François H. Moi Normal.
42 pages
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Description

Extrait:
"Une grande cérémonie fut célébrée en fin de journée au Château. Les Forces de Police et de Gendarmerie, dans leurs plus beaux uniformes de communiant, recevaient La Légion d'Honneur des mains de François qui se faisait maintenant appeler « François de France, Moi Normal, Président Éternel du Petit Peuple ». Pour l'occasion il portait une perruque léonine, une chemise à jabot et manchettes en dentelles, rhingrave en brocart de Sedan, souliers à talons rouges ornés de boucles de diamants, bas de soie maintenus par des jarretières, un collier made in China offert par Julie, et un manteau doublé d'hermine rejeté sur l'épaule pour mettre en évidence son épée et ses fines jambes. Julie en robe d'étoffe bleue fleurdelisée doublée de pourpre portait les médailles sur un petit coussin de velours dentelé de soie gonflé et rehaussé de plumes de canards polaires. La cérémonie se poursuivit par une Garden Party au champagne accompagnée par un orchestre philharmonique composé de 126 violons et violoncelles jouant du Carl Orff jusqu'au bout de la nuit.
Il y eut un soir et il y eut un matin : Troisième jour."

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Publié le 04 avril 2016
Nombre de lectures 2
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

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« FRANCOIS H. MOI NORMAL »
Politic Pulp
par Jacques Torrance.
2+2=5
Avertissement.
Ce livre est une œuvre de pure fiction, un jeu, une scène libre, où les mots, qui n'aiment pas être gardés en cage, connaissent le chemin et savent où ils doivent être mieux que nous. Toute coïncidence est fortuite. Toute ressemblance, homonymie ou similitude est imaginaire et totalement subjective. Les personnages, ayant réellement existé, sont indépendants de ma volonté et ne sauraient représenter toute l'horreur d'une réalité fictive. Sachant que la plupart des situations présentes dans ces pages, ainsi que les incidents, peuvent être soumis à caution, je décline toute responsabilité pouvant engager des poursuites judiciaires.
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Bonne lecture !
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Un hangar pourri, sombre et poussiéreux. Dominique était étendu sur le carrelage. Déroulé sur le dos, chemise ouverte, velu comme un gorille. Il ne bougeait plus, respirait à peine.Quelqu'un a chanté tout à l'heure… Quelqu'un a chanté…François faisait défiler cette phrase dans sa tête pour oublier que dehors la bataille faisait rage. Manu était là aussi, à attendre, à attendre que ça s'arrête. Une explosion fit voler les vitres en éclats. François semblait alors entendre de la musique s'élever vers les nuages.
- Je savais qu'on aurait jamais du signer ces accords… Soupira François. - Arrête de dire n'importe quoi ! Hurla Manu. On était déjà dans la merde. Ça devait finir comme ça de toute façon. T'es trop mou ça râle, t'es trop dur ça râle… On ne pouvait pas faire autrement que signer ces accords… On perdait trop d'argent François… C'était La Crise ! Le bateau coulait déjà… Croissance nulle, explosion du chômage et de la précarité, terrorisme… Tu voulais qu'on fasse comment ? Hein ? Et je parle pas de tous ces petits enculés de l'opposition qui nous accusaient de passer en force… Tu crois qu'ils auraient fait mieux ? On est en guerre, c'est comme ça, pas autrement… Comme disait Papy : « Rien ne vaut une bonne guerre pour sortir un pays du tréfonds de son cul... ». - Papy était cannibale… - On s'en tape de ça ! Qui s'en tape !? Hurle Manu en levant les bras au ciel. - Dominique s'en tape lui en tout cas… - On s'occupera de Dominique après. Pour le moment il faut qu'on se sorte de ce trou et qu'on solde la situation au plus vite. - Comment ? - Comment ? C'est toi le Président, non ? C'est à toi de me dire comment. - Je suis perdu Manu… Paumé… Je me sens abandonné, perplexe, disponible pour une dépression ou un suicide, je ne sais pas, je ne sais plus, tout m'échappe… C'est un peu comme si je venais d'apprendre que le gamin sur les photos de famille rangées dans le bahut en noyer de chêne chez papa-maman n'était pas moi… - Ce n'était pas toi François… - Ha bon !? Dit François en tournant la tête de gauche à droite comme un chien en plastique. - Pour le moment on a d'autres chats à fouetter. Il nous faut un homme providentiel pour nous sortir du merdier. - Le Général est mort.
