Le Vampire des Bois
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Description

Sabrina Batoul Le Vampire des Bois er Valentin Faros fut la première victime connue. Il était quatre heures trente le jeudi 1 septembre 1990 dans la commune provinciale de Sainte-Marie-Plaisance lorsque le jeune garçon de neuf ans entreprenait le trajet de retour entre son école et son domicile situé à deux cents mètres de cela. La disparition fut signalée à dix-neuf heures par les parents auprès de la police municipale, ce qui eut pour résultat une mobilisation d’une soixantaine de bénévoles consacrés à la recherche de Valentin et de l’alerte enlèvement diffusée dans tous les médias nationaux. Tous ces efforts, malheureusement sans aucun témoin potentiel ni avant ni après l’enlèvement, n’aboutit à rien. Au bout de soixante-douze heures sans nouvelles de l’enfant, la police perd espoir de le retrouver vivant et l’on commence à balayer les sentiers de la forêt bordant la petite ville. L’affaire est suivie par les médias depuis le premier jour de recherche, et ce sont des milliers de petits mots encourageants qui sont envoyés à la famille via le site internet dédié à la recherche de Valentin. Le destin frappe cruellement le 7 septembre 1990 lorsque le corps sans vie de Valentin Faros est retrouvé à la bordure du bois. La position du corps, comme s’il était dans un cercueil et les mains soigneusement disposés sur la poitrine, démontre que le jeune garçon n’a pas été tué sur place.

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Publié le 28 mai 2014
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Langue Français

Extrait

Sabrina Batoul Le Vampire des Bois
er  ValentinFaros fut la première victime connue. Il était quatre heures trente le jeudi 1 septembre 1990 dans la commune provinciale de Sainte-Marie-Plaisance lorsque le jeune garçon de neuf ans entreprenait le trajet de retour entre son école et son domicile situé à deux cents mètres de cela. La disparition fut signalée à dix-neuf heures par les parents auprès de la police municipale, ce qui eut pour résultat une mobilisation d’une soixantaine de bénévoles consacrés à la recherche de Valentin et de l’alerte enlèvement diffusée dans tous les médias nationaux. Tous ces efforts, malheureusement sans aucun témoin potentiel ni avant ni après l’enlèvement, n’aboutit à rien. Aubout de soixante-douze heures sans nouvelles de l’enfant, la police perd espoir de le retrouver vivant et l’on commence à balayer les sentiers de la forêt bordant la petite ville. L’affaire est suivie par les médias depuis le premier jour de recherche, et ce sont des milliers de petits mots encourageants qui sont envoyés à la famille via le site internet dédié à la recherche de Valentin.  Ledestin frappe cruellement le 7 septembre 1990 lorsque le corps sans vie de Valentin Faros est retrouvé à la bordure du bois. La position du corps, comme s’il était dans un cercueil et les mains soigneusement disposés sur la poitrine, démontre que le jeune garçon n’a pas été tué sur place. Chose frappante, le corps est entièrement vidé de son sang et est marqué à dix-sept reprises par ce qui semble être des morsures humaines. Malgré ces mutilations, aucune trace ADN n’est retrouvé ni aucune empreinte digitale. Le cadavre est d’une propreté méticuleuse.  Lanouvelle provoque un immense émoi dans la population de tout le pays et une marche blanche est organisée dans la ville deux jours plus tard. Le 11 septembre, deux mille personnes s’agglutinent dans le petit cimetière de Sainte-Marie-Plaisance où s’opère l’enterrement. Les parents, s’agrippant l’un à l’autre devant le petit cercueil de leur fils, restent cependant dignes dans leur douleur et refusent de s’exprimer devant les caméras. Ce sont à la place les amis de la famille,le personnel de l’école municipale, les habitants de la petite bourgade ou de simples compatissants qui brandissent les photos de Valentin Faros sous la lumière des projecteurs et réclament justice; ainsi que les policiers chargés de l’affaire qui affirment concentrer toute leur énergie pour retrouver le coupable de cet horrible meurtre que les journalistes surnomment à présent « le Vampire des Bois ».  Pourtant,vingt-deux ans plus tard, le coupable court toujours. Et plus inquiétant encore, c’est quatre-vingt-huit corps qui ont été retrouvés jusqu’à ce jour dans toute la région, eux aussi complètement dépourvus de leur sang avec des traces de morsures des pieds à la tête et leur carotide tranchée à coups de dents. La similitude du mode opératoire et de la zone d’action, malgré le fait que les victimes soient de tout sexe, de tout type et de tout âge avec pour seule point commun qu’ils habitaient tous la région, poussent à croire que tous ces meurtres soient le fruit d’un seul et même tueur, celui à qui on a donné le nom du Vampire des Bois. Le tueur agit une fois tous les trois mois, c’est-à-dire quatre morts par an, et sur les quatre-vingt-huit victimes, cinquante et une ont été retrouvées dans la lugubre forêt de Sainte-Marie-Plaisance, la même où fut retrouvée le corps de Valentin Faros.  Depuistoutes ces années, les autorités se déclarent dépassées par cet assassin insaisissable qui est le premier criminel en France à se voir attribuer l’appellation de tueur en série. Malgré le fait que la police reconnaisse désormais le phénomène desserial killers surle territoire français, la profession de profiler n’existe pas encore réellement chez nous et les pionniers sont sujets aux moqueries de la part de leurs confrères. Aucun profil psychologique n’a donc été effectué à partir de la série de meurtres pourtant énorme du Vampire des Bois qui continue à sévir en toute liberté, déchiquetant à la seule force des mâchoires les cous tendres de ses victimes, suçant très certainement leur sang.
