Dentelle & Ruban d argent, tome 1: Jeux du sort - extrait
12 pages
Français

Dentelle & Ruban d'argent, tome 1: Jeux du sort - extrait

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Description


À vous, voyageurs pleins de rêves et au cœur empli d’espoir,
puissent les portes de For Willbrook, la ville prisonnière d’un hiver éternel, rendre votre destin meilleur.
Par un matin de tempête, William emprunte le chemin qui le guide vers la belle Wendy, toujours vêtue de dentelle, mais dont le corps souffre d’un terrible mal.
Alors qu’il initie l’âme de sa belle à une magie enchanteresse, voilà que s’enclenche le jeu du funeste Destin...
Qui de la dentelle ou du ruban d’argent survivra à cette saison glacée ?
Est-il possible d’empêcher quelqu’un de mourir quand son cœur ne fait plus qu’un avec le nôtre ?

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Informations

Publié par
Publié le 17 juillet 2016
Nombre de lectures 5
EAN13 9791094786147
Langue Français

Extrait

Dentelle & Ruban d’argent
Tome 1
Jeux du Sort
(Roman)
Prologue
For Willbrook n'est pas un endroit ordinaire. Cette citadelle ne ressemble en rien aux autres bourgades, bordées de palissades et parsemées de rues plus sombres les unes que les autres. Elle pourrait être la ville idéale. Au-delà de toute naïveté, les bonnes âmes qui y résident y ont déposé leur coeur, intimement persuadées d'habiter le meilleur endroit sur Terre.
La petite ville est dissimulée au coeur d'une forêt silencieuse où naissent les amours cachés et les passions condamnées. Si vous tendez l'oreille, vous pourrez entendre, au printemps, le bruit des baisers éperdus que s'échangeaient les amants d'autrefois et le chant qui naissait dans leur coeur au premier regard. À présent, au fond des bois recouverts de leur glaciale nappe blanche, les sapins se dressent en un gigantesque miroir et reètent bien des secrets, nés d'étranges miracles.
Bien que longtemps hors d'atteinte, For Willbrook se dévoile aujourd'hui à vous, comme on ouvre un rideau sur une fenêtre condamnée à l'oubli. Tout ce qui vous semblait impossible devient enIn réalité. Suivez la direction du vent qui pousse vers l'espoir et, dans un tableau aux couleurs hivernales, il dessinera, pour vous, ce qui ne s'estompe jamais.
Une ville en dehors du monde
La ville de For Willbrook s’était nichée peu à peu au coeur de hautes montagnes. Si hautes, que leurs sommets semblaient transpercer le ciel immense, bien souvent couvert d’un océan de nuages. Elle était, depuis toujours, cernée de forêts sombres, incroyablement denses, qui cachaient à ses habitants l’horizon tout entier. Malgré un soleil pâle, absent une grande partie de l’année, les bonnes âmes résidant en ville brillaient par leur richesse intérieure et ne toléraient en aucun cas les coeurs noirs et envieux. Chaque habitant vivait de la façon la plus honorable qui soit, malgré parfois un cruel manque de ressources. Tous ces êtres apportaient à leur prochain un peu d’humanité et de bonté. îls vivaient dans la plus grande simplicité, se rappelant chaque jour que les beautés essentielles de la vie ne résidaient pas au fond de leur portefeuille. L’harmonie faisait ainsi battre à l’unisson ces âmes pures, délicatement reliées entre elles, comme par une aiguille et un Il d’argent. On dit encore de For Willbrook qu’elle était cachée au reste du monde par la magie des bois alentour ; un paradis perdu, une douce légende dont les gens parlaient avec tendresse, mais souvent sans grande conviction. Mais pour beaucoup, c’était une utopie. Pouvaiton seulement croire qu’il existait encore en ce monde corrompu, un endroit foncièrement bon, construit non par la main de Dieu, mais bien par celle de l’homme ? Peut-être qu’en grandissant, ces êtres, qui ne croyaient pas que leur citadelle puisse posséder une âme merveilleuse, avaient tout bonnement perdu la capacité naturelle de l’homme à croire en ses rêves… Ainsi, aIn de préserver cette harmonie, For Willbrook n’avait jamais été facile d’accès. îl était fortement conseillé de posséder un coeur pur et courageux, unique clef pour tenter de s’y rendre. Seul un sentier feutré, couvert de feuilles mortes, traversait les bois sombres et denses, et menait à l’entrée de la citadelle.