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- Oui, je sais. On pourrait toujours exhiber ses restes comme une relique de Saint que ça ne servirait à rien. Les jeunes ne savent pas qui c'est. Ils ne suivront jamais le cadavre plus que pourri d'un général discrédité peu avant sa mort… Il nous faut un symbole plus fort… - Jésus ! - Les lois sur la laïcité nous interdisent formellement de prendre un prophète comme homme providentiel. - Jean-Marie ? - Trop borgne. Et en plus il vient de monter une ligue facho indépendante : Le Né-O-AS-SS-Revival. Il a des projets de World Tour, la tournée commencerait par la Pologne pour finir en Algérie, par respect des traditions. - Bernard-Henry ? - Trop baltringue, comme Franck. - Pas de joueurs de foot alors ? - Non, trop volatiles. Les joueurs de foot sont tous des traîtres. Ils mouillent le maillot la première minute, et celle d'après ils t'enculent. - Alors qui ? - Je sais ! J'ai trouvé ! Avant que la guerre éclate, tous les sondages disaient à l’unanimité que le personnage préféré des français c'était Jean-Jacques. - Jean-Jacques ? - Jean-Jacques, le chanteur. Un mythe puissant, même après avoir arrêté sa carrière. Les français l'adorent. Il peut dire, écrire, faire ce qu'il veut, même des trucs pourris, il cartonne et cartonnera toujours. Les gens l'aiment. Ils seraient prêt à tout pour lui. Même sacrifier leurs fils s'il leurs demandait… - Et comment on va le trouver ? - La dernière fois qu'il a été vu il marchait seul sur son balcon et distribuait du vieux pain pour attirer les oiseaux, les pigeons… - Met Jean-Marc et Laurent sur le coup. Il faut trouver Jean-Jacques. Je décrète l’État d'urgence.
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Najat fit irruption dans le hangar au volant d'une grosse Mercedes noire, vitres fumées. Elle tournait autour d'eux, les encerclait. Les pneus criaient sous les effets abusifs de l'accélération et de la force centrifuge. Main droite sur le volant, elle hurlait en tirant en l'air par la vitre avec un flingue automatique calé au fond de sa main gauche. Puis la voiture stoppa net déposant de la gomme sur le
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béton et soulevant un nuage de fumée qui envahit tout l'espace respirable. La première chose que virent les hommes quand le nuage de poussière se dissipa fut un pied, nu et délicat aux ongles peints d'un pourpre sanguinolent, surmonté d'une jambe fine couleur sable dont la peau exhalait un parfum doux et acide, mélange de jasmin et d'agrumes. La jambe s’étira derrière la portière de la berline sombre et laissa apparaître la pilote, Najat, en robe noire, moulante et courte, lunettes de soleil et talons à la main, du bout des doigts, index, majeur. Elle leurs sourit, clope au bec et enfila ses escarpins. - Quelqu'un a du feu ? Ou il faut tailler des pipes pour ça ? - Sale pute ! Lui balança Manu. Et si tu venais coller tes lèvres aux miennes que je t'apprenne à respirer… - Wesh ma gueule ! Lave toi la bouche et après on verra. J'embrasse pas les types qui ont passé cinq jours dans un hangar et qui pensent que l'hygiène n'est réservé qu'aux femmes… Manu sourit. Il était dingue de Najat, dingue à en crever, dingue à en tuer. S'il n'y avait pas eu la guerre, s'il n'y avait pas eu sa carrière avant, il lui aurait fait des centaines de gamins. Quand elle était là, il se sentait fort, puissant. Il sentait la sève monter en lui et irriguer ses branches. Il se sentait poète, musicien, chanteur, peintre, artiste. Il s'imaginait, se projetait, pouvait revêtir toutes les formes, se couler dans tous les moules, devenir, être, être enfin. - Messieurs ! C'est pas encore l'heure des câlins. J'ai une fuite à organiser. Stéphane nous a trouvé une planque à la campagne. On a de la route à faire et ce ne sera pas de tout repos. J'ai engagé des mercenaires pour nous escorter. C'est un groupe composite de dix hommes issus de divers syndicats. - Ils vont nous poignarder dans le dos. Un syndicaliste ça reste un précaire. Et un précaire c'est toujours prêt à t'égorger s'il a faim. Beugla Manu. - Pas de souci avec eux, je leur ai promis un pack stabilité emploi-abaissement de l'âge de la retraite-semaine de quatre jours-et une augmentation salariale tous les quatre ans. S'ils réussissent leur mission, je leur file une prime et double leurs congés payés. S'ils meurent en mission, ils auront des funérailles dans un cercueil bleu-blanc-rouge, un coup de clairon sur la Place de la République et une médaille en chocolat. Les familles seront indemnisées pour la perte de leur être cher… - Bien négocié Najat. Rien ne nous empêchera de les passer à l'acide en fin de mission et de ne pas indemniser les familles. Les compagnies d'assurance nous mangent dans la main et les familles ne réclameront rien, découragées par la longueur dans la gestion des dossiers de réclamations par l'administration centrale… Et ça, c'est au mieux, si la guerre s'arrête. (Sourire) - Rhabillez Dominique et chargez le sur la banquette arrière avec François. Je prend le volant. Manu, prend les armes dans le coffre et passes devant avec moi.
