Roanne et la Haute Loire navigable - article ; n°1 ; vol.11, pg 39-52
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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1935 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 39-52
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 51
Langue Français

Extrait

A. Desaunais
P. Simond
Roanne et la Haute Loire navigable
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 11 n°1, 1935. pp. 39-52.
Citer ce document / Cite this document :
Desaunais A., Simond P. Roanne et la Haute Loire navigable. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 11 n°1, 1935. pp. 39-52.
doi : 10.3406/geoca.1935.6458
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1935_num_11_1_6458RQANNE ET LA HAUTE LOIRE NAVIGABLE
PAR A. DESAUNAIS ET P. SIMOND
C'est un fait couramment énoncé que la Loire n'est pas
navigable : son irrégularité, son insuffisance en eau, ses crues
trop vite écoulées sur une pente relativement forte et sur des
terrains imperméables dans son cours supérieur ne permettent
pas une circulation fluviale. Mais, si cette proposition a une
réalité actuelle, nous devons bien reconnaître qu'il n'en a pas
toujours été ainsi, bien au contraire. La Loire, en effet, ne
constitue-t-elle pas une route merveilleuse pénétrant au cœur
même du Massif Central? De nos jours, si l'on a renoncé à
utiliser le fleuve lui-même, sa vallée, du moins, est-elle longée
par une voie latérale de Roanne à Briare, le premier de ces
deux ports marquant un terminus dans la pénétration fluviale
à l'intérieur de la France.
I. LA HAUTE LOIRE NAVIGABLE
A s'en référer à certaines etymologies, le nom même de la
Loire indiquerait sa navigabilité : Liger proviendrait de lignem
gerens, celle qui porte du bois, et ferait allusion soit à des trains
de bois, soit plutôt à des pirogues préhistoriques. Si l'étymo-
logie est fantaisiste, le sens est intéressant. 40 A. DESAUNAIS ET P. SIMOND
Lorsque, dix siècles avant notre ère, les Phéniciens allaient
chercher l'étain des îles Cassitérides et l'ambre du Samland,
n'ont-ils pas emprunté la route plus courte du Rhône et de la
Loire, évitant le passage délicat des Colonnes d'Hercule ?
Certains n'ont-ils pas vu plus tard des Rhodiens fonder
Rhoda, à l'embouchure d'un fleuve, qu'ils allaient, dès lors,
appeler Rhodanus, le Rhône? et ces mêmes Rhodiens remont
ant, vers le VIe siècle, jusqu'au confluent de la Saône, puis
franchissant les montagnes, n'auraient-ils pas fondé un empo
rium, un comptoir sur la Loire à Rhodumna, la future Roanne ?
Quelle que soit la valeur historique de l'origine rhodienne du
Rhône et de Roanne, César nous dépeint de son temps une
active navigation sur la Loire 1. Des marchands romains
s'étaient établis près de ses rives. De même, Strabon nous parle
d'expéditions sur la Loire, qui offrait, dit-il, une navigation
facile 2. La corporation des nautes de la Loire, groupant négo
ciants et bateliers, devait avoir un de ses centres à Roanne.
La navigation de la Loire s'est poursuivie jusqu'au xixe
siècle, mais il est certain que les invasions lui ont valu un
ralentissement 3.
Les documents féodaux sont la preuve de cette continuité ;
c'est ainsi qu'en 1220, « Guillemette, veuve de Chatard de
Roanne, fit foi et hommage au comte de Forez pour la moitié
du port et péage de Roanne, dont le revenu formait probable
ment son douaire. Ce droit de péage paraît avoir été, dès les
temps les plus anciens, la principale source de richesse des
seigneurs de Roanne. L'importance des revenus qu'ils en t
iraient prouve que cette ville fut de tout temps un lieu de pas
sage très fréquenté. Il est de même probable que ce ne fut pas
un simple droit de bac, mais un impôt prélevé sur tous les
bateaux qui se chargeaient sur ce port pour descendre le cours
de la Loire. Quoi qu'on en ait dit, la navigation ne fut jamais
entièrement interrompue, et l'importance du commerce par
eau, au Moyen Age, fut peut-être plus grande qu'on ne croit.
1. Commentaire sur la guerre des Gaules, livre VII.
2. Strabon, Géographie, livre IV, chapitre I.
3. J. Guillien, Roanne et le Roannais, 1863. ET LA LOIRE NAVIGABLE 41 ROANNE
Le port de Roanne (portus de Rohenna) est encore mentionné
