Le retrait mondial du rofécoxib (vioxx) a marqué la fin
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Éditorial English on previous page L’homologation progressive : un débat ouvert progressif s’impose e retrait mondial du rofécoxib (Vioxx) a marqué la fin fonctions d’approbation des médicaments et de surveillance post- d’une époque d’innocence relative chez les consomma- commercialisation, ainsi des pouvoirs accrus de surveillance desL teurs. Il a démontré sans équivoque que, contrairement à médicaments, nous serviraient mieux. L’autorisation précommer- d’autres «biens» de consommation, les produits pharmaceu- cialisation n’exige actuellement que deux études de phase III réa- tiques ne peuvent être régis par le profit. L’élément moteur doit lisés sur des patients très sélectionnés. Ces études produisent trop plutôt être un système de réglementation transparent et axé sur peu de données chez trop peu de patients. Dans le contexte du les patients qui garantisse l’innocuité et l’efficacité des médica- processus d’approbation, le groupe d’experts pourrait insister pour ments avant et après leur mise en marché. que les médicaments fassent l’objet d’études pratiques d’enver- Dans le sillage du fiasco du rofécoxib, Santé Canada et les or- gure. Le Canada pourrait aussi utiliser sa force unique dans le do- ganismes de réglementation du monde entier révisent leur façon maine des examens systématiques avec le collectif Cochrane et des d’approuver et de surveiller les médicaments en appliquant «l’ap- centres de pratique factuelle.

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Extrait

L
e retrait mondial du rofécoxib (Vioxx) a marqué la fin
d’une époque d’innocence relative chez les consomma-
teurs. Il a démontré sans équivoque que, contrairement à
d’autres «biens» de consommation, les produits pharmaceu-
tiques ne peuvent être régis par le profit. L’élément moteur doit
plutôt être un système de réglementation transparent et axé sur
les patients qui garantisse l’innocuité et l’efficacité des médica-
ments avant et après leur mise en marché.
Dans le sillage du fiasco du rofécoxib, Santé Canada et les or-
ganismes de réglementation du monde entier révisent leur façon
d’approuver et de surveiller les médicaments en appliquant «l’ap-
probation progressive»
1
. Poussé par une étude marquante de l’in-
nocuité des médicaments réalisée par l’Institute of Medicine, le
Sénat américain a adopté récemment un projet de loi pour aug-
menter considérablement le pouvoir d’évaluation des médica-
ments de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis
et a notamment accru considérablement ses pouvoirs de surveil-
lance postcommercialisation.
Santé Canada affirme que sa propre version de l’approbation
progressive comprend un virage patients, la collecte et le résumé
de données probantes sur les médicaments dès leur mise au point
et l’amélioration de la surveillance postcommercialisation
2
. Santé
Canada s’emploie actuellement à recueillir de l’information et à
rédiger des énoncés de position pour consultation.
En ce moment la mise en place de l’approbation progressive
exigera une importante refonte de la législation et des règlements
afin d’améliorer l’approbation et la surveillance postcommerciali-
sation. Il se peut aussi que le seuil d’approbation de certains nou-
veaux médicaments soit plus bas, mais qu’en revanche les obliga-
tions d’évaluer continuellement les médicaments après leur
commercialisation soient plus rigoureuses. Du côté positif, ce
changement pourrait accélérer l’accès à de nouveaux traitements,
mais du côté négatif, des médicaments dangereux risquent peut-
être de franchir le filet de la réglementation. Le compromis est as-
sez évident, mais est-il nécessaire? Et, plus important encore, à
qui incomberont les décisions?
Deux voix dominent actuellement les discussions sur le processus
de changement : celle de l’industrie pharmaceutique et celle de Santé
Canada. Or, ces intervenants sont certes importants, mais il ne sont
pas les seuls; la convergence de leurs efforts est beaucoup trop étroite
et, peut-être, intéressée. Les professionnels de la santé, les experts et
la population du Canada ne sont nulle part représentés.
Nous sommes d’avis que la mise en place d’une véritable réforme
exigera de Santé Canada et du gouvernement qu’ils soient blindés
contre l’influence omniprésente des lobbyistes, ce qui pourrait se
faire en invitant les Académies canadiennes des sciences (notre ver-
sion des National Academies of Science des États-Unis qui super-
visent l’Institute of Medicine) ou l’Académie canadienne des sciences
de la santé (notre version de l’Institute of Medicine des États-Unis) à
créer un groupe d’experts chargé de conseiller le Parlement. Dans le
contexte d’un processus ouvert et transparent, il faudrait désigner
des représentants des principaux groupes intéressés du Canada, y
compris de la population, ainsi que d’organismes de réglementation
de l’étranger. Ces intervenants ont beaucoup à ajouter à la sym-
phonie à deux de l’industrie et de Santé Canada.
