JOAO
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Description

Joao Ce matin, comme tous les matins, sœur Maria Theresa nous a réveillés à 7 heures. Il faisait froid. L’air des montagnes passait par les trous des volets. Nous avions tous envie de rester sous les couvertures, mais la sœur est revenue pour nous obliger à nous lever. Dans les sanitaires, l’eau qui sortait des robinets était encore plus froide que d’habitude. Tout le monde frissonnait. La sœur nous a dit que c’était normal, puisque l’hiver arrivait. Bientôt, elle ferait calfeutrer les fenêtres avec deux grosses toiles, et entre les deux, elle ferait mettre de la paille, pour empêcher le froid de nous rendre malades. Pour nous, cela signifiait surtout que durant de longs mois, nous ne verrions plus la lumière du jour le matin en nous levant, ni la lune que l’on aperçoit parfois, et même dans la journée, les dortoirs et les sanitaires resteraient sombres, car les protections d’hiver restaient fixes jusqu’au printemps. Cela voulait dire aussi que bientôt, on sortirait des réserves nos manteaux d’hivers. Quand ce n’est pas le moment de les porter, ils sont soigneusement pliés en rangées dans la réserve, derrière le bureau de la mère supérieure. C’est là aussi que sont mises les affaires neuves et propres. Parfois, quand un de nos vêtements est très abîmé, on nous fait venir dans le bureau de Mère Anna Maria de la Conception pour en prendre un nouveau.

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Publié le 12 octobre 2013
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Langue Français

Extrait

 
Joao 
   Ce matin, comme tous les matins, sœur Maria Theresa nous a réveillés à 7 heures. Il faisait froid. L’ air des montagnes passait par les trous des volets. Nous avions tous envie de rester sous les couvertures, mais la sœur est revenue pour nousobliger à nous lever. Dans les sanitaires, l’ eau qui sortait des robinets était encore plus froide que d’ habitude. Tout le monde frissonnait. La sœur nous a dit que c’ était normal, puisque l’ hiver arrivait. Bientôt, elle ferait calfeutrer les fenêtres avec deux grosses toiles, et entre les deux, elle ferait mettre de la paille, pour empêcher le froid de nous rendre malades. Pour nous, cela signifiait surtout que durant de longs mois, nous ne verrions plus la lumière du jour le matin en nous levant, ni la lune que l’ on aperçoit parfois, et même dans la journée, les dortoirs et les sanitaires resteraient sombres, car les protections d’ hiver restaient fixes jusqu’ au printemps. Cela voulait dire aussi que bientôt, on sortirait des réserves nos manteaux d’ hivers. Quand ce n’ est pas le moment de les porter, ils sont soigneusement pliés en rangées dans la réserve, derrière le bureau de la mère supérieure.C’ est là aussi que sont mises les affaires neuves et propres. Parfois, quand un de nos vêtements est très abîmé, on nous fait venir dans le bureau de Mère Anna Maria de la Conception pour en prendre un nouveau. Sur les étagères, on voit plein de pulls, de pantalons, de chemises, mais aussi de sous-vêtements, rangés par tailles. Et
Marie-Christine L’ Heureux, Lettre d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
dans un coin de la pièce, il y a une étagère spéciale avec des vêtements curieux dessus. D’ ordinaire, nous sommes toujours habillés avec des affaires grises. Il y a du gris clair et du gris plus foncé, mais c’ est toujours du gris. Les religieuses nous disent que comme ça, c’ est plus difficile de voir si nous sommes sales, et donc, on nous change nos habits moins souvent. Mais sur cette étagère, dans le fond de la réserve, il y a des chemises blanches, des pantalons et des pulls noirs, et surtout des chaussures vernies. Les copains et moi, nous avons tous remarqué cette étagère, mais à chaque fois que quelqu’ un veut en parler, les autresl’ obligent à se taire. On n’ a jamais vu un seul enfant habillé avec ces vêtements, alors forcément, on pense tous que ça a un rapport avec les copains qui disparaissent. Cela n’ arrive pas souvent, mais quand ça se produit, on nous dit simplement qu’ il est parti ailleurs, pour une vie meilleure. A chaque fois, nous nous regardons sans comprendre, ou presque, mais avec le temps, nous avons fini par nous faire une idée de ce qui se passe vraiment.  