A propos des Contens d Odet de Turnèbe  ; n°1 ; vol.17, pg 113-120
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Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance - Année 1983 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 113-120
8 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Géralde Nakam
A propos des Contens d'Odet de Turnèbe
In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°17, 1983. pp. 113-120.
Citer ce document / Cite this document :
Nakam Géralde. A propos des Contens d'Odet de Turnèbe. In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et
la renaissance. N°17, 1983. pp. 113-120.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_1983_num_17_1_1395113
suivants :
— «Du Bellay and the Icarus Complex» de P. Sharratt, contredisant les
sottises de la critique rationaliste au sujet de la mythologie, voit notamment
dans le mythe d'Icare le lieu privilégié où s'opère la transition entre l'horreur
païenne de l'hybris et la vertu chrétienne d'humilité ; mais la critique bellaïen-
ne n'est pas intellectualiste : c'est le caractère même d'une imagerie quelque
peu composite, confondant les motifs issus de différents thèmes, qui appelle
à confronter les intuitions de l'audace légitime et de la témérité fatale.
— Terence Cave rapproche avec sa finesse et son érudition coutumières le
rôle de Panurge et le personnage d'Ulysse au langage oblique, à la fois héros
et conteur d'aventures ; le chap. 9 du Pantagruel reprend les motifs de la
«rencontre» épique et annonce le thème de la réponse refusée qui appartien
dra à la structure du Tiers L. ; mais surtout, Panurge agit en herméneute,
déguisant le message homérique sous des paroles étranges : la dramatique
ambiguïté des interprétations donne au lecteur tout son rôle dans la product
ion de l'œuvre.
— I.D. McFarlane étudie le rôle structural de la figure mythologique de
Cassandre dans les Amours de 1552-53 : les motifs de l'amour refusé, de la
prophétie incomprise et de l'arme qui blesse et guérit évoquent autour d'elle
tout l'univers de la guerre de Troie (connue par d'autres sources que Y Iliade),
avec ses dieux et ses images envoûtantes. L'accumulation insistante des a
llusions et des périphrases réussit à créer un réseau signifiant qui donne sa
densité au recueil.
Le volume s'achève sur un sympathique portrait du professeur Steele,
dont H. T. Barn well rappelle avec une cordiale simplicité la stature intel
lectuelle et humaine.
Guy DEMERSON
A propos des Contens d'Odet de Turnèbe.
On a rarement vu un aussi admirable programme d'agrégation. Aller
du Roman de la Rose à L'Ombre des Jeunes Filles en fleurs, quel audacieux,
quel inéluctable itinéraire de la passion amoureuse, quel splendide jeu méta
phorique ! Avec Pascal et Marivaux, avec, comble de bonheur, Rimbaud, ce
programme a de quoi satisfaire tous les appétits, répondre à toutes les exigen
ces : la sensualité et la métaphysique, la douleur et l'érotisme, la satire et la
politique, l'intelligence, la liberté, tout cela s'y exprime, sous toutes sortes
de formes. C'est trop de richesses.
Mais quelle est donc l'œuvre qui représente le siècle de la sensualité et 114
de l'inquiétude, de la souffrance et de la joie d'être au monde, de la quête
morale, amoureuse, religieuse, de l'intelligence et de l'imaginaire ? Le siècle
de toutes les libertés, de l'invention du langage, des révolutions des idées, des
sentiments et des formes ? Le grand siècle - je veux dire le XVIème siècle, la
Renaissance ?
- Les Contens, d'Odet de Turnèbe.
- Vous dîtes ? Pardonnez-moi, répétez, je vous prie.
- Les Contens, d'Odet de Turnèbe. C'est une comédie en cinq actes,
fort bien faite, respectueuse des unités, aux personnages dessinés avec soin, au
langage de bon ton, assorti de jeux plaisants. Quoique les critiques se plai
sent à y voir «le chef d 'œuvre de la comédie humaniste de la Renaissance fran
çaise», je la qualifierais plutôt d'académique. Elle est en tout cas, éminem
ment pédagogique, puisqu'un pédagogue du début du XVIIème siècle la mit
au programme de ses étudiants.
- Fut-elle jamais représentée ?
