POURRAS-TU CHANGER POUR MOI?
20 pages
Français

POURRAS-TU CHANGER POUR MOI?

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
20 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Pierre-Yves Léba est rentré de France après avoir fait de brillantes études en France. Il est accueilli comme le fils prodigue d'autant plus que qu'il doit représenter un groupe français en CI. Un soir, il va faire la bamboula avec ses amis d'enfance à la rue princesse au maquis le "Shanghai". A court de cigarette, il sort de la boite et se met en quête d'un tablier. Il se perd dans les dédales et croise Ketty Kouan une jeune prostituée à qui il va demander son chemin. Croyant que c'est une manière de demander le prix de la passe, elle lui donne ses tarifs. Pierre-Yves voit rouge. Une violente dispute éclate entre les deux jeunes gens. De quiproquo en quiproquo arriveront-il à gérer leur histoire d'amour sous le regard hostile de leur familles et entourages respectifs.

Informations

Publié par
Publié le 23 juin 2012
Nombre de lectures 202
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

POURRAS-TU CHANGER POUR MOI?
Pierre-Yves Léba préparait sa valise en prévision de son grand retour au pays. Après l'obtention de son MBA à l'école de commerce de Paris, il s'était accordé six années supplémentaires afin d'effectuer des stages en entreprise qui l'avait conduit à Londres, Berlin, Hongkong et San Francisco. Bardé de diplomes et d'expériences professionnelles, il rentrait pour diriger la plus importante succursale française de téléphonie mobile basée en Afrique Proxim Cell". Cependant, avant de se remettre au boulot,Il avait décidé de " prendre des vacances , en accord avec la maison mêre. Depuis deux semaines, il faisait une fixation sur Abidjan. Il se voyait, écumant les bars en compagnie de ses amis d'enfance, Raphael Troh, responsable de projets à la Life's Bank, et Kader Touré gérant de sa propre boite spécialisée dans l'informatique et la téléphonie cellulaire. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il se remémorait leurs quatre cents au quartier Chicane à Adjamé/220 logements. Ils habitaient tous dans le même immeuble. Cependant, leur passion commune, à quinze ans pour le bodybuilding les avait rapprochés. Grâce aux pectoraux musclés qu'ils exhibaient à travers des teeshirts sans manches ainsi que les cours de taekwondo, ils étaient devenus les gars les plus craints, les plus admirés et les plus dragués de leur quartier. Malheureusement, suite au divorce de ses parents, il avait quitté le quartier, en cachant ses larmes, pour suivre sa mère qui s'était installée avec son amant, le responsable de tout ce bazar, dans une villa proche de l'hôtel Ivoire. Ce changement de situation géographique avait bouleversé son existence ainsi que celle de ses trois sœurs Jackie, Irène et Sandy . De l'EPP d'Adjamé nord, on les avait inscrit à Mermoz. Toutefois, en dépit des interdictions ainsi que les reproches de sa mère, il passa tous ses weekends dans son ancien bled jusqu'à l'obtention de son bac. Cette dernière qui s'était très vite adaptée à son nouveau statut de femme de ministre de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, reprochait à son père de l'attirer dans les bas quartiers. N'eut
été l' intervention de celui-ci, Pierre-Yves aurait rompu tous liens avec elle. Son père lui conseillait de saisir l'opportunité de côtoyer les "bourges" du coin pour s'assurer un bel avenir et se faire une place au soleil. Le jeune garçon reconnaissait que son beau-père était sympa. Pourtant, il ne voulait rien recevoir de lui. Il le traitait à certain moment avec mépris parce qu'il avait arraché avec son "sale argent", sa mère à son père, prof de gym à l'INJS. Ce dernier qui se joignait volontiers au trio pour faire des haltères, et des mini concours de pompes, s'enfermait désormais dans son salon pour regarder la télévision. Il se disputait fréquemment avec ses sœurs qui ne mettaient pratiquement plus leurs pieds au village. C'était de cette façon que les anciens de chicane appelait le quartier. A présent, ces pimbêches s'habillaient comme des sapins de noël illuminés en plein jour pour se rendre dans les endroits à la mode comme la patinoire de l'ivoire, le petit boulevard, le bowling, l'allocodrome, un coin plus sale que celui de chicane selon lui. Comble du ridicule, ces poseuses se faisaient déposées par le chauffeur alors qu'on pouvait s'y rendre à pied en cinq minutes. Toujours dans la même veine, elles appelaient les trois fils du "BOP", leurs frères. Elles se mirent également à donner “ oui mère” à leur génitrice. Il avait donné une gifle retentissante à Irène la plus âgée de ses sœurs, lorsqu'elle avait osé appeler "papa" le môssieur qui les hébergeait. Suite à cela, sa mère avait essayé de lui vendre la blague du siècle en prétendant qu'on pouvait avoir deux papas. Il avait tellement ri qu'elle lui avait collé une baffe. Néanmoins pris de remords, il avait présenté ses excuses à sa sœur. Et, pour se faire pardonner, il avait accepté de les accompagner à quelques matinées organisées par le "top raphia", la boite à la mode des enfants de la "haute". A ce sujet, il n'osa pas se l'avouer, mais il s'était bien amusé durant ces sorties. En effet, dans ladite boite, Il avait décimé le groupe des amies de ses sœurs, en les draguant à tout va. Celles-ci se battaient pratiquement pour danser les zouks et les slows avec lui. Les petits crêpages de chignon auxquels il avait assisté avait été un des moments les plus jouissifs de sa vie d'ado. Pour ramener la paix entre elles, ses frangines ne l'avaient plus jamais invité. Ce qui n'avaient pas empêché les gonzesses de venir en pointage dans sa chambre. Il avait d'ailleurs refilé certaines d'entre elles à ses potes qui ne s'étaient pas faits priés pour déguster ces délicieux et luxueux morceaux de choix. Après son bac, son BOP l'avait envoyé en France avec la bénédiction de son père. Aujourd'hui il rentrait chez lui, et se considérait comme l'homme le plus heureux du monde.  ************************************************************ Il était deux heures du matin et l'ambiance au "Shanghai" était surchauffée. La boite était pleine comme un œuf. Raphael et Kader se démenaient comme de beaux diables sur la piste au son du refrain "bobaraba hé! bobaraba!". Leurs cavalières roulaient des hanches, faisant trembler dans tous les sens, les minuscules jupes à volants qu'elles avaient enfilées sans slip pour donner un résultat plus époustouflant. Au plus fort du morceau que les hauts parleurs vomissaient sur les clients, la sensualité de la chorégraphie monta d'un cran. Soudain, les filles donnèrent dos à leurs partenaires en continuant de bouger leur fesses de plus en plus vite. Puis dansant toujours, elles reculaient en se penchant progressivement en avant, de sorte à coller leurs postérieurs sur les parties sensibles de ces derniers. De loin, Raphael surprenant le regard amusé de Pierre-Yves, montra du doigt les fesses collées d'une des danseuses sur sa braguette, puis il fit mine de simuler l'acte sexuel. Ce dernier leva le pouce en guise d'encouragement. Ensuite, il se pencha pour prendre le paquet de cigarettes posé sur la table basse au milieu de bouteilles de whisky, de tonic et d'un grand seau à glace. Dépité, il constata qu'il était vide. Il décida donc de sortir pour essayer de s'en procurer. Dehors, la chaleur suffocante le prit à la gorge et l'étourdit. La musique que distillait chaque propriétaire pour attirer les clients composait une cacophonie qui pouvait ressusciter des morts ou rendre fou le plu zen des moines tibétains. Il se mit à la
recherche d'un tablier, bousculé à droite et à gauche par la foule en quête d'enjaillement. Pour s'orienter, il demandait aux passants où il pouvait trouver un vendeur de cigarettes. D'indications en indications, il ne se rendit pas compte qu'il s'éloignait du Shanghai. Décider coute que coute à trouver ce qu'il cherchait, il s'approcha d'une jeune fille au crane rasé qui tirait sur sa cigarette comme une désespérée. Elle était vêtue d'un collant et d'un débardeur largement échancré qui laissait voir ses seins sur les côtés. -Bonsoir, fit-il. Pouvez-vous m'indiquer où je pourrai trouver un vendeur de cigarettes. Elle tourna la tête, puis le jaugea de la tête au pied. Apparemment satisfaite du résultat de son inspection, elle balança d'une voix claire et légèrement chantante. -Directe c'est 10000; Indirecte 5000; derrière le bâtiment sans déshabiller: 3000. Estomaqué par ce qu'il venait d'entendre, il la fixa la bouche ouverte, avant de se fâcher. -Je ne suis pas là pour ça, réagit-il violemment. Tu me parles de quoi là; je te demande où je peux trouver des cigarettes, tu me racontes ta misérable existence. -Y'a pas cigarettes ici répliqua-t-elle. Il faut libérer le passage. Y'a client derrière toi. Pierre-Yves étouffa un juron. -Ne me parle pas comme à tes clients merdeux. Quand tu me regarde là, je ressemble à quelqu'un qui va au tchoin. La jeune prostituée posa les mains sur les hanches. -Quand tu me regardes aussi, je ressemble à quelqu'un qui vend des cigarettes. Dégage de ma vue! Tu chasses mes clients avec ton "chôcô" là. Et elle ajouta le mot de trop: "batard là". Furieux, il s'avança vers elle en la menaçant du doigt -C'est moi que tu traites de batard. Tu connais ma mère? -Je ne la connais pas, mais elle est une femme comme moi. -ça c'est femme ça? tu as vraiment de la chance fulmina-t-il. J'ai beaucoup changé, sinon j'allais te péter la gueule tout de suite. -Frappe moi, frappe moi, si tu es garçon. Frappe moi si tu as P...devant toi. Ses cris ameutèrent les passants qui pensaient assister à une bagarre entre une prostituée et un mauvais payeur. Refusant de se donner en spectacle, il fit demi tour et s'éloigna à grandes enjambées. -Mais où tu étais passé, demanda Kader une go au look improbable accrochée à son bras. -Si je te raconte, tu ne me croiras pas. Tu as des cigarettes? -Non, je n'en ai plus! On va demander au serveur de nous en trouver. Sous le regard étonné de ses amis, Pierre-Yves éclata de rire. "Pas possible se disait-il. il fallait tout bonnement s'adresser au serveur. Juste ça". En rentrant dormir vers cinq heures trente, Raphael prit le chemin qu'il avait emprunté tout seul quelques heures auparavant. Quand la jeune fille le reconnut, elle lui fit un doigt d'honneur. -Tu la connais, demanda Kader. Pierre-Yves dit non de la tête. Il commençait à trouver sa mésaventure cocasse.  ****************************************************************** Durant la semaine qui suivit, le jeune homme décida de mettre un bémol à ses sorties nocturnes. Sa gorge et ses poumons demandaient grâce, et il savait qu'il avait intérêt à les écouter. Pour échapper à la tendresse débordante de sa mère, et, surtout pour fuir ses sœurs qui essayaient de le placer auprès de leurs copines, il avait trouvé refuge dans une magnifique résidence hôtelière à la 7ème tranche, pas loin du café de Versailles. Il mettait ses journées à profit pour participer à des tournois de Maracaña. Il se rendait tous les après midis dans une salle de sport afin de travailler en douceur sur sa musculation. Par ailleurs, avec ses deux frères et amis, il avait créé une petite ONG pour aider les plus jeunes de leur quartier à se prendre en charge. Toutes ces activités lui prenaient un temps fou. Il était fatigué, pourtant la nuit il n'arrivait pas à dormir. Son esprit était obsédé par l'image de cette prostitué au crane rasé qui l'invectivait avec sa
bouche pulpeuse, ses yeux en amande le foudroyant du regard. L'échancrure de son débardeur dévoilant ses seins le hantaient. Combien de fois ne s'était il pas réveillé en sursaut le corps trempé de sueur et l'esprit obsédé par le corps de la jeune femme. ***********************************************************************  -Les gars dit Kader qui dégustait du pain avec des brochettes qu'il faisait descendre à coups de bière bien fraiche, je suis fatigué de dormir à 22h. Donc, ce soir en nou allé dans la capitale. Aujourd'hui c'est feu sur la ville pour toute la nuit. On commence la tournée par poy, où j'ai laissé en stand by une petite opération que je dois finir cette nuit. -Ouais, acquiesça Raphael qui se curait les dents à l'aide d'une buchette d'allumette. Moi-même, mon corps est fatigué de dormir. Cette fois, on va à la "trêve" parce qu'il faisait trop chaud au Shanghai la dernière fois. Les gars là exagèrent, quoi. Ils ne peuvent pas mettre des splits et des aspire-fumée dans leur boite, alors qu'il gagnent des millions. Ils font quoi avec ça même. -ils font rien avec ça, répondit paresseusement Pierre-yves, les pieds posés en équilibre instable sur un gros tronc d'arbre. Ils vont mourir avec ça et on va les enterrer avec ça. Donc les gars, personne ne dort cette nuit? -Personne, répondirent en chœur ses deux complices. ****************************************************** Dès qu'il descendit de la Porsche Cayenne qu'il empruntait à sa mère pour ses gasoils, Pierre-Yves la vit. Elle se tenait debout près d'un marchand de cigarettes, vêtue d' une   mini jupe rouge ras des fesses qui dégageait ses longues jambes, et d' un gilet noir à boutons dorés sans manches. Elle était chaussée de ballerines noires au dessus desquelles pendaient des chaines de chevilles. -les gars devancez moi, dit-il en allumant une cigarette. Je viens de reconnaitre quelqu'un. Sans attendre leur réponse, il se dirigea vers un immeuble de quatre étages plongé dans l'obscurité. Il ne ralentit pas son allure quand il passa à côté d'elle. Il entendait derrière lui un léger bruit de pas. Alors, sans crier gare, il se retourna d'un coup, la plaqua contre lui et l'embrassa comme un fou.Puis, la tenant solidement par la taille, il sortit un préservatif de sa poche. Dans la moiteur de cette soirée, ils firent l'amour comme des sauvages. Les hauts parleurs qui distillaient de la musique à gogo couvraient leurs gémissements et les cris de plaisir de la jeune prostitué. -Comment tu t'appelles, demanda Pierre-Yves à la jeune fille qui tirait sur sa clope en essayant de faire des ronds avec la fumée. -Ketty répondit elle. -Ketty comment? Tu n'as pas de nom de famille. -Toi tu m'as dit pour toi, rétorqua-t-elle prête à sortir ses griffes. -Ok! tu as raison tempéra-t-il. Je m'appelle Pierre-Yves Léba. -Ketty Kouan. -enchanté, Ketty -enchantée, Pierrot. Le bien nommé grimaça ayant horreur des diminutifs des prénoms. Néanmoins, il laissa couler. Cette fille était une vraie tigresse. Il n'avait pas envie de se bagarrer avec elle après ce qui venait de se passer entre eux. Dans un silence amical, ils étaient assis sur un banc, l'un à côté de l'autre sans se toucher. Soudain, le cellulaire du jeune homme se mit à vibrer. Il jeta un coup d'œil et reconnu le numéro de Raphael. Sans répondre, il se leva et se tint debout Ketty qui ne fit pas un geste dans sa direction. Après une seconde d'hésitation, il sortit son portefeuille puis lui tendit un billet de dix mille francs. Elle le prit sans dire un mot. Il tourna le dos, et fit quelques en direction de la boite où se trouvaient ses amis. Brusquement, il revint sur ses pas, la prit dans ses bras et l'embrassa encore . Trente minutes plus tard, il pénétrait dans la boite. Ses potes voulurent savoir ce qu'il