Il a d’ailleurs déjà été remarqué qu’il est extrêmement troublant qu’un être humain puisse ingurgiter autant de sang (le corps humain contenant trois litres de sang au total), le nombre de morsures ne faisant aucun doute de cette pratique. Ce trait bien mystérieux de cette affaire a fait naître nombre de théories passionnées sur l’existence véritable des vampires et de pèlerinages dans le bois de la bourgade désormais tristement célèbre, notamment devant le panneau rendant hommage à Valentin Faros qui n’estdépourvu de bouquets de jamais fleurs, même en plein hiver.  Leshabitants de Sainte-Marie-Plaisance ne cessent de se déclarer excédés des journalistes réalisant des reportages sur le paranormal venant enquêter sur place et interroger des passants souvent hostiles à leur égard. C’est également un défilé sans fin de curieux attirés par le mystère morbide que transpire la forêt mais aussi d’effrayants personnages bien réels tels que des adeptes de vampirisme, de groupes sataniques venant organiser leurs rituels et même de trois étudiants en cinéma voulant reproduire le concept du filmthe Blair Witch Project(trois étudiants américains en cinéma, également, se rendent dans la forêt de Blair dans le Maryland où la légende raconte qu’y demeure une sorcière, afin de réaliser un documentaire sur le sujet et parvenir à la filmer. Les trois jeunes gens disparaissent trois jours plus tard et laissent derrière eux un vidéo film dévoilant leur terrifiant séjour dans la forêt). On a voulu faire croire à sa sortie que le film était un réel document, mais il est officiellement avéré que c’est un pur ouvrage de fiction. Nostrois étudiants à nous ne disparaitront ni ne rencontreront le Vampire des Bois, mais diffuseront néanmoins leur reportage où ils dévoilent les images dans la forêt profonde d’une tombe solitaire, ancienne d’environ trois siècles et surmontée d’un ange funèbre magnifiquement sculpté. Le nom du défunt et la date de naissance et de décès sont quasiment illisibles, mais l’on suppose qu’il soit marqué « Vincent Fontaine», qu’il soit né en 1737 et mort en 1778.Accusé d’être un canular, le reportage alimente malgré tout la publicité déjà riche autour de Sainte-Marie-Plaisance et attire encore plus de visiteurs désireux de trouver à leur tour la mystérieuse tombe. Cette fois n’en pouvant plus du flot de visiteurs s’imposant sur les lieux, particulièrement quand un nouveau corps est retrouvé, les habitants de la bourgade organisent une manifestation réclamant des mesures concrètes de la part des autorités. La directrice de l’association Les Victimes des Bois, Valérie Cardinal, déclarela vie ici est devenue: « invivable. Nous sommes harcelés par tous ces gens qui veulent visiter la forêt ou qui réclament des témoignages. Nous sommes tous dégoûtés par la fascination exercée sur un assassin qui tue de sang-froid. Est-ce qu’un seul des curieux qui viennent ici pense un seul instant aux vies brisées des quatre-vingt-huit victimes et de leur famille ? ». Un membre de l’association, Mohammed Zeitoun, souligne une conséquence importante : « A cause des meurtres et du phénomène que ça entraîne chez tous ces fous, la valeur de nos maisons ont énormément chuté depuis vingt ans. Même à un prix dérisoire, il est quasiment impossible de vendre car personne ne veut venir habiter ici. Nous sommes coincés. »  Ladernière victime se prénommait David Trézel, était un ingénieur de trente-sept ans, marié et père de deux enfants. Son corps a été retrouvé le 27 novembre 2012 à la bordure de la fameuse forêt de Sainte-Marie-Plaisance, le cou presque entièrement tranché par la terrible morsure de l’assassin. Le corps était entièrement vidé de son sang avec au total de neuf mutilations aux bras, aux cuisses et une au torse, et toujours sans aucune empreinte digitale de l’assassin. Il ne portait sur lui que ses sous-vêtements.  Ainsiest la vie dans cette ville qui avait jusque-là connu qu’une paisible tranquillité. Chacun vit dans l’angoisse de savoir qu’un nouveau cadavre viendra à être découvert au détour du bois ou dans les champs de la région. Une angoisse terriblement fébrile serre toutes les gorges à chaque délai de trois mois et tous se demandent, oui tous… qui sera le prochain ?
