A propos de l insularité du Mont-Saint-Michel. - article ; n°2 ; vol.39, pg 251-290
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Annales de Bretagne - Année 1930 - Volume 39 - Numéro 2 - Pages 251-290
40 pages

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Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 14
Langue Français
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Extrait

J. Descottes
A propos de l'insularité du Mont-Saint-Michel.
In: Annales de Bretagne. Tome 39, numéro 2, 1930. pp. 251-290.
Citer ce document / Cite this document :
Descottes J. A propos de l'insularité du Mont-Saint-Michel. In: Annales de Bretagne. Tome 39, numéro 2, 1930. pp. 251-290.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1930_num_39_2_1668J. DESCOTTES
Aumônier de la Clinique Sainle-Marie (Paramé)
Vice-Président de la Société Archéologique de Saint-Malo
A PROPOS DE L'INSULARITE
DU MONT-SAINT-MICIIEL
LES DIVAGATIONS DU GOUESNON
ET SES IRRUPTIONS DANS LES TERRES
AVANT SON ENDIGUEMENT
(Suite)
II
Aux documents provenant des archives du Syndicat des
Digues, nous avons cru intéressant de joindre les deux dél
ibérations suivantes du Conseil municipal du Mont-Saint-
Michel, ainsi que trois autres documents contemporains.
1° Deux Délibérations du Conseil municipal du Mont-
Saint-Michel relatives à la Digue.
Séance du 4 janvier 1883.
Présidence de M. Lecourt, maire.
Présents : MM. Chevrel, N. Lochel, Duval, F
Lochet, Desdoity.
Absents : MM. Robert, Dumoussel, Sauvé et Ménard.
M. Lochet est désigné pour être secrétaire. 252 A PROPOS DE L INSULARITE
M. le Président prend la parole et s'exprime en ces termes
Messieurs les conseillers municipaux, en présence des
attaques renouvelées qui se produisent contre la digue du
Mont-Saint-Michel et de la discussion récente qui a eu lieu à
la. Chambre des députés, toute la population que nous avons
l'honneur de représenter s'est vivement émue des consé
quences déplorables qui suivraient la réalisation des vœux
formulés par l'administration des Beaux-Arts.
Il est de notre devoir de défendre nos intérêts menacés et
de faire justice des accusations incroyables dont la digue a
été l'objet. Il importe que nous éclairions l'administration sur
l'intérêt majeur qui s'attache à la conservation de la digue
et sur l'inanité des reproches qu'on lui adresse.
Cet intérêt est multiple : il y a d'abord celui de la commune
du Mont-Saint-Michel. Il est vrai qu'il est de bon ton, dans
certains journaux, de le compter pour rien et de faire ton
marché d'une population pauvre et si longtemps déshéritée.
Mais ces journaux n'en parleraient certainement pas ainsi,
s'ils avaient pu se rendre compte de la triste situation où nous
réduisait notre isolement et le peu de sécurité que présentaient
nos communications avec la terre ferme, sans parler de nos
intérêts pécuniaires, si longtemps compromis par cet état de
choses. Faut-il vous rappeler combien il était difficile parfois
de faire venir un médecin pour porter les secours les plus
urgents à une personne en danger de mort ? Faut-il vous citer-
la triste liste de nos malheureux compatriotes qui, surpris par
la mer ou par le brouillard en se rendant à terre, ont trouvé
au milieu des grèves une mort affreuse, mort à laquelle ils
eussent échappé si la digue avait existé. Tous ces tristes év
énements sont encore présents à notre mémoire et plusieurs
d'entre nous pleurent encore des parents et des amis enlevés
d'une manière tragique à nos plus chères affections. Et c'est
au moment où nous commençons à jouir des bienfaits d'une
voie de communication permanente et absolument sûre, au
moment où nous apprécions chaque jour davantage ses bienf
aits, qu'on voudrait nous en priver et nous faire rentrer dans MONT-SAINT-MICHEL 253 DU
notre isolement. Nous ne saurions protester trop énergïque-
ment eonlre de semblables projets.
Ce qui nous donne bonne confiance, c'est que nous, ne
sommes pas les seuls qui soyons intéressés à la conservation
de cet admirable ouvrage. Toutes les populations du littoral :
Beauvoir, Ardevon, Huisnes et Gourtils y sont intéressées
autant que nous. Les ravages exercés par la mer le long de ces
côtes principalement en 1856 et 1869 ont laissé des traces qui
