Les Aventures Singulières de René : "L Incroyable Méprise"
18 pages
Français

Les Aventures Singulières de René : "L'Incroyable Méprise"

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Description

René, docte médecin à la retraite, en se promenant prés de "La Brousse" ( Auvergne) tombe dans un trou profond . Y découvrant un objet ancien, il est convaincu qu'il devait exister à cet endroit un château.Il entreprend alors des recherches dignes d'un spéléologue.

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Publié le 14 mars 2012
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

L’incroyable Méprise  
Narration de Jean Paul POIRIER  
Éditions de la Corne d’Or  
      AVIS AU LECTEUR       L’histoire de France est une matière quelque peu délaissée de nos jours en raison de l engouement pour «  les sciences » qui seules nous paraissent de nature à éveiller l’esprit et à nous réserver un avenir prometteur .  Qui se souvient en effet de l’histoire de l’Auvergne, de ses châteaux, des peuples ayant habité cette région ?  Puisse cette nouvelle « Aventure Singulière de René » inciter le lecteur à se replonger dans ses manuels scolaires et y puiser quelque saines réflexions sur notre commun passé afin d’être en mesure de mieux orienter le futur de notre actuelle civilisation prétendument évoluée.                                                                                                         L’Éditeur  
                                                      CHAPITRE 1      « Je suis le pâtre des montagnes , jaime lair et la liberté , le joyeux soleil des campagnes et le firmament étoilé . Jai pour palais une chaumière , et , sans souci du lendemain , le soir en guise de prière jentonne ce joyeux refrain : trou la la itou  , trou la la »    Ainsi chantait René en marchant à travers les pâturages entourant sa résidence secondaire de « La Brousse » .  Il s’était levé tôt dans la matinée , particulièrement de bonne humeur en raison du soleil qui berçait dès l’aube de sa lumière le paysage alentour annonçant enfin une chaude journée estivale sans pluie après les jours pourris qui s’étaient écoulés depuis le commencement de leurs vacances .  Car en Auvergne le temps ne reste guère radieux bien longtemps , les orages étant fréquents même au plus fort de l’été , et René n’avait pu , les jours précédents , profite d’une accalmie r suffisante pour se promener pédibus jambus à travers les champs et les bois  de cette petite région d’ Ambert qu’il aimait tant .   S’aidant d’un imposant bâton de berger il marchait précautionneusement à travers l’herbe mouillée , le sol détrempé par les pluies tombées la veille étant glissant , et il tentait ainsi d’éviter de se retrouver les quatre fers en l’air en chutant malencontreusement .   Accrochée à son bras , Claude, sa très attentionnée épouse, avançait de concert avec lui . De loin leurs silhouettes se détachaient distinctement à contre -jour de la crête de la petite colline qui surplombait « la Brousse » , les faisant paraître , vus du hameau , comme les ombres chinoises d’une pantomime ottomane .   Ils venaient de parcourir deux bonnes lieues en prenant le temps d’admirer la magnificence du paysage , heureux d’apprécier le calme de cette nature à demi -sauvage et d’en sentir les effluves qu’un vent vivifiant apportait par vagues successives au plus profond de leurs narines .  C’était dans des moments comme celui -ci que René et Claude se réjouissaient tout particulièrement d’avoir jeté leur dévolu sur cette confortable résidence de notaire constituant leur maison de campagne , même si la distance la séparant de leur domicile de Saint-Germain-en-Laye nécessitait de nombreuses heures de pénible voyage en voiture .  Ils s’estimaient chanceux d’être venus par hasard dans cette province reculée dont ils ignoraient auparavant quasiment tout , d’y avoir rencontré la gentillesse de sa population , de s y être fait rapidement de sincères relations amicales .  