***  Sesbelles lèvres pâles se penchent sur moi alors que je me blottis dans la chaleur de mon lit. L’obscurité de ma chambre voile subtilement ses yeux déjà sombres comme les ténèbres, et pourtant, je m’en sens irrésistiblement attirée. Sa main froide dégage mes longs cheveux bruns de mon cou fin et intact. Assoiffé, il se pourlèche les lèvres, dévoilant ses effrayantes canines d’une blancheur éclatante. Un frisson me parcourt tout le long des vertèbres, mais je n’ai pas peur. Je le désire. J’ai envie delui plus que tout. Mes pieds frottent mes draps d’impatience et un esclaffement s’échappe de lui. Il m’encercle de ses deux mains en les appuyant sur le matelas de part et d’autre de mes épaules et se penche encore plus en avant, ouvrant grand sa gueule pleine de crocs acérés contre ma peau tendre. Mon corps se cambre lorsque je me sens pénétrée, et un long soupir s’écoule de ma poitrine. Il sent délicieusement bon. Son visage se redresse contre le mien un moment et me laisse voir sa bouche dégoulinante de mon sang. Dieu que cet homme est beau. Je lui lèche doucement les lèvres, et fougueusement, il se remet à sucer la plaie dans mon cou et j’halète, soupire, crie, et griffe frénétiquement les draps. Lasombre créature se relève quand plus aucune goutte de sang ne reste, et demeure planté là à m’observer, raide comme un mort. Un rictus se dessine sur ses lèvres ensanglantées et se transforme en un horrible sourire satisfait. Me redressant légèrement, je baisse les yeux sur mon corps et un affreux haut-le-cœur me prend: tout mon corps nu est sauvagement marqué de morsures qui m’ont arraché des lambeaux de peau par endroit. Ça ressemble à un vrai terrain de guerre. Je pousse un long cri d’effroi qui me donne la chair de poule à moi-même et brusquement, avec la violence d’un coup de massue sur la tête, je me réveille dans le noir d’encre de la nuit.Je n’hurle pas dans la réalité mais la terreur est bien là, raidissant mes membres, remontant mon cœur au fin fond de ma gorge et dressant mes cheveux sur la tête. Pendant un moment indéterminable je suis paralysée. Encore lui. Encore ce vampire qui vient me hanter dans mes songes les plus intimes. N’en pouvant plus de rester plongée dans l’obscurité angoissante, j’allume fébrilement ma lampe de chevet et soulève ma couverture. Aucune trace de sang, aucune trace de morsure. Je rabats ma tête sur l’oreiller en soupirant de soulagement. Maistrès vite, mon regard se dirige vers ma fenêtre. Aucun bruit, pas même le craquement d’une branche, ne se fait entendre. Doucement je me lève du lit, m’approche des vitres obscures et ouvre les battants. Nous sommes en février et l’air glacé me mord instantanément la peau. Je scrute longtemps le jardin immobile… Je tremble plus pour ce que je pourrais voir que pour le froid. Je regarde alors vers le portail de la maison faiblement éclairé par un lampadaire… Rien. Absolument rien, et je ne sais pas si ça me rassure. Je sais qu’il me guette. Souvent il reste devant la maison et observe ma fenêtre sans bouger. Il disparait trente minutes avant de revenir comme par magie, et ce toute la nuit. Certaines nuits. Il vient de la forêt, j’en suis sûre. Et je sais qu’il n’est pas humain. Je ne suis pas folle, je le vois très bien quand il se tient la nuit devant chez moi. Et aucun humain ne resterait strictement immobile comme lui durant plusieurs heures d’affilées. Jereferme la fenêtre, tire les rideaux et retourne me coucher en laissant la lumière allumée. Ce manège ne dura pas éternellement. Un jour, je le sens, il finira par s’approcher de moi. Et il fera peut-être de moi sa quatre-vingt-neuvième victime. Cela fait déjà trois mois. Je me réveille à neuf heures avec l’impression d’avoir dormis cinq minutes. Je pense encore à mon rêve fait cette nuit lorsque mon nez flaire l’odeur des pains perdus de ma mère depuis la cuisine d’en bas. Je me lève sans attendre une seconde de plus. Le matin, je suis une vorace.