subsistent et subsisteront longtemps encore : 500 hectares de
terrain ont été détruits; des fermes ont disparu; des bâtiments
ont été renversés, des familles ruinées. Plus de 500 hectares
étaient sous le coup d'une menace permanente d'invasion de
la mer. Cette menace a été conjurée par la digue qui abrite
ces côtes contre les vents violents de l'ouest et qui fait régner,
sur ce littoral, un calme relatif auquel, depuis longtemps, nous
n'étions pas accoutumés.
La digue rassure pour l'avenir les habitants du littoral et
leur fait entre\oir la possibilité de réparer les désastres du
passé et de rentrer en possession des terrains qu'ils ont perdus.
A ce titre encore elle doit être conservée.
Parlerons-nous de l'intérêt qu'elle offre à la navigation ?
C'est une question depuis longtemps vidée, et M. le Ministre
de la Marine, auquel nous sommes liés par la plus vive recon
naissance, a défendu chaleureusement nos intérêts et plaidé
notre cause, comme il saura la plaider chaque fois que nous
serons menacés. Le Mont-Saint-Michel a fourni à l'armée de
mer assez de braves marins pour que nous soyons certains
que cette aide ne nous fera jamais défaut.
Autant les courants de travers, faisaient autrefois courir de
danger aux bateaux qui remontaient le Couesnon et dont
plusieurs ont été drossés sur les digues qui longent cette
rivière, autant ils trouvent maintenant de sécurité. Pendant la
belle saison, le Dupair-la-Rance vient mouiller tous les quinze
jours, sans aucun danger, au pied du Mont-Saint-Michel.
L'avenir de la navigation du Couesnon, l'avenir du port de
Pontorson, dépendent de la conservation de la digue, sans 254 A PROPOS DE L'INSULARITE
laquelle les fcateaux ne pourraient naviguer entre le Gouesnon
et le Mont, qu'en courant les plus grands dangers.
La. suppression des courants violents, qui régnaient sur-
l'emplacement de la digue permet aussi à nos bateliers de
faire avec moins de danger le tour du Mont, et le nombre des
voyageurs qui useront de ce moyen de transport, ne pourra
qu'augmenter, lorsqu'ils sauront de quel magnifique spectacle
on jouit lorsqu'on voit sous toutes ses faces notre admirable
rocher et les bâtiments plus admirables encore qui le sur
montent.
Enfin, l'Administration des Beaux-Arts qui adresse à la
digue des reproches dont nous démontrerons tout à l'heure
l'injustice, devrait comprendre les avantages qu'elle-même est
appelée à en retirer. Les matériaux sont plus faciles à amener
et les dépenses des travaux de restauration seront diminuées
d'autant. Les visiteurs deviennent de plus en plus nombreux
depuis que les communications sont devenues plus sûres et
moins coûteuses. La Compagnie de l'Ouest qui avait trans
porté 6.000 voyageurs pour le Mont-Saint-Michel en 1880 en
a transporté 8.000 en 1881 et 12.000 en 1882. Coupez la digue
et aussitôt vous diminuez cette affluence des voyageurs et des
visiteurs. La digue rend ce pèlerinage artistique accessible à
toutes les bourses, à toutes les fortunes, elle est à. ce point de
vue véritablement démocratique. Serait-il raisonnable de
sacrifier l'intérêt du plus grand nombre aux exigences raff
inées de quelques esprits délicats que la vue de la digue
offusque et gêne et qui savent bien peu comprendre les beautés
de notre île pour prétendre que la digue lui enlève son cachet
et toute son originalité.
Tout ceci l'Administration supérieure le comprend sans
cloute. Et c'est parce qu'elle le comprend, parce qu'on se rend
compte de tous ces intérêts qui seraient compromis par la
destruction de la digue, que ses adversaires acharnés accusent
celle-ci des plus noirs méfaits et ne craignent pas d'avancer
qu'elle détruit les murailles du Mont-Saint-Michel. DU MONT-SAINT-MICHEL 255
C'est à nous, Messieurs les conseillers municipaux, à nous
qui avons toujours vécu au Mont-Saint-Michel, à nous qui le
connaissons mieux que personne, qu'il importe d'éclairer
l'Administration supérieure des Beaux-Arts, MM. les Députés,
Sénateurs, Ministres, le Gouvernement tout entier; c'est à nous
de protester énergiquement et de crier bien haut : on se
trompe et on nous trompe.
Non. la digue n'est point une cause de ruine pour

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