Le photographe habite au troisième étage
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Description

Collection Devoirs de vacances Mottoc Neaj Le photographe habite au 3e étage Principe Ediction Laisser traîner le livre dans un espace public Vu de la Valléepour qu’un nouveau lecteur s’ en empare. Et advienne que pourra.users.skynet.be/vudelavallee/IV Acte 1 Ce 20 juin Monsieur, I Suite à notre rencontre, j’ose encore solliciter votre bienveillante et sympa- J’avais d’abord pensé relater les tribulations thique collaboration. d’un de ces photographes du temps passé qui Actuellement, complètement conjuguait habilement dans son petit com- investie dans la fnalisation du roman dont je merce trois métiers aujourd’hui largement vous parlais, fort librement inspiré, je vous cloisonnés. le rappelle, par l’atmosphère qui régnait Celui de vendeur d’appareils photogra- dans les boutiques de photographe de votre phiques. Celui de développeur de flms argen - époque, je me permets de joindre en annexe tiques. Enfn, celui de photographe propre - quelques questions auxquelles j’aimerais ment dit, le véritable métier de ces artisans de encore obtenir des réponses. Ne pouvant, ces l’image.

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Publié le 25 août 2012
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Langue Français

Extrait

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L r r r vr p pp r q v r p rE v q p rr
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IV
C 0 j M r S r r r j r r v r v p q r pinvestie dans la finalisation du roman dont jev p r r r p r j v r pp p r p r q r q p r p v r p q j p r j rq q q q j r r r r p p vpr r rp r v r v r r v p rr v v r r r p r p r r r v rv pp r jE v r r v v p r v r j v vE23 jR o r p rL r p r q         L Po30
 1
IJ v or p r r r o p o o r p p p q o j o p o - r ro r jo r r o oC v r pp r p o o r -phiques. Celui de développeur de films argen-tiques. Enfin, celui de photographe propre-ment dit, le véritable métier de ces artisans de D p o rinstallé derrière l’officine, il vous tirait le por- r po r r r v rq vo r o rpeau de mouton, l’impassible communiantedans sa robe immaculée, l’ extatique couple j r po r r q p o o r poqC r p o p o po v p r rr                J                   o  p r- o U p o r q r r Ivivrait plutôt reclus, limitant son univers àses trois espaces professionnels, ne quittant sachambre noire que pour servir sa fidèle clien- I r r r o r C vr r r o       r q q o ro r r o ro r3
q p r v p r oq o vr p o o r vq o v o qp r o     provoq                or q          rv o J vop q o rp  pro   r           pr       o   o  o     C p r oparticulière, pour ainsi dire exceptionnelle et p r p o qchacun a, au moins une fois dans sa vie, rêvéd’être pour s’introduire dans un lieu privé, o v r p r o I v r r r q q p or o r r Jvo r o r q qtouchants, quelques quiproquos amusants,vo r q q o roq o qJ j r o rp p r r or q jme souvins d’un film américain retraçant o r rq o p r rcommerciales, genre Photo-minute. Ce gars,interprété par Robin Williams, paumé et intro-verti, était raide dingue d’une cliente régulièredont il partageait, à travers ses photos, la viefamiliale jusqu’à s’identifier à un membre dela famille avant, le pauvre, de sombrer dans o oLe souvenir de ce film freina considérable- o r j vo p q o4
 r r o r o o q r p r r po rr r rde rêverie, voire de perplexité, qui n’était paspo r p r
Maintenant, d’un autre côté, comme une autrefacette de moi-même, j’étais tentée de termi- r ro p r o p rLa jeune fille, lasse de dialoguer avec sesanimaux mythiques, renverse le paravent o vr r po v C o r r r        v                     p  q     pro-voq r o o q p o vo r L o r r rainsi, aussi sec que le bruit du paravent chu- r p o F r L