Quand j’ habitais encore dans mon village, dans les montagnes, avec ma mère et mes grands-parents, à chaque fois que j’ entendais dire que quelqu’ un était parti pour une vie meilleure, cela voulait dire que durant plusieurs jours des gens pleuraient et les autres les réconfortaient. Quelques fois, mais c’ était très rare, les disparus revenaient, au bout de plusieurs années. Ils étaient vieillis, fatigués, parfois malades, disaient ceux qui les avaient connus avant leur départ, mais souvent aussi, quand ils revenaient, ils avaient assez d’ argent pour aider leur famille à vivre un peu mieux. Mais la plupart du temps, quand on disait que quelqu’ un était parti pour une vie meilleure, le curé venait dans la maison du disparu, fai église, allait à l’ ensuite au et onsait des prières, Marie- d’ adieChristine L’ Heureux, Lettreu et autres nouvelles, Joao  
cimetière, pour mettre un gros paquet dans un trou que le jardinier avait creusé le matin même. Après, on refermait le trou et on plantait une croix dessus. On cueillait aussi quelques fleurs pour les mettre avec la croix. Et cette fois, jamais le disparu ne revenait. Avec les enfants du village, on pensait que quand on ne mettait rien dans un trou, c’ était que le disparu était parti avec toutes ses affaires, et que quand il n’ avait rien pris, on les enterrait. Peut- parceêtre que c’ est pour cela qu’ il ne revenait jamais, qu’ il ne pouvait plus prendre ses affaires. Un jour, c’ est mon grand-père qui a disparu. Maman a dit qu’ il était parti dans la montagne maischercher des pierres, est il n’ jamais revenu.Plus tard, a dit que la montagne l’ avait pris, elle comme d’ autres hommes avant lui. Pourtant, je l’ ai attendu, parce que le curé n’ avait pas mis son paquet dans le trou. Mais maman et grand-mère faisaient quelque chose de bizarre, après le départ de mon grand-père. Elles allaient sur le chemin qui mène en haut de la montagne, et elles posaient des fleurs au pied d’ une  une croix était disait que c’grande croix. Maman spéciale pour les hommes que la montagne avait pris. Ce qui était bizarre, c’ est que jamais aucun homme qui avait été pris par la montagne, et qui n’ avait pas de trou à côté de l’ église, n’ était revenu. Peut être que la montagne leur donne des affaires et qu’ ils n’ ont pas besoin de revenir chercher les leurs au village. Plus tard, quand j’ avais cinq ans, ma grand-mère est partie, elle aussi, et on a mis son paquet dans le trou du jardinier. Et puis c’ est le jardinier qui a disparu, et c’ est son fils qui s’ est mis à faire des trous. Il a mis le paquet de son père dedans, et quelques semaines plus tard, celui de ma mère. Ce jour là, le curé est venu me voir et il m’ a dit que ce serait mieux pour moi s’ il m’ emmenait à la ville. Que là-bas, il y aurait
Marie-Christine L’ Heureux, Lettre d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