 Jedescends, toujours en pyjama, et retrouve ma mère comme prévu dans la cuisine qui me sert dans l’instant des pains perdus sur une assiette. Ça a toujours été mon petit luxe du matin, cette rapidité du service. Je m’assoie à la table tout en lui disant bonjour, et c’est lorsque je croque ma première bouchée qu’elle m’annonce sans préambule: -Il faut que tu ailles au cimetière après que tu aies finit de manger. Christian a appelé, tous les gens de l’association sont là-bas. Des tombes ont été profanées durant la nuit. Je reste interdite durant trois secondes, la regardant avec toujours mon pain dans la bouche. -Ne prends pas trop ça à cœur, Inès. C’est choquant, mais ne le prend pas personnellement. Je te connais plus que tu le crois. A peine a-t-elle finit sa phrase que sans terminer mon repas je monte m’habiller et faire ma toilette. Ça ne prend pas dix minutes que je redescends en trombe, sac en bandoulière à l’épaule.-Je t’appelle dans la journée, dis-je à ma mère avant de passer la porte d’entrée et de m’installer dans ma voiture.Le cimetière est à la sortie de la ville, à trois minutesen voiture, et n’a cessé de s’agrandir depuis vingt-deux ans. Cinquante et un assassinats plus les décès annuels des petits vieux, ça en fait du monde à placer. Le parking est blindé lorsque j’arrive et une foule pareille à chaque enterrement qui sepasse ici fourmille devant les grandes portes d’entrées ouvertes du cimetière. Je me gare une rue plus loin et m’avance vers la scène à grand pas. Le bruit s’amplifie à mesure que je m’approche de la foule et vois Valérie, la présidente de l’association,qui dialogue avec les flics tandis que des caméramans escaladent le muret pour ne rien perdre des tombes profanées.  «Inès ! » Je reconnais la voix. Je m’avance encore et trouve Christian derrière la foule.-On n’avait besoin que de ça… me dit-il en me faisant la bise. -Combien de tombes ? -Cinq, six tout au plus. -Je m’attendais à plus.-Ce n’est pas du simple vandalisme qui aurait pu être commis par des satanistes. Les tombes ont carrément été ouvertes et il manque les corps. C’est pour ça que tous les membres de l’association ont été appelés. Ça concerne que les victimes du Vampire.Ilme faut un moment pour digérer la nouvelle. J’en reste horrifiée.-On sait à qui appartiennent les tombes ? -Non, pas encore. Christian est entré dans l’association pour les mêmes raisons que moi: personne de sa famille n’appartient au nombre des victimes, mais il vit dans la peur qu’un jour ça le devienne. Et en attendant le prochain le cadavre, il ne veut pas rester inactif. Moi je n’ai que vingt-deux ans, mais lui et sa femme ont une petite fille. Quand ils sont venus habiter ici, l’agent immobilier ne leuravait rien dit de la dangerosité du coin. Toutes leurs économies sont passées dans leur pavillon.  «T’en fais pas Christian» est tout ce que j’arrive à dire au milieu de cette angoisse. Un peu comme pour me rassurer moi aussi. Christian sourit. -Va plutôt dire ça aux parents de Gregory, me réplique-t-il en me les montrant du menton. Je me retourne et les vois tous les deux, pâles comme des linceuls. Entretenir la tombe de leur fils est un moyen pour eux de tenir le coup depuis l’enterrement l’année dernière. S’il fait partit des tombes profanées, je crains la pire des réactions. Tout à coup l’agitation se fait plus intense et Laura, une autre membre de l’association qui jusque-là se faisait un chemin dans la foule, accoure à nous et n’a pas le temps d’ouvrir la
bouche que les parents de Gregory s’effondrent en larmes devant un des flics. Nous les regardons le cœur serré, puis Laura se retourne sur nous.-Y en a six en tout. Y a Gregory Lambert, entre autres, et Valentin Faros. Ça va faire du bruit cette merde. J’ai toujours détesté regarder les infos. Mais comme à chaque fois que Sainte-Marie-Plaisance fait la une du vingt heures, je suis scotchée devant la télé. Même si j’en sais beaucoup plus grâce à l’association. Valérie parle face caméra dans mon salon et crève l’écran de sa sincérité. «Nous demandons solennellement aux autorités de réagir. Nous comptons à ce jour quatre-vingt-huit victimes du Vampire des Bois, et rien n’est fait pour empêcher qu’il tue à nouveau. Nos démarches de sensibilisation ne servent à rien tant que la police n’agit pas en conséquence. Combien de morts faudra t-il encore ? » Je m’esclaffe amèrement. Les gens derrière leur télé n’ont aucun moyen de s’imaginer que cette chère Valérie empêche chaque membre de l’association à parler aux médias à sa place. Elle dit qu’elle préfère que les choses soient bien faites, mais la vérité est qu’elle aime trop le son de sa propre voix.  «Nous ne cessons de plonger dans l’horreur, déclare-t-elle. Il faut retrouver les corps disparus des victimes. Ces personnes, avant d’être des morts, avaient des vies, une famille. Ils faisaient partis du monde. Je vous en prie, que ça coupe pas à l’antenne! Voici leurs noms :Gregory Lambert, Georgina Martin, Carine Konaté, Fabrice Marin, Diane Kalb, et Valentin Faros. Merci. »  «Salope », me gêne-je pas de dire à voix haute à côté de mes parents. -Elle est si bonne actrice que ça ? demande mon père en buvant sa gorgée de ricard. -Oh que oui. C’est sa mère qui aété tué par le Vampire, mais en vérité elle attendait qu’elle meure depuis des années déjà. Un héritage à cinq cents mille euros. Elle préside l’association juste parce que ça lui donner l’occasion d’exercer du pouvoir. Les bons sentiments engendrent les plus grands salauds. Ma mère roula des yeux à la seule attention de mon père et reporta son regard sur la télé. -Pourquoi ont-ils volé les corps ? demande mon père à lui-même. -Romuald, peste maman, arrête de parler de ça. Ce sont des fous, c’est tout.