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que mon héroïne attendrait, une fois par se-maine, sa mère derrière le paravent de la bou-tique du photographe. Bien entendu, j’amè-  r    pro r    v                   o  p r     description minutieuse des trois espaces, une rr o pr o v p o r r o q r v rL v o o q - o q json époque, rendaient plausibles l’ignoranceq r q rr rp r vPo r    pr    r   o     p                 o  entreprise, j’étais satisfaite d’avoir pu donnerune orientation définitive à mon travail et o vo r p r r - r o v r o r o r o o o r p qA première vue, je serais assez tentée de me r r r v q -ro o q p o o r pr ojeune fille, son cheminement de pensée. Elle o r v osur le paravent devenu, au fil des séances, leconfident de ses inexplicables émotions.J r pr r v r j r r p q r r o r jq o r p r - qr r J po rr r r28
p p r q j o p r r o po r or r o o r   j  p r        p    r q    o   ppro       v o p q qdivertissement hollywoodien, l’idée mêmeq q q p r -  r    p                   ppor       Ev    -ment, je sais que tout a été dit, inventé depuis o p q o po vo ocontenter, maigre consolation, que de tournerautour du pot, du pot commun de l’humanitépo r jo r p ppersonnelle. Sans doute, tout fut consommélorsque selon le récit biblique, Adam et Eve,bannis du paradis terrestre, se retrouvèrent,face à face, dans la solitude d’un épouvan-                               Ainsi, plutôt découragée, je m’apprêtais à dé-laisser, non sans tristesse, mon projet lorsquej         q         o     ppr      r      j   po rr r o rP o o O o (j o v -nant, c’est le titre du film) et que, même si v r r r q q -tudes, par l’angle de vue adopté, c’est sûr, je rq r r po v r o o p o opL pr p r rLe gérant de Photo Obsession avait flashé surune cliente, seul objet de ses malsaines atten-tions. Pour ma part, j’avais pensé que monp r o r r r o r5
de clientes, qu’il trouverait son plaisir dans ler ppor  q           r       r      v              femmes, surgissant de la cuvette du révélateuret les visages, tout réels, qu’il avait en face v o p o r o C v o o j                pro r    o   r     q         q j po rr r r jq q o ro q q o r      q   j         ppr    r Fort de cet argument, je m’empressai de lui  vo  r     r      op        o  proj      -torial, assez confiante de l’accueil favorableq r rv rC o -                    v opp q r v pr p o r r q rr -v r r r L r r o - q pr rdes clichés de ses futurs victimes, développaitla pellicule dans sa salle de bain, y accrochaitles photos sur un fil tendu au-dessus de la bai- o r o p pr  r      q             q     p              r- r v r ro po r o -plir son sinistre dessein. Le crime consommé, vo p o o o rq r r o po r r o rlui-même, subtile perversité, l’enquête des p r poJ r r pp r ode cette série policière. Ici, ce n’était pas la6
vers. Sans pouvoir expliquer pourquoi, j’avais o q r o pr v r p r v po rr o r ooriginal. Pendant que je réfléchissais à cela, r o p r p p -r v v r p r pr osi je les avais examinés de près. Des détails,les ongles colorés d’un dragon, les yeux exor-bitants d’un serpent de mer, les feuilles cise-lées d’un plante grimpante, autant de chosesminuscules que je n’aurais pu observer, hier,v q p rJ ro o j r pr r -sin même de Fernand Leclef, trente bonnesannées plus tôt. Une fois de plus, je me re- ro v v o o r rE -j r r r ro o -j r r r p r o r oenfance? Souvent, je sais, l’un ne va pas sans     r              q      p  q   j   r v r- r o pr o r o r r j r po -donner, encore une fois, ce projet.
