page 65
ENTREPRISES
Mesurer le rendement
de l’innovation
Bruno Crépon, Emmanuel Duguet et Jacques Mairesse*
Évaluer le rendement de l’innovation, c’est-à-dire estimer les gains de productivité des
entreprises imputables à la recherche, peut se faire de deux façons. La première, plus
traditionnelle, utilise le nombre de brevets déposés, mais reste insuffisante car la déci-
sion de breveter une innovation varie beaucoup d’une entreprise à l’autre. La seconde,
plus récente, donne une mesure complémentaire et plus satisfaisante de l’innovation en
mesurant la part des produits de moins de cinq ans dans le chiffre d’affaires des entre-
prises. Elle a l’avantage de prendre en compte à la fois les innovations mais aussi les
améliorations voire les imitations de produits.
Globalement, ces deux mesures permettent d’expliquer dans des proportions compa-
rables les gains importants de productivité dus à la recherche dans l’industrie manufac-
turière. Cependant, la seconde approche permet de mieux prendre en compte les effets
de variables comme l’impulsion de la demande ou la dynamique propre de la technolo-
gie. Plus qualitatives, elles expliqueraient au moins autant la décision des entreprises de
faire de la recherche et le montant des sommes que celles-ci sont disposées à y consa-
crer que leur taille, leur part de marché ou leur diversification.
* Bruno Crépon dirige la division Marchés et stratégies d’entreprises de l’Insee. Emmanuel Duguet est Professeur à l’Université de
Bretagne occidentale et membre du laboratoire EUREQua, UMR 8594 du CNRS. Jacques Mairesse est Inspecteur général de l’Insee
et membre du Crest.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
65ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 334, 2000 - 4065-078 Mesurer rendement 05/10/2000 10:30 Page 66
omment évaluer les gains de productivité que modèle présenté ici peut donc être vu comme unCl’on peut retirer des activités de recherche et approfondissement des modèles traditionnels où la
développement? Par rapport aux études anté- productivité est reliée directement à la recherche.
rieures qui consistaient à mettre les dépenses de Mais ce modèle ne peut être utile qu’à la condition
recherche et développement parmi les facteurs de de disposer de mesures d’innovation, c’est-à-dire
production, l’approche retenue ici vise à mieux de l’output de la recherche. Au niveau individuel,
éclairer les différentes étapes du processus d’inno- de telles données ne sont disponibles que depuis
vation. Dans une première étape, les entreprises peu dans l’industrie manufacturière française,
investissent en recherche et développement notamment à partir de l’exploitation de l’enquête
(R&D) afin de mettre au point de nouveaux pro- Innovation du Sessi (cf. encadré).
duits et processus de production. Dans un deuxiè-
me temps, les dépenses de R&D donnent ou non La valeur ajoutée produite par employé, c’est-à-
des produits et procédés nouveaux. La recherche dire la productivité, est obtenue d’une part via les
n’est donc pas toujours couronnée de succès et facteurs de production traditionnels que sont le
l’on peut envisager de mesurer son rendement non capital physique et les différentes qualifications
pas en termes de productivité, mais en termes d’in- de la main-d’œuvre et, d’autre part, par l’innova-
novation. Enfin, les entreprises dont la recherche a tion (cf. schéma). L’effet de l’innovation sur la
effectivement donné des produits et procédés nou- production est similaire au terme de progrès tech-
veaux vont pouvoir améliorer leur productivité. nique habituellement rencontré dans la littérature,
C’est dans cette dernière étape que l’on mesure le à cette différence près que chaque entreprise pos-
rendement de l’innovation, c’est-à-dire cette partie sède un terme de progrès technique qui dépend de
de la recherche qui a mené à des gains significatifs sa propre politique d’innovation. L’innovation
de productivité. Le rendement de la recherche prend elle-même sa source dans un capital de
résulte donc de deux processus : le premier est connaissances, non observable, qui provient des
représenté par le lien recherche-innovation et le investissements réalisés en recherche et dévelop-
second par le lien innovation-productivité. Le pement.
Schéma
Le modèle
Part de Marché
Diversification
Recherche et
Développement
Impulsion Taille
du marché Capital de connaissances Secteur
technologiquesDynamique de d’activité
la technologie
Innovations
Brevets
Productivité
Capital physique
Qualifications
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Encadré
LES SOURCES UTILISÉES ET LA CONSTRUCTION
DE LA BASE DE DONNÉES
Les informations utilisées combinent de nombreuses appliquée et développement ou dépenses en biens
sources de données individuelles sur l’industrie manu- d’investissement, coût salarial et consommations inter-
facturière. On peut distinguer les données comptables médiaires) ainsi que des renseignements sur les
(quantitatives) et les données de l’enquête Innovation sources de financement de la recherche. On retient ici
(qualitatives). les dépenses totales de recherche et développement
qui comprennent aussi bien les dépenses internes de
Les déclaration des bénéfices industriels recherche que les dépenses externes. Un capital de
et commerciaux (BIC) recherche est calculé sur la base des dépenses de
recherche déflatées des entreprises depuis 1974 selon
Variables : EMP, CAP, P et IND la méthode de l’inventaire permanent. Nous utilisons un
taux de dépréciation annuel de 15 % et une hypothèse
Les fichiers BIC regroupent les données des déclara- de croissance pré-observatoire de 5 % pour les entre-
tions de bénéfices industriels et commerciaux des prises présentes dans l’enquête depuis 1974 (1). Ces
entreprises, notamment les données du bilan et du dépenses sont déflatées par un indice de valeur calculé
compte de résultat. Les variables retenues dans l’étude à partir de la décomposition des dépenses internes de
sont les suivantes : recherche entre consommations intermédiaires,
salaires et biens d’investissements (cf. tableau) (2).
– l’emploi, mesuré par l’effectif moyen de l’entreprise
er(demi-somme de l’effectif au 1 janvier et au 31 décembre) ; Les données de brevets européens
(EPAT – European PATent)
– la valeur ajoutée hors taxe ;
Variable : BREV
– les données servant à la construction des séries de
capital physique ; Il s’agit d’une base de données qui, jusqu’à une date
récente, ne pouvait pas être fusionnée avec les autres
– l’activité principale exercée au niveau 40 de la NAP. bases de données en raison de l’absence de numéro
SIREN. Elle recense les brevets déposés auprès de
L’Enquête sur la structure des emplois (ESE) l’Office Européen des Brevets par les entreprises fran-
çaises. Un travail spécifique a donc été réalisé à la
Variables : PI et PA division Marchés et stratégies d’entreprises de l’Insee
par J.-C. Bussy, C. Carpentier, P. Corbel et I. Kabla pour
Le personnel peut être ventilé par qualification. Nous « siréniser » cette base de données (se reporter à
avons retenu la part des ingénieurs et du personnel Bussy, Carpentier et Kabla, 1994) (3). Nous avons sim-
administratif dans l’emploi de l’entreprise. Pour plus de plement utilisé le nombre total de brevets déposés
détails, se reporter à Crépon et Mairesse (1993). entre 1986 et 1990.
Les données de branche de l’Enquête annuelle L’enquête Innovation du Sessi
d’entreprise (EAE)
Variables : INO, DP et TP
Variables : DIV et PM
Cette enquête est un supplément à l’EAE, réalisée par
L’EAE fournit également des données de branche. On le ministère de l’Industrie en 1991. Le champ couvert
dispose, notamment pour chaque entreprise, du chiffre est celui des entreprises de plus de 20 salariés de l’in-
d’affaires ve

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