Le vieil homme et la mer
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Description

Levieil homme et la mer DidierGréard Ce jour-là, James Duncan se promenait avec son fils le long de la mer. WůƵƐ ƋƵ͛ƵŶĞ ƉƌŽŵĞŶĂĚĞ͕ Đ͛ĠƚĂŝƚ ƵŶĞ ƋƵġƚĞ ƋƵ͛ŝůƐ ŵĞŶĂŝĞŶƚ͘ Ils étaient à la recherche du plus beau coquillage ou du plus beau galet à colorier. Ils naviguaient ainsi sur la plage, James devant, les mains derrière le dos, dans une démarche de héron à la rechercheĚ͛ƵŶĞ ƉƌŽŝĞ Ğƚ ůĞ ũĞƵŶĞ DĂƚƚĠŽ Ě͛ă ƉĞŝŶĞ Ɛŝdž ĂŶƐ, à quelques pas derrière lui, Ɛ͛ĂĐĐƌŽƵƉŝƐƐĂŶƚ ă ĐŚĂƋƵĞ ŵğƚƌĞ ĂǀĂŶƚ ĚĞ ƐĞ ƌĞůĞǀĞƌavec fierté en exhibant sa dernière trouvaille pour finalement la jeter par-dessus son épaule. - Papa, Papa, celui-là, il est bien ! James se retourna sans enthousiasme. - Tu en as plein des comme-ça, cherche-ĞŶ ĚĞƐ ĚŝĨĨĠƌĞŶƚƐ͙ - Oui, mais celui-là, il est bien quand même, alors je le garde ! Et Mattéole fourra dans sa poche, déjà pleine à craquer. James leva le nez au vent. >͛Ăŝƌ ŵĂƌŝŶ͕ ůĞ ďƌƵŝƐƐĞŵĞŶƚ ĚĞƐ ǀĂŐƵĞs, la caresse des rayons du soleil, toutes ces sensations ů͛ĞŶǀĞůŽƉƉĂŝĞŶƚ ĚĂŶƐ ƵŶĞ ƐŽƌƚĞ ĚĞ ƚŽƌƉĞƵƌ͕ ƵŶ ďŝĞŶ-être indolent et apaisant. James avait demandé, et obtenu, une mutation en Bretagne, au bord de la mer. Célia avait été enchantée de cette nouvelle vie qui se profilait et avait déjà imaginé leur future maison, un pavillon blanc de plain-pied et aux volets bleus, un grand jardin, un petit poulailler.

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Publié le 27 septembre 2016
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Langue Français

Extrait

 Le vieil homme et la mer  Didier Gréard
Ce jour-là, James Duncan se promenait avec son fils le long de la mer. Plus Ƌu’uŶe pƌoŵeŶade, Đ’Ġtait uŶe Ƌuġte Ƌu’ils ŵeŶaieŶt.Ils étaient à la recherche du plus beau coquillage ou du plus beau galet à colorier. Ils naviguaient ainsi sur la plage, James devant, les mains derrière le dos, dans une démarche de héron à la recherched’uŶe pƌoie et le jeuŶe MattĠo d’à peiŶe sidž aŶs, à quelques pas derrière lui, s’aĐĐƌoupissaŶt à ĐhaƋue ŵğtƌe aǀaŶt de se ƌeleǀeƌavec fierté en exhibant sa dernière trouvaille pour finalement la jeter par-dessus son épaule. -Papa, Papa, celui-là, il est bien ! James se retourna sans enthousiasme. -Tu en as plein des comme-ça, cherche-eŶ des diffĠƌeŶts…-Oui, mais celui-là, il est bien quand même, alors je le garde ! Et Mattéo le fourra dans sa poche, déjà pleine à craquer. James leva le nez au vent. L’aiƌ ŵaƌiŶ, le ďƌuisseŵeŶt des ǀagues, la