Et ils prenaient un énorme plaisir à visiter toute la contrée , même en ses endroits délaissés par les routes et leurs cortèges de véhicules , préférant les chemins et sentes créés par les troupeaux .  Ils avaient ainsi découvert , depuis leur installation à « La Brousse », au fil de leurs divers séjours , ce vieux pays Livradois où les Arvernes avaient tenté bien avant la naissance du Christ sous la direction de Vercingétorix de réaliser l’unité gauloise contre César en s’alliant aux autres tribus celtes qu’étaient les Bituriges , les Carnutes , les Eduens , les Lingons , les Semons , et les Ambarres .  Ils avaient sillonné ces plaines , ces pâturages , ces monts aux versants adoucis , qui n’avaient guère changé depuis l’antiquité lorsque les celtes s’y étaient installés bien avant la domination des Romains puis l’invasion des Barbares venus du Nord et de l’Est .   Qu’elle leur paraissait de nos jours bien tranquille cette région de Basse Auvergne , jadis champ clos de nombreuses batailles , cédée en 475 aux Wisigoths , conquise en 507 par Clovis , objet de convoitise durant la guerre de cent ans , puis pendant les grandes guerres de religion .  N’avait -il pas fallu , sous Louis XIV , un Tribunal des « Grands Jours d’Auvergne  » pour y ramener l’ordre en faisant couper les têtes et en détruisant les châteaux ?    Bercés par leurs pensées , René et Claude ne s’aperçurent pas tout de suite que le vent qui soufflait jusqu’alors par intermittences s’était mis à se lever de plus en plus , et que le ciel jusqu’à présent dégagé s’était rempli subrepticement de volumineux nuages   Avant même s’être rendus compte que la pénombre arrivait rapidement vers eux , ils furent enveloppés par une pluie fine mais drue qui les glaça d’un coup de la tête aux pieds , bientôt suivie d’une huée de grêlons qui s’abattit brusquement sans crier « gare ! » .  Tournant leurs regards vers La Brousse en contrebas , ils se mirent spontanément , et sans se concerter ni se tenir l’un à l’autre , à dévaler la pente à toute vitesse , dans l’espoir de regagner le plus vite possible leur maison .  Cette dernière , espéraient-ils , ne leur paraissait être distante d’eux que d’une dizaine de minutes seulement de course à pied . Mais dans leur précipitation à la rejoindre ils opéraient en descendant le versant du petit mont surplombant « La Brousse » des glissades sur l’herbe mouillée d’autant plus hardies qu’elles étaient incontrôlées , étant à moitié aveuglés par la grêle qui fouettait leurs visages .  Et ce qui devait immanquablement arriver … arriva !   Ne s’appuyant plus sur son bâton de berger pour courir plus vite , et le portant dorénavant à bout de bras , René sentit brusquement ses jambes se dérober sous lui , tenta de rester en équilibre , se fit mal au postérieur en chutant brutalement sur le sol , et se retrouva d’un coup dans une quasi obscurité .
Claude , qui l’avait devancé dans son empressement à rejoindre La Brousse , ne s’aperçut pas tout de suite que René était tombé , jusqu’au moment où , voulant reprendre son souffle elle regarda machinalement en arrière et ne le vit plus .  Elle s’arrêta, décidant de l’attendre , pensant qu’il n’avait pas pu courir aussi vite et avec autant d’agilité qu’elle , patienta plusieurs minutes trempée jusqu’aux os , claquant des dents , souhaitant qu’il se dépêche un peu plus s’ils voulaient éviter d’être complètement gelés avant d’atteindre leur maison .   Mais les minutes s’écoulèrent sans que n’apparaisse René , et chez Claude l’inquiétude commença à remplacer l’impatience . Que faisait René ? Pourquoi n’était -il pas encore arrivé près d’elle ? Où était -il passé ?  Scrutant la crête à travers la grêle pour le chercher des yeux et n’arrivant pas malgré tout à l’apercevoir , Claude prit soudainement conscience que son mari ….. avait totalement disparu !  
La Brousse
 CHAPITRE 2       René , en se retrouvant assis après s‘être fait mal au postérieur , mit un certain temps à réaliser qu’il n’avait pas chuté en glissant sur l’herbe mouillée , mais que c’était le sol lui -même qui s’était effondré sous ses pas ; il était tombé dans un trou comme un animal pris dans un piège !  La lumière du jour ne pénétrait que faiblement dans celui -ci et une quasi-obscurité l’entourait . Levant les yeux vers l’ouverture d’où venait ce sommaire éclairage , René se rendit compte qu’il était dans une fâcheuse situation et qu’il lui serait fort difficile de pouvoir s’extraire tout seul de ce trou nettement plus haut que lui sans une aide extérieure .  Il se releva non sans quelques difficultés en prenant appui sur son bâton de berger , souffrant de diverses contusions , et se mit à appeler Claude qu’il avait vue courir plus vite que lui pendant leur retour précipité vers « La Brousse » . Mais les minutes s’écoulèrent sans qu’il ne l’entende venir à son secours !   « Diantre »    se dit alors René . «  Comment vais-je pouvoir men tirer tout seul ?  Par quels    moyens puis-je espérer sortir de ce fichu trou , ».  Il tenta tout d’abord de coincer son long bâton de berger en biais contre la paroi de terre pour s’en servir comme d’un marche pied afin d’en atteindre le haut . Mais ce fut peine perdue car il n’était pas suffisamment grand pour pouvoir se hisser à bout de bras au dehors .  Ses yeux commençant à s’habituer à l’obscurité du lieu , il chercha ensuite à déceler quelques aspérités éventuelles sur les cotés afin de pouvoir s’en servir pour grimper vers l’ouverture . Mais il n’en trouva point , la terre étant lisse et délavée par la pluie qui ne cessait de tomber en ruisselant sur son visage à chaque fois qu’il levait la tête pour regarder vers la sortie et apercevoir le ciel .  Et l’angoisse commençait à l’envahir au fur et à mesure que le temps passait ... Mais sa raison reprenant vite le dessus , il s’efforçait de ne pas perdre son calme , et se contraignait à réfléchir tout haut :                     «  A vue de nez , la hauteur du trou ne doit pas dépasser trois mètres » .   «  Mon grand bâton mesure dans les un mètre soixante  » .   «  La terre périphérique du trou semble assez meuble  » .   René fit l’expérience d’y enfoncer son bâton horizontalement , et ce dernier resta solidement fiché malgré une vigoureuse traction verticale de ses deux bras .  
