La beauté de la pointe
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Description

Vous allez voir qu'ils vont tous en faire un héros de ce flicaillon de merde. Il a pas pu s’empêcher de jouer les cow- boys. Ça devait le titiller depuis longtemps et, avec les gars, on lui a donné l'occasion de sa vie. Tout fonctionnait bien, pourtant. Un plan de braquage sans accrocs, ficelé par des types d'expériences et précis.

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Publié le 26 octobre 2013
Nombre de lectures 30
Licence : En savoir +
Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français

Extrait

Vous allez voir qu'ils vont tous en faire un héros de ce flicaillon de merde. Il a pas pu s’empêcher de jouer les cow-boys. Ça devait le titiller depuis longtemps et, avec les gars, on lui a donné l'occasion de sa vie. Tout fonctionnait bien, pourtant. Un plan de braquage sans accrocs, ficelé par des types d'expériences et précis. Trois à l'intérieur et un dans la bagnole, un timing « suisse », pas de panique. Pourquoi a t il tiré, ce putain de vigile ? Qu'est ce qu'il défendait vraiment ? Sa peau n'était pas en danger, le pognon n'était pas à lui, on avait pas d'otage, tout était propre jusqu'à ce qu'il sorte son gun. Par deux fois, il a tiré. Sans viser, en tremblant, les yeux ronds d'étonnement de lui même, les dents serrées, il a envoyé deux balles dans ma direction. On avait presque terminé, on reculait vers la porte en couvrant Marco, occupé avec les deux sacs prévus. Le premier coup de feu a stressé tout le monde. Le second a déclenché le massacre. J'ai ressenti une vive douleur qui m'a fait plié les genoux. Un voile noir devant les yeux, une solide poigne m'a redressé et deux nouvelles détonations ont hurlé au dessus de moi. Jipé a pulvérisé la face du vigile qui s'est collé au mur comme un moustique sous une pantoufle. Des cris, deux coups de feu, puis d'autres … L'air libre, enfin.
*********
La voiture est partie au premier coup de flingue. C'était prévu ainsi. On s'est tous séparés et on a couru pour quitter le quartier, se fondre dans la foule et se retrouver. Plus tard.
Ma hanche est chaude de sang. Je me vide. Les forces m'abandonnent, je m'essouffle et ma vue se brouille de plus en plus. Je marche le plus normalement possible, le long des quais. J'entends une sirène. Elle est loin et passe dans le paysage sonore comme une météorite.
Sète est baignée de soleil. Je regarde les visages des gens que je croise. Il ne prêtent pas attention à moi, exceptés quelques enfants intrigués par ma démarche. Ils pensent peut être que je suis saoul ou complètement défoncé.
A l'approche du pont SNCF, je réalise être proche de ce quartier où habitait mon grand père. Ce vieux pêcheur de l' étang de THAU est crevé depuis longtemps mais son souvenir me revient avec précision. Nos pêches ensemble, la bricole sur son bateau, ses copains au pastis, les parties de boules... Une sirène retentit, proche et me glace. Debout, figé, épuisé, je fixe le pont métallique et réalise que la sirène signale la levée de ce pont. Deux fois par jour, à Sète, les ponts se lèvent pour que les yachts puissent passer de l'étang à la mer et/ou vice versa... Un rituel que beaucoup de sétois et de sétoises ne manquent pas. Je traverse le pont au plus vite avant sa levée. Ma faiblesse est extrême, ma figure est blême, froide, ma jambe gauche couverte de sang.
**************
De beaux voiliers circulent au moteur, vigilants pour ne pas s'aborder lors du passage du canal... Un type pêche avec un gosse à ses côtés. Assis, ils regardent les voiliers passer. Je m'écroule derrière eux, le plus discrètement possible. Je n'irai pas plus loin. Je vais perdre connaissance ici. Je vais mourir ici, à la pointe courte. La vie s'échappe lentement de mon corps.
« vous allez bien Monsieur ? » dit une voix féminine.
Je tourne la tête et vois une jeune femme. Une jolie jupe longue et rouge aux motifs fleuris, un débardeur blanc et dégagé sur une petite poitrine remontée, ferme. Un cou fin, une peau fine et halée, comme une étoffe précieuse. Son visage est inquiet mais calme et serein, un début de peur cisaille sa bouche. Ses cheveux tirés libèrent la douceur de son visage, sa voix est en harmonie, un délicat parfum entoure sa silhouette ronde comme il faut …
« ...oui. Je vais bien... Merci, Mademoiselle.. » J'arrive à articuler cette phrase avec calme et clarté. Elle sera ma dernière. Je perds connaissance un sourire aux lèvres, l'image de cette jeune femme dans l'esprit.
Crever amoureux.
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