caresse des rayons du soleil, toutes ces sensations l’eŶǀeloppaieŶt daŶs uŶe soƌte de toƌpeuƌ, uŶ ďieŶ-être indolent et apaisant. James avait demandé, et obtenu, une mutation en Bretagne, au bord de la mer. Célia avait été enchantée de cette nouvelle vie qui se profilait et avait déjà imaginé leur future maison, un pavillon blanc de plain-pied et aux volets bleus, un grand jardin, un petit poulailler. Apƌğs plusieuƌs seŵaiŶes de ƌeĐheƌĐhe, ils l’aǀaieŶt tƌouǀĠ, il suffisait siŵpleŵeŶt de ƌepeiŶdƌe lesvolets.Le seul iŶĐoŶǀĠŶieŶt, Ƌu’ils aǀaieŶt sous-estimé au départ, Ġtait Ƌu’il se tƌouǀait suƌ uŶ teƌƌaiŶ commun à une petite maisonnée à étage occupée par un vieil homme, simplement séparée de la leur par une alléede Đailloudž. Et la ĐohaďitatioŶ s’aǀĠƌaitêtre plus difficile que prévu. -Allez Mattéo, on rentre. TueŶ as suffisaŵŵeŶt pouƌ aujouƌd’hui. LoƌsƋu’ils ƌeŵoŶtğƌeŶt eŶ diƌeĐtioŶ de leuƌ ǀoituƌe, James ne fit guère attention au véhicule garé face à la mer.A l’iŶtĠƌieuƌ, uŶ ǀieil hoŵŵe les suiǀait duregard. James Duncan était un jeune trentenaire joyeux et volontaire, sociable et droit. Cadre en entreprise, il troquait le week-end son costume-cravate et ses souliers de cuir verni pour un polo, un pantalon en lin et des mocassins en daim. Très amoureux de sa femme, il lui réservait régulièrement des surprises, sorties ou cadeaux. La deƌŶiğƌe eŶ date Ġtait uŶe petite ŵĠdaille eŶ oƌ ƌepƌĠseŶtaŶt l’aŶge Raphaël, offeƌt pouƌ l’aŶŶiǀeƌsaiƌe de leuƌ ŵaƌiage, et Ƌue Célia portait désormais constamment au cou. -BoŶjouƌ MaŵaŶ, ƌegaƌde Đe Ƌue je t’appoƌte! -mon fils ! On les colorera demain si tu veux bien car il faut que je me dépêche deMerci préparer les brochettes pour le barbecue de ce soirLe jeune garçon fitla ŵoue, Ƌui se tƌaŶsfoƌŵa ǀite eŶ souƌiƌe loƌsƋu’il eŵpoigŶasa moto à roulettes, uŶe DuĐati ƌouge et Ŷoiƌe, pouƌ s’ĠloigŶeƌ à Đoups de «vroum vroum ». -Jaŵes…j’ai eu des ŵots tout à l’heuƌe aǀeĐ Ŷotƌe ǀoisiŶ, toujouƌs au sujet des Đƌottes de soŶ chien. Je lui ai demandé une nouvelle fois de faire attention, Ƌue soŶ ĐhieŶ Ŷ’aille pas daŶs Ŷotƌe jaƌdiŶ, pouƌ MattĠo…Il l’a pƌis ŵal, a ƌoŶĐhoŶŶĠ je Ŷe sais Ƌuelsmots puis est parti en ǀoituƌe eŶ faisaŶt Đƌisseƌ ses pŶeus. Regaƌde l’allĠe…-Quel vieux con ! etil Ŷ’a toujouƌs pas taillĠ soŶ aƌďƌe!Je lui diƌai deudž ŵots à soŶ ƌetouƌ…-NoŶ Jaŵes, pas aujouƌd’hui, pas Đe ǁeek-end, aide-moi plutôt à préparer les brochettes de gambas. Je veux passeruŶe ďoŶŶe jouƌŶĠe, suƌtout aujouƌd’hui, glissa-t-elle malicieusement.
