La 16ème édition des Tendances et perspectives du bâtiment, élaborée par KPMG à partir d’un large échantillon d’entreprises clientes du cabinet, vise comme les années précédentes, à apporter un éclairage sur les indicateurs-clés et sur les orientations de cette filière économique.
BÂTIMENT
Tendances et perspectives
du bâtiment
2009
kpMgeLa 16 édition des Tendances et perspectives du bâtiment, élaborée par KPMG
à partir d’un large échantillon d’entreprises clientes du cabinet, vise comme
les années précédentes, à apporter un éclairage sur les indicateurs-clés et
sur les orientations de cette filière économique.
Au-delà des ratios, des analyses, des tendances, des orientations, se sont
exprimés, au travers d’interviews, des acteurs majeurs de la Profession
du bâtiment, afin d’apporter leur expertise et leur point de vue sur un secteur
qui démontre dynamisme et innovation dans un contexte économique ambiant,
quelque peu morose.
D’autre part, une analyse macro-économique traduit les orientations de la filière
bâtiment dans la vision stratégique d’une croissance continue pour les années
à venir ; celle-ci ne sera accessible probablement qu’à ceux qui appliqueront
les accords de Grenelle et à ceux qui sauront adapter leurs ressources
humaines aux constructions et matériaux innovants, reflet d’un phénomène
sociétal en lien avec le développement durable.
Les Tendances et perspectives du bâtiment, édition 2009, sont aussi et
surtout l’aboutissement d’un partage de connaissances et d’expériences,
d’une mutualisation des relations et partenariats, démontrant ainsi la force
d’un secteur économique porteur de valeur ajoutée certaine.
Nous remercions vivement tous ceux qui ont participé à l’élaboration de
ce document annuel et nous vous en souhaitons bonne lecture.
Annie Chauzu
Associée KPMG
Responsable du réseau Artisans et Entreprises du BâtimentSommaire
Enjeux et perspectives p. 5
Ce qu’il faut retenir de l’année 2008 p. 17
Les tendances 2008 des entreprises soumises à l’I.S. p. 23
Les tendances 2008 des entreprises soumises à l’I.R. p. 37
Conseils pour une croissance durable p. 49
Annexes p. 59
KPMG en un regard p. 61 Enjeux et perspectives
• 5 •Enjeux et perspectives
Si l’an dernier, nous avions évoqué “une année en demi-teinte” à propos de 2008, personne ne contestera qu’en
2009 c’est bien de crise qu’il faut parler. Après plusieurs années de hausse, l’activité dans le secteur du bâtiment a
commencé à fléchir au quatrième trimestre 2008 avant de reculer plus franchement au premier semestre 2009.
Pour autant, le retournement n’a pas eu de conséquences dramatiques.
“Les entreprises ont bien résisté car en début de crise les carnets de commandes
étaient très étoffés, supérieurs à six mois en moyenne en 2007”, explique
Didier Ridoret, Président de la Fédération Française du Bâtiment. À la faveur
d’une économie florissante, nombre d’entreprises avaient renforcé leurs fonds
propres, une prudence qui leur permet de faire le dos rond en attendant des jours
meilleurs.
eAvec des carnets de commandes encore de 5/6 mois au 4 trimestre 2008,
en définitive, le bâtiment a vu les premières difficultés apparaître à partir
du premier trimestre 2009 ; et même là, ce sont surtout les entreprises les plus
récentes qui en souffrent.
Leurs dirigeants ont parfois contracté des emprunts qu’ils peinent à rembourser
alors que les projets se font plus rares.
Mais globalement, l’entrée en récession tardive du bâtiment a préservé le secteur.
Elle fait toutefois craindre un redémarrage plus lent, avec des prévisions de baisse
d’activité de l’ordre de 4% sur l’année 2009.
Une baisse sensible des mises en chantier
Les moteurs de la crise sont connus. Après le pic de production de logements neufs
en 2007 – 437 000 mises en chantier –, la situation s’est dégradée depuis deux ans.
Ainsi, pour 2009, les fédérations professionnelles tablent sur seulement 315 à
330 000 mises en chantier. Le secteur de l’entretien-rénovation a reculé, pour sa part,
de 2,5% au deuxième trimestre 2009, et le secteur des travaux publics de 10% sur
les six premiers mois de l’année. Or, le volume des travaux réalisés a continué à
se détériorer de façon régulière durant l’été.
Selon le service des études d’Euler Hermes SFAC, les entrées de commandes ont
à nouveau baissé en juillet, en particulier dans le secteur de la construction de logements
neufs et dans le domaine des bâtiments non-résidentiels.
