Exaucia - Mariage à La Baule
261 pages
Français

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Description

Quand Frédéric Janson, un écrivain célèbre, auteur de romans d'amour à succès vendus dans le monde entier se marie, c'est du pain bénit pour la presse. D'autant que l'heureuse élue est une critique gastronomique de renom et que la noce aura lieu dans la très chic station balnéaire de La Baule. Tout semble réuni pour faire de l'événement un conte de fées moderne… si la fiancée ne disparaissait pas quelques semaines avant la noce, alors que les amoureux s'étaient rendus quelques jours sur place pour achever les préparatifs. La presse ne doit rien savoir. Frédéric Janson fait appel à l'agence de détectives IIN pour retrouver Jeanne. La mission d'Exaucia dépêchée à La Baule sera plus périlleuse que prévue.
Jeanne s'est-elle mise au vert, loin de la pression médiatique, comme le pense l'écrivain, ou a-t-elle été enlevée ? Si oui, par qui ? Est-ce l'argent qui est au centre de tout cela ? La jalousie ? Très vite, la détective pressent que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire : quel jeu joue Janson ? Où se trouve la frontière entre fiction et réalité ? Pour s'en sortir, la détective ne pourra compter que sur son intuition et accepter de jouer le jeu de celui qui tire les ficelles de cette étrange histoire. Pour que la fin soit heureuse… comme il se doit dans tout bon roman d'amour.

Informations

Publié par
Publié le 22 janvier 2014
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

 
 
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 EXAUCIA Mariage à La Baule                   Un roman d’Isabelle Rouma    Copyright © 2014 isabelle.rouma@gmail.com www.facebook.com/IsabelleRoumaWriter www.facebook.com/NomDeCodeExaucia  
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Préambule   « Enfin, ils étaient seuls au monde ! Sur cette île perdue au milieu de l’Océan Indien, il n’y avait qu’eux. Eux, des milliers d’oiseaux et le personnel du luxueux resort de Bird, aux petits soins pour sublimer chaque instant de leur lune de miel. Pierre ne pouvait s’empêcher de sourire à la vue du visage épanoui de sa jeune et ravissante épouse. Il l’aurait bien prise là tout de suite sur le sable blanc, ou sur la table du dîner au pied de laquelle venaient mourir les vagues. Mais il devait patienter jusqu’après le repas, car pour la célèbre artiste peintre qu’il venait d’épouser, bien manger était aussi essentiel que les préliminaires. Un vrai rituel qu’elle ne pouvait bâcler, même un soir de noces. Bientôt, elle saliverait à la vue de ce poisson grillé pêché le matin même que le chef viendrait présenter et poserait, fumant et crépitant, sous ses narines frémissantes. Pour elle, chaque repas devait être sublimé par une nouvelle découverte gustative. Ce soir, rien de ce qu’elle aimait ne manquerait. Pierre y avait veillé. Son sourire s’était élargi et inondait maintenant la totalité de son visage, dévoilant sa parfaite dentition. Il était heureux. Elle était comblée du même bonheur que l’homme qu’elle aimait, devenu quelques heures plus tôt, sur une île des Seychelles, sur une plage baptisée source d’Argent, son mari. »  Il hésita un instant avant d’apposer le mot « Fin » et de mettre ainsi un terme à ce quarantième roman que l’on verrait bientôt dans toutes les bonnes librairies de la capitale. Une fois de plus, la machine allait se mettre en marche : d’abord Paris, puis la province et l’étranger via internet. Car après la version originale, « Mariage aux Seychelles » serait traduit en anglais, en espagnol, et dans plus de dix langues. Avec un titre aussi aguicheur, le livre serait bientôt en tête des ventes. Un succès assuré pour l’auteur ; un excellent retour sur investissement pour l’éditeur qui se félicitait encore d’avoir lancé, vingt ans plus tôt, cet écrivain inconnu devenu, en ces temps difficiles, la valeur sûre de sa maison. Et cela durait depuis 20 ans, à raison de deux bestsellers par année. Chaque semestre, Frédéric Janson offrait à ses lecteurs – en majorité des lectrices – une nouvelle histoire d’amour. Cette fois encore, tous les ingrédients qui avaient fait sa réussite s’y retrouvaient : passion, jalousie, sexe ; le tout dans un décor de cocotiers et de sable blanc. Et bien sûr, une fin heureuse. Toujours identique : l’amour vainqueur. Pourtant, cette fois, il ne se décidait pas à taper sur le clavier de son portable les trois lettres d’habitude libératrices. Chacune d’elles semblait prendre l’allure d’un couperet. Et si le mot « Fin » ne
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concernait pas l’histoire ? S’il s’agissait d’une menace ? D’un mauvais présage ? Aux yeux de Frédéric Janson, écrivain célèbre dans le monde entier, éternel amoureux des mots et des femmes, séducteur richissime abonné à la réussite depuis deux décennies, les trois lettres amies sonnaient aujourd’hui comme un glas.   