 «  En coupant mon bâton en cinq ou six morceaux dégale longueur , je dois pouvoir fabriquer des petits barreaux me permettant de gravir la paroi en les enfonçant comme des pitons dalpiniste les uns au dessus des autres ; cest risqué si je perd léquilibre, mais je ne vois pas dautre solution pour men sortir car Dieu seul sait quand les secours arriveront ! »  .  Aussitôt pensé, aussitôt fait : René sortit alors de sa poche « l’Opinel »qui ne le quittait jamais ( plus par gaminerie que par réelle nécessité domestique ) et il commença à couper son imposant bâton de berger . Malheureusement le bois de ce dernier se révélait beaucoup plus dur qu’il ne l avait imaginé et il se rendit compte qu’il lui faudrait plus d’une heure pour réussir à fabriquer les six petits barreaux qu’il estimait nécessaires.   Bien que maugréant contre cette nouvelle vicissitude du sort , il demeurait toutefois tellement absorbé par ce qu’il faisait qu’il ne s’aperçut pas que la grêle et la pluie avaient cessé de tomber et que le soleil éclairait maintenant totalement le fond du trou dans lequel il se trouvait piégé. Mais il entrevoyait de ce fait plus nettement le sol jonché de débris rocheux divers à moitié enfoncés dans la terre détrempée .  Sur le moment il n’y prêta guère attention , préoccupé par le travail délicat qu’il était en train d’accomplir , en se tenant accroupi à moitié assis par terre , s’occasionnant même une sérieuse ampoule à la deuxième phalange de l’index droit qui , sous l’effet de la douleur , le ralentit dans sa délicate tâche .  Les minutes passant , et ses efforts pour couper son bâton de berger s’avérant de plus en plus difficultueux à mesure que la longueur restante de ce dernier diminuait , René ne pouvait s’empêcher de ruminer contre ce vilain coup du sort qui lui valait d’être emprisonné dans ce trou boueux , sans aucune aide extérieure pour lui venir en aide , s’étonnant de ne pas entendre son épouse l’appeler , se demandant ce qu’elle pouvait bien faire en cet instant , espérant toutefois qu’elle n’avait pas , de son côté , été victime d’une chute malencontreuse qui la priverait elle aussi de toute possibilité d’assistance de sa part .   A la pensée de son épouse accidentée, il redoubla d’énergie pour tailler dans le bois dur de son bâton , ne s’interrompant que pour essuyer d’un revers de main la sueur qui lui coulait dans les yeux , espérant qu’il ne s’était pas trompé dans son raisonnement et ses calculs pour sortir de ce trou , implorant le ciel de lui donner la force physique d’entreprendre la délicate escalade qui le conduirait au dehors.  Et le temps s’écoula ainsi pendant que René s’activait .        