Cela porte à plus de 5% la baisse de l’activité sur douze mois.
• 6 •Une désolvabilisation de la clientèle
Le retournement s’explique bien sûr par la conjoncture macro-économique.
Le bâtiment pouvait difficilement résister dans un contexte de récession
internationale marqué par une forte aggravation du chômage.
Et puis il est incontestable que la hausse des prix des logements depuis dix ans,
conjuguée à la remontée des taux d’intérêt, a contribué à désolvabiliser une partie
de la clientèle.
En même temps, la situation du bâtiment en France est moins grave qu’aux États-Unis,
au Royaume-Uni ou encore en Espagne. Au contraire, le besoin de logements s’exprime
de manière toujours aussi forte, l’enjeu étant plutôt de stabiliser les prix de vente à
un niveau accessible pour le plus grand nombre.
Hausse des défaillances d’entreprise
Pas d’effondrement donc, mais une fragilisation progressive
des entreprises du bâtiment à partir de la fin 2008.
Sur l’ensemble de l’année, le secteur a enregistré
12 069 défaillances d’entreprise, soit une hausse de 19,4%
par rapport à 2007.
Le tableau s’assombrit encore en 2009.
En effet, selon le cabinet Altares spécialisé dans l’information
sur les entreprises, les défaillances auraient encore augmenté
de 15% au deuxième trimestre 2009.
Suite en page 12
• 7 •Interview
“Le BTP traverse un vrai trou d’air”
Marc Aouston est Directeur Communication Marques & Innovation
du Groupe Lafarge.
Quelle est votre perception de la conjoncture du bâtiment en 2009 ?
Le secteur du bâtiment va profiter des programmes de relance mis en place par les pouvoirs publics : loi Scellier,
éco-prêt à taux zéro, etc. Toutefois, nous devons faire une distinction entre les activités de Gros œuvre et celles
de Second œuvre. Ces dernières ont été plus soutenues au premier semestre 2009 tandis que les premières
devraient prendre le relais au second semestre. En effet, de nombreux permis de construire ont été accordés
au second semestre 2008 sans que les travaux soient lancés. Du coup, l’activité du premier semestre 2009 a surtout
été liée à l’achèvement des chantiers commencés un an plus tôt. De nouveaux chantiers devraient, en revanche,
être lancés au cours des six derniers mois de l’année fournissant de l’activité aux entreprises de Gros œuvre.
Les Travaux Publics atténuent leur baisse d’activité sur le deuxième semestre.
Au final, comment se situe le niveau d’activité Comment voyez-vous la sortie de crise ?
par rapport à celui de 2008 ?
Nous pensons qu’il y aura une stabilisation en 2010 avec
eNous traversons un vrai trou d’air : à mi-année une sortie de crise progressive à partir du 2 semestre, ce qui
la tendance est toujours à la baisse sur tous nous ramènerait à des niveaux constatés il y a trois ou quatre
les segments de marché. ans en arrière. Le marché devrait ensuite revenir autour de
Ainsi, Lafarge constate une baisse du marché 400 000 logements par an car il y a un réel besoin de logements
du ciment de l’ordre de 20% par rapport à 2008 en France, mais il n’y aura plus de “surconsommation” de
(- 12% sur 12 mois glissants). logements.
C’est beaucoup, cependant nos estimations donnent
un marché du ciment qui se situerait fin 2009 Nos marchés sont corrélés aux mises en chantier et au taux
entre - 13% et - 16% par rapport à l’année dernière. d’emploi. Nous prévoyons au global un marché entre 0% et
Les prix se maintiennent relativement bien dans ce - 5% de croissance en 2010 par rapport à 2009.
contexte difficile. Je rappelle, à cet égard, que la crise actuelle n’est pas liée
Les marchés de l’équipement, au contraire, sont à une suroffre, comme c’est le cas en Espagne, mais
en très fort recul – parfois plus de 50% – à un problème de solvabilité de la clientèle.
les entreprises du BTP ayant repoussé à des jours D’où l’efficacité de mesures comme la loi Scellier, les éco-prêts,
meilleurs tout nouvel investissement. le Pass foncier, etc.
Enfin, en ce qui concerne Lafarge, nous avons la chance
de pouvoir nous appuyer, en attendant la reprise, sur les projets
d’infrastructures qui nous offrent une bonne visibilité sur
les deux à trois années à venir. Cependant ces chantiers mettent
plus de temps à se mettre en place, d’où un décalage dans
le temps de leur impact favorable sur l’activité.
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