LEZ-OBER, Tolérance en breton.
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Description

Nouvelle située en Bretagne. Thème : la liberté d'aimer.1701 mots.
Licence Creative Commons "Paternité, pas de modification" : désir que le texte écrit reste tel qu'il a été écrit.

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Publié le 01 février 2016
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Paternité, pas de modification
Langue Français

Extrait

Lez -Ober
Tolérance (en breton)
1
Le vent soufflait à peine et la mer était calme. Le soleil inondait le ciel de rayons dorés et orangés. Yannick releva un casier et en sortit une araignée. Il mit la bête dans un bac et rejeta le casier à l'eau. La pêche était fructueuse ces derniers temps. Estimant avoir pêché suffisamment pour le marché à venir, à huit heures dans la ville de Paimpol, il tira trois coups secs sur le câble du moteur et ce dernier se mit à ronronner. Il contourna la pointe de Guilben, amas de pins perchés sur un promontoire rocheux parsemé çà et là de bandes de sable jaune. Cette zone est peuplée de récifs sur lesquels on peut se promener à marée basse. L'entrée dans le port est compliquée et longue à cause des nombreuses écluses, aussi Yannick gara-t-il son embarcation sur la plage de la Tossen et y débarqua sa pêche.
2
[marché de Paimpol ; 9h30]
« Il est frais mon poisson, il est beau ! Venez, venez, il est frais mon poisson !-Un beau bar s'il vous plait, lança une vieille dame, et vous me ferez les filets. »Yannick attrapa sur un des étalages le poisson demandé et le découpa tout en demandant : « Et les petits enfants, comment ils vont ?-Ils sont à la maison, ça fait de l'animation, répondit-elle.-Sinon, pour le poisson, ça vous fera dix-sept euros »Sur ce, la dame s'en alla et une autre cliente la remplaça.
* * *
[marché de Paimpol ; 12h30]Douze heures sonnaient au clocher du village, le marché commençait à se vider ; Yannick avait vendu tout son stock. Le boucher qui passait par là lui adressa rapidement la parole :« Alors ?, commença-t-il, encore une matinée bien remplie !-Ouais, j'ai vendu tout mon stock en deux heures !Il rangea sa glace et ses cageots dans son camion et démonta le stand.Il fit ensuite le tour des autres étalages et dit au revoir aux marchands.A seulement vingt-quatre ans, Yannick était quand même déjà le poissonnier le plus populaire de Paimpol et des communes alentour. Il monta dans sa camionnette, débraya et quitta la place des Halles. Il tourna à droite et arriva place de la gare. Il tourna de nouveau à droite et prit la rue d'un kilomètre quatre reliant Paimpol à Kérity. Il gara sa voiture et rentra dans sa maison situé au neuf rue de Kériagu.Yannick tourna la clef dans la porte et retrouva Maël, son amoureux, boulanger place de la gare à Paimpol.Tous deux sortirent dans le jardin, déplièrent des transats et s'installèrent, tranquillement bercés par le soleil breton.Maël se leva de son transat et alla déposer un baiser sur les lèvres de Yannick.
* * *
3
[Le facteur]
Continuant sa tournée journalière, le facteur allait maintenant déposer le courrier des habitants de la rue de Kériagu. Il mit deux lettres et une revue dans la boite aux lettres du sept, quatre lettres et une carte postale au huit et un colis au neuf. Il vit Yannick et Maël dans le jardin et allait les appeler quand il les vit s'embrasser.Il se retint donc de les déranger et s'en alla continuer sa routine.Arrivé au dix de la rue, il vit que la résidente l'attendait. Il lui donna directement son courrier en main propre. « Comment allez-vous ? demanda le facteur.-Très bien et vous ? Ce n'est pas trop fatiguant de pédaler depuis l'aurore pour nous délivrer le courrier ?-Non, ça va. Cela fera, dans deux semaines, vingt ans que je fais tous les matins le tour de Kérity, mon sac de lettres, de publicités et de colis sous le bras.- Qu'est-ce que vous avez pour moi? Je suis tout excitée. J'ai mon fils qui vient me présenter sa fiancée. Je ne l'ai jamais vue.J’espèreça va bien se passer. Je vais leur faire des que crêpes. Ils arrivent cet après-midi,- On dirait que le temps est propice à l'amour ! Je vous le dis à vous parce que je vous fais confiance, j'ai vu Yannick et Maël s'embrasser dans leur jardin tout à l'heure, je me suis vite fait éclipsé, je pense qu'ils ne m'ont pas vu.- Vous avez ma parole, je ne le répéterai pas, répondit-elle.je vous souhaite une bonne journée, à tantôt.
* * *
[Yannick et Maël]
Il faisait bon, Yannick et Maël étaient bien installés dans leur jardin. Lorsque le soleil se mit à décliner et à illuminer le ciel d'orange et de rouge, ils rentrèrent préparer à manger.Ils se cuisinèrent quelques maquereaux mis de côté de la pêche du matin et des pommes de terre sautées.Ils montèrent se coucher de bonne heure.Le lendemain Maël alla à la boulangerie et Yannick à la pêche. Durant le reste de la semaine il assura le marché le jeudi à Ploubazlanec, le vendredi à Lanleff et le lundi à Loguivy-de-la-mer.
* * *
4
Le mardi, Yannick passa au large de la pointe de Guilben et s'engagea dans le chenal. Il le quitta ensuite et débarque sa pêche plage de la Tossen. Il mit ensuite ses poissons au frais et partit sur le marché de Paimpol. Il monta son stand, disposa les bacs à glace et attendit des clients.La première dame à arriver lui grommela un bonjour peu aimable et lui demanda deux dos de cabillaud. Elle lui tendit l'argent et s'en engager la conversation, contrairement à son habitude.Yannick pensa simplement qu'elle s'était levée du mauvais pied, mais tous ses clients, mis à part les touristes, furent aussi peu chaleureux.Il était maintenant là depuis quatre heures et il avait difficilement vendu la moitié de ce qu'il vendait habituellement. Il rangea sa cargaison et rentra chez lui espérant avoir plus de chance
le surlendemain.
* * *
[Ploubazlanec]
Installé devant l'église de Ploubaz, Yannick vendait ses poissons sans interruption ; les gens, très causants, lui parlaient de la pluie et du beau temps, surtout du beau temps, pendant qu'il dépeçait les bêtes et levait les filets. A treize heures, le flot de clients se tarit enfin, le laissant exténué. Tout était parti, ce qui rassurait Yannick par rapport à l'attitude des Paimpolais le mardi précédent.La semaine se poursuivit et dans toutes les petites villes où il allait les gens se montraient chaleureux et toute sa marchandise se liquidait à une vitesse incroyable.
* * *
5
Le mardi suivant, il retourna à Paimpol pensant que la situation de l'autre jour était exceptionnelle et aurait changé. Mais il se faisait de faux espoirs, les gens ne lui adressaient plus ou presque plus la parole et il n'eut que quelques malheureux clients.Il interrompit son travail et partit regarder vers la gare pour savoir où se trouvaient ses clients. Il n'eut pas à aller bien loin, une longue file d'attente sortait de chez Marc, un autre poissonnier. Il retourna à son stand et rangea sa marchandise.Il rentra chez lui et se prépara pour le jeudi suivant.
* * *
Yannick commença à se poser des questions lorsque, à la fin de la semaine, à Ploubazlanec et Lanleff, aucun de ses poissons ne furent vendus. Il alla trouver un ami.« Hey, commença Yannick, tu sais ce qui ce passe ? Plus personne n'achète mon poisson, je n'ai plus un seul client.-Heu... comment te le dire... Le facteur t'a vu... Avec Maël, et...-Et quoi ?-Il vous a vus vous embrasser et a répandu l'histoire. »Yannick, choqué, partit et retourna chez lui. Il raconta tout à Maël et se prépara pour les jours de marché à venir.
Il avait très peu pêché, en prévision du peu de vente qu'il allait avoir. Et il eut raison car il ne vendit que deux lieus à des touristes. Les langues semblaient s’être déliées jusqu'à Loguivy-de-la-mer... Au fil des semaines, Yannick, privé de rentrées d'argent, fut obligé de vendre sa maison, ce qui lui permit de vivre quelques autres semaines. Il vivait à présent sur son bateau, bercé par la houle.Maël, trouvant la situation trop précaire, quitta Yannick et s'en alla loin de Paimpol, loin de tout ça.
* * *
6
Yannick se réveilla, perdu, n'ayant plus le goût de pêcher, n'ayant plus le goût de vivre. Il attrapa son téléphone et envoya un SMS à Maël : « Maël, ma situation est devenue trop compliquée, je ne pêche plus, je n'ai plus d'argent, je n'ai plus de maison, je passe des nuits horriblement longues sur mon bateau, et quand le jour se lève enfin, ma situation ne s'améliore pas. Je n'ai plus le goût de vivre. J'ai décidé de mettre fin à ma vie, cet après-midi, sur le haut de la tour de Kerroc'h. Adieu »
7
Il attendit le moment annoncé puis se rendit à la tour. Il gara sa camionnette et prit le chemin montant à l'édifice. Il y rentra et prit l’escalier montant en colimaçon vers le ciel. Arrivé en haut de cette tour de granit et de pierre grise où nombre de femmes étaient venues contempler l'horizon, cherchant des yeux le bateau de leur mari, qui revenait peut être de la pêche à la morue. Pour la plupart, ces hommes n'étaient jamais revenus et les femmes qui en avaient encore le courage étaient allées apposer une plaque de bois en leur mémoire sur le Mur des Disparus, au cimetière de Ploubazlanec.Yannick, lui n'aurait pas son nom là-bas. Longtemps, sur le haut de ce monument, Yannick pesa le pour et le contre, médita pour savoir si c'était vraiment la bonne solution. Il quittait un monde où personne ne voulait de lui. Il quittait un monde où il n'avait pas sa place. Il était décidé, il allait sauter quand il vit au loin un bateau. Non, il vit au loin son bateau. Et sur son bateau, un homme lui faisait des signes, Maël lui faisait des signes. Tout devint lumineux autour de lui. Des larmes vinrent briller au coin de ses yeux. Finalement, il était prêt à quitter un monde où une personne voulait de lui. Et sur ses lèvres apparut un sourire…
FIN
8
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