Doux conciliabules
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Description

Doux conciliabules
Cet après-midi, les deux sœurs Badiعa et رAféقa profitent de la sieste de Mama pour papoter un peu sur l’estrade devant de la villa. L’allée située entre les parterres du jardin, frayant passage principal depuis la porte d’entrée propre au quartier des Roses, est presque dissimulée par les branches pendantes de la haie de jasmin jaune qui voile le grillage de la porte d'entrée. La terrasse soulevée d'un mètre en dessus du jardin est garnie de losanges en mosaïque gris et blanc. Elle donne accès sur d'autres allées contournant la villa et qui se faufilent derrière les murs hautement ombragés par les cèdres presque centenaires de la villa voisine. Deux piliers aux angles de la plateforme sont aussi entourés de lianes de jasmin blanc odorant; deux petites jardinières longeant les bords de la joyeuse terrasse, bordées de géranium, abritent des rosiers rouges(d’amour insoupçonné de jeune fille d’antan, ignorante des coups de cœur fleuris); car Badai se rappelle le jour où elle avait coupé une rose rouge.. et l’ayant offerte spontanément à quelqu’un, son geste avait déclenché dans l’esprit de certains, des interprétations accordées aux pros des fans de la symbolique amoureuse, non connue pour la jeune fille insouciante d’alors..

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Publié le 11 septembre 2017
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Langue Français

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                                                     Douces conciliabules
Cet après-midi, les deux sœurs Badiعa etرAféقa profitent de la sieste de Mama pour papoter un peu sur l’estrade devant de la villa. L’allée située entre les parterres du jardin, frayant passage principal depuis la porte d’entrée propre au quartier des Roses, est presque dissimulée par les branches pendantes de la haie de jasmin jaune qui voile le grillage de la porte d'entrée. La terrasse soulevée d'un mètre en dessus du jardin est garnie de losanges en mosaïque gris et blanc. Elle donne accès sur d'autres allées contournant la villa et qui se faufilent derrière les murs hautement ombragés par les cèdres presque centenaires de la villa voisine. Deux piliers aux angles de la plateforme sont aussi entourés de lianes de jasmin blanc odorant; deux petites jardinières longeant les bords de la joyeuse terrasse, bordées de géranium, abritent des rosiers rouges(d’amour insoupçonné de jeune fille d’antan, ignorante des coups de cœur fleuris); car Badai se rappelle le jour où elle avait coupé une rose rouge.. et l’ayant offerte spontanément à quelqu’un, son geste avait déclenché dans l’esprit de certains, des interprétations accordées aux pros des fans de la symbolique amoureuse, non connue pour la jeune fille insouciante d’alors.. Depuis, elle a compris combien les attentions et les intentions divergent, les interprétations aussi, alors elle hésite à montrer sa sympathie à certains hommes..(elle est trop bête au fond.. la multiprénommée!..) Le regard des deux sœurs se dirige vers l'entrée de la résidence si calme, située au fond du quartier des Roses Bis et qui possède en fait deux porte-accès ouvrant sur deux secteurs mitoyens, celui de la commune des «Roses» et celui de la commune des «Jasmins».. Entrée à plus que moitié cachée par des haies touffues de jasmin si embaumant dont les fines branches tombant en bas, comme celles d’un saule pleureur, dissimulent quasiment l’entrée aux lieux«protégés par L’llahe et la végétation», dit Mama. Les deux sœurs sereines, sont bercées par une sorte de halo doux, charmant, qui vous donne envie pressante de savourer l’instant présent, d’inhaler l’air suave de l’automne printanier de Fès. Les deux dames sirotent un bon café préparé parرAféقa.. Vibrons sous l’ombrage des plantes grimpantes, pense suavement Badi عa, enchantée par cette aura lumineuse et magique des lieux échappés à la hargne de certains, aux sonneries agressives des portes blindées, aux merdr tapés sur les tables et murs délabrés, aux journées gâchées pour un oui un non, à la bonne humeur saccagée en un laps de seconde.. Son regard ondé de l'instant est bercé par toutes ces branches souples, délayées et débordantes de verdure diffuse, serpentant autour des troncs des cèdres gigantesques dont..on en admire les cimes depuis les fenêtres du salon..de l’étage.., (propriété privée