 CHAPITRE 3      Après avoir laborieusement terminé de couper, dans une quasi obscurité, son bâton de berger en six morceaux d’égale longueur , René se releva complètement ankylosé . Puis il planta dans la paroi ses deux premiers barreaux à des hauteurs respectives de cinquante centimètres et un mètre du sol en s’aidant d’une pierre qu’il ramassa machinalement par terre .  Voulant ensuite apprécier à quelles distances il lui faudrait planter ses quatre autres morceaux de bois en levant la tête vers l’ouverture par laquelle il était tombé , René fut ébloui par la luminosité du ciel, le soleil brillant maintenant de tous ses feux , là haut , au dehors .  Interrompant sa tâche quelques minutes , le temps d’accoutumer ses yeux , il grimpa sur le premier barreau , s’agrippant d’une main sur le deuxième tout en tenant dans l’autre main un troisième barreau et la pierre. Puis , en équilibre instable il enfonça ce dernier à environ cinquante centimètres au dessus du second .  Or l’effort qu’il fit pour fixer ces trois premiers barreaux le mit quasiment sur les genoux , et il redescendit pour reprendre son souffle et se ménager , car , conscient de ses limites , il n’ignorait pas que pour simple que soit son raisonnement afin de sortir de sa fâcheuse situation , son exécution nécessitait une sérieuse dépense physique qui n’était plus de son âge .  S’accroupissant à nouveau au fond du trou devenu légèrement éclairé en raison du soleil au dehors, il remarqua alors pour la première fois dans la pénombre une sorte passage creusé dans la terre qu‘il n‘avait pu auparavant détecter dans le noir.; celui -ci était rectangulaire , d’une hauteur d’environ un mètre cinquante , d’une largeur d’au moins un mètre , et semblait constituer le départ d’un long boyau en légère pente se perdant dans la profondeur du sol .   « Que l e chance ! Voilà vraisemblablement une issue plus facile à emprunter pour sortir de ce fichu trou » .  Mais cet espoir fut de courte durée , car devant l’obscurité du boyau qui ne lui permettait pas d’entrevoir plus loin que le bout de son nez , il dut se résigner à poursuivre la méthode qu’il avait entreprise pour sortir de son trou .   Et c’est ainsi qu’avec patience il continua de fixer solidement ses barreaux en s’aidant de la pierre qu’il avait ramassée . en s’y reprenant plusieurs fois , en maugréant lorsqu‘il se tapait par maladresse sur les doigts , puis qu’il parvint peu à peu à gravir la terre .     Dès qu’il réussit à sortir complètement du trou dans lequel il était tombé , René se sentit totalement épuisé par tous les efforts physiques qu‘il avait dû déployer , ses jambes refusant dorénavant de le porter . Il en oublia Claude !  
Décidant de s’octroyer un quart d’heure de pause avant de redescendre vers « La Brousse » , il s’allongea dans l’herbe mouillée, sous la   chaleur réconfortante du soleil . Puis fermant à demi les yeux pour ne pas être ébloui par la luminosité du ciel, le visage caressé par le vent qui soufflait maintenant plus doucement par vagues successives , il se laissa envahir par le sommeil .  Il eut alors la sensation qu’il était en train de tomber à toute vitesse dans un puits particulièrement profond , en se demandant quand sa descente s’arrêterait , n’arrivant pas à entrevoir où se trouvait le fond , mais sans chercher pour autant à freiner sa vitesse malgré les cris de frayeur que poussait Claude , restée là haut sur la terre ferme à proximité de la margelle .  Or cette descente , pour rapide qu’elle fût , lui était agréable et ne l’inquiétait pas outre mesure , car il avait le sentiment de voler et la certitude qu’au fond du puits il rejoindrait tout un petit monde de bons génies qui ne demandaient qu’à l’accueillir .   Mais la persistance des appels « René où es-tu ? » de son épouse le sortit peu à peu de son rêve . En se redressant il la vit arpenter la crête en compagnie du … garde champêtre .   Il fut alors immédiatement soulagé : aucun accident n’était arrivé à Claude , qui marchait sans aucune difficulté en compagnie de ce digne représentant de la maréchaussée .   Les appelant alors avec force et moult gestes pour qu’ils puissent repérer où il se trouvait, il leur faisait signe de le rejoindre pour leur montrer ce qui lui était arrivé et signaler au garde champêtre la dangerosité du trou .  En retrouvant son mari sain et sauf , Claude fut particulièrement heureuse : ne l’avoir pas vu redescendre , alors que la pluie et la grêle tombaient , lui avait fait imaginer le pire , et elle avait cherché du secours afin de pouvoir entreprendre sans tarder des recherches . Mais « La Brousse » ’étant qu’un hameau ne comptant l’hiver que trois âmes au plus et l’été tout n juste une dizaine , elle n’avait rencontré dans ce bled perdu des fin -fonds de l’Auvergne que … le garde champêtre    René entreprit alors de leur faire derechef un exposé complet de sa mésaventure , se lançant dans des explications détaillées sur sa chute, son intelligence à trouver une solution pour s’en sortir, ses efforts , ses contusions , ses douleurs, son ampoule au doigt , sa fatigue , reprochant à demi-mots à son épouse de l’avoir devancé et couru plus vite que lui dans leur retour précipité vers « La Brousse » , bref de l’avoir quasiment abandonné seul dans une situation fâcheuse qui aurait pu devenir tragique .  Il ne cess d’insister auprès du garde champêtre sur le danger de ce fichu trou non signalé a et non rebouché, impossible à déceler pour un promeneur non averti et … pour le bétail !    