des gens pour s’ occuper de moi. Et il m’ a fait monter dans sa carriole. Quand on est arrivés ici, le curé a parlé avec des dames habillées avec des linges sur la tête, et ils ont dit que je devais rester à la ville, maintenant que ma mère avait disparu, et que comme ça, je pourrais apprendre des choses.  Cela fait 5 ans que je suis là, et depuis que je suis arrivé, plusieurs garçons ont disparu, eux aussi. Une seule fois, l’ an dernier, juste avant Noël, on a mis un paquet dans un trou pour un de ces garçons. rien fait. a AlorsMais les autres fois, n’ on nous, on attend qu’ ils reviennent. On est plusieurs à avoir vu des gens disparaitre, dans nos villages, avant de venir ici, et certains garçons plus grands disent que c’ est plus compliqué que ce qu’ on croit, mais que ça sert à rien qu’ on nous explique maintenant. Les sœurs, elles,ne disent rien, sinon quelques fois qu’ il faut que je prie pour ma mère et mes grands-parents, qui sont avec le Seigneur. J’ ai déjà essayé de leur expliquer plusieurs fois que ce n’ est pas possible que mon grand-père soit avec elles, puisque lui, il est prisonnier dans la montagne, mais elles ne veulent rien entendre.  Ce matin, donc, on s’ est levés, on s’ est lavés avec de l’ eau froide, un ou deuxgarçons ont éternué et la sœur leur a dit d’ aller voir l’ infirmière, et puis on est allés manger dans la grande salle. Là, Mère Anna Maria de la Conception est venue pour nous parler. Quand elle fait ça, on sait que ça va être quelque chose d’ important, parce que sinon, elle ne vient jamais nous voir le matin. Elle nous a dit qu’ aujourd’ huiun grand jour, parce que desétait gens allaient venir voir notre maison, et qu’ il faudrait être très Marie-Christine L’ Heureux, Lettre d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
gentil et poli avec eux. Elle nous a dit aussi que peut-être que certains de ces gens voudraient parler avec nous, et même manger à notre table, et qu’ il faudrait bien se teniret répondre à tout ce qu’ ils demanderaient.Mais moi, cela ma fait peur. Je me souviens très bien qu’ un peu avant que plusieurs garçons disparaissent, il y avait aussi des gens qui étaient venus visiter notre maison. souvent une dame accompagnée d’C’ était un monsieur, et ils marchaient par deux dans les couloirs. Ces gens là s’ intéressaient souvent aux petits, ou alors aux grands, mais moi, quand ils étaient venus, j’ avais 6 ou 7 ans,je ne savais pas encore lire, parce qu’ au village, je n’ allais pas à l’ école, je ne savais pas compter non plus, et ça n’ avait pas l’ air de plaire aux gens qui étaient venus. La mère supérieure nous a expliqué aussi que cette fois-ci, il y aurait des gens, parmi ceux qui allaient venir, qui ne parleraient peut être pas la qu’ il y aurait des maismême langue que nous, dames pour nous raconter ce qu’ ils diraient. Ça m’ a paru très compliqué, et très dangereux. Pourquoi des gens venaient nous voir, et en plus des gens qui ne parlent pas comme nous. Comment ils font, s’ ils ne parlent pas, pour se raconter des choses. Peut être qu’ ils font comme la vieille qui vend des fruits au coin de la rue. Elle n’ entend rien alors elle fait des gestes. Mais on ne peut pas lui raconter ce qu’ on veut. Juste lui montrer des choses, quelques fois.  On a mangé en silence. D’ habitude, on se dit des petites choses quand on mange le matin. parce que les sœursPas beaucoup, disent que pour bien grandir, il faut manger dans le calme. Sinon, après, on a mal au ventre et on devient tout maigre, et que Die les enfants empêcheru leur a donné comme travail d’ comme nous de devenir tous maigres. Mais là, après ce que la mère supérieure nous avait dit,personne n’ avait envie de parler. Certains grands faisaient des efforts pour se tenir bien droit, pour bien ten proprement lair leur cuillère et s’ essuyer Marie- d’ adie LettreChristine L’ Heureux,u et autres nouvelles, Joao  