-Cette question a le droit d’être posée, réplique-je. Je pense que…-Tu t’y impliques trop, Inès. J’ai toujours été réticente à ce que tu entres dans l’association, et je vois bien que tout ça te monte à la tête.-C’est pas vrai! -Zoubida, intervient papa, c’est bon, ça va. Inès sait ce qu’elle fait.Le salon plonge alors dans un silence embarrassant et je ne tarde pas à monter dans ma chambre. Si l’on observe cet évènement d’un point de vue rationnel, la profanation des tombes et le vol des cadavres est à n’y rien comprendre. Mais imaginons que nous soyons fous. Oui, imaginons que les vampires existent bel et bien… Il se pourrait bien que… Non. Non, non. C’est vraiment à n’y rien comprendre.Chaque soir, la nuit venue, je regarde à ma fenêtre si l’étrange créature humaine est là ou pas. Et ce soir, comme tant d’autres soirs, je le vis. Et il ne bougeait pas d’un millimètre.Le jour pointe à peine dans le ciel bleu glacé lorsque j’arrive dans les bureaux de l’association ce matin. C’est une maison à deux pas du bois payée avec les dons reçus via le site internet, et elle risque de grouiller de monde au cours de la journée. La profanation des tombes allaient donner lieu à une nouvelle ouverture d’enquête que nous n’arriverions pas à mener puisque la police, bien sûr, ne nous laisserait pas accéder à leurs dossiers ; et à une campagne de sensibilisation des médias et des procureurs. Valérie jouerait les victimes à merveille.
Evidemment, il n’y a encore personne dans la maison. J’allume alors les lumières, mets le chauffage en marche et dépose mon manteau et mon sac sur un des bureaux. Je n’ai pas arrêté de réfléchir de toute la nuit, vérifiant chaque dix minute si le vampire était toujours à ma fenêtre. Qui a bien pu profaner les tombes ? Pourquoi avoir emporté les cadavres ? On pourrait directement penser au Vampire des Bois, mais cela ne fait pas partie de son rituel. Il kidnappe une proie, l’emporte Dieu sait où, mord sa victime avec une sauvagerie sans nom, suce son sang et se débarrasse du corps soit dans notre bois, soit dans un champ de la région. Le sang est ce qu’il convoite, puisqu’aucune mutilation autre que des morsures n’a été retrouvée sur les quatre-vingt-huit victimes connues, si ce n’est des traces approuvant qu’elles se soient débattues. Une fois dépourvu de sang, les corps n’ont plus aucun intérêt pour l’assassin, cela n’a donc aucun sens qu’il ait voléles cadavres de ses propres victimes.  Cequi me troublait également, était de savoir comment les tombes avaient bien pu être ouvertes en plein milieu de la nuit. La dalle de pierre a été soulevée, la terre profondément creusée et le cercueil décelé pour ensuite s’emparer du mort, et ce à six reprises. Impossible qu’un homme est pu faire ça seul, c’était un groupe. Et ils devaient être au moins douze, si ce n’est trois par tombe pour avoir fait cela sans les instruments usuels utilisés par les croque-morts. Cela m’avait étonné qu’il n’y ait que si peu de tombes profanées, et elles sont toutes à différents emplacements du cimetière, les victimes étant décédées à des années d’écart. Les choix des tombes étaient donc ciblés. Bon Dieu de merde, à quoi tout cela rime ? Il me faut quelqu’un pour réfléchir. Je fouille alors dans mon sac et appelle la seule personne qui ne m’enverrait pas bouler en cette heure si matinale: Laura. «Dis-moi au moins que tu sais qu’il est précisément sept heures cinq? »est lauante-deux du matin première chose que j’entends d’elle.--ce queBien sûr que je le sais, je suis réveillée je te rappelle. Enfin bref, salut déjà. Est tu peux me rejoindre à l’association? Je l’entends rire à l’autre bout du fil.-Je faisais un très beau rêve, tu sais ? me dit-elle. Je rêvais de ce superbe acteur que tu m’as fait découvrir, comment il s’appelle déjà…? -James Franco ? -Voilà. Je rêvais de James Franco, et c’était magique. Jusqu’à ce que tu appelles.-Et bien maintenant que tu esréveillée, viens me voir. J’ai besoin de toi pour réfléchir. Mon cerveau marche à plein régime, il faut que j’évacue tout ça.-Okay, okay. J’arrive. Je suis là dans une demi-heure. Laura pénètre dans les bureaux à l’heure et me tend un petit sac deboulangerie rempli de pains au chocolat. -Sers-toi, c’est la maison qui régale, m’annonce-t-elle souriante tandis qu’elle enlève son manteau et s’installe sur un fauteuil.Je lui souris en retour et m’exécute.-Alors Inès, raconte-moi tout. -Maintenantque t’es là, je sais plus par où commencer.J’observe un long moment les longs et beaux cheveux auburn de mon amie, replongeant dans ma concentration. Les tombes profanées… le Vampire… les meurtres… l’enquête…-Qu’est-ce que tu en penses toi, de tout ça ? demande-je. -De tout ça quoi ? -Des meurtres. Du Vampire des Bois. Du fait qu’il tue depuis si longtemps. Qu’est-ce que t’en penses? Elle détourne les yeux, réfléchit en fronçant les sourcils, puis me répond : -Que la police nous cache des choses. A mon avis, les morsures du tueur les dérange. C’est pour ça que l’enquête n’avance pas.