Devant ce véritable réquisitoire de René contre cette absence de panneau de signalisation entraînant la responsabilité de l’administration en cas d’accident, le garde champêtre lui répondit que c‘était au promeneur de faire attention puisque il était de commune renommée qu’il existait dans les environs d’Ambert des trous de ce type . La région n’était -elle pas , en effet , un bassin d’effondrement que les mers et les lacs de l’époque tertiaire avaient rempli de dépôts plus ou moins fertiles arrachés aux montagnes voisines ?  René demanda alors au garde champêtre quelles mesures il comptait prendre pour pallier à la dangerosité des lieux , afin d’éviter que ne se reproduise à l’avenir un pareil accident mais il dut ronger son frein car il s’entendit répondre par ce digne représentant de la maréchaussée que « Rien » ne serait entrepris puisque ce trou se reboucherait tout seul , plus ou moins rapidement selon l’importance des prochaines précipitations de pluie et de neige !   Maugréant contre cette réponse et pestant sur l’inertie de l’administration pourtant toujours prompte à dépouiller le contribuable sous couvert d’intérêt public , René se jura de ne plus se promener dorénavant loin des routes , en pleine nature, à travers les bois et les champs, avec ou sans son épouse , , dans cette sauvage contrée reculée d’Auvergne .   Et c’est furieux contre tout le monde qu’il redescendit, sans bâton de berger, avec précaution et lenteur vers « La Brousse » .
Le bâton de berger de René  
 CHAPITRE 4      Quelques jours après , René décida de se fabriquer une nouvelle canne de marche pour remplacer son bâton de berger . Avisant une belle branche qui pourrait faire l’affaire dans l’un des arbres bordant la pelouse de sa résidence , il mit la main dans la poche droite de son pantalon à la recherche de son « Opinel » , mais ne le trouva point .   Fouillant dans la poche gauche sans plus de succès , il se rappela d’un coup s’être débarrassé de ses vêtements mouillés et boueux dès son retour dans sa maison , le soir même de sa pénible mésaventure , afin que son épouse puisse les laver sans tarder . Son couteau devait vraisemblablement être resté dans son pantalon sale . Pourvu qu’elle ait pris soin d’en vider les poches avant de le mettre dans la machine à laver !  Interrogeant Claude , qui était occupée à passer l’aspirateur dans la salle à manger , René s’entendit répondre par cette dernière qu’elle n’avait pas encore eu le temps de faire la lessive , dérangée par lui à tout instant pour un oui ou un non , et que son pantalon sale devait se trouver présentement dans la corbeille à linge de la buanderie .  Effectivement , René l’y retrouva …. avec ses poches pleines . Vidant ces dernières , il s’aperçut qu’en plus des ficelles , couteau , pièces de monnaie , morceaux de carton , bouts de métal rouillé , mouchoirs en papier , sifflet scout , et autres objets divers qu’il trimballait habituellement , se trouvait la pierre qui l’avait tant aidé à sortir du trou dans lequel il était tombé , et ’il avait machinalement mise dans sa poche .  qu  La prenant avec l’intention de la jeter , il la regarda d’un peu plus près , car sa forme lui rappelait vaguement quelque chose : elle ressemblait à s’y méprendre à une sculpture , plus précisément à celle d’un animal à quatre pattes , ou mieux encore à celle d’un porc .   Cette soudaine découverte plongea René dans l’expectative: s’agissait -il réellement d’une sculpture ou était-ce un pur hasard de la nature? Qui aurait pu faire de ses mains une chose pareille et comment se serait-elle retrouvée au fond de ce trou ?  Tout excité à l’idée qu’il puisse effectivement s’agir d’un ouvrage issu de la main de l’homme , et non pas d’un simple caillou , René l’emporta dans son atelier afin de mieux l’examiner à l’aide d’une loupe . Et il acquit ainsi la certitude qu’il avait bien découvert , par le plus grand des hasards , un objet taillé et ancien , qu’il avait lui même quelque peu esquinté en s’en servant comme d’un marteau pour enfoncer dans la terre les petits barreaux de bois issus de son bâton de berger .   
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