Le vieil homme gara son break devant son potager. A la retraite, il avait voulu racheter la maison de ses jeunes années, un pavillon blanc de plain-pied et aux volets bleus mais elle était déjà occupée par une famille. Il avait dû alors se résoudre àloueƌ la ŵaisoŶŶĠe d’eŶ faĐe.C’Ġtait uŶ ġtre taciturne, devenu fainéant et fataliste. Les dix dernières années, après son licenciement économique, il avait été chauffeur livreur, veilleur de nuit, garde champêtre, et exercé de multiples petits boulots. Négligé, bedonnant,poƌtaŶt le ŵġŵe gilet et le ŵġŵe jeaŶ Ƌu’il Ŷe laǀait que de temps en temps, et de vieilles godasses en croûte de cuir, il vivait seul depuis bien longtemps. Ils’edžtiƌpa aǀeĐ peiŶe de soŶ ǀĠhiĐule, ses aƌtiĐulations le faisaient souffrir. Sans prêter attention à ses voisins qui préparaient un barbecue, il entra dans son intérieur triste et poussiéreux, jeta sa veste sur la table ronde du séjour engorgée de papiers de toutes sortes et se dirigea droit vers la cuisine. La ǀaisselle du ŵatiŶ et de la ǀeille s’Ġtalait daŶs l’Ġǀieƌ et suƌ sa petite taďle ŵĠtalliƋue. Il pƌit deudž ĐaŶettes de ďiğƌe et alla s’affaleƌaux côtés de son chien, un vieux labrador, qui leva simplement le museau lorsque le canapé plia sous le poids du vieil homme. -Aloƌs, ǀieudž ĐoŵpagŶoŶ, tu Ŷe ǀieŶs ŵġŵe plus ŵ’aĐĐueilliƌ ƋuaŶd j’aƌƌiǀe? A Đes ƋuelƋues ŵots, le laďƌadoƌ ĐligŶa des paupiğƌes Đoŵŵe s’il ǀoulait se faiƌe paƌdoŶŶeƌ.Le vieil homme lui caressa la tête. -Mais oui, je sais…Tu es fatigué toi aussi, et tu es même plus âgé que moi. Je me souviens pourtant de la fête que tu me faisais quand je rentrais du travail. Le vieux chien semblait approuver. Il reposa sa tête sur le canapé et le vieil homme alluma la télévision. James et sa femme avait invité pour diner un coupled’aŵis.Durant le repas, les conversations allaient bon train, du travail de chacun aux prochaines vacances. La plupart du temps, la discussion dérivait sur la politique où chacun campait sur ses convictions. Lorsque la confƌoŶtatioŶ ŵoŶtait d’uŶ ĐƌaŶ, CĠlia ou TiŶa eŶ pƌofitait pouƌ ĐhaŶgeƌ de sujet.-Et toŶ poulailleƌ, CĠlia, Đ’est pouƌ ƋuaŶd? -Pfft, pas pour tout de suite. DĠjà Ƌue Jaŵes Ŷe ǀeut pas d’aŶiŵaudž…ŵais il LJ a aussi Ŷotƌe voisin. -Ah oui, tu ŵ’eŶ as paƌlĠ au tĠlĠphoŶe…Vous ġtes toŵďĠ suƌ uŶ saĐƌĠ ŶuŵĠƌo! -UŶ ǀieudž ƌĠaĐ Đoŵŵe oŶ Ŷ’eŶ fait plus, ĐoŵplĠta Jaŵes.-Je vois que les idées de tolérance de notre brave James sont à géométrie variable, ironisa Thibault. -Mais lui, il cumule tous les défauts, paresseux, râleur, crasseux, alcoolo, colérique,asoĐial…-Tout le contraire de James, titilla Célia. -Eh oui, tout le contraire ! Regarde-moi, actif, svelte, sportif, tu sais que je fais toujours mes cinquante pompes chaque matin ? Pas d’alĐool saufun apéro de temps en temps, peu de ǀiaŶdes ƌouges…- Il tourne au café et au coca light, précisa Célia. -Exactement. Toujours rasé de près et vêtu avec soin, pas Đoŵŵe Đe ǀieudž sĐhŶoĐk à l’alluƌe de ĐloĐhaƌd…-Il passe même plus de temps dans la salle de bains que moi, reprit Célia. -Et regarde sa maison par rapport à la nôtre ! Un vrai foutoir, les poubelles en vrac, les volets ĠĐaillĠs, le jaƌdiŶ eŶ fƌiĐhe…-Par contre, pour le potager, il pouƌƌait t’eŶ appƌeŶdƌe.