bouche avec leur serviette. Moi, j’ ai mangé comme d’ habitude, et après, on est allés en classe.  Depuis que je suis arrivé en ville, j’ ai bien appris à lire, à écrire, à compter. J’ ai même appris des choses surmon pays, les montagnes, les plaines, les fleuves, et un jour, sœur Maria Theresa m’ a même montré où était mon village sur un grand dessin. Mais il était trop petit, mon village, et je ne l’ ai pas vu. J’ aime bien la classe, j’ aime bien apprendre des choses, mais je ne comprends pas toujours à quoi ça va me servir. Mon grand-père allait chercher des grosses pierres dans la montagne, pour un monsieur de la ville qui les lui achetait, et ma mère et ma grand-mère plantaient des légumes, cueillaient des fruits et faisaient à manger. Pas besoin de savoir lire et écrire pour ça, et pas besoin d’ essayer de voir mon village sur un grand dessin. Peut être que compter, ça, ça pourrait me servir, si je veux faire comme la vieille au coin de la rue, et vendre des légumes. Mais pour le moment, je fais juste le ménage et la vaisselle, quand c’ est mon tour, et on ne me demande même pas de compter les assiettes ou les cuillères.  La cloche de la chapelle a sonné midi, mais avant de se ranger dans la cour, comme tous les jours, on nous a fait repasser par les sanitaires. On nous a fait nous relaver les mains, la figure, et même les dents. Ensuite, on est descendus dans la cour, mais cette fois, on nous a fait mettre les uns derrière les autres, et pas par deux, comme d’ habitude. Les petits devant et les plus grands derrière. Et on a vu arriver des gens dans la cour. Ils marchaient par deux. Quelques fois, il y avait des dames toutes seules qui étaient un peu derrière eux. Certains de ces gens se sont approchés du rang et nous ont regardés. Ils ont commencé à nous parler. Quelques fois, les dames toutes seules s’ approchaient de gens par deux, elles leur parlaient, puis Marie- LettreChristine L’ Heureux, d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
parlaient avec un enfant, et puis reparlaient avec les gens par deux, et ce qu’ ils disaient était très bizarre.Ils parlaient comme nous, avec leur bouche, mais ce qui en sortait ne voulait rien dire. Les dames toutes seules parlaient aussi comme eux, et tout d’ un coup elles parlaient aux enfants et de nouveau on comprenait ce qu’ elles disaient. C’ était comme si ily avait une langue exprès pour les gens par deux. Un peu comme à l’ église, quand le curé vient et qu’ il parle tout seul la langue de Dieu et que les sœursrépondent. Si Dieu a une langue à lui, peut êtrelui que certains des gens par deux en ont une aussi. Des gens par deux se sont approchés de moi. La dame avait des cheveux jaunes, mais le monsieur était un peu comme moi. Il a essayé de me parler, mais je ne comprenais que quelques mots. Ce n’ étais pas la langue de Dieu, parce que elle, c’ est une langue qu pas non plus la langue bizarre des était ce n’ maisi chante, autres. Juste quelque chose qui ressemblait à ma façon de parler, mais déformée. Lemonsieur avait l’ air bien embêté que je ne comprenne pas ce qu’ il me disait, alors il s’ est tourné vers la dametoute seule. Elle m’ a demandé mon prénom, mon âge, si je savais lire et écrire, et compter. Elle m’ a aussi demandé depuis combien de temps j’ étais là, et où était mon village. J’ ai répondu poliment. A chaque fois que je disais quelque chose, elle se retournait vers les gens par deux et leur parlait dans la langue bizarre. La dame aux cheveux jaunes me regardait avec un sourire un peu triste, la tête penchée sur le côté. Elle parlait un peu, avec une voix douce, et le monsieur lui répondait par des petits mots très courts. Et puis le monsieur s’ est écarté un peu du rang pour aller parler Il m’ a montré du doigt,à une des sœurs. la sœur a secoué la tête comme si elle disait oui et le monsieur est revenu vers moi. Il a parlé à la dame aux cheveux jaunes et à la dame toute seule. La dame toute seule m’ a pris la main et m’ a dit qu’ on allait mune table à part. Et puis onanger tous les quatre à
Marie-Christine L’ Heureux, d’ adie Lettreu et autres nouvelles, Joao  