Les plus audacieux racontaient qu’une fois au milieu des vieux troncs drapés de mousse veloutée, où régnait une nuit éternelle, on pouvait sentir la forêt observer tous ces passeurs, armés de lanternes et bravant cette ambiance perpétuellement nocturne. Aux sons qu’émettait leur coeur – fragile, s’il venait à brûler d’orgueil –, les chemins changeaient de trajectoire et s’égaraient dans les profondeurs des sous-bois, vers de profondes sources d’eau claires. Le piège se refermait alors, et les lieux se muaient en un gigantesque labyrinthe, d’où nulle évasion n’était à espérer. En revanche, dans le silence de la nuit, les âmes emplies de songes et dotées d’une inInie sagesse entendaient respirer ces mêmes frondaisons, sous la douce brise d’une Lune d’argent. Elle souait depuis le Irmament et, avant de s’endormir, à l’aube d’un jour nouveau, laissait s’échapper toutes les étoiles du ciel. Ces globes d’or se métamorphosaient en papillons parme, enivrant les bois de leur parfum et éclairant les environs, en cet instant précis, d’une lumière vive. îls volaient ensuite à travers les pins, en direction de For Willbrook, dévoilant furtivement son accès, avant de plonger vers la terre pour y mourir. Constamment, de nouvelles étoiles naissaient dans le ciel. Sagement posées sur leur trône de velours bleuté, elles attendaient le signal de la sombre pinède pour éclore – éphémères créatures de la nuit – et achever ainsi leur tâche de guide céleste. îl y eut bien des passages – des hommes inquiets, des sages, des fous, des ignorants –, et beaucoup disparurent, dévorés par la nuit. L’accès à For Willbrook demeurait un grand secret. Pourtant, la réputation de la ville s’étendait peu à peu, et naissait enIn un vent d’espoir. Chacun souhaitait s’abriter du mal qui se déployait à travers le monde. Cet engouement pour la cité dura quelques décennies et elle connut alors une longue période de prospérité. Cependant, l’appât du gain réapparut peu à peu, tourmentant les âmes incertaines, et poussa bien des hommes à rebrousser chemin en direction des grandes villes, dans l’espoir d’une nouvelle richesse matérielle. Beaucoup se perdirent en route et n’arrivèrent jamais à destination. Au-dessus de leur tête, les étoiles pâlissaient, les laissant s’égarer, brûlés par leurs rêves vaniteux. Les sous-bois seraient désormais leur tombeau. Peu à peu, la citadelle riante se changea en petite bourgade maussade et vide. Horizon gris entrecoupé de clarté, elle se
mourait, comme ses rues privées d’activités. Ses derniers résidents ne pouvaient se résoudre à quitter l’endroit où leurs secrets étaient si bien cachés. Alors, comme un dernier espoir pour cette ville et ses habitants, grâce à la force de vie qui coulait encore en eux comme la sève dans les bois, le miracle tant attendu arriva. Bien qu’il fût diicile de rejoindre For Willbrook, un jeune étranger prit un jour le sentier de la forêt, certain de s’engager dans un raccourci à travers les montagnes… Au loin, à l’aurore d’un monde nouveau, ce jeune étranger du nom de James Turner, sortit des bois et traversa l’unique pont voûté à la rencontre de sa destinée. Face à cette fabuleuse découverte, monsieur Turner fut saisi de l’impression miraculeuse qu’il était là pour ranimer les espérances de chacun. îl tomba immédiatement sous le charme de For Willbrook. Quelques jours après son arrivée, il sentait déjà germer dans la terre les eurs de la paix. Le jeune garçon aimait la liberté qu’oraient ces grandes avenues, les vitrines mal éclairées, le marché euri du mercredi matin et le fait que, bien qu’il n’ait jamais rien demandé, les bonnes âmes de la cité lui avaient immédiatement oert une hospitalité inconditionnelle. James se montra extrêmement touché et promit à tous la renaissance de leur merveilleuse ville. Dans un premier temps, il eut l’idée de construire un train, à deux voies, qui traverserait le monde et leur rapporterait l’animation perdue. Avec conviction et espoir, For Willbrook lui donna vie. James pensait qu’ainsi il ne serait plus nécessaire d’arpenter les sentiers de la forêt. Là-dessus, pourtant, il se trompait grandement… Dans le lointain, au coeur des sombres forêts, débutait la mystérieuse métamorphose du train de For Willbrook, le Grand View Express, invisible à l’oeil de tous, attendant patiemment son heure. Un étrange pouvoir était à l’oeuvre, s’insinuant peu à peu hors des bois, pour imprégner le train de sa sombre magie. Avec le temps, il allait s’eacer aux yeux du monde et ne rester visible qu’aux habitants de la ville, ou à ceux qui lui étaient liés. Les bois redeviendraient le seul passage possible pour découvrir ces lieux. Mais tout cela ne se produirait que lorsque ceux-ci auraient retrouvé un équilibre idéal, un coeur battant à nouveau.
Pendant ce temps, alors que la vie s’écoulait paisiblement, James se découvrait un véritable don pour la magie et mettait au point un incroyable spectacle d’illusionniste de rue, suscitant la curiosité de tous. Un soir enIn, sous une foule de regards inquisiteurs, il transforma en un titanesque monument de glace la grande entrée des commerces, faite de briques rouges et de blocs de pierre dotés de pignons étroits. Sous un ciel chargé d’étoiles, les regards s’enchantèrent et, du bout de leurs doigts curieux, les spectateurs émerveillés touchèrent la paroi translucide, comme sculptée dans le verre. Aussitôt, celle-ci disparut, laissant les esprits éblouis s’égarer, à la recherche de l’impensable. Alors, obéissant à un simple geste du magicien, une douce