-Bof, mais de toute façon, le poulailler, ce sera pour plus tard caroŶ auƌa d’autƌes occupations dans quelque temps, ajouta James, énigmatique. -Quoi donc ? - Attendez, je reviens Un demi-sourire aux lèvres, James se leva et rentra à la maison. Il revint quelques minutes plus tard avec un gâteau à la framboise et une bouteille de champagne. -Alors ? James déposa le gâteau devant Thibault et aligna quatre flûtes à champagne. -Tu peux couper, Thibault ? -Oui, mais alors, dis-Ŷous, Đ’est quoi ces prochaines occupations ? Le souƌiƌe de Jaŵes s’alloŶgea, CĠlia ƌougitet baissa la tête -Aloƌs, MattĠo ǀa aǀoiƌ uŶ petit fƌğƌe…ou uŶe petite sœuƌ! Et le ďouĐhoŶ de ĐhaŵpagŶe s’eŶǀolasous les « bravo » pour retomber dans le potager du vieil homme. Le bruit fit sortir de sa torpeur le vieil homme. Il maugréa, se leva avec difficultés et se dirigea vers la fenêtre ouverte. Son regard mauvais se braqua droit sur la terrasse de ses voisins et la joyeuse tablée. -EŶĐoƌe eudž à faiƌe du ďouĐaŶ et à ŵ’eŵŵeƌdeƌ…Fermez donc vos gueules ! Et il referma violement les volets. -C’Ġtait Ƌuoi ça ? Votre voisin ? -Un vrai bonheur, soupira Célia. -Alors Célia, petit garçon ou petite fille ? -J’aiŵeƌais uŶe fille…Célias’iŶteƌƌoŵpit. Ellebascula la tête en arrière, les yeux dans les étoiles. -Je ƌġǀe d’uŶe petite fille Ƌui seƌa ĐhoLJĠe paƌ Ŷous etpar son grand frère. Tous deux feront de ďelles Ġtudes et s’aĐĐoŵpliƌoŶt daŶs leuƌs aĐtiǀitĠs. AƌtistiƋue pouƌ elle et spoƌtiǀe pouƌ lui…Ou l’iŶǀeƌse. Ils se ŵaƌieƌoŶt et auƌoŶt de ďeaudž eŶfaŶts, tƌois ĐhaĐuŶ. Et ŵoi, je deviendrai une jolie mamie avec six petits enfants ! CĠlia Ƌuitta le Điel de ses peŶsĠes et dĠǀisagea ses tƌois ĐoŶǀiǀes. Tous s’esĐlaffğƌeŶt de ƌiƌe. James se leǀa, les LJeudž eŵďuĠs, et l’eŵďƌassa suƌ le fƌoŶt.Le lendemain matin, le vieil homme fut réveillé sur le coup des dix heures. Une deuxième sonnerie retentit. Il alluma sa lampe de chevet et se saisit de sa montre. -Qu’est Đe Ƌui ǀieŶt ŵe faiƌe Đhieƌ à Đette heuƌe-là?! Si Đ’est le jeuŶe ĐoŶ d’à ĐôtĠ…Hirsute, le tee shirt sentant la transpiration, il mit ses vieux chaussons troués etdesĐeŶdit l’esĐalieƌ.Fuƌiďaƌd, il pƌĠpaƌait ŵeŶtaleŵeŶt sa litaŶie d’iŶjuƌes ƋuaŶd il se souǀiŶt du Đouƌƌieƌ ƌeçu uŶe seŵaiŶe plus tôt et Ƌui lui aŶŶoŶçait la ǀeŶue d’uŶe assistaŶte soĐiale.-Qu’est-Đe Ƌu’elle ǀa ǀouloiƌ ŵe faiƌe Đhieƌ Đelle-là…Il ouvrit la porte. Une jeune femme rousse aux cheveux courts et joliment habillée lui fit face. -BoŶjouƌ MoŶsieuƌ, Je ŵ’appelle Julie DelĐouƌt, assistaŶte soĐiale, ǀous aǀez ďieŶ ĠtĠ pƌĠǀeŶu de ma visite ? -M’ouais…EŶtƌez, ŵais Ƌue ça duƌe pas tƌop loŶgteŵps, heiŶ? Ils allèrent dans le séjour. -Vin blanc ou café ?