Le groupe d’experts pourrait examiner d’abord le système actuel
pour voir si, par exemple, une séparation plus marquée entre les
fonctions d’approbation des médicaments et de surveillance post-
commercialisation, ainsi des pouvoirs accrus de surveillance des
médicaments, nous serviraient mieux. L’autorisation précommer-
cialisation n’exige actuellement que deux études de phase III réa-
lisés sur des patients très sélectionnés. Ces études produisent trop
peu de données chez trop peu de patients. Dans le contexte du
processus d’approbation, le groupe d’experts pourrait insister pour
que les médicaments fassent l’objet d’études pratiques d’enver-
gure. Le Canada pourrait aussi utiliser sa force unique dans le do-
maine des examens systématiques avec le collectif Cochrane et des
centres de pratique factuelle. De telles études peuvent produire des
résultats significatifs, comme l’a démontré récemment l’avertis-
sement de risque cardiaque joint à la rosiglitazone (Avandia) par la
FDA des États-Unis
3
. Le groupe d’experts pourrait décider de la
meilleure façon d’intégrer cette expertise à un système de préalerte.
Dans l’intérêt de l’efficience, le groupe d’experts pourrait aussi
évaluer les avantages de l’intégration des organismes de réglemen-
tation au Canada, aux États-Unis et en Europe. Une telle harmoni-
sation pourrait produire des normes rigoureuses uniformes et
généralisées, éviter le double emploi, accroître la confiance et peut-
être, éventuellement, déboucher sur des domaines d’expertise syn-
ergiques en contenu clinique ou en méthodologies de recherche.
Dans l’ensemble, le cas du rofécoxib et, plus récemment, du té-
gasérod (Zelnorm)
4
démontrent que les processus décisionnels
doivent être plus ouverts et transparents. Les sociétés pharmaceu-
tiques doivent donner accès en temps opportun et de façon utilisable
à tous les renseignements dont elles disposent sur l’innocuité des
médicaments, peut-être en affichant les principaux résultats dans des
registres publics sur les études. Les divers paliers de gouvernement
doivent collaborer davantage afin que les chercheurs et les intéressés
puissent avoir accès à tous les renseignements nécessaires. Un futur
groupe d’expert devra tenir compte de beaucoup de facteurs.
Nous croyons que l’approbation progressive de Santé Canada,
sans ouverture progressive du débat, a peu de chance d’offrir une
avenue de progrès véritable. La conception du cadre de réglemen-
tation des médicaments est trop importante pour qu’on s’en
remette aux fonctionnaires et à l’industrie seulement. Il faut la
leur enlever et la soumettre à une discussion franche et ouverte
des besoins de la société.
Paul C. Hébert,
Rédacteur en chef,
JAMC
Avec l’équipe de rédaction de l’éditorial (Matthew Stanbrook,
Barbara Sibbald, Ken Flegel, Noni MacDonald et Amir Attaran)
RÉFÉRENCES
1.
Kondro W. Health Canada proposes new regulatory regime for drugs.
JAMC
2007;176:1261-2.
2.
Yeates N, Lee DK, Maher M. Health Canada’s progressive licensing framework.
JAMC
2007;176:1845-7.
3.
Nissen SE, Wolski K. Effect of rosiglitazone on the risk of myocardial infarction
and death from cardiovascular causes.
N Engl J Med
. Publication électronique le 21
mai 2007 avant la version imprimée. Disponible à : http://content.nejm.org/cgi
/content/full/NEJMoa072761 (consulté le 22 mai 2007).
4.
Wright JM. Progressive drug licensing: An opportunity to achieve transparency and
accountability?
JAMC
2007;176:1848-9.
Éditorial
DOI:10.1503/cmaj.070704
CMAJ
June 19, 2007
176(13)
|
1803
© 2007 Canadian Medical Association or its licensors
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Les opinions exprimées dans le contenu rédactionnel du
JAMC
sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement celles de l’Association médicale canadienne.
Intérêts concurrents
: Noni MacDonald est membre de l’Académie cana-
dienne des sciences de la santé. Aucuns déclarés par les autres membres de
l’équipe de rédaction.
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