-Les morsures, c’est-à-dire…-Ils ont sûrement dû retrouver de l’ADN, ou un truc du genre. Tu laisses de la salive en mordant, surtout si c’est à une dizaine de reprises sur unseul corps. Je veux dire… Tu ne peux pas tuer quatre-vingt-huit personnes sans commettre une seule erreur. -Les morsures les dérange…, répète-je à moi-même. -Ouais, tout à fait. L’association a été créée spécialement pour mener l’enquête en parallèle de la police, sauf qu’on nous a toujours refusé l’accès au dossier. Même le meilleur avocat qu’on a engagé n’a pas pu nous obtenir ça. Et pourquoi, hein? -Tu disqu’on ne peut pas commettre quatre-vingt-huit meurtres sans commettre d’erreurs et si, justement, le tueur n’en commettait vraiment aucune? Ce ne serait pas humain, non ? -Non, affirme fermement Laura, avant qu’elle ne plisse son regard et le plante dansle mien. Ce ne serait pas humain, non ? -Ne commence pas à me dire que tu crois à ces conneries, Inès ? J’ai tout à coup l’impression de me faire remonter les bretelles par ma mère, et je ne peux m’empêcher de baisser les yeux. Je pensais un temps à lui confierque quelqu’un d’étrange vient à ma fenêtre chaque nuit et que cela me fait peur, mais je vois bien maintenant à ses yeux que jamais Laura ne me croirait. Je suis toute seule dans cette terreur. C’est fou, complètement fou de croire que les vampires existent et pourtant, pour une raison que j’ignore, cette explication à tous ces meurtres est la seule qui me rassure. Sans doute parce qu’elle trouve un sens. Jeme ragaillardis et questionne à nouveau Laura : -Et ta théorie sur la profanation des tombes ? -A mon avis, ce n’est pas le tueur. Mon intuition me dit que c’est plutôt des petits malins qui croient à tout ce qui est vampirisme et qui ont voulu se prémunir des victimes qui auraient pu se transformer en créature des ténèbres. Un peu comme planter un pieu en pleine poitrine, sauf qu’eux ont préféré emporter les cadavres. C’est carrément glauque.-Tu l’as dit. Mais pourquoi spécialement ces six-là ? Pourquoi eux ? -Ça, c’est le vrai mystère. Le petit Valentin Faros, en plus…Je reste songeuse unmoment. Mon esprit s’est déjà envolé en arrière, à propos de l’identité du tueur. -Ton instinct a toujours primé sur tout le reste, n’est-ce pas Laura? C’est ce que tu m’as toujours dit? Elle hésite avant de prononcer oui à contrecœur.-Alors dis-moice qu’il te dit réellement. Pourquoi la police ne nous a jamais laissé accéder au dossier de l’enquête. De quoi veulent-ils nous mettre à l’écart. Tu as dit que « les morsures des dérange ». Réfléchis. -Je n’aime pas cette conversation.-T’as juste peur de changer d’avis.Elle peste en tapant du pied sur sa chaise et je crains tout à coup de la faire fuir. Pourvu qu’elle n’aille pas dire à tout le monde que je suis folle. Mais elle se calme, respire profondément, et concentre son regard sur ses pieds, les bras croisés sous sa poitrine. Réfléchis. -Tu as participé aux recherches tout comme moi, dit-elle enfin. Tu as vu les morsures de tes propres yeux comme je les ai vus des miens…-Oui…-Et ils étaient bien humains. Aucune trace de canines proéminentes, ou je sais pas quoi…-Laura, on n’est pas dans un roman d’Anne Rice.