-Euh, café, je veux bien. -Asseyez-vous, je vous amène ça. D’uŶ aŵple ŵouǀeŵeŶt du ďƌas, le ǀieil hoŵŵe fit de la plaĐe suƌ la taďle ƌoŶde, eŵpoƌtaŶt ǀieudž papiers et poussières, puis se dirigea vers sa cuisine. Après avoir ouvert plusieurs placards,il laŶça à l’atteŶtioŶ de soŶ iŶteƌloĐutƌiĐe.-Un déca, ça vous va ? - Oui, bien sûr. Le ǀieil hoŵŵe ƌeǀiŶt eŶsuite uŶe tasse fuŵaŶte daŶs uŶe ŵaiŶ, uŶ ǀeƌƌe de ǀiŶ ďlaŶĐ daŶs l’autƌe.-Je Ŷ’ai plus de ĐafĠ, ŵoŶ Đœuƌ Ŷe le suppoƌte plus…-Ça iƌa tƌğs ďieŶ Đoŵŵe ça. Je ǀois Ƌue ǀous aǀez uŶ ĐhieŶ, il a l’aiƌ ďieŶ Đalŵe, il s’appelle comment ? -Raphaël. Pour être calme, il est calme. Alors, vous venez pour quoi ? -C’est ǀotƌe fils Ƌui Ŷous a appelĠ et Ƌui…-Oh, celui-là-Je sais Ƌue ǀous Ŷe ǀous ǀoLJez plus eŶ ƌaisoŶ de…Votƌe fils ŵ’a edžpliƋuĠ sa situatioŶ, ŵais il s’iŶƋuiğte pouƌ ǀous. Et je ǀieŶs doŶĐ faiƌe uŶ poiŶt aǀeĐ ǀous.-Eh bien, vous pouvez finir votre tasse et partir. Tout va bien pour moi. La jeune femme se plongea dans ses dossiers. -Je sais que vous avez déménagé souvent pour des raisons professionnelles, que vous avez subi un licenciement économique à cinquante-deux ans et que vous êtes revenu ici une dizaiŶe d’aŶŶĠes plus taƌd daŶs la ŵaisoŶ de ǀos jeuŶes aŶŶĠes…-NoŶ, Đ’est pas Đelle-là, Đ’est Đelle d’à ĐôtĠ. Mais elle Ġtait dĠjà pƌise paƌ Đes…Đes geŶs-là. -Je sais aussi Ƌue ǀous aǀez peƌdu ǀotƌe feŵŵe et ǀotƌe fille daŶs uŶ aĐĐideŶt de ǀoituƌe…James bascula la tête en arrière, les yeux au plafond. -Elles allaient avoir chacune quarante-deuxet douze aŶs…-Je suis dĠsolĠe…et ǀotƌe fils s’iŶƋuiğte Đaƌ depuis ƋuelƋue teŵps…-JeŶe l’ai pas ƌeǀu depuis des lustƌes!Depuis Ƌu’il s’est ŵis eŶ ŵĠŶage aǀec un garçon, un ĐeƌtaiŶ CĠdƌiĐ, ƌeŶĐoŶtƌĠ au ĐiƌĐuit du Bol d’oƌ.IŵagiŶez Ƌu’il nous a présenté son petit ĐopaiŶ deudž seŵaiŶes aǀaŶt le dĠĐğs de sa ŵğƌe et de sa sœuƌ! Un crève-Đœuƌ…-Mais votre fils vous aime ets’iŶƋuiğte pouƌ ǀotƌe saŶtĠ. CoŶĐeƌŶaŶt ǀotƌe hygiène de vieelle dĠtouƌŶa soŶ ƌegaƌd ǀeƌs l’aŵas de ďouteilles vides derrière la porte de cuisine- et votre ŵoƌal…Je Đƌois aussi saǀoiƌ Ƌue ǀos ƌelatioŶs aǀeĐ ǀos ǀoisiŶs soŶt diffiĐiles.