est allés dans une pièce que je ne connaissais pas, après la grande salle, derrière une porte qui est toujours fermée. La dame toute seule a parlé avec la sœur qui était là, et on s’ est installés à une p était impressionnant de s’ asseoir à C’etite table. cette table. Il y avait un tissu blanc dessus, et les assiettes étaient blanches aussi et on aurait dit de la pierre. Pas comme dans la grande salle, où les assiettes et les cuillères sont en bois. Là, les cuillères étaient en fer brillant, et il y avait aussi un couteau pour chacun et une sorte de petite fourche. Les verres étaient transparents et perchés sur des sortes des tiges. Il y avait une serviette à côté de chaque assiette, et on aurait dit que c’ était le même tissu que sur la table. Ce qui a été pareil que d’ habitude, c’ est que après que tous les autres gens par deux soient entrés dans la salle avec un garçon et quelques fois une dame toute seule, la mère supérieure est arrivée et a dit une prière dans la langue de Dieu. On était tous debout, les yeux fermés, la tête baissée, et on a dit Amen quand la mère a fini et on s’ est assis. La dame avec les cheveux jaunes et le monsieur comme moi n’ ont pas dit Amen, eux, et j’ ai du les regarder un peu trop parce que la dame toute seule m’ a expliqué que dans leur pays, ils ne parlaient pas à Dieu dans la même langue, mais que ce n’ était pas grave, parce que Dieu est là pour tout le monde, et partout. Moi, j’ avoue que je ne sais pas vraiment qui est Dieu. Avant, je croyais que c’ était peut être le méchant monsieur dans la montagne qui avait pris mon grand-père et d’ autres hommes avant lui, mais en fait je ne pense pas. Sinon, sœur Maria Theresa ne me dirait pas de le prier pour ma mère et ma grand-mère, puisqu’ elles ne sont pas avec mon grand-père. Finalement, je crois que Dieu, c’ est juste le monsieur qui est accroché sur la croix de bois, tout au fond de la chapelle. Mais il ne bouge pas, je ne sais pas pourquoi il est là et encore moins à quoi ça sert de lui d qu’ parce ne parle ilemander des choses,
Marie- d’ adie LettreChristine L’ Heureux,u et autres nouvelles, Joao  
pas. Et puis il est tout maigre. C’ est peut être pour ça que maintenant, il veut que les enfants comme moi mangent bien. Pour ne pas être comme lui. Si c’ est ça, alors il est plutôt gentil, Dieu. On a commencé à man y Il c’ était bizarre comme repas.ger, mais avait plein de choses dans les assiettes. De la viande, des légumes et du riz, et les gens avec moi coupaient la viande avec le couteau et mangeaient avec la petite fourche.J’ ai essayé de faire comme eux, mais c pas facile. est couteau me fait Lee n’ peur, la sœur dit toujours que c’ est dangereux, et la petite fourche, elle pique la langue quand on la met dans la bouche. Et puis après le plat où il y avait plein à manger, on a eu des gâteaux. D’ habitude, on en ajuste pour Pâques et Noël, quand la mère supérieure mange avec nous et que le curé dit que Dieu est né ou qu’ il vit de nouveau. Quelques fois, le curé l’ appelle Jésus, mais il montre toujours le même monsieur sur la croix de bois. Peut être qu’ il a deux noms. Et puis il y a aussi la sœur qui montre l’ oiseau au dessus du monsieur sur la croix de bois et qui dit que c’ est aussi Dieu, mais là, c’ est pas possible, puisque c’ est un oiseau. En vrai, c’ est compliqué, Dieu, mais nous, on l’ aime bien, parce qu’ il nous amène des gâteaux.Ou alors c’ est la mère supérieure qui les amène, comme aujourd’ hui. Je ne sais pas. Je n’ ai pas beaucoup parlé pendant le repas. Les gens avec moi parlaient beaucoup entre eux, la dame aux cheveux jaunes me souriait souvent et la dame toute seule me parlait un peu pour me dire que les gens par deux habitaient dans un pays très loin, dans une grande maison et qu’ ils n’ avaient pas d’ enfants, et qu’ ils avaient demandé à Dieu de les aider à en trouver un, et que c’ est pour ça qu’ ils étaient ici. Je n’ ai pas tout compris mais si Dieu nous donne des gâteaux, peut être qu‘ il peut donner un enfant aux gens par deux.  
