A propos d un ouvrage récent : les finances de l Autriche à l époque Baroque (1650-1740) - article ; n°2 ; vol.3, pg 221-245
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A propos d'un ouvrage récent : les finances de l'Autriche à l'époque Baroque (1650-1740) - article ; n°2 ; vol.3, pg 221-245

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Description

Histoire, économie et société - Année 1984 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 221-245
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Berenger
A propos d'un ouvrage récent : les finances de l'Autriche à
l'époque Baroque (1650-1740)
In: Histoire, économie et société. 1984, 3e année, n°2. pp. 221-245.
Citer ce document / Cite this document :
Berenger Jean. A propos d'un ouvrage récent : les finances de l'Autriche à l'époque Baroque (1650-1740). In: Histoire,
économie et société. 1984, 3e année, n°2. pp. 221-245.
doi : 10.3406/hes.1984.1357
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1984_num_3_2_1357PROPOS D'UN OUVRAGE RECENT(l) : A
LES FINANCES DE L'AUTRICHE
A L'ÉPOQUE BAROQUE (1650-1740)
par Jean BERENGER
La thèse de Brigitte Holl, limitée à l'action du comte Starhemberg comme prési
dent de la Chambre des Comptes (2), nous amène à poser le problème plus vaste des
finances de la Monarchie autrichienne à l'époque baroque. Par les limites chronologi
ques qu'elle s'est imposées, B. Holl montre comment l'Autriche a fait face à ses lourdes
obligations durant la Guerre de la Succession d'Espagne, mais la problématique peut
être étendue à la période 1648-1740, qui va de la signature de la paix de Westphalie à
la guerre de Succession d'Autriche, c'est-à-dire le petit siècle de paix et de sécurité
relatives qui virent s'épanouir la civilisation baroque sur les bords du Danube. L'auteur
y montre les limites de la puissance autrichienne : l'Etat était au bord de la ruine,
faute de pouvoir mobiliser les ressources nécessaires à la conduite de la guerre en
Allemagne (et aux Pays-Bas), en Italie et en Hongrie. Ni Leopold 1er, ni ses fils, Joseph
1er et Charles VI ne sont parvenus à vaincre les résistances des aristocraties locales,
qui leur mesuraient chichement les crédits indispensables à l'entretien d'une armée
de 120 000 hommes (3). Au moment où le comte G.T. Starhemberg accepte la direc
tion des Finances, l'Autriche est au bord de la banqueroute, car la Banque Oppen-
heimer, qui a financé les dépenses de la reconquête de la Hongrie et de la guerre de la
Ligue d'Augsbourg, vient de faire faillite. Cet événement aurait pu tout simplement
briser la capacité offensive de la Maison d'Autriche et le prince Eugène de Savoie,
président du Conseil de la Guerre, était fort pessimiste. Il écrivait au comte Starhem
berg le 3 octobre 1703 que toute la Monarchie était sur le fil du rasoir et pourrait
réellement s'effondrer ; si on n'était pas capable de trouver immédiatement 50 000
florins en espèces, tout pouvait arriver et qu 'il ne savait pas comment l'empêcher (4).
1 . Brigitte Holl, « Hofkammer pràsident Gundaker Thomas Graf Starhemberg und die óster-
reichische Finanzpolitik der Barockzeit (1703-1715) ». Archiv fur Osterreichische Geschichte n° 132,
453 p. Vienne, 1976.
2. En allemand Hofkammer pràsident, en fait le ministre des Finances de la Monarchie autri
chienne, compte tenu du fait que la Chambre des Comptes était administrée collégialement par une
dizaine de conseillers et que d'autre part sa compétence s'étendait surtout aux revenus ordinaires
(Cameralia). Cf. J. Berenger, Lexique historique de l'Europe danubienne, Pans, A. Colin, 1976 ;
E.C. Hellbling, Osterreichische Verwaltungs und Verfassungsgeschichte, Vienne 1956, ainsi que l'ou
vrage fondamental de Th. Fellner et H. Kretschmayr, Die osterreichische Zentralverwaltung, tome I,
vol.l et 2, Vienne 1967.
3. Un tableau de l'armée impénale est fourni par G.E. Rinck, Leopold des Grossen... Leben und
Thaten, tome I, Leipzig 1708. Une étude plus fine est donnée par le colonel Jean Nouzille dans sa
thèse, Le prince Eugène et les confins militaires, Strasbourg 1978, exemplaire dactylographié.
4. Texte cité par B. Holl, op. cit., p. 47. Le président du Conseil de la Guerre avait un rôle compar
able au Secrétaire d'État à la guerre en France. Le Conseil était chargé du financement, du recrut