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Najat s'alluma une cigarette, lâcha un sourire à Manu,Attachez vos ceintures les gars ça va tanguer de la proue et cracher des naseaux !Et enfonça l'accélérateur.
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La berline noire sprintait maintenant sur le bitume à travers les rues de Paris. La désolation s'étirait sur des kilomètres, immeubles éventrés, effondrés, la ville portait les stigmates de sa crucifixion, le visage balafré, le flanc ouvert et purulent, le ventre offert aux vautours, les yeux aux larmes et aux corbeaux. L'enfer racolait sur les trottoirs et attendait les bêtes qui réclamaient déjà leur supplice. Toute l'horreur dégueulasse et noire s'était donné rendez-vous au carrefour de la vie, les gens erraient comme des zombies au milieu des carcasses puantes au goût acre et jaunâtre qui semblaient encore bouger sous l'effet des vibrations du sol combattant. Des hurlements, des tirs, des bombardements, des chiens sauvages sortant des égouts pour se repaître d'un repas qui débordait de la gamelle. La table était mise mais les couverts n'étaient pas les bons. Des flots de liquides huileux, mélanges de graisses de moteur, d'urine, de sueur et de sécrétions corporelles, dévalaient les pentes et inondaient les caniveaux. Le sang sur les murs n'avait plus le temps de sécher et décorait la ville d'un rideau rouge, épais comme du velours, qui laissait entrevoir les fastes d'une fête éphémère.
- Un barrage ! Cria Najat.
Des carcasses de voitures en flamme se mariaient à un amoncellement de barrières qui bouchait la rue. Des hommes en haillons, défigurés par la faim et la soif, tenaient un check-point de fortune. Ils rançonnaient, traquaient, violaient pour un peu de bouffe et d'alcool.
- Un paquet de chips ne leur suffira pas… Ajouta Manu. - Ok. Baissez-vous Monsieur le Président. Manu ! Lance roquette ! Ordonna Najat.
Manu chargea le lance roquette et se fraya un chemin par le toit ouvrant de la Mercedes qui stoppa net. Une fumée vive s'échappa du cul du lance roquette, aussitôt suivie par une déflagration qui souleva la montagne de barrière. Les précaires se mirent à tirer aussi sec. Najat enfonca l'accélérateur pendant que Manu reprenait place dans l'habitacle de la berline.On passe en force ! Décida Najat.C'est pas comme si c'était la première fois…Plaisanta Manu. François fermait les yeux et priait en silence.
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La voiture s'éloignait maintenant du ventre de Paris et traversait des banlieues dévastées où se suivaient des colonnes d'exilés aux yeux vides. Des camps de réfugiés grands comme des parcs d'attraction entassaient les âmes mortes. Des ONG, des associations humanitaires, distribuaient du gluten, de la graisse, de l'huile, du sucre et du sel aux hordes de dépouilles affamées. Des camions bennes vidaient des collines d'ordures sur les champs et les terrains vagues. Les tractopelles jouaient des coudes pour repousser les immondices et les pauvres qui s'en nourrissaient.
- C'est ça la France ? Demanda François. - Elle est là, devant toi. Conclut Manu. - Comment en est-on arrivé là ? - ça ne sert plus à rien de se poser la question. Maintenant on y est. On est au fond du trou. Ça ne peut pas être pire. Le meilleur est à venir, de nouvelles années glorieuses s'annoncent. Reconstruction, prospérité, plein emploi, consommation… Un pays neuf naîtra de ce tas de cendres putrides. - File moi une clope Najat ! Demanda François. Non... File moi tout le paquet.