dans une charte de 1222 l.
Les ordonnances de Philippe le Bel parlent de la Corporation
des marchands fréquentant la rivière de Loire, héritière plus ou
moins directe des Nautae ligerici. L'on naviguait même en
amont de Roanne, car il est question, au XVe siècle, du port de
Cleppé.
Une impulsion nouvelle fut donnée à cette activité, quand
Jacques Cœur devint seigneur de Roanne. L'argentier de
Charles VII était directement intéressé à la prospérité de la
navigation, non pas seulement à cause des revenus du péage de
Roanne, mais surtout parce qu'il chargeait sur la Loire les
produits de ses mines de plomb, d'argent et de cuivre, exploitées
à Chessy, Saint-Pierre la Palud et Joux-sous-Tarare. Il obtint
donc, en 1438, la suppression de la plupart des péages qui gre
vaient les transports fluviaux, et il fit étudier l'amélioration de
la Loire en amont de Roanne, notamment l'enlèvement des
rochers qui séparent Roannais et Forez.
La Loire a été, à cette époque, utilisée par d'illustres voya
geurs : Louis XI, revenant d'un pèlerinage à Notre-Dame du
Puy, s'embarqua à Roanne pour Plessis-les-Tours (1476).
Bientôt le duc d'Anjou, comte de Forez, le futur Henri III,
chargea Adam de Craponne d'étudier l'amélioration du fleuve
au sud de Roanne (1572) ; les Etats du Forez votèrent un crédit
de 5.000 livres à cet effet ; mais qu'est devenu cet argent ?
L'ouverture du canal de Briare (1605) permit dès lors une
liaison directe avec Paris et l'on voit Louis XIII descendre la
Loire de Roanne à Briare (1632), ainsi que Richelieu (12 sep
tembre 1642) et Mazarin (21 janvier 1659).
La Loire était alors tellement considérée comme navigable
que Scarron plaça une des scènes de son roman comique sur
un bateau parti de Roanne.
Cette activité fluviale tenta même les spéculateurs, et lorsque
François d'Aubusson, duc de La Feuillade, devint duc de Roann
ais, il obtint, en mars 1673, des lettres patentes « portant
permission audit seigneur duc, à ses successeurs ou ayant cause
1. Alphonse Coste, Essai sur Roanne, 1871. 42 A. DESAUNAIS ET P. SIMOND
d'établir, à ses frais, des bateaux de voiture et coches par eau
sur la rivière de la Loire, de la ville de Roanne en celles d'Or
léans, Tours, Saumur, Nantes et autres, même en celle de Paris
par le canal de Briare, et desdites villes retourner en celle de
Roanne ; avec faculté de voiturer des unes aux autres les per
sonnes, paquets, hardes et marchandises, au prix qui serait
fait par les particuliers, de gré à gré, ou qui se trouverait réglé
par les officiers des villes, où de semblables établissements
avaient eu lieu ». Le duc devait assurer un service régulier et
ne pas gêner les autres entreprises ; cette concession s'explique
par l'irrégularité des services, qui décourageait les expéditeurs.
Roanne expédiait alors « quarante charrettes de quincaille et
rubans » venues chaque semaine de Saint-Etienne, du chanvre
de Saint-Galmier et de Feurs, du poisson de Saint-Germain
Laval pour Paris ; nous voyons là les produits du Forez maré
cageux.
Toutes ces villes, ainsi que les villes riveraines, par crainte
d'un monopole et d'une augmentation de prix, - protestèrent
contre la concession du duc, un des plus curieux chevaliers
d'aventures de cette époque. Malgré tout, le Parlement enre
gistra les lettres (10 mai 1679). Coches et bateaux durent partir
régulièrement lundis et jeudis; le premier coche descendit en
1681. Le duc obtint aussi un service de messageries de Lyon à
Roanne.
Le duc de Saint-Simon n'a pas laissé échapper cette curieuse
figure : « La nature, dit-il x, plus sage que les hommes, ou, pour
parler plus juste, son auteur, avait posé des rochers au-dessus
de Roanne, dans la Loire, qui en empêchaient la navigation
jusqu'à ce lieu, qui est le principal du duché de M. de La Feuil-
lade. Son père, tenté du profit de cette navigation, les avait
voulu faire sauter. Orléans, Blois, Tours, en un mot tout ce
qui est sur le cours de la Loire s'y opposa. Ils représentèrent le
danger des inondations ; ils furent écoutés et, quoique M. de La
Feuillade alors fut un favori et fort bien avec M. de Colbert,
il fut réglé qu'il ne serait rien innové et qu'on ne toucherait à
ce

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