pluie d’or et de platine se mit à tomber, chaque gouttelette reconstituant l’entrée et ses blocs de pierre. Dans les jours qui suivirent ce numéro prodigieux, la renommée du jeune homme s’étendit à travers le monde telle une gigantesque tranée de poussière enchantée. Désormais, James ne voyageait plus ; le monde entier venait à lui. Ainsi, il honora sa promesse, scellant sa parole dans la glace et le métal. îl avait redonné vie à For Willbrook. Les mois suivants furent merveilleux. La petite ville s’agrandit et compta bientôt trois mille vingt-trois âmes. Chacune voyait en James un ange tombé du ciel. Son immense bonté It de lui un homme respecté, loué pour son dévouement envers ses concitoyens. On le considéra comme un sauveur, qui n’avait pas seulement apporté la vie avec lui, mais aussi une merveilleuse magie. Un beau jour, lors d’une représentation de rue, il croisa le regard de la douce Alison, celle que le destin lui réservait et qui devint, quelques mois plus tard, sa tendre épouse. D’un amour fusionnel et passionné, leurs coeurs à jamais se trouvèrent liés. Hélas ! Le temps et les diérents médecins consultés démontrèrent que madame Turner ne pouvait enfanter. Heureusement, leur amour était comme un élixir de bonheur, et leur histoire resta une romance dont les pages jamais ne semblaient devoir se déchirer. Les habitants de For Willbrook partageaient pourtant leur peine et auraient tellement souhaité que James et Alison se voient orir un enfant par les mains de Dieu.
Ensemble, les jeunes gens connurent malgré tout une existence paisible et prospère. Bientôt, James Turner put installer sa femme dans une ravissante maison, qu’il bâtit de ses mains. Et soudain, quand plus personne ne pensait voir un jour la tendre Alison s’arrondir et porter la vie, se produisit un événement inattendu, inexplicable ; un petit miracle qui bouleversa leur existence : l’épouse chérie de tous tomba enceinte et donna naissance à un magniIque garçon, qu’elle nomma William James. La magie avait volé ses droits à la vie, et les mois succédèrent aux jours, dépouillés de toute tristesse. Bien plus tard, un jour de pluie comme il en est tant à For Willbrook, James décida que l’heure était venue… et comme on ore le plus beau des trésors, l’homme transmit à son Ils son don pour la magie. Un nouveau miracle vint percuter leur vie pourtant déjà si douce et bien remplie. Un miracle, dont malheureusement, il allait falloir payer le prix. Par un matin d’avril frileux, Alison donna péniblement naissance à une petite Ille qu’elle nomma Hanna Alison. Tant de bonheur se paie parfois bien lourdement, et la pauvre femme, épuisée par ces deux grossesses miraculeuses, s’éteignit quelques instants plus tard. Pour une fois, la magie de James resta impuissante, et ne pouvoir éviter ce drame attisa encore son profond chagrin. Les habitants le crurent tout à coup devenu fou, lassé d’avoir trop brillé. En réalité, il sourait, tout simplement, mais cette douleur le harcelait constamment. Les mois passèrent péniblement, sans but, sans joie, bien trop lentement. Monsieur Turner ne voyait plus, en ses enfants grandissants, que le pâle reet de leur mère. Alors qu’Hanna souait à peine sa première bougie, privé de celle qui était son oxygène, James Init par s’éteindre et rejoint sa bien-aimée parmi les étoiles. Ce jour-là, quelque chose d’extraordinaire se produisit dans le ciel de For Willbrook : le printemps naissant gela et ne eurit plus jamais. L’été ne brûla plus jamais. L’automne ne jaunit et ne pleura plus jamais. Les saisons s’étaient Igées, laissant la ville dans un tombeau de neiges magiques et éternelles. À jamais l’hiver perdurerait ; et même si la glace fondait par moments, ce ne serait qu’une pâle esquisse de ce qui avait représenté autrefois les
diérentes saisons. Longtemps, les habitants pensèrent que la ville portait le deuil glacial de son miracle passé. En dernier hommage à l’homme qui avait rendu la vie à leur citadelle tant aimée, ils érigèrent, à l’entrée du pont voûté, un splendide panneau. C’était un arc de cercle portant l’inscription For Willbrook, gravée sur un cintre d’acier et soulignée par l’année de renaissance de la ville : 1892. En dessous, pendaient dans le vide les mots : « six pieds au-dessus du ciel », forgés en lettres de verre. Depuis cette époque, les voyageurs qui en parlent racontent qu’elle est la ville qui réside six pieds au-dessus du ciel. On la croyait morte, avant de voir son âme renatre bien au-dessus du ciel qui la domine. Grâce à James, elle était devenue la célèbre « ville en dehors du monde », unique endroit où naissaient désormais les véritables miracles. Quelques mois après l’installation du panneau, grâce aux eorts conjugués de tous ses habitants, la cité put jouir à nouveau d’un jardin euri, qu’ils baptisèrent : le Jardin des Glaciers.
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