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1   Il cliqua sur le lien repris en première ligne des actualités « people » du site Yahoo.fr : « Mariage à la Baule » de Frédéric Janson. Le journaliste n’avait pas résisté à l’envie de jouer sur l’amalgame facile entre le titre de son nouveau roman sorti quelques semaines plus tôt et sa prochaine union avec la critique gastronomique Jeanne Brioche. L’effet était réussi, même si dans la réalité et contrairement à sa fiction, ils n’avaient pas choisi de se marier aux Seychelles. Les mots bleu vif renvoyaient à une page complète sur l’événement. Il s’arrêta sur la photo qui montrait son couple lors d’un dîner en tête-à-tête dans un restaurant branché de la capitale. Cela remontait à plusieurs semaines. C’était complet ce soir-là, mais Jeanne avait insisté pour avoir une table car elle tenait à goûter le fameux plat – un tartare de saumon aux cèpes et morilles – qui avait valu une nouvelle étoile à l’établissement. Elle leur réservait un article dans le prochain « Bien Manger ». On les avait installés sans attendre. Il s’agissait d’un repas de travail, du moins pour Jeanne, non d’un vrai rendez-vous en amoureux. Ils s’étaient toutefois prêtés à la demande du photographe Patrick Gilles, bien connu sur la place et qui, une fois de plus, avait dû les suivre. Chose rare, ce dernier était assez correct, sympathique même. Son cliché net, professionnel. L’écrivain s’attarda sur sa future épouse : sa bouche rose tendre, sa tignasse bouclée, ses yeux gris pétillants, surtout en cet instant de plaisir figé où elle portait à la bouche le morceau de chair crue piquée entre les dents étincelantes d’une fourchette à poisson au design contemporain. Par-dessus tout, c’était sa peau laiteuse qu’il aimait. Une peau de rousse aussi tendre que la mie d’un pain tout juste sorti du four. Il se dit une fois encore que sa femme portait bien son nom. Quant à l’article, après une brève évocation de leur biographie respective – l’auteur ayant sans doute jugé inutile d’insister sur ses deux précédents mariages et sur les aventures sans lendemain de sa fiancée, déjà largement rapportées par la presse à sensations –, arrivait un curieux scoring visant à établir lequel des deux futurs époux était le plus apprécié du grand public. Leur capital beauté, séduction, sympathie, écologie, santé, tout était ainsi mis dans la balance suivant une pondération allant de 1 à 5. Il dut bien constater que l’avantage allait souvent à Jeanne. S’il lui concédait sans broncher les postes jeunesse (elle était de 12 ans sa cadette), écologie et sport (elle faisait un jogging chaque matin et fermait le robinet en se brossant les dents), il tiqua néanmoins devant le score de 4 qu’elle avait obtenu pour son talent, là où il n’engrangeait que 3 points. Idem pour le critère « dans le
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coup » où Jeanne passait en tête grâce à son site Facebook régulièrement mis à jour. Son adresse était d’ailleurs reprise ainsi que celle sur laquelle cette enquête avait été menée. Venaient ensuite les détails pratiques concernant la date du mariage – tout juste dans 6 semaines – et la promesse d’un grand reportage au jour J. Le journaliste concluait en exprimant tous ses vœux de bonheur aux fiancés les plus appréciés des internautes.  Fred referma son portable, se passa les mains sur le visage comme pour se persuader que tout ceci était bien réel. Sa table de travail était couverte de magazines : littéraires, gastronomiques et grand public. Tous ouverts aux pages dédiées à l’heureux événement. Jeanne et lui y apparaissaient ensemble, ou seuls. Des photos plus ou moins récentes, retraçant la chronique d’une histoire d’amour née à Londres deux ans plus tôt lors d’une vente aux enchères de Sotheby’s au profit d’Haïti. Son éditeur et son attachée de presse s’étaient alliés pour combiner journée de dédicace dans une librairie de la city et soirée caritative. C’est là que « Mr Love », comme le surnommaient les critiques anglais, avait rencontré la jeune et déjà célèbre « Miss Brioche » alias « Miss French Gastronomy ». Les Londoniens l’adoraient. D’abord, pour son parfait anglais avec, toutefois, un léger accent qui trahissait son origine et lui donnait encore plus de charme, ensuite parce qu’elle venait de consacrer un guide aux « Meilleures recettes de cakes anglais et autres desserts de son enfance », puisque Jeanne avait passé les premières années de sa vie dans la capitale britannique.  