deرaféقa!), rappelle Mama souvent..ouvert sur une belle terrasse ombreuse, lieu de réjouissances nocturnes en été..quand les neveux et nièces excités se rassemblent, voulant passer des nuitées fraiches sous les étoiles, aux côtés de leur «Tatieee» adorée, une tatie constamment aux petits soins des grands et petits, répandant causeries et rigole- ries, et eux adolescents et petits se racontant des blagues jusqu’au petit matin.. les rayons du soleil leur piquant les yeux, ils filent pour combler leur sommeil dans les chambres, fuyant la telle plate-forme entourée de mini rampes,susceptibles de piéger les somnambules, craint Badiعa pour sa fille Sissi inconsciente des dangers qui la guettent
ou de ceux que sa mama imagine..Ce n’est pas possible,va protesterرafé قa,mon sommeil est vigilant, ne crains rien! Oô radieux espace vide de jacasseries, surplombant maintenant un jardin mirifique!, ressent la jeune femme au souffle libéré.. Quoique délaissé, dit-elle, ce jardin offre un aspect verdoyant et envoûtant! De là viennent toutes les bonnes senteurs, dira Mama à ses petits déjeuners-terrasse-devant du jardin, petits déjeuners d’exception, où les langues se délectent de(chfaرr bl'beid)cils aux œufs, de petits pains à l'anis(kرracheil)de la terre brune parsemée par des, mêlés à l’odeur brindilles d’herbes sèches ou des touffes plantureuses vert pistache de *nouare Mouna!, arbustes généreux aux feuilles rêches d’aspect, mais dont les fleurettes moitié jaune moitié rouge, se ferment le jour et s’ouvrent à la tombée de la nuit, dégageant des odeurs jasmin, demesk llil ou krane'f°l(chèvrefeuille et girofle), o plantes au parfum nocturne qui invitent les galants des soirs de pleine lune*Fleurs-Mouna, comme les appelle la noble maitresse des lieux. Mouna est la petite fille de la Grand-Mama, elle vient de fêter l’anniversaire de huit ans à son aînée Miya…Mama dit, si sa petite fille s'était mariée plus jeune, elle aurait été à son tour grand-maman du vivant de la sienne. Les jambes des deux sœurs gigotent, pendantes sur ces chaises en fer forgé à siège plat, de fabrication locale, confectionnées au centre artisanal de Fès par un vieil artisan des temps antiques, connaissance de Bahiya, leur cadette de Paris, la fana de tout ce qui est fait main, en matière brute, à peine remaniée par des outils élémentaires, et avec les doigts de fougueux bonhommes penchés passionnément sur leur métier à tissage, ou sur des métaux si fins avec leurs ciselets et marteaux, ou sur des tours pour confectionner des poteries dont chacune est unique en son genre, typiquement singulière.. Les deux sœurs examinent maintenant les petites housses vertes, made-in doigts jamais périmés de Mama-حbiba, qui couvrent les sièges.. Du beau travail!, tout à l’aiguille!, dit Badai..رAféقa la tient de son désir d’acheter une machine à coudre «singer», et échafauder toute sa lingerie, à renouveler désormais!, elle a une tonne de tissus, informe-t-elle.. Mais pourquoi?, s’étonne Badia, tu achètes! Non!,répond la grande sœur, ce n’est pas la même chose!, puis elle se tait et sombre un peu dans ses pensées; un voile triste couvre constamment ses pupilles… Les sœurs nonchalamment assises appuient leurs bras sur la table ronde, bâtie en mortier, revêtu de petits carreaux de zellige vert et échafaudée sur un socle en fonte.. Très lourde console à bouger!,remarqueرAféقa.. dire que Bahiya voulait la transférer via vol pour Paris!..comme si là-bas, ils n’avaient pas de mobilier adapté à ses goûts un peu farfelus!, disent certains. Chaque vacance passée au pays pour Bahiya a son lot d’achat de bric-à-brac, typiquement marocain. C’est un délire, propre à ce qu'elle nomme son exil, que de s’entourer chez-soi d’un décor authentique.. Soudain, et sans préambule, les sœurs tourterelles se lancent en confidences-jets de l’instant bénéfique, ressenti tel un don de Dieu par BadiBadaBadai, l’enchantée constante des lieux magiques, ressentis vivace-ment dans la tête lourde-allègre de Badiعa transvidée.. Elle se laisse aussi entrainer par le tête-à-tête clandestin des jours partagés avec sa sœur mi-légère mi-sereine.. Car par hasard, Badعia se rend compte que sa grande sœur.. une vraie petite-mama durant l’enfance de celle qui est