-Eux ?! Une bande de cons! RieŶ à foutƌe de Đe Ƌu’ils peŶseŶt. Des iŵŵigƌĠs Ƌui pƌofiteŶt du sLJstğŵe…-Des réfugiés, corrigea-t-elle. -C’est du paƌeil au ŵġŵe! Et pouƌ la saŶtĠ, ǀous allez ǀoiƌ…Le vieil homme se leva et entreprit de faire des pompes. Mains au sol, jambes droites, il ne réussit pas à atteindre les dix. -Allez, va pour cinq. Alors, vous avez vu ? LoƌsƋu’il se ƌeleǀa, il ǀit Ƌue la jeuŶe feŵŵe s’Ġtait leǀĠ et Ƌue, deďout deǀaŶt la Đoŵŵode, elle observait certains cadres-photos. -Vous étiez élégant, jeune homme. -Oui, Đoŵŵe ǀous ǀoLJez, je Ŷ’ai pas toujouƌs ĠtĠ Đoŵŵe ça…eŶ fait, je Ŷ’ai jaŵais iŵagiŶĠ que je pouvais devenir comme ça… Jejugeais peut-être trop vite, jeŶ’aǀais pas les ŵġŵes ĐoŶǀiĐtioŶs d’ailleuƌs, fit-il eŶ ĐoŶsidĠƌaŶt paƌ la feŶġtƌe la faŵille d’eŶ faĐe Ƌui s’affaiƌait autouƌ d’uŶ petit poulailleƌ. C’est dƌôle…ƋuaŶd je ǀiǀaisdans cette maison là-bas avec ma femme et mon fils, il y avait un vieux en face, donc ici, qui nouseŵŵeƌdait…Coŵŵe Ƌuoi, la ƌoue touƌŶe, ou aloƌs Đ’est uŶe ƋuestioŶ de poiŶt de ǀue.
-Et là, Đ’est ǀotƌe feŵŵe et ǀotƌe fille ?-Oui. Je Ŷ’iŵagiŶais pas leuƌ destiŶ aiŶsi…soupira-t-il en touchant du doigt la petite médaille eŶ oƌ ƌepƌĠseŶtaŶt l’aŶge Raphaël Ƌu’il poƌtait au Đou.-Et le ďeau gaƌçoŶ eŶ ŵoto, Đ’est ǀotƌe fils, je suppose? -Oui, je Ŷe peŶsais pas ŶoŶ plus Ƌue je pouƌƌai uŶ jouƌ ŵe fâĐheƌ aǀeĐ lui…Après le départ de sa visiteuse, James Duncan partit faire un tour avec son break, la discussion l’aǀait ĐhaŵďoulĠ,et ils’Ġtaitensuite garé face à la mer. Là, il observait, les gens, le temps. Les souvenirs remontaient à la surface. Il vit alors un jeune homme et son fils,l’uŶ deǀaŶt l’autƌe, à la recherche sans doute du plus beau coquillage ou du plus beau galet à colorier. James pensa à Mattéo, à son intrépidité, à sa joie de vivre, à son sérieux, à ses attentions. Il avait envie de le revoir, il décida quil lui téléphonerait. Et le vieil homme ria intérieurement et de bonĐœuƌƋuaŶd il ǀit le jeuŶe gaƌçoŶ s’aĐĐƌoupiƌ et se relever avec fierté en exhibant sa trouvaille, pour finalement la jeter par-dessus son épaule.
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