IIIPuisque j’étais trop engagée pour reculer, jepr r op o r v J p po r q o27
q q r r p o o r p q p r r po r o r p oJ r p o q o oait profité de l’oreille attentive d’une femme r q v r p rj q 3 po rdéverser son fantasme de toujours et qui sait,si l’âge venant, il n’avait pas fini par croire - r o S r qque nous embellissions le passé, il n’est pasr r q o r or o o r r oEn outre, il n’était pas tout à fait impossibleq o pr o r o - o r p o r v o In’était pas bête, Fernand Leclef : je devaislui reconnaître la qualité, fréquente chez unhomme de son âge, de n’avoir plus rien àpro v r  o           v        p r        jo   - v p roQuoi qu’il en soit, j’avais bien l’intentiond’insérer dans mon roman, d’une façon oud’une autre, des séances de photographieérotiques, d’exploiter les relations entre lephotographe et ses clientes particulières, dep r o o q q r vo r r orr v r r v r       J v or v r p q - r o j o -26
 r p q pr o pplutôt la figure patibulaire de ce malade q r r F rL C p o o r p q r r o j vo q q jp or q r v prTroublée, avant de poursuivre ma démarche, o r o r v r o o q r L o ola poule? Je veux dire, le personnage auquelj o v - v rFernand Leclef et dans ce cas, vu mon jeune poq o j r q o -sin, ma mémoire visuelle était étonnammentp r or         po          r  r   r  r     or-r po p q v v ol’acteur du feuilleton. Ou alors, en regardantd’un oeil distrait le film, ai-je plaqué le visage r p r o r ophotographe, lui attribuant inconsciemmentle profil que, ma mémoire, cette fois-ci biendéfaillante, n’aurait pu dessiner.Quoiqu’il en soit, j’étais bien embêtée de voir,avec tant de précisions, son visage marqué pardes sentiments dont je ne lui attribuais point,avant ce flash visuel, la paternité.D’une certaine façon, les traits physiques F r L r o pr v q j p r r por r p o o q po- r o q j r o7
p po pr C r o            v o      q      pr    r  r     o   r r v opp o r o vo po r -nière de me subordonner à ce criminel, aussi r o -C o - q r rv o r v r o pr j vodans l’officine de Monsieur Leclef et il meremettait une enveloppe, une enveloppe grise, q p r p rv rfeuilleton. Seule, une date y était inscrite ainsiq o r J vop o o r p o r po r r r o o o r r oAinsi, j’en déduis de cette scène, aussi fulgu-rante qu’inattendue, que c’était, en fait, l’en-v opp p rv r q v r o - o r r r o v r C           déduction, quoique troublante, me rassura :j v p v rv q o qp o q o or v r v q jau départ, mon idée de prendre appui sur lep o r F r Lpas aussi innocente que je le pensais. Excitée,j         q    o  proj   pr               - o o j r p o C po po rdéplaire, je me sentais de plus en plus comme por -p r o q -8
Po r    pr    r   o     p     o        -ment dans ce projet, je me sentais libérée des ppr      o           v   q    v         q   fois freiné mon enthousiasme mais, à laréflexion, m’avaient permis de mieux cadrer o j o o v o v r o r o o r o r p o r p rCla conscience de ne pas faire suffisamment àmon goût la distinction entre l’héroïne prin- p ro q o - rm’apparaissait maintenant que la jeune filleserait le personnage central du roman, en tousles cas, le révélateur du monde caché d’unpetit photographe de quartier qui, sous desdehors de normalité, menait une vie parallèledans laquelle son studio, élément central, aupropre comme au figuré, était le théâtre de o v roSi je voulais poursuivre mon travail, il me fal- o r o o o r o r r q o r pvoir déposer mon manuscrit afin de pouvoir r o q vL r v q F r L v po - or r v o q vp rp      J  v    p        ro r      propo  C o r p o r o o r25
 r p q o o r q - r o j po D r ol’entretien, je n’ai pu quitter l’objet des yeux,j v pr o r ro v r v o rop vo r o o o o o C q p- onotique m’a dû faire oublier une bonne partiedes paroles que le vieillard débitait, manifes- r ro v r q q q r C p o o q p r o r r v o o q r poq o q j v po r