Marie- Lettre d’ adieChristine L’ Heureux,u et autres nouvelles, Joao  
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Après le repas, la dame toute seule m’ a dit que la dame aux cheveux jaunes et le monsieur comme moi devaient parler avec la sœuret allaient revenir. Ils sont partis dans le bureau de la mère supérieure, et ils sont revenus pour me dire que j’ allais les revoir très bientôt. En partant, la dame aux cheveux jaunes m’ a fait un baiser sur le front, comme le faisait ma grand-mère avant que j’ aille dormir.     n’ Je y en classe,J’ étais je faisais un problème compliqué. et arrivais pas bien, et je savais que sœur Maria Theresa ne serait pas très contente. La porte s’ est ouverte et une autre sœur est entrée et elle a dit que je devais la suivre. Je me suis dit que sœur Maria Theresa devait déjà savoir que je n’ arrivais pas à faire le problème, et qu’ elle voulait que je sois grondé. Je suis sorti et on m’ a emmené dans le bureau de la mère supérieure. Là, jeme suis dit que le problème qu’ on nous avait donné devait être très important pour que la mère supérieure gronde elle-même les enfants qui ne savaient pas le faire. Je suis entré dans le bureau en baisant la tête, j’ étais prêt à pleurer. Ce n’ est pasvraiment ma faute si je ne comprends pas les problèmes. Mais la mère supérieure m’ a regardé et elle m’ a dit que j’ avais de la visite. Je ne comprenais pas ce qu’ elle voulait dire, mais la porte s’ est ouverte et la dame aux cheveux jaunes, le monsieur comme moi et la dame toute seule sont entrés. Ils se sont assis sur des grandes chaises et on m’ a fait asseoir sur une aussi, à côté de la dame toute seule. Ils ont tous parlé entre eux, et de temps en temps, la dame toute seule me disait des choses. Que j’ allais mettre une chemise et un pantalon propres et que j’allais sortir un peu dans la ville avec eux, pour montrer des choses à la dame aux cheveux jaunes et au monsieur comme moi, et aussi que si tout se passait bien, Marie-Christine L’ Heureux, Lettre d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
dans quelques jours, ils reviendraient pour me montrer où ils dormaient dans la ville et que je mangerais le midi avec eux. Et puis la mère supérieure m’ a dit que je ne devais parler de tout ça à personne. Aucun des autres garçons ne devaient savoir, que c’ était un secret. Que je devais promettre. J’ ai promis. Mais quand je suis allé dans les sanitaires pour me changer, j’ ai eu envie de partir en courant et de retourner en classe pour faire le problème qui était difficile et que je ne comprenais pas. Peut être qu’ à force d’ essayer, j’ y arriverais.Je n’ avais pas envie de partir en secret avec ces gens que je ne connaissais pas. Mais il y avait une sœur derrière moi, et je n’ ai pas pu partir me cacher en classe ou dans mon lit. Dehors, ils m’ ont fait monter dans une grosse voiture noire qui brillait loin de très emmené dans un grand jardin, ontet ils m’ ma maison. Là, on s’ est promenés. Sur l’ herbe, il y avait d’ autres enfants qui jouaient avec des ballons très durs et qui roulaient bien. Pas comme le ballon en chiffons qu’ on a dans la cour, et qui est tout mou quand il pleut. Ils jouaient aussi avec des morceaux de papier très légers, attachés avec des petits bâtons et une ficelle, et qui volaient dans le ciel quand ils couraient. Je ne connaissais pas ce jeu, alors le monsieur qui est comme moi en a a montré comment onacheté un à un marchand et il m’ jouait avec. C’ est amusant. Un peu fatigant de courir sans regarder où on pose les pieds, mais amusant quand il vole. Après, j’ étais un peu fatigué, alors on s’ est tous assis sur l’ herbe, sur une couverture, et la dame aux cheveux jaunes est allée acheter à manger. Elle est revenue avec quelque chose d’ étrange. C’ est froid et dur, mais si on ne le mange pas tout de suite, ça coule sur les vêtements. J’ ai fait très attention pour ne pas me tacher, mais c’ est difficile à manger, parce que c’ est très froid, et à un moment, un morceau s’ est détaché et est tombé sur mon pantalon. J’ ai eu très peur de me faire disputer, mais la dame aux cheveux jaunes a sorti un mouchoir de son sac et a commencé à essuyer tout en parlant et la dame toute seule m’ a Marie-Christine L’ Heureux, Lettre d’ adieu et autres nouvelles, Joao  
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