-Dans Twilight, les vampires n’ont pas de grosses canines eux par contre.Je me redresse sur ma chaise, outrée. -Comment oses-tu parler de Twilight ? -Je… Bon, ok. N’empêche que… lesmorsures ne font pas « vampire ». -Et qu’est-ce qui fait « vampire »? Qui dit que qu’ils ont de grosses canines, qu’ils sont pâles ou que l’ail les repousse vraiment? Elle soupire, à court d’arguments.-Le sang des victimes est sucé, insiste-je, c’est un fait. Le corps humain compte trois litres de sang au total. Tu ne trouves pas ça énorme qu’un simple homme puisse avaler autant de sang à la fois ? -Un simple homme tomberait malade après un litre de sangavalé. Mais…-Mais quoi ? -C’est trop dingue. Un vampire quoi. Tu te rends compte de ce que tu dis? Je n’arrive même pas à croire qu’on parle de ça.Je n’ose rien répondre. C’est vrai, c’est trop dingue. Nousrestons un long moment sans rien nous dire. Moi ruminant ma santé mentale, et elle faisant sûrement la même chose de son côté. Je me repasse tout dans la tête… Les morsures. Les corps vidés de leur sang. Aucune trace ADN. Une victime chaque trois mois. Chaque habitant de la région est une proie potentielle. La police qui nous empêche de consulter le dossier.Les morsures les dérange. Comment tuer quatre-vingt-huit hommes sans commettre une seule erreur? Un tueur en série, avec un rituel bien défini. Un monstre.Ce n’est pas humain. -Et si c’était bel et bien un vampire, mais pas comme ceux qu’on voit dans les films? me dit soudainement Laura. Je lève les yeux sur elle, intéressée. -Richard Chase, Peter Kürten, Fritz Haarman. C’étaient tous des tueurs en série qui ont bu du sang et qui ont aimé ça. Les vampires de la vraie vie. -Quel est son mode opératoire, d’après toi? -Il traque une personne qu’il repère dans la rue. Pour çail doit passer inaperçu, ce qui veut dire qu’il ne vit pas dans la forêt comme un clochard. Il est comme nous, propre et bien vêtu. Il kidnappe. Il emporte le corps chez lui. -Peut-être trop risqué, non ? Ça laisse des traces. -C’est peut-être là que sont toutes les traces. -Non, les cadavres sont trop propres pour qu’il puisse négliger son appartement. Ça doit se passerà l’extérieur, peut-être dans la forêt même. -Et il abandonnerait les cadavres à plusieurs kilomètres de la scène de crime pour ne laisser aucun indice. Oui, pas con…-Il doit connaître les bois par cœur. La majorité des corps ont été retrouvés là-bas. Sûrement qu’ils ont une signification particulière pour lui.Laura réfléchit longuement avant de déclarer : -C’est l’un des nôtres. Il habite sûrement Sainte-Marie-Plaisance. Un frisson m’aurait longuement traversé la colonne vertébrale si la sonnerie de montéléphone portable m’en avait laissé le temps. J’y réponds aussi vite que l’éclair.-Allô ? -Allô oui, c’est Christian, salut. Je fais passer le message à tout le monde. On a retrouvé les six cadavres volés. J’attrape le bras de Laura en ouvrant de grandsyeux. -Ils sont dans le parc juste à côté de la mairie. La police est sur les lieux. -Qu’est-ce qui se passe ? interroge Laura. -O… Okay, j’y fonce, réponds-je à Christian. -Qu’est-ce qui se passe ? insiste-t-elle alors que j’ai à peine raccroché.
-Ils ont retrouvé les corps volés. Tu viens avec moi ? J’avais déjà vu des cadavres avant. Je suis volontaire pour les battues dans les bois depuis mes dix-neuf ans, et j’ai découvert moi-même deux corps. Mais des squelettes plantés de pieux situés en plein parc municipal, ça c’est une nouveauté. Laura avait bon sur sa théorie.-Putain de tarés, ne s’empêche-t-elle de dire. Les journalistes sont déjà là à mitrailler la scène de flashs et de lumière, à interviewer les policiers déjà bien occupés et surtout, à recueillir les réactions de Valérie, plus survoltée que jamais. Si seulement elle pouvait fermer sa gueule. -Quelle est l’organe dans la gorge qui te permet de parler, déjà? demande-je à Laura. -Pff, je sais pas. Pourquoi ? -Pour rien, pour rien…Je n’arrive pas à détacher mes yeux des squelettes sur l’herbe. C’est surnaturel. J’ai l’impression d’être dans un film avec de la musique grave flottant autour de moi. Et puis l’idée me vient de lever les yeux sur la foule grouillante tout autour. Des flics qui se démènent. Des médecins légistes dans leur combinaison blanche. Des journalistes avides. Des membres de l’association, comme nous. Deshabitants de Sainte-Marie-Plaisance, particulièrement les femmes au foyer et les petites vieilles, certaines qui paradent scandalisées devant les caméras, et d’autres qui restent simplement en retrait, horrifiées. Et il y a ce rigolo, là-bas. Complètement à l’écart. Il est jeune, dans les 25 –30 ans, barbu, la vue du savon doit le faire trembler comme une feuille et il est entièrement vêtu de noir. Même à distance de trente mètres, quelque chose me dérange dans son regard. Il est sombre, et il sait pas le cacher. Je le montre du menton à Laura. -Et alors, quoi ? réagit-elle. -Il a une tête de déterreur de cadavres. -Mais non, il a une tête de…Elle le regarde mieux cette fois-ci, et puis me dit : -Enfin si, il a une bonne tête de psychopathe, c’est sûr. Mais ça ne veut rien dire.-Rester au loin comme ça avec une dégaine pareille, c’est pas net.-Inès, tu vois bien que c’est quelqu’un qui n’aime pas les gens. Pourquoi il viendrait se mélanger aux autres? De toute façon, il se ferait remarqué rien qu’à l’odeur. Alors bon, il est bien là où il est. -Je te paris qu’il sera au cimetière ce soir.-Tous les tarés serontau cimetière ce soir, et les soirs d’après. Et ça ne m’étonnerait pas que la police garde l’endroit maintenant. T’auras l’air maline si tu te fais arrêter pour avoir rôdé entre les tombes. Je ris. Elle n’a pas tort.-Je compte pas pénétrer le cimetière, juste observer de loin, voir qui s’y approche.-Et ça t’apportera quoi? -Appeler les flics au moindre truc louche. -Non. T’en fais une affaire personnelle, et ce n’est pas bon. Tu te crois dans un film, surtout. Tu n’attraperas pas le Vampire, tu sais ça ? -Tu viens avec moi ou pas ? me contente-je de lui répondre. Elle soupire bruyamment, se tourne sur les squelettes que les policiers commencent à embarquer, puis sur le mec bizarre, et se reporte finalement sur moi. -On ne va pas tarder à recevoir une armée de cons ici, tu crois vraiment que notre ville a besoin de deux folles comme nous en plus ? -Tu viens avec moi ou pas ? Elle s’esclaffe.-Tu as la tête dure comme du bois. Et bien non, je ne viendrais pas.