Quand on a un père actif dans l’hôtellerie de luxe, on voyage, qu’on le veuille ou non, lui avait-elle confié un jour. « Bientôt mariés », « Quand la littérature s’unit à la gastronomie », « La fiction devient réalité » ; les titres s’enchaînaient devant ses yeux incrédules, comme ceux de contes de fée modernes qu’il aurait pu écrire. Mais les journalistes n’étaient pas encore au courant d’un détail. Un élément qu’ils devaient ignorer à tout prix. Cela faisait trois jours que Fred était sans nouvelles de Jeanne. Elle n’avait plus donné signe de vie depuis qu’il l’avait déposée devant l’hôtel de l’Hermitage où aurait lieu le cocktail et le dîner du mariage. Elle devait passer voir le sommelier pour la sélection du vin de dessert. Fred s’en était remis au goût sûr de sa future épouse. C’était son métier après tout. Aujourd’hui, il s’en voulait de ne pas l’avoir accompagnée. Lorsque le concierge de l’hôtel l’avait appelé pour voir si Mademoiselle Brioche n’avait pas oublié son rendez-vous, il avait d’abord cru à un canular d’un photographe venu jusqu’à La Baule dans
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l’espoir d’un reportage inédit sur les préparatifs de la noce. Cet appel visant à le faire sortir de chez lui, le visage inquiet. Ce genre de cliché ouvrait la porte à diverses hypothèses vendeuses du style : « Un grain de sable à La Baule » ou « Son visage en dit long ». Puis, vu l’insistance de l’appelant, il s’était rendu à l’hôtel où il l’avait déposée quelques heures plus tôt. Mais personne ne l’avait vue. Elle s’était volatilisée. Fred aurait dû appeler la police, mais ils auraient aussitôt lancé un appel à témoins et alerté la presse qui se serait jetée sur l’affaire comme une meute de loups affamés. Un coup médiatique avec les gros titres que Fred pouvait imaginer : « La fiancée disparaît à quelques semaines de son mariage. », « Fugue ou enlèvement ? », « Bonheur brisé à la Baule ». Non. Ce scénario ne lui convenait pas. D’autant qu’il voulait croire à une simple mise au vert, une retraite voulue par Jeanne pour réfléchir à ce qu’ils s’étaient dit ce matin-là. Mais trois jours sans nouvelles, ça commençait à faire long. Il fallait agir avant que cette histoire ne s’ébruite.  C’est alors qu’il se souvint d’un article paru dans le dernier Express consacré aux femmes de pouvoir. Il y était fait mention d’une Néerlandaise à la tête d’une agence internationale de détectives privés réputée pour son sérieux et son efficacité. L’agence était exclusivement féminine. Très vite, il retrouva l’article. Il écrivit un mail à l’attention de B., une sorte de nom de code sans doute, façon James Bond, ce qui le fit sourire mais l’arrangea plutôt. B. – General Manager – International Investigation Network – Maastricht : b@iin.nl. L’idée de faire appel à une détective de choc lui convenait. Au-delà de la triste raison de son message, cela avait un côté excitant. Il reçut dans les deux heures une confirmation d’ouverture de mission. Une certaine Exaucia était envoyée sur place. Elle serait dans le prochain TGV à destination de La Baule-Escoublac. L’agence lui demandait de fournir un maximum d’informations sur la disparue : documents privés, signes particuliers, relations, et photos récentes. Fred se dit qu’avec toutes les photos qui circulaient en ce moment, cette dernière requête était bien inutile, mais il s’exécuta. Il lui suffit de rassembler le fruit de ses recherches passées et de les numériser. Dans ce genre d’affaires, il fallait être rapide et il n’avait que trop traîner.   
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2    Encore une enquête qui démarre sur les chapeaux de roue ! se dit Exaucia en se laissant tomber sur son siège. Heureusement, elle était côté fenêtre. Comme il fallait s’y attendre, le TGV pour La Baule était bondé. On était un vendredi. Le premier jour des vacances de printemps pour les petits Parisiens qui, semblait-il, avaient tous choisi la côte atlantique comme destination. Exaucia espérait bien ne pas avoir à supporter une famille au grand complet dans sa voiture car elle avait du boulot. Trois heures plus tôt, B. lui avait envoyé son ordre de mission. Dans la demi-heure qui avait suivi, la jeune femme avait reçu son billet électronique et un premier point sur l’affaire : une disparition survenue à La Baule. Le client était VIP, tout comme la disparue. B. s’était contentée d’envoyer une série de liens internet relatifs aux deux célébrités et de suggérer à son agent de les consulter dans le train. Quant aux circonstances de la disparition, le client les lui décrirait sur place. Un dossier complet suivrait très vite. Exaucia avait juste eu le temps de quitter la boutique de son amie Janette Vermeulen, une jeune styliste belge qui commençait à s’imposer dans le milieu parisien de la mode, non sans craquer d’abord pour un haut en soie couleur crème, avant de rentrer chez elle, d’empoigner sa valise sous son lit, d’y fourrer quelques affaires, son colt DS IV surtout, et de héler un taxi pour se rendre à la gare Montparnasse. Elle était passée à la librairie pour y acheter le dernier roman de Frédéric Janson, en tête de gondole depuis sa sortie. « Mariage aux Seychelles », une histoire d’amour à l’eau de rose ; une brique qui ne la tentait pas vraiment. Mais la coïncidence était amusante : Exaucia était seychelloise. Elle retournait régulièrement là-bas depuis sa mission à Praslin. Au moins, elle verrait si « Mr Love » se documentait correctement.  Elle jeta un coup d’œil sur sa montre, une Swatch orange, sa couleur préférée : il était 12 heures cinquante. Le train partirait dans cinq minutes. Elle retira son perfecto, se cala dans son siège, ouvrit la barquette du triple sandwich au thon acheté en même temps que le bouquin et le mangea goulûment. La lecture ne nourrirait que son esprit, or démarrer une mission lui donnait toujours une faim de loup. Réflexe animal sans doute, qui pousse l’individu à accumuler de l’énergie avant l’effort. Gourmandise, plutôt. Après quoi, elle se plongea dans la lecture ; les liens web envoyés par B. seraient pour plus
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tard. Elle avait un peu plus de trois heures devant elle pour faire connaissance avec celui qui viendrait l’accueillir à la gare : le fameux Frédéric Janson.  Le train entra en gare de La Baule-Escoublac à 16 heures dix-huit. Pile à l’heure. Qui disait que la SNCF ne fonctionnait pas ? Exaucia reconnaîtrait facilement son hôte. Sauf si les photos des magazines étaient retouchées et le montraient plus jeune que la réalité. Il avait 47 ans… B. avait dû lui communiquer pour sa part quelques signes distinctifs. Exaucia était métisse. Elle devait avoir écrit : « peau café au lait, yeux marron clair (en fait, leur couleur changeait avec le temps : parfois vert, parfois ambre), cheveux mi- longs crépus. » C’était ce qui était repris sur sa fiche signalétique. Et puis, il y avait un trait particulier plus intime : la petite tortue sur son biceps gauche dont B. n’aurait pas fait mention. Pour cette fois, le signe distinctif était simple : le dernier roman de l’auteur que la jeune détective tiendrait entre ses mains. Titre visible, tourné vers l’extérieur. 400 pages de romantisme facile dont elle avait lu la moitié. Les ingrédients étaient simples, mais le suspense y était et, comme tous les fans de Janson, elle aurait bien continué son voyage pour connaître la suite de l’histoire. Très vite, elle le repéra sur le quai, parmi un attroupement de Baulois dont l’attitude trahissait la fébrilité de retrouvailles imminentes. Ils se hissaient sur la pointe des pieds et cherchaient des yeux à travers les vitres teintées du TGV, celui, celle ou ceux qu’ils avaient invités pour les vacances. Lui sortait du lot. De taille moyenne, cheveux poivre et sel un peu en bataille, nez aquilin, allure sportive. Le vrai Mr Love était comme sur les photos : une belle gueule. Au-delà de cela, il dégageait une sorte de force tranquille, un équilibre presque tangible. L’homme était bien dans ses baskets. Plutôt dans ses mocassins Todd’s en daim marron. Le jean délavé, la chemise à gros carreaux violets et le pull de coton jeté sur ses épaules étaient de marque également. La jeune femme remarquait ce genre de détails au premier coup d’œil. Il l’attendait, le visage serein, les mains dans les poches, comme si lui aussi accueillait un hôte. Le temps était doux à la Baule, meilleur qu’à Paris. Pour peu, Exaucia se serait sentie en vacances… Son BlackBerry se mit à clignoter signalant un nouveau message. C’était le dossier complet promis par l’agence. Elle le consulterait plus tard. Il fallait quitter le train et rejoindre son client.   
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