venue difficilement au monde, est restée aussi maternelle que dans le passé..Elle lui rappelle que ''sa naissance impertinente'', souvent citée par رAféقa ainsi, avait ébranlé la famille.. La petite frangine repoussée au départ, combien pourtant, a été bien chouchoutée, depuis sa naissance, par les aînés....; parait-il réticents, au départ, à ma venue sur terre, mais j’ai fini par amadouer la nichée!, s’amuse à citer Badia/Nawal à son tour(Elle possède deux prénoms attribués à des circonstances tout à fait particulières)..Car la grossesse de Mama, affrontant ce neuvième accouchement, s’est trop mal annoncée les premiers mois, frisant la folie furieuse et de grosses scènes d’hystérie à faire vaciller de crainte et d'inquiétude toute la maisonnée… Il s'agit de cette période jonchée de mystérieux secrets que Badia ne connait pas.. Ce tas de problèmes multiples versions d’avant sa naissance, de charades ou de devinettes inconnues à l’enfant numéro neuf et queرAféقa dissimule ou divulgue à coups d’énigmes..Tu es toujours naïve, lui dit-elle, oui,هbila!,(idiote) tu ne connais pas Mama comme je la connais moi!... Ces derniers jours, Badiعa se rend compte que sa sœur fuit autant qu’elle peut et plus encore le rez-de-chaussée, quand elle, la sœurette fifille chérie de Mama, se trouve à Fès, réservant strictement sa compagnie à sa mère… J’ai été forcée de retourner au bercail..commenceرAféقa son récit amer.. et j’en ai vu de toutes les couleurs…va-t-elle commencer à confier, gorgée de rancunes et de déceptions, à sa jeune sœur. Badiعa, lui reproche en silence ce retour au bercail, trouve-t-elle, problématique. Car elle même, combien de fois brisée, elle a écarté illico cette échéance de «retourner vivre au bercail avec les parents» de ses projets de libération; elle a toujours aspiré à l'indépendance, et le cheminement vers l'autonomie, ne peut s'accorder avec le retour au fief patriarcal, pense-t-elle; Badia voyait cette histoire de retour comme un suicide, une autre souffrance à étouffer.. A vrai dire, avoueرAféقgarde quand même de bons souvenirs dea, je mon ex; en tout cas, il a été de loin, meilleur que ses fils! C’était un bon vivant, il me faisait sortir, nous allions dans les meilleurs restaurants, il me faisait rire quand j’étais déprimée, me soignait malade alitée.. Une fois Zk était restée bouche-bée!,il lavait même mes couches en sang au lendemain de mes accouchements, de peur de les laisser aux sorcières domestiquées! Un vrai amour d’homme, pense Badia, elle semble le regretter ma sœurette chérie!….Pas du tout! réplique AFA, comme lisant dans les pensées de sa sœur, je sais ce que je fais et pourquoi!, qu'il aille au diable l'irresponsable! رAféقlor œuc-ervuo secnedifÀ qui raconter amd téerss?e ses contée dans ase tej),d urlod-urocremp Bndiaad ...r.qaeu àrc l°mmèn n'عawéd heimmi( A moi ma chère sœur tu sais que je t’aime beaucoup!,semble répondre la plus jeune des sœurs. Persécutée telle que je suis par tous, confie Afa, vue comme si j’étais une blindée, un halftrack!, si tu savais combien je bave..Et puis secouée par un autrehei m(source de gros-souci)infini, elle expire: on dirait que ce jeune homme se venge de moi!, moi, qui ai usé ma santé et détruit ma vie pour les faire vivre haut standing, lui et l'autre!, il me boude quand je ne cuisine pas à son goût!et faitwdèn mica(oreille plastique)!, déballeرaféقa, vraiment motivée pour se débobiner.. D'autres, sont pareils!, pense Badiعa.. A ma retraite, poursuit AFA, je me retrouve encore plus bloquée, anéantie par le dégoût de vivre dans les mêmes lieux, avec les mêmes personnes, j’étouffe, je suis malade comme un chien!, et je n’ai nullement le droit de
me reposer ou de changer d’air!, je veux juste ne rien faire, rester comme-çà!,''mbè''l°la''(béate), enfoncée dans ma sénilité précocement, ne plus rien savoir ou supporter de quiconque, ils me dégoûtent ttooousse!.. Badiعa ressent souvent la même choz'ossi… Moi! va continuer AFA dans son impulsion de répulsion-née, j’ai appris avec le temps à limiter les gâteries de Mama et vous, vous venez la gâter de plus en plus encore!, je ne supporte pas en plus son côté caméléon!, dit-t-elle avec énervement.. Oui!, (dit Badiعa affectée, les coudes appuyés sur la faïence de la table soutenant le poids de leur conciliabule) ,.. j'admets !,
*En dialecte arabe(darija), en général le «e» au milieu du mot est accentué par cet accent que j'appelle neutre et qui est ce qu'on appelle soukoune(c'est à dire il ménage une pause de silence entre les mots); alors il faut prononcer le «e» dembehe'le'la ensoukoune. " ه”et non en «eu»
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