 Jesuis dans ma voiture derrière le volant à me frictionner les mains et Laura est bel et bien avec moi. On est postées à dix mètres du cimetière, il est 23h27, et il ferait pas plus noir au dehors que dans le ventre d’une baleine. On voit quedal etles lampadaires dans la rue ne font qu’obscurcir l’intérieur du cimetière. Seuls les portes d’entrées et le périmètre d’enceinte du devant sont éclairés.  Lauraà côté de moi sort son magnétophone pour la je-ne-sais-combien-de-fois et parle d’une voix« Nousattendons toujours les malfaiteurs. La rue est déserte, deconspiratrice : pas un seul être humain en vue. J’ai plutôt froid en fait. Mais… pas autant que les cadavres sous terre… Fin de rapport.» -Ça te plait de te foutre de ma gueule ? demande-jed’un ton blasé.-Oh que oui, rit Laura. -Pourquoi tu es venue alors ? -Parce que je n’étais pas tranquille à te laisser seule. Qui sait ce que tu pourrais faire face à un éventuel adorateur de Satan. -Je n’irais pas lui dire bonjour, t’inquiète pas. Je t’ai bien dit que je comptais juste observer. -Oui, si tu le dis. Elle regarde par la fenêtre noire du passager puis me dit : -En fait, t’as dit quoi à tes parents? -De quoi, de ce soir ? -Oui, je suppose que tu ne leur as pas dit que t’allais jouer au détective en pleine nuit. -Ça non, penses-tu. J’ai dit que qu’on allait dans un bar et que je dormais chez toi.-Ça veut dire qu’on est parties pour une nuit blanche. Et merde.-Non, on ne va pas rester là jusqu’à cinq heures du mat non plus, ris-je. Ma patience a des limites. Nous restons ensuite à observer le portail en silence, absorbées dans nos pensées. L’air obscur est immobile et l’absence de bruit est terriblement pesant. La lune pointe d’entre les nuages au-dessus de nous, et ce spectacle de film d’épouvante me distrait durant un bon moment. Je ne pense pas tellement au Vampire des Bois, même si c’est lui en réalité que j’aimerais traquer. Je pense à quand j’ai quitté la maison durant la soirée. Jesors de mes pensées et allume le contact de la voiture pour regarder l’heure… 00h35.-S’il se passe rien dans une heure, on se tire, annonce-je à Laura. Je t’emmènerai boire un verre à Constantine. -Bonne idée, sourit-elle. Maintenant que tu me le dis, j’ai bien envie d’un Bloody Mary. -Seulement d’un? -Non. D’une bonne dizaine bien sûr. Je suis un pilier de bar, tu le sais bien.Je rigole. Je m’amuse toujours quand Laura se met à boire, j’ai hâte d’être au bar. L’ambiance retombe un peu à plat dans la voiture. -Quand je suis partie de chez moi, me mets-je à raconter, y avait ma mère qui ressortait tous les vieux portraits de famille de mon père. J’ai regardé un peu avec ème elle. C’est fou, y a des portraits qui dataient du 19siècle. -Ah ouais ? Ça serait intéressant que vous fassiez votre arbre généalogique. -Il est fait, et je viens aussi de le découvrir. On est à Sainte-Marie-Plaisance depuis 1888 et dans la région depuis le Moyen-Âge. -Sérieux? s’exclame Laura. Eh bien, pourêtre des casaniers…-Il y a que mon père qui a dépassé les frontières. Il a vécu deux ans à Tanger, c’est là qu’il a rencontré ma mère. Il est revenu ici pour ma naissance, aucune idée pourquoi. Peut-être pensait-il que c’était sain de m’élever à la campagne.-Et voilà le résultat, rit telle. Un tueur en série opère depuis que tu es née. Tu as bien 22 ans, c’est ça?
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