faisait dehors . Il leur raconta qu'il discutait avec une ex qu'il avait connu à Paris. Ensuite, il se fit servir deux tournées de whisky qu'il avala sans attendre les glaçons que la serveuse était allée chercher au bar. Au moment de régler l'addition, il sortit son porte feuille sur lequel était collé, à sa grande surprise, le billet de dix mille francs qu'il avait remis à Ketty . Sans prévenir ses potes qui fouillaient dans leurs poches à la recherche de billets de banque, Pierre-Yves se précipita dehors mais elle avait disparu. Pierre-Yves Léba présidait la cérémonie officielle de remises des chèques devant servir à financer les projets approuvés par son ONG. Tous les jeunes du quartier étaient présents sur le terrain de sport, transformé pour la circonstance en tribune officielle . Cependant son esprit était ailleurs. Depuis deux semaines, il essayait de se convaincre qu'il avait pris la bonne décision en rompant tout lien avec Ketty. " Plus jamais ça, se sermonnait-il inlassablement". Il avait honte des deux coups tirés dans des conditions pas très reluisantes la dernière fois . Il se félicitait quand même d'avoir mis des préservatifs. A part ça , c'était la catastrophe sur toute la ligne: faire l'amour debout derrière un immeuble, franchement!!!! Les applaudissements des parents des récipiendaires installés sous les bâches le tirèrent de ses sombres pensées. Il les imita, puis se leva pour prononcer le discours de clôture. Il zappa sur le cocktail prévu à cet effet. Ensuite, il profita d'un moment de flottement pour s'éclipser. ********************************************************************** Sur le chemin conduisant à son hôtel, il reprit le cours de ses méditations. Certes, il avait sauté une prostitué à deux reprises dans un faux coin, cependant force était de constater que jamais il n'avait été si proche du nirvana. Tout ça c'était bien, pourtant, il fallait mettre fin à cette escapade. Et tout de suite. Après tout, il était un homme responsable. On ne faisait pas six années d'études, et presqu'autant en expériences professionnelles pour finir dans un caniveau, une prostituée accrochée à ses reins. Le jeune homme se félicitait de n'avoir pas pris le contact de la fille. "Très bonne initiative d'ailleurs, se congratulait-il." Il se demandait d'ailleurs ce qu'elle avait de plus de plus que les autres femmes, cette prostituée avec son crâne rasé, ses créoles pendues à ses oreilles, ainsi que sa mou boudeuse. Dans sa chambre jusqu'à deux heures du matin, il fuma cigarette sur cigarette en écoutant en boucle "brothers in arms" du groupe Dire Straits. Au lieu de dormir, il demeurait couché sur le dos, les yeux grands ouverts, fixant le plafond. Le film de cette étrange relation passait et repassait en flashback devant ses yeux. Il avait l'impression qu'il s'agissait d'un acteur qui jouait son propre rôle. Cependant, avec un zeste de lucidité, il se rendait compte qu'ils avaient été tous les deux au delà d'une relation tarifée. En effet, ils y avaient mis trop d'émotions. " les filles là (il ne voulait plus prononcer ce mot avilissant de tchoin) on ne les embrasse pas se disait-il, on se protège, on tire son coup et on se barre". Et lui Pierre-Yves "l'idiot du village", il avait franchi le rubicond: il avait demandé son nom, partagé des cigarettes avec elle, il était même revenu sur ses pas pour l'embrasser comme un amoureux transi, pour finalement bisser. Donc, lui Pierre-Yves, il avait traité la petite prostituée du coin, comme une "go"; méprisant ainsi les codes préétablis depuis des lustres par la confrérie des hommes. Il se tourna sur le côté pour essayer de trouver le sommeil. Pour aider Morphée à venir le prendre dans ses bras, il ferma les yeux. Mais, cachés sous ses paupières, le souvenir de Ketty revint le hanter brusquement: ses petits seins pointus picotant son torse musclé, son crâne rasé sur lequel il avait déposé un million de baisers, ses trois chaines qu'elles portait autours de ses reins, ses jambes fines enroulées autour de ses hanches... Agacé par la tournure que cette aventure prenait dans son esprit, il se saisit de sa télécommande et mit fin aux souvenirs larmoyants de guerrier du chanteur. Puis, il augmenta le volume de la télévision. Il obligea son esprit et son cerveau à suivre un
match de hockey sur glace que diffusait Canal plus. Un autre problème le turlupinait: pourquoi lui avait-elle rendu ses sous? Finalement, les coups avaient été gratuits puisqu'elle lui avait rendu ses dix milles francs à son insu d'ailleurs. Obsédé par elle et par ce qu'il faisait, normal qu'il ne s'en soit pas rendu compte. De fil en aiguille, de question en réponses, il en arriva à la conclusion qu'il avait grugé la pauvre prostituée qui faisait commerce de son corps pour vivre. Ainsi, pour soulager sa conscience, il se fit la promesse de lui rendre cet argent au cas(improbable) où il la reverrait; elle l'avait amplement et dignement mérité. Cette conclusion,ferma la parenthèse intitulée Ketty Kouan. ************************************************************************* ***** Pour meubler ses vacances, Pierre-Yves se lança dans toute série d'activités. Il accompagna son père à la clinique qui devait subir une batterie d'examens médicaux. A cet égard, il tenait à être présent à ses côtés. Par ailleurs, il rencontra ses petits du quartier qui lui avaient fait l'honneur de le prendre comme parrain pour leur comité; lequel devait avoir lieu dans une quinzaine de jours. Son beau père, entre temps devenu conseiller spécial du président de la République chargé de l'éducation spéciale, ainsi que sa mère attendaient son accord pour organiser une fête relativement à son retour définitif. Il participa également à un tournoi d'awalé, fréquenta à profusion la salle de sport etc.