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Le convoi filait la campagne désertique. Par endroits des carcasses de tracteurs, de vaches éventrées ou de porcs séchés balisaient la route.On est bientôt arrivé, retenez vos vessies encore un peu !Plaisanta Najat qui sortit une flasque de rhum de la boite à gant, l'ouvrit avec les dents avant de s'envoyer une rasade dans sa gorge sèche. Manu contemplait cette mise en scène qui accéléra sa circulation sanguine, alerta ses hormones et déclencha une solide érection.T'en veux !?Proposa-t-elle à Manu. Je veux tout !Lui répondit-il avec impatience.!Si tu es gentil et pas trop pressant Conclut-t-elle. L'escorte qui ouvrait la route s'engouffra dans un bois sombre, suivie de la berline. La forêt composée d'immenses conifères écrasait le paysage de sa toute puissance. Elle semblait avaler les véhicules et les hommes pour n'en recracher que les noyaux. Les rayons rouges du soleil couchant soulevaient le voile nocturne qui dominait le sous-bois. Ils se frayaient un passage au milieu des
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pylônes de tronc, s'enroulaient autour comme des lianes et aveuglaient le pare-brise. Najat n'y voyait plus rien. Elle avançait au ralentit, presque à l'arrêt. Une vive détonation fracassa l'air. Un souffle chaud grilla le premier motard de l'escorte. Maintenant, ça sifflait dans tous les sens. Des copeaux de bois arrachés aux arbres volaient et tombaient en pluie compacte sur le véhicule présidentiel blindé qui encaissait les coups.On ne sort pas du véhicule !Manu. Une Ordonna seconde explosion, plus forte, plus lourde, presque sourde, fit tomber un arbre devant la Mercedes. La visibilité était nulle. Le soleil avait posé ses mains sur leurs yeux angoissés. François fumait. Dominique dormait.Si ça se rapproche trop près, on sera obligé de sortir…Dit Najat.sais ! Je Répondit Manu. Puis des rafales d'armes lourdes se firent entendre au loin, dévastant le feuillage, les troncs, les sons, l'air et la lumière. Silence. Nuit noire. Manu entendait le cœur de Najat exploser dans sa poitrine. Il ne voulait pas l'avouer, ni se l'avouer, mais maintenant, il avait peur, l'angoisse chevillée aux tripes. Le silence s'étirait et devenait de plus en plus pesant. Dans l'habitacle de la voiture, l'air était devenu moite, de la buée dégoulinait sur les vitres et privait les occupant de toute visibilité. La nuit était tombée, indéfinissable et implacable. Des bruits mécaniques hurlaient, se rapprochaient. Des machines lourdes, qui avalaient la terre sur leur passage. Des feux, des projecteurs, scrutaient le sous-bois avec suspicion et trouvèrent la voiture. D'innombrables gouttes de sueurs perlaient sur tous les fronts. Arme à la main, Najat et Manu attendaient un hypothétique signal pour vider leurs chargeurs sur un ennemi invisible. Un haut-parleur se mit à hurler, mais le cri était imperceptible et confus. Les sons se perdaient dans la nuit, crevaient la canopée et s'évadaient dans le ciel. Puis les mots se rapprochèrent et devinrent plus distincts, plus compréhensibles : «Forces Spéciales françaises ! Veuillez déposer vos armes etForces Spéciales ! décliner votre identité ! Toute tentative de résistance ou de fuite est inutile ! Vous êtes cernés ! Veuillez sortir du véhicule et déclinez votre identité ! ». - Restez là, je sors ! C'est peut-être un piège…Dit Manu. Si je ne reviens pas, c'est que je suis mort… et que vous allez tous mourir !
Manu donna son arme à Najat et sortit de la berline.
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Les Forces Spéciales du gouvernement escortèrent la voiture présidentielle jusqu'à la planque, un vaste château de type versaillais entourée d'une enceinte fortifiée surmontée de miradors lourdement armés. Deux compagnies de CRS gardaient l'entrée fermée par une vaste et épaisse porte. Même une poussière n'aurait pas pu passer. La porte s'ouvrit enfin et le convoi pu pénétrer les entrailles de la place fortifiée.