- Non. On pense qu'elle fut beaucoup lue. Pourtant, dans ses Recher
ches, de la France, Etienne Pasquier, toujours soucieux de ne rien laisser
échapper qui puisse magnifier son pays et marquer, si possible, sa supériorité
sur l'Italie rivale, Etienne Pasquier n'en dit mot. Il connaissait pourtant l'au
teur. On nous dit même qu'ils fréquentèrent ensemble le célèbre salon litté
raire des dames Des Roches à Poitiers. En fait de comédies, Pasquier ne juge
dignes d'être citées que L'Eugène de Jodelle (1552) et Le Brave de Baif
(1567). Il est vrai que ces pièces, du moins, furent représentées. La première
est la première comédie française et, ne serait-ce qu'à ce titre, on doit beau
coup à Jodelle, sans compter sa bouleversante Cléopâtre captive, dont le
Théâtre Oblique donna, il y a quelques années, au cours d'un Festival du
Marais, à Paris, une inoubliable interprétation. La seconde est la première
traduction-adaptation du Miles Gloriosus de Plaute et fait d'autant plus
honneur au talent comme au courage de Baif que Plaute n'avait pas bonne
presse, les humanistes le jugeant grossier et lui préférant Térence, tenu pour
plus délicat. De là date donc, en France, la fortune du Fanfaron, personnage
truculent de bravache peureux, de conquérant amoureux toujours éconduit,
de soldat vantard, que les guerres incessantes pimentent d'actualité. Ce per
sonnage, du moins, se retrouve dans les fades Contens, et l'on pourra s'offrir
le plaisir de glisser avec lui de Plaute à L'Arioste, de L'Arioste à Corneille,
sans oublier de ses avatars, tels que le grandiose Don Quichotte, le bon
Tartarin, le touchant Fracasse. 115
N'est-il pas juste, peu de temps après avoir mis au programme une
tragédie de Garnier, d'attirer l'attention des étudiants sur la comédie fran
çaise de la Renaissance, cette création absolue, quoiqu'héritière de l'Italie et
de l'Espagne ? Les comédies de Corneille, et Molière ne sont pas nées de rien !
- Sans doute, mais il faudra indiquer des repères. Par exemple Les
Corrivaux de Jean de La Taille, Les Néapolitaines de François d'Amboise, et
deux pièces de Pierre de Larivey, comme La Veuve ou Les Esprits de sa pre
mière veine (1579), et Le Fidelle ou Les Tromperies de la deuxième (1591).
Car Larivey est, à mon sens, le seul réel auteur comique de ce temps : il a
beau n'avoir fait que traduire des pièces italiennes, il a traduit avec génie,
et créé la langue comique française. En cela, je rejoins Sainte-Beuve (1).
L'érudition sera satisfaite par ces rapprochements. Et, ce qui est plus import
ant, l'admiration portée au génie de Molière en sera renforcée. Or Molière,
plus proche, de toutes façons, assurément, de Larivey que de Turnèbe, a
presque intégralement rejeté la comédie humaniste, pour rénover et appro
fondir, avec son sens personnel de la farce, les «masques» et les rôles qu'il
hérite, comme l'a si intelligemment montré Lanson (2), en les épurant, en les
transfigurant, à la fois de la commedia dell'arte et de la tradition française
de la farce. Ce sens de la farce et du sacrilège que possédait Jodelle, lui,
dont L'Eugène offre, dans un rythme vif, une excellente et audacieuse étude
de mœurs contemporaines, marquée par l'actualité politico-religieuse la plus
aiguë.
Ce Turnèbe, qui est-il ? S'agit-il d'Adrien de Turnèbe, le grand hellé
niste, de réputation européenne, professeur, paraît-il, extraordinaire, qui
enseigna à Toulouse de 1533 à 1547 avant d'être appelé à Paris, au Collège
Royal ? Celui que Montaigne, qui l'eut pour maître, appelle, dans ses Essais,
avec une affectueuse vénération, «mon Turnebus» ? Non pas. Mais l'un de ses
trois fils, juriste, qui goûtait les lettres, comme tous ces juristes lettrés qui
donnèrent le ton en France, dans la deuxième moitié du XVIème siècle, en
politique comme en littérature. Il s'occupe, comme son frère Adrien, d'édi
ter des travaux de son père (3). Il était certainement doué. Et il écrivit Les
Contens, avant de mourir, en 1581, à l'âge de vingt-huit ans.

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