*********************************************************************** Le jeune garçon qui lavait la Lorsque Cayenne de Pierre-Yves était heureux. Son boucantier allait le sauver aujourd'hui. Il ne venait pas souvent, mais quand il apparaissait c'était le travaillement assuré: pas moins de dix mille pour chacun; même le proprio venait chercher sa part. A l'ombre d'un baobab, Pierre-Yves était inconfortablement installé dans un vieux fauteuil en velours défraichi dont les ressorts lui piquaient le derrière. Pourtant, il resta là à souffrir le martyr. En effet, il ne pouvait décemment pas refuser une offre si aimable sachant qu'il était un client privilégié dans cette station de lavage auto/ Maquis/ Bar. En plus, cette délicate attention contribuait à rendre son quartier si cher à son cœur. Le DJ tenait à obtenir plus de dix mille francs du boucantier. Par conséquent, il lui dédia la célèbre chanson "Je t'aime" du groupe espoir 2000 en récitant le CV du jeune homme que tout ce folklore amusait. Il suivait d'une oreille distraite l'atalaku que le maitre de cérémonie déclamait à son intention, lorsque les paroles de la célèbre chanson le frappèrent de plein fouet ..."Tellement fragile qu'il ne tient qu'au bout d'un fil, sa main trop sensible, il ne choisit pas sa cible, que tu le croises à l'ivoire ou au marché d'adjamé, l'amour a toujours le même visage." ..."Si tu veux faire le malin, tu vas mourir de chagrin! Va où ton cœur, t'emporte, lui seul t'ouvrira les portes" ..."Mais une chose est sûre, c'est que je t'aime, parce que je t'aime, je t'aime un point c'est tout...". Pierre-Yves faillit se sentir mal et dut serrer les mâchoires pour éviter que les émotions ne le submergent quand il entendit Pat Sacko dire comme s'il s'adressait à lui " ...Mon frère vit ton amour comme tu le ressens jusqu'au dernier de tes jours"...Il se leva, laissa tomber sa cigarette, récupéra ses clés entre les mains, et jeta une liasse de billets sur le petit laveur qui astiquait amoureusement les jantes alu de la Porsche. Enfin, il démarra poursuivit par la voix suave du leader du groupe Espoir 2000. ************************************************************************* **** Pierre Yves ne mit pas longtemps à la trouver. En ce début de soirée, la circulation était plus fluide. Elle se trouvait à l'endroit où il s'étaient rencontrés la toute première fois. Elle dansait sur la chaussée avec des jeunes filles qui avaient sensiblement le même âge qu'elle. Le maquis situé à deux pas diffusait de la musique à plein tube qui s'entendait
aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Afin de l'admirer sans se faire remarquer, Il freina à cent mètres du groupe. Les filles se trémoussaient sur le tube de Serge Bénaud "Koumanlébé". Ketty sautillait les bras levés avant de faire un blocage avec ses reins au rythme de "koumanlébé, koumanlébé, koumanlébé... ". Lorsqu'elle le vit, elle stoppa net son élan. Se rendant compte qu'il était découvert, il appuya doucement sur l'accélérateur pour laisser la voiture glisser vers elle. Une fois à sa hauteur, il baissa la vitre. Ils se fixèrent sans parler ni sourire sous le regard intéressé et interrogateur de ses amies. Puis, comme si c'était la seule chose à faire, elle fit le tour de la bagnole, ouvrit la voiture et s'installa à ses côtés. Il démarra sur des chapeaux de roues. A cinq cent mètres de là, il s'arrêta sur le terrain vague qui jouxtait la station Lubafrique. Il coupa le moteur, descendit de son véhicule, parlementa avec le vigile de service, lui refila quelques billets avant de revenir sur ses pas. A l'intérieur de cette voiture, il baissa son siège et resta là sans bouger, fixant le dos de sa passagère. Sans hésiter, la jeune fille passa pardessus la boite de vitesse,et se mit à califourchon sur lui . Cette fois, sans précipitation, en prenant tout leur temps, ils étanchèrent à satiété le manque qu'ils avaient l'un de l'autre depuis deux semaines, soit quatorze longs et interminables jours. Pierre-Yves savait sans l 'ombre d'un doute qu'il commettait encore une fois une grave erreur. Tous les signaux d'alarme clignotaient sans relâche dans son cerveau. Pourtant, rien ni personne au monde n'aurait pu l'empêcher en cet instant , de s'abreuver aux sources de Ketty. Le vigile de la station assurait la garde. Il dépensait déjà en pensée les 15000 francs que le propriétaire de la Porsche Cayenne venait de lui remettre. ************************************************************************* *** -Tu connais un coin où on pourrait manger du poulet braisé, demanda Pierre-Yves en se rajustant. De son côté, Ketty reboutonnait son chemisier dont quelques boutons avaient été arrachés dans le feu de l'action. A tâtons, elle chercha ses boucles d'oreilles. -Qu'est ce que tu fais dit-il, intrigué par son comportement. -Je cherche mes créoles, répondit-elle sans s'interrompre pour autant. Il redressa les sièges du véhicule et alluma le plafonnier. -Laisse ça, tu les retrouveras demain. Elles ne doivent pas être bien loin. Et maintenant, on va où? -Ficgayo , proposa-t-elle. -Va pour Ficgayo acquiesça-t-il en enclenchant la