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Jean-Christophe attendait la clique sur le perron du Château. Un large sourire accueillit le Président, Najat et Manu. Dominique fut prit en charge par une équipe de médecins. L'hémorragie s'était arrêtée, mais il avait perdu beaucoup de sang. Il était translucide, comme une huître restée trop longtemps au soleil.
- Suivez-moi au Salon. Proposa Jean-Christophe. Ils lui emboîtèrent le pas. C'était moins une… Reprit-il. Les Forces Spéciales arrivaient trop tard et s'en était fini de vous et de la France. Par contre on n'a rien pu faire pour votre escorte syndiquée… Tous liquidés. Je ne vous cache pas qu'on a pu un peu baver sur les côtés de la feuille durant l'assaut. N'est pas américain qui prétend l'être… Les frappes chirurgicales on connaît pas. Heureusement qu'on a de bonnes assurances. Poursuit-il d'une rire diabolique. - Mouais… Personnellement je n'ai strictement rien compris à la situation. Avoua le Président. On n'y voyait rien. On était complètement abrutis par le bruit des tirs et des explosions… Je ne saurais dire qui nous a attaqué… -Les Brigades Vertes, Les Partisans de Gaïa, l'Armée de Libération de la Terre, le Front de Libération de la Terre, les Zadistes armés, l’Église de l'Euthanasie… Bref… Une alliance de groupuscules verts, d'activistes radicaux écolos, de hippies cannibales, de punks à chiens, d'anarchistes, d'anarcho-vegan, et de vampires sodomites qui vivent dans les bois comme des singes et qui nous cassaient déjà les couilles pour un barrage, un aéroport ou un abattoir… Finalement la guerre est bienvenue… Avant, on ne pouvait que les assigner à résidence. Maintenant, on peut tous les exterminer. (Large sourire) Le Salon s'ouvrait sur une large baie vitrée qui, quand le soleil le permettait, offrait une vue magnifique sur la chaîne de montagne qui protégeait l'arrière cours du Château. La moquette rouge, épaisse et soyeuse, épousait les pas, étouffait les sons et proposait une atmosphère chaleureuse. Les murs étaient recouverts de bas-reliefs dorés à l'or fin qui encadraient de vastes miroirs aux reflets métalliques. De confortables fauteuils de cuir roux cirés s'organisaient autour de magnifiques tables basses en marbre noir. A chaque tablée, des domestiques attendaient et réceptionnaient les requêtes les plus folles. Le petit groupe s'installa pour faire le point sur la situation. Jean-Christophe prit la parole en premier.
- Bon. Je ne peux pas vous cacher que la situation est chaotique… ça sent mauvais à tous les étages et on ne maîtrise pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Barack nous lâche. Il a opté pour des travaux d'isolation et ne veut plus entendre parler de nous…
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- Quel enculé ! Reprend Manu. Je savais qu'on aurait du négocier avec Vladimir… Putain, l'enculé ! On lui signe son putain de Traité,Va zy signe c'est twès bon pou toa chicken, et après on se la fait mettre bien profond. Maintenant on est obligé d'avaler sa bouffe pourrie transgénique gavée aux hormones et si on ne le fait pas, il nous envoie ses drones pour nous bombarder la gueule… Jte lui enverrais une putain de pluie de missiles nucléaires à ce bâtard global qui nous impose la marche à suivre depuis ses chiottes… C'est de sa faute si c'est le merdier en France aujourd'hui ! Déclarons lui la guerre ! - Calme toi Manu. Coupa François. Les choses vont s'arranger. Ça sert à rien d'agiter le cocotier s'il n'y a pas de noix de coco sous les feuilles. Je suis fatigué. La journée fut éprouvante. J'ai juste envie d'une douche, de charger un peu la mule à l'apéro, et de mettre les pieds sous la table pour me délecter de bons plats et de bons vins. - Vous pouvez pas trouver meilleure adresse dans le coin. Chanta Jean-Christophe. - Des nouvelles de Jean-Marc, de Laurent ? de la mission Jean-Jacques ? Demanda François. - Un commando l'a trouvé. Répondit Jean-Christophe. Il vivait sa vie par procuration devant son poste de télévision et comme il ne voulait pas venir, ils l'ont piqué et mis dans un sac. Ils seront là dans les prochaines heures, voire les prochains jours. - Très bien ! Montrez-nous nos chambres et faites nous appeler quand les festivités commenceront.