IIC p r v j po rr jo r r    r                 rr   o   J     v r-r r q qconstruction dramatique de mon récit, unobjet transitionnel, séparation éphémère entre p p o o v p -time où l’on se vend, le lieu des convenancesv r o v J r o v p r o rmobilier, utilitaire et décoratif, une fonctionsymbolique forte, une parabole de ce que les r o v - or q r p r oqu’une barrière de papier, un paravent de bois       24
 o r po r oS j vo po r vr o o rconsistant, je ne pouvais pas faire l’impassesur une exploration personnelle des souvenirs,aujourd’hui largement dilués, que je gardais P R Idevenait, avant même la première ligne demon roman, l’objet énigmatique de toute monattention, le révélateur potentiel de faits dontj or r
II
Parfois, c’est une personne bien réelle quivo p r v rr r o r o r ro o o rgare, un politicien vu à la télé, une collègue r o o por o vr v vo r o o or p v r r q o r vAu fond, toutes les situations ne sont que despr r r rParfois, c’est un lieu, croisé par hasard ousurgi de la mémoire, qui provoque le déclic.Dans le cas qui nous occupe, j’avais certes o r r p o o-graphe de mon quartier d’enfance mais, dèsle départ, son magasin m’était apparu comme9
l’acteur principal, le théâtre proprement dit del’action, le personnage effectif de mon récit.U p q r rla trame dramatique et dont un homme, ici enl’occurrence Fernand Leclef, n’était que le r -v o rPour tout dire, j’étais fort embarrassée par la o r r q pr o r v pr rJe m’y sentais de plus en plus embourbé, p r q o o r p ode laine que je ne sais quel perfide coquin v rQu’importe finalement que mon photographe                          S  j  vo           r-cir le mystère de cette enveloppe grise, il mefallait déplacer, au moins provisoirement, o ro p o v r o r r pr r r p r I or rprovisoirement les embûches qui troublaientma sérénité et revenir, sans attendre, à mapremière motivation, ce magasin aux troisespaces, ce théâtre aux trois plateaux quipo v v r o orr po o r q o v r r - o - oOui, cette cohérence entre un espace et une o o pp Jr pr r po r J r pr r or r p pop r F r L
10
 q r r po r p o r r o r oVous êtes scandalisée ? Non ! Bon ! Donc,vo          q          vo   v           - J v opp vo pr r p o oNon, je ne m’en souviens pas. Avec l’âge, je p p o olaine toute emmêlée, ne m’en veuillez pas.Une dernière question? Allez-y. Oui, j’habite p o p C pp r vl’énorme avantage d’être situé, comme vousle voyez bien, juste en face du magasin etlorsqu’il fut mis en vente, je me suis empressé rC’était commode, je n’avais qu’à traverser p po r r r v r L ro q j q vbénéfices immoraux de mes «séances d’après-midi». Ben oui, je vous en avais parlé, non, r r To v pp r C o o ocondition humaine, vous savez !
 III
IJ’aurais dû lui demander si le paravent quej v p r o oq p r o q o U r23
o  r           r         o  q         o   r-vaient dans leur tiroir à secrets. Bof, je j o pr q r o orq o j o pr r q j j o por o r p q Fr -ment, je connaissais rarement les motivations o j po pquestion à ce sujet, elles savaient qu’ellespo v v r o o rNo q o o or v r - o o r pq r o r o r r r r por r po o ro- qCes femmes de bonne famille, habitant proba-blement les plus belles avenues du parc, elles v o v q o p po v o vo r J r o p pnez à la morale. Ainsi, je me construisais dep o r p q vo r qP r o J J j - o o r q r rp r v J p q o o p v oq q p o o prpar pudeur ou par manque de confiance oupar professionnalisme, les trois peut-être, je j p r o r r I v j r o r o o p22
IIIL o p pr r prez-de-chaussée, légèrement en contrebas r O r r p U p v r po- o r q q pp r p o o r -phiques. A l’intérieur, derrière le comptoir, r o r r rr o q o pr p r rq p r or Dbas de l’armoire, de larges tiroirs regorgeaient po p o o p r or v opp S r r rmagasin, une haute armoire vitrée contenait lematériel photographique. Pour une enfant,comme moi à l’époque, c’était un spectacle          J rv p r or r q r p r r To pboîtes, notamment, parfaitement alignées surles étagères formaient un tableau coloré, une or o vr r q o r r - v jo or r p r pp r p rDans la pièce voisine, seulement séparéepar un paravent, on apercevait le studio dans q r o pp r rp q or p r pq r o r r j o pr p q p p vo r p11
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