première. Puis, il prit la direction du lieu dit. Au passage, il fit un signe discret au vigile qui répondit à son salut. Pendant qu'il conduisait, Ketty l'observait discrètement. Il avait un air de famille avec Denzel Washington selon elle. Elle le trouvait tout simplement beau comme ça vêtu d'un polo blanc et d'un blue jean, une paire de sandales en cuir marron à ses pieds. Son col mal ajusté le rendait encore plus craquant. En plus, il avait plus de cheveux qu'elle. Elle sourit à cette allusion. Au ficgayo, il fit une razzia "chez Tantie Margot" dont la réputation de cordon bleu n'était plus à faire.Sous le regard ahuri de Ketty, Pierre-yves fit provisions de pintade braisé/attiété, de placali/Sauce pklala avec kplô, crabe, machoiron frais, tripes de bœuf, kédjénou de poulet/Riz. Le tout à emporter. Il lui demanda si elle voulait quelque chose en particulier, elle dit non de la tête. Sans lui demander son avis, il prit la direction de la commune de cocody. Trente minutes plus tard, le gardien de la résidence hôtelière ouvrait le portail qui menait directement à ses appartements. Avant de fermer la porte derrière eux, il envoya un sms à ses deux acolytes:"suis sur un coup fumant. Rdv au village dimanche soir, 20 h". Ensuite il ferma ses trois portables. Tu ferais bien d'en faire autant, conseilla-t-il. Je t'ai enlevé pour au moins trois jours. -
Personne ne doit savoir où tu trouves. -Donc toi et moi, on va se regarder seulement quoi, demanda Ketty une lueur taquine au fonds des yeux. -Si tu es fatiguée de me regarder avant dimanche, tu me le dis. Comme ça je te ramène chez toi répondit-il, assez sèchement sans comprendre la plaisanterie. -Je plaisantais s'excusa-t-elle. dis, où se trouvent les toilettes? - Là sur ta gauche, répondit-il en désignant une porte fermée. Pendant qu'il rangeait les provisions dans le réfrigérateur, le tournant insolite pris par sa vie, continuait de le perturber. En plus, il venait de franchir un palier supplémentaire dans l'anormalité en la ramenant chez lui . S'il était plus intelligent que ça, il serait rentré seul, quitte à retourner la voir durant le weekend se disait-il. Pourquoi faisait-il le contraire de ce que les autres entreprenaient? Afin de se sauver lui-même ou de se soigner voire de se guérir d'elle, il s'était accordé un délai de trois jours durant lesquels, il épuiserait jusqu'au bout son envie d'elle. Il espérait que le dimanche soir, lorsqu'il l'aura déposé dans sa rue, ça sera "au revoir, merci, à bientôt, on s'appelle, je te calle, à un de ces quatre", toutes ces phrases banales qui signifiaient en clair "à la revoyure, je te laisse, je me casse, je suis trop poli pour te dire que je m'arrêtes là". Puis il lui remettra une liasse de grosses coupures pour service rendue avant de disparaitre dans la nature. Il ne put s'empêcher de lui sourire quand elle pénétra dans la cuisine vêtue uniquement d'un de ses polos (Ralph Lauren tout de même). Elle était si mignonne. Sentant revenir son envie d'elle, il la souleva et la déposa sur une sorte de comptoir qui faisait office de mini bar. "Autant commencer à mettre en œuvre mon plan d'action se dit-il". Toujours consentante, Ketty se laissa faire. Quelques heures plus tard, ils étaient confortablement installés tous les deux dans la baignoire remplie de mousse; elle était blottie contre lui, le dos collé à son torse. -Ketty, demanda Pierre-Yves en shampouinant la tête de sa compagne. Pourquoi es-tu dans la rue? Où se trouve ta famille?
Il la sentit se raidir, sur le point de sortir de là, pour échapper à ses questions, mais il la bloqua en pressant ses jambes contre les siennes pour l'en empêcher. Il était temps d'en savoir un peu plus sur elle. ************************** Pierre-Yves ouvrit les yeux lorsque Ketty se glissa à ses côtés après avoir fait un tour dans les toilettes. Il passa un bras autour de ses épaules. Elle se blotti contre lui, le nez enfoui dans son aisselle. Elle était folle de l'odeur du parfum de son chéri. L'eau de toilette "Boss" de Hugo Boss la rendait folle de désir. Elle se colla plus étroitement contre lui, mais il la repoussa gentiment. -Ketty, dit-il en remettant la couverture sur elle. Tu n'as répondu à aucune de mes questions. Sans l'écouter, elle se mit sur lui et entreprit de lui mordiller les têtons et les lobes de ses oreilles, ses points faibles. En dépit de son corps qui réagissait, Pierre-Yves la maintint fermement à distance. Puis, finalement il céda. Comme si elle voulait le marquer au fer rouge et le briser à jamais, la jeune femme se déchaina comme une tigresse, l'entrainant dans une avalanche de passion où ne régnait ni tabou ni interdit. L'abdication du jeune homme,décupla ses forces. Elle choisit cinq heures , dans leur chambre plongé elle lui raconta son histoire. ********************************************************************  