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Manu, à poil sur le balcon de sa chambre, fumait un gros cigare et contemplait le ciel étoilé qui dégageait un souffle de sérénité pure et spirituelle. Trois coups sec à la porte !Qui me demande ?- C'est moi, Najat !Manu ouvrit la porte.C'est comme ça que tu comptes descendre au banquet ?Manu sourit.Que me vaut ta visite ? - Je sais pas… Je me suis dit que… Je me suis dit qu'on avait encore un peu de temps avant le début du banquet protocolaire et qu'on pouvait se mettre en appétit… - Alors tu as frappé à la bonne porte.Manu jeta son cigare sur la moquette du couloir qui commençait déjà à se consumer, embrassa Najat, affamé, et l'attira dans la chambre. Les vêtements de Najat volèrent dans la pièce, ou se glissèrent à ses pieds. Voix tremblantes, les lèvres imploraient les lèvres, agonie du désir, c'était comme un cri de survie. La mer était agitée. Elle grondait, s'ouvrait et laissait échapper des bribes de sons mêlées de bruit, au rythme d'une musique implacable et immersive. Les corps s'animaient d'un même mouvement, oubliant la fatigue, oubliant les frontières. L'espace était saturé de couleurs, de lumières et de chaleur. Les murs se couvraient de sueur, la peau fusionnant avec la peau, abandonnée, dégradée. Les cerveaux étaient en orbite,
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saturés d'expériences sensorielles et psychologiques. La réalité devenait mouvante, futile, elle s'évaporait pour laisser la place à un monde poétique et sans compromis. Les âmes se percutaient, se traversaient avec enthousiasme et mélancolie. Les corps commençaient à se sentir bien, légers et chauds, pris dans le flux et le reflux des vagues d'ivresse. Ils étaient plus malléables, plus souples et se fondaient plus aisément dans l'autre corps, impatients, ils se frôlaient, se heurtaient, se serraient de près, de trop près, excités, pour finalement se figer au milieu du flot fiévreux, par peur, ou par pure délectation d'une frustration qui irrigue le sang jusqu'à l'explosion libératrice où se mêleraient l'enfer et l'exaltation. Ils avançaient maintenant au galop sous une pluie torrentielle, intrépides, complètement retournés et pris au piège d'étreintes plus étroites et plus solides dont ils ne cherchaient pas à se dégager. Les mains se baladaient. L'univers devenait une bulle magique, humide et tourmentée, un trou étroit, inondé de vie, où coulait une source d'eau pâle. Plaisir infini, triomphe palpitant et douloureux, l'extase retrouvé, les esprits se libéraient, l'air était frais et au loin, des chiens aboyaient.
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Manu ! T'es là ? C'est François ! Ouvre s'il te plaît… Allez Manu ! Je m'ennuie… La salle du banquet était aussi longue et large qu'un stade de foot. Débauche de dorures, de bois fins, de marbres, d'essences exotiques et de parfumes rares venus du bout du monde créaient une ambiance baroque et en surcharge pondérale qui illuminait les yeux des convives venus nombreux. Toute la caste politique et médiatique, toutes les stars, les mythes et leurs sous-fifres collant comme des parasites et qui avaient survécu à la guerre étaient réunis au Château. Ça buvait, ça grignotait, ça se goinfrait, ça discutait, ça plaisantait, ça se matait, ça se cherchait dans une atmosphère récréative et infantile.« Mesdames et messieurs, Le Président ! ». François fit son entrée dans la salle sous les applaudissements et les cris de la foule en délire. Il affichait un large sourire et se frottait les mains. Julie apparut au loin dans une robe en mousse à bustier bleue pâle couverte de fines gouttes d'argent. Ses cheveux coiffés par Jean-Louis était auréolés d'un diadème en or et diamants. [Note de l'auteur : Elle ressemblait à toutes ces princesses dont rêvent les petites filles dans l'espoir qu'un jour elles aussi seront enlevées par un prince charmant chevauchant un magnifique destrier blanc. La réalité était souvent plus pathétique. Les rêves fuyant, elles se retrouvaient le plus souvent, leur vie entière, à faire la vaisselle pour un alcoolique sous anxiolytique.] Julie approcha et embrassa François sous une pluie d'applaudissements. Jean-Christophe les installa en bout de table. Des larbins empapillonnés leurs offrirent du champagne et d'alléchantes
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