ement et de l'entretien des armées, mais la conduite des opérations appartenait aux généraux de l'em
pereur sous le prince Eugène, cf. la récente bibliographie de Derek Mac Kay, Prince Eugene of Savoy,
Londres 1977. 222 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
Dix-huit mois plus tard, à l'avènement de Joseph 1er, les observateurs sont aussi
peu optimistes et Camille Freschot reprend à son compte la thèse classique :
« Un des ennemis le plus difficile à vaincre au nouvel Empereur (Joseph 1er) sera le deffaut
d'argent, sans quoi on ne peut absolument rien faire, particulièrement dans la guerre. Les finances
sont si dérangées qu'il y a longtems qu'on n'y voit plus goûte ; les étrangers parce qu'ils n'en con-
noissent en gros et en confusion les sources et le cours et ceux qui sont dedans ne veulent
pas voir les routes et les détours par lesquels ces eaux salutaires s'écoulent et n'arrosent pas les pais
qu'elles devraient. La pensée de porter la lanterne dans ces endroits dérobez serait une chose égal
ement juste, et nécessaire et dans laquelle on ira toujours boitant dans les affaires, dont celles-ci sont
le nerf principal, mais c'est une pierre difficile et dangereuse à remuer hors un tems de Paix. » (5)
Nous verrons ce qu'il faut en penser à la lumière de la thèse de Brigitte Holl et de
travaux récents sur les finances autrichiennes.
♦ ♦
C'est en partie grâce à l'énergie et à l'habileté du nouveau président de la Chambre
que le pire fut évité. Il remplaçait un parfait incapable, le comte Salaburg, dont le
principal mérite était l'amitié que lui vouait l'empereur Leopold. Avec le prince Eugè
ne, Starhemberg fut l'un des artisans du « Miracle de la Maison d'Autriche ». Il appar
tenait à une vieille famille aristocratique de Basse-Autriche et son demi-frère Ernest
passait pour le sauveur de Vienne en 1683 ; c'est lui qui avait dirigé la résistance de la
ville face aux Turcs, de juillet à septembre. Le comte Gundaker Thomas avait fait
carrière dans l'administration des finances, comme beaucoup d'aristocrates. Destiné
à la carrière ecclésiastique, il fît ses études à Rome au Collegium Germanicum, la
pépinière des prélats autrichiens. En 1688, il renonce à son canonicat d'Olomouc
pour épouser une riche veuve, Beatrix von Daun, très liée au milieu de la Chambre
des Comptes. En 1690, Leopold 1er le nommait conseiller de la Chambre des Comptes,
à l'âge de vingt-sept ans ; en 1698, il en était le vice-président. En 1700 il était conseil
ler d'Etat et le 30 juin 1703, Leopold le nommait président, poste qu'il occupa douze
ans, jusqu'à sa démission en 1715. En outre, pendant près de quarante ans, il fut prési
dent de la Banque d'Etat (Ministerial banco-deputation), de 1706 à sa mort en 1745.
Il terminera sa carrière comme mentor de Marie-Thérèse pour toutes les questions
financières. Charles VI le nomma ministre d'Ëtat (6) et lui conféra la Toison d'Or,
en 1712. Non moins significatif est son second mariage : en 1712 il épousait la veuve
de son demi-frère, une comtesse Jôrger, fille d'un président de la Chambre des Compt
es, ce qui le liait au clan conservateur de ce Conseil. Il sut amasser une fortune consi
dérable, même si au départ, les biens des Starhemberg étaient passés à son demi-frère
Ernest qui se trouvait en possession du majorât. En 1700, il était à la tête d'une
fortune de 5 à 600 000 florins et passait pour un bon administrateur, ce qui lui conf
érait un crédit personnel important dans les milieux financiers et dans les milieux
aristocratiques.
5. Camille Freschot, Mémoires de la Cour de Vienne, Cologne, 1705.
6. C'est-à-dire membre de la Conférence secrète (Geheime Konferenz) véritable conseil de Cabi
net qui traitait des affaires de politique générale, où le prince Eugène eut longtemps un rôle prépon
dérant. FINANCES DE L'AUTRICHE A L'ÉPOQUE BAROQUE 223 LES
Le comte Gundaker Thomas n'était pas un économiste génial, mais ce qui était
plutôt rare dans son milieu, un homme intelligent, à l'esprit clair, doué d'un solide
bon sens. A une époque où les projets mirobolants se multipliaient, il ne se laissait
pas séduire par les belles théories comme la plupart de ses contemporains. C'était un
habile gestionnaire, qui se méfiait beaucoup des méfaits de l'imagination. Il sav

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