Toute la journée, Pierre-Yves parut soucieux et irritable. Malgré l'insistance de Raphael, il ne desserra pas les dents. Il prétexta une urgence pour filer chez son père. Il ne pouvait plus cacher sa liaison avec Ketty. Il avait donc besoin de parler avec quelqu'un de tout ce qu'il vivait depuis trois mois. La seule personne qui comptait pour lui et qui ne l'avait jamais jugé était son géniteur. Quand, il arriva à la maison, il fut comme d'habitude accueilli à bras ouverts. Après les salutations d'usage, il se jeta à l'eau et raconta sa double vie à son père. Mais il passa sous silence les raisons qui avait poussées Ketty à quitter le domicile familial. Contrairement à lui, elle était née avec une cuillère en argent dans la bouche. Sa descente aux enfers n’en était que plus dramatique. Comment comprendre qu’une mère batte sa fille à sang parce qu’elle refusait de croire que son nouveau compagnon la violait depuis l’âge de treize ans. En effet, Ketty était la fille d’une grande commerçante très connue dans la capitale. Elle avait vécu heureuse dans le luxe jusqu’au décès de son père dont les funérailles avaient été médiatisés par les deux chaines de télévision. Le tout Abidjan, du chef de l’Etat au plus petit inconnu avait tenu à être présent pour montrer son attachement à sa veuve. Quelques mois plus tard, son remariage avec un homme de dix ans son cadet avait scandalisé la nation entière. Puis les murmures et les clameurs s'étaient tus . Personne ne sut jamais que derrière cette luxueuse villa avec piscine, une pré adolescente était abusée sexuellement par son beau père durant les voyages d’affaire de sa mère. A l'issue des soirées arrosées qu’il organisait à l’insu de cette dernière, la petite Ketty était le dessert qu’il offrait à ses invités. Une nuit, son beau père pour la réveiller avait plongé sa tête dans la baignoire remplie d’eau et de glaçons. Peu de temps après, elle s'enfuyait de la maison pour trouver refuge chez une de ses tantes paternelles à qui elle avait raconté son calvaire. Suites aux dénégations de son beau père, sa mère l'avait battu à sang en la traitant de menteuse et de fille maudite. N’eut été l’intervention de sa tante, sa mère l’aurait tué. Puis elle avait rompu tous liens avec sa fille, l'abandonna chez cette dernière alors qu'elle était en première C au lycée français. Malheureusement sa tante n’avait pas les moyens de payer les frais de scolarité avec les nombreux enfants qu’elle avait à sa charge et un époux au chômage. Au cours d'une soirée, son chemin croisé celui de Jean. Quelques temps plus tard, elle faisait le trottoir. Aux dernières nouvelles, les deux époux auraient divorcé. Sa mère avait tenté de reprendre contact avec elle en vain. « Je préfère me prostituer plutôt que de manger ne serait-ce qu’un seul grain de riz de cette femme » lui avait-elle dit. Pour clore son récit, elle lui avait appris que le crâne rasé était le symbole de sa haine contre les coups du destin. A la fin du récit de Ketty, il l'avait prise dans ses bras. -Ketty, je souhaite que tu laisse tes cheveux repousser. Tu n’es plus seule maintenant. Plus personne ne te fera de mal parce que je prendrais soin de toi. Pierre-Yves avait été choqué par ce qu’il venait d'entendre. Il avait imaginé une histoire style "les misérables", avec des parents pauvres chargés d'une pléthore beaucoup d’enfants . Or, ce que Ketty avait vécu était encore plus sinistre. C’étaient des histoires qu’il regardait sur les chaines françaises. Jamais, il n'aurait pensé voir ça en Afrique. Conformément à ce qu'il espérait, son géniteur l'avait écouté attentivement. En retour, il
lui avait raconté l'histoire de leur voisin du dessus, Monsieur Akoa; lequel avait épousé une prostituée qui tapinait devant le cinéma liberté, une vingtaine d'année auparavant. Or de Bracodi bar, à saint Michel en passant par Chicane, tout le monde la connaissait. Par conséquent, sa liaison amoureuse avait soulevé un tollé. Aujourd'hui, le voisin en avait fait une femme respectable, appréciée de tous. Pourtant Cependant, à les voir si heureux entouré de leurs enfants, personne n'imaginerait le métier qu'elle exerçait . Pierre-Yves tombait des nues. Ainsi donc, la femme aux allures raffinées qu'il saluait avec déférence était une ancienne tch...il se reprit aussitôt une tapineuse. S'agissant de Ketty, son père lui conseilla de tout mettre en œuvre pour la sortir de la rue afin de lui faire reprendre le chemin de l'école, quand bien même il n'envisagerait rien de bon avec elle. Dieu le lui rendrait au centuple affirmait-il. A cet instant précis, Pierre-Yves se jura de prendre soin d'elle. C'était une chic fille qui gagnerait à être connu. Elle savait tenir une maison. Sur ce plan là, il n’avait strictement rien à lui reprocher. Elle pourrait donner même des leçons de savoir vivre à bon nombre de femmes qu’il avait côtoyées. Elle était amusante, voire même drôle. Cependant, tout n'était pas rose. Elle changeait radicalement d'attitude quand les souvenirs de sa maltraitance ressurgissaient sans crier gare. Ainsi, elle racontait qu'hormis son père, elle détestait tous les hommes .Dans ces moments proches de la démence, quand elle ne se griffait pas les bras, elle lacérait le dos de son compagnon pendant leurs rapports sexuels. -Tous les hommes sont des chiens, affirmait-elle avec force et rage. Néanmoins, quand il lui demandait s’il faisait partie de la race d’homme qu’elle considérait comme tel, elle hésitait, puis bottait en touche en disant qu’elle ne le connaissait pas suffisamment pour savoir dans quelle catégorie le mettre. -Tu n’apprécies pas ce qu’on fait ensemble, s’énervait-t-il alors. Au lieu de répondre, elle se murait dans un silence glacial, hostile en le fixant comme un ennemi qu'on doit abattre. -Pourquoi tu te tais, insista-t-il. Ecoute! si tu penses vraiment,que je suis un chien, je préfère te ramener chez toi. Je refuse que tu me mettes dans la catégorie de tes bourreaux. Donc, habille-toi, je vais te déposer chez toi. Elle se recroquevillait à l'autre bout du lit en pleurant la tête enfouie entre ses genoux. En la voyant dans cet état, le jeune homme s’en voulait d’agir ainsi parce qu'il savait qu'elle avait souffert. Dans le fond, il voulait simplement qu’elle prononce ne serait- ce qu’une seule fois, une gentille phrase style « tu me plais ! J’aime ce qu’on fait, avec toi, les choses sont différentes, où autre chose du même genre ». Ses go blanches et quelques africaines, ivoiriennes compris, l’avaient habituées à des « je t’aime par ci, je t’aime par là ». Ce qui n’était pas le cas de Ketty qui ne disait rien, ni avant, ni pendant, encore moins après. Il avait l’impression d’être encore un client pour elle. Pourtant, il savait qu’elle ressentait quelque chose, du moins lui semblait-il. La preuve, il se souvenait de l'assaut qu'il avait subi un samedi alors qu'il s'était endormi sans la toucher. Un autre exemple qui l'amusait et le terrifiait en même, portait sur son extrême jalousie. Pendant qu'ils faisaient des courses à SOCOCE, il avait cédé le passage à une jeune femme qui portait un carton plus lourd que le sien. La réaction de Ketty, dans ce lieu public ne s'était pas fait attendre. La pauvre fille fut traitée de "voleuse de mari" et lui de "sale pervers". Elle le traitait comme sa propriété privée ou bien...comme son...chien!
Malgré tout ça, Il l'avait dans la peau, cette fille. Ce qui ne l'empêchait pas de s'en vouloir d'être dans la position de celui qui quémande; qui veut qu’on l’aime; qui veut comme un toutou qu’on lui caresse la tête. Bref, il ne comprenait pas du tout ce qui lui arrivait. *************************************************************************  ****** Kader et Raphael regardaient Pierre-Yves, comme un extra terrestre soudainement apparu en pleine kermesse. Ce dernier alluma une cigarette, détendit ses longues jambes musclées avant rejeter la fumée en direction du plafond. Il leur avait donné rendez vous chez lui après avoir avoir déposé Ketty chez sa tante. La bonne dame à qui il s'était présenté comme étant un ami à sa nièce avait été conquise par sa gentillesse. Car, il n'était pas arrivé les mains vides dans leur cour familial. -Patissanglante, ne cessait-il de répéter en secouait la tête. Donc, tu couches en douce avec la petite Ketty? -Oui, répondit simplement son ami. Je couche avec et, elle habite pratiquement chez moi. J'ai trouvé que le moment est venu de vous mettre au courant. -Papapa, Pierre-Yves, tu couches avec une prostituée? Même pas une prostitué de luxe..."Djo", ce n'est pas une bonne affaire ! je reconnais que la p'tite est belle. Sa beauté à la "Amber Rose" fait tourner pas mal de tête, y compris la tienne. Cependant, les autres se sont contentés de passer dans sa vie. Pourquoi, toi tu veux y rester? Parce que c'est cela, non? Ce dernier qui s'attendait à une telle réaction, préféra se taire plus tôt que de se lancer dans une discussion qui pourrait virer à la prise de tête. Il se tourna vers Raphael qui se contenta de hausser les épaules. -N'oublies pas que tu es un DG de société, poursuivit Kader. Le ton employé par celui-ci exaspéra le jeune homme. -Tu crois qu'elle va rester prostituée toute sa vie, demanda Pierre-Yves. Pour l'instant, il n'est pas question de mariage. Nous sommes des frères, donc... -Prostituée reste prostituée dèh, l'interrompit Kader. Pierre-Yves sauta sur ses pieds, en pointant un doigt sur son ami et frère -Hé monsieur le donneur de leçon, tu crois que je ne sais pas que tu te tapes ma sœur Irène alors que tu es fiancé! Tu crois que je ne sais pas que c'est toi qui l'as déviergé alors qu'elle n'avait même pas 15 ans! Je ne me mêle pas de vos affaires parce que vous êtes majeurs et vaccinés! si elle suffisamment conne pour être ta maitresse alors que tu as été son premier gars, c'est son affaire ! Si je veux rester dans la vie d'une femme que tout Abidjan s'est envoyé , c'est mon problème! Alors ta morale, tu peux te la mettre où je pense. Cependant, tu ferais mieux de te revoir, un musulman qui se saoule la gueule au gin dès le matin, n'est pas un bon exemple pour moi... Parce que tu es mon frère, je ne te juges pas. Je t'ai avoué mon secret! je ne t'ai pas demandé de faire une dissertation sur les avantages et les inconvénients d'épouser une prostitué! Quand à toi Raphael, je sais pourquoi tu ne dis rien. Tu sautes sur tout ce qui bouge. A ton âge, tu es incapable de faire plus d'un mois avec une "go". Il se leva et ouvrit la porte d'entrée.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents