Additions aux renseignements recueillis sur l avocat du Brueil. - article ; n°1 ; vol.24, pg 119-138
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1863 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 119-138
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1863
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Lot
Additions aux renseignements recueillis sur l'avocat du Brueil.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1863, tome 24. pp. 119-138.
Citer ce document / Cite this document :
Lot Henri. Additions aux renseignements recueillis sur l'avocat du Brueil. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1863, tome 24.
pp. 119-138.
doi : 10.3406/bec.1863.445872
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1863_num_24_1_445872ADDITIONS
AUX RENSEIGNEMENTS RECUEILLIS
SCR
L'AVOCAT DU BRUEIL
Les lecteurs de cette Revue n'ont sans doute pas oublié la re
marquable étude consacrée par M. Bordier aux beaux travaux
et à l'existence agitée de Guillaume du Brueil, du célèbre juris
consulte auquel on doit le Style du Parlement de Paris , d'un de
ces habiles orateurs qui ouvrent, dès les premières années du
quatorzième siècle, la série des avocats éminents dont s'honore la
France1. La faveur avec laquelle a été accueillie cette notice
nous encourage à présenter aujourd'hui quelques additions aux
renseignements déjà réunis sur du Brueil. La biographie que
M. Bordier nous a donnée est complète en son ensemble ; cer
tains traits n'y ont point peut-être la précision et le relief
qu'ils auraient pu acquérir par la mise en œuvre d'une cer
taine nature de documents. Nulle part l'avocat, l'homme du
palais , l'homme privé même n'apparaît aussi bien accusé que
dans les actes émanés du parlement. Ayant eu naguère occa
sion d'étudier minutieusement les registres du quatorzième
siècle, nous avons pris note avec soin des arrêts et des jugés qui
concernent notre personnage ; ils sont au nombre de douze et
embrassent l'espace de temps compris entre les années 1330 et
1 34 1 ; plusieurs d'entre eux ne sont pas indiqués dans les brefs
inventaires qui servent de tables, et nous avons lieu de croire
qu'aucune omission ne s'est glissée dans nos recherches.
Le mérite des pièces dont nous allons donner l'analyse n'est
pas d'ailleurs restreint au perfectionnement qu'elles peuvent ap
porter à la biographie de du Brueil : elles se recommandent à
1. Voy. Biblioth. de l'École des chartes, lTe série, tome III, p. 47. 120
l'attention par un intérêt plus général. Elles nous enseignent les
règles de jurisprudence suivies dès cette époque reculée en ce
qui touche les points les plus importants de la profession d'a
vocat ; elles font passer sous nos yeux des scènes de mœurs cu
rieuses au palais et dans les relations du monde ; enfin elles nous
permettent, dans une certaine mesure, d'apprécier les tendances
de la classe moyenne du temps, et de surprendre sur le fait
même l'application fort compromise des principes du droit
féodal.
I.
A la lecture de nos arrêts, un fait assez étrange frappe tout
d'abord. De douze procès où du Brueil se trouve engagé comme
partie, il n'en gagne que deux ou trois, et toujours seulement
sur des questions de forme et par arrêts préparatoires ou inter
locutoires. Cela s'accorde mal avec la réputation de notre juris
consulte ; la fortune, par une ironie bizarre, se serait-elle donc
plu à prendre sur le plaideur la revanche des batailles qu'elle
avait si souvent perdues contre l'avocat? Il y a là pour nous le
germe d'une explication qui n'est pas favorable à du Brueil,
mais qui seule paraît de nature à jeter quelque lueur sur les évé
nements restés obscurs jusqu'ici au milieu desquels s'arrêtèrent
douloureusement sa carrière et sa vie. Évidemment la cour était
mal disposée pour du Brueil; tranchons le mot, elle ne l'est
imait pas. Quelles purent être les causes d'un pareil sentiment
envers un homme à coup sûr eminent, envers un praticien con
sommé, un jurisconsulte de premier ordre, celui que le barreau
inscrivait encore avec orgueil en tête de son tableau * ? Faut-il
1. Il se trouve, au commencement du cinquième registre criminel, une curieuse
liste des avocats au parlement de Paris, pour l'année 1340-1341 ; comme elle ne pa
raît pas avoir été jamais publiée, nous pensons faire plaisir à nos lecteurs en l'insé
rant ici. Elle se compose de cinquante et un noms, inscrits dans l'ordre suivant :
MMes Guillaume du Brueil. J. de Tournai.
J. du Mont. Girard de la Malle.
Symon de Jenville. — II est mort. J. de Chavanges.
P. de la Forêt. G. Durand.
Jacques La Vache. Robert de Lapion.
Mathieu Ghocard. Girard de Tournai. 121
en faire remonter l'origine à une sorte d'envie étroite et odieuse?
Non sans doute. Mais si nous nous rappelons les biens immens
es * que du Brueil avait acquis par ses talents, peut-être ne s
erons-nous pas loin de la vérité en observant que cet enrichiss
ement prodigieux n'était point de nature à lui concilier la faveur
de magistrats qui avaient déjà pris pour règle de leurs mœurs le
plus complet désintéressement. Si, à la prévention qui résultait
contre du Brueil de l'excès de sa fortune, nous ajoutons que le
parlement était, à n'en point douter, fort peu édifié sur la
manière dont il l'avait gagnée, nous aurons, il semble, trouvé le
Aymar de Chalons (sur Marne). Durand de Poniers.
Jacques le Musi. В. de Gournay.
J. Garin. G. Le Rolleur.
Giles Haudry. Nicaise de Saint- Germain.
Guillaume du Pont. 1. de Berthingnicourt.
J. d'Estrées. J. de Bonneul.
J. de Chalons, Jacques d'Andrie.
Renaud de Compiègne. Raoul de Cous.
Dreux Jourdain.
Urbain de Macheuil .- Il est mort. Nouveaux.
Thomas de Garimbaut. Ge de Tournay.
J. Choard. R. de Lettre.
J. de Verrolles. Henri Buyn.
Robert Galles. G. Charles.
Jean de Plailly. j. Bouvet.
G. de Savigny. Amand Fabrefort.
J. Mercade. P. d'Orgemont.
B. Gobe. P. Gros.
Thomas de Bougainville. Amand d'Acy.
Girard de Poniers. Jean de Neuville.
Cette liste , qui paraît avoir été prise par G. de Malicorne , greffier criminel, suc
cesseur d'Etienne de Gyem, dans l'intérêt du service de la cour, est précédée d'une
liste des conseillers de la grand'chambre (trente clercs, vingt-huit laïcs), des maîtres
des requêtes du palais (sept clercs, six laïcs) , des conseillers de la chambre des en
quêtes (quarante et un clercs, quarante-cinq laïcs), et suivie de celle des procureurs,
renfermant trente-quatre noms. Il y avait d'ailleurs un tableau officiel ; c'est ce qui
résulte d'un serment en vingt articles que prêtaient les avocats, transcrit également
par les soins de Malicorne, et où l'on trouve la disposition suivante : «... Et est f
aciendum quod nullus advocatus ad patrocinandum recipietur nisi sit juratus et in
rotulo nominum advocatorum scriptus. Et prohibet curia ne ipsi ingérant se ad
patrociuandum nisi sint jurati. » (Registres du parlement, X, 8837, fol. 17 v<>.)
1 . Voyez l'article de M. Bordier. Du Brueil avait des terres dans presque tous les
pays de France. Il ne faut peut-être pas estimer les biens qu'il laissa à sa mort au-
dessous de quinze à vingt millions de notre monnaie. 122
vrai motif et de ses échecs multipliés comme plaideur, et de la
catastrophe mal connue qui devait le frapper à ses derniers jours
comme avocat. Cette mésestime du parlement envers du Brueil
ne paraît avoir été que trop bien justifiée. On n'a pas oublié la
recommandation qu'il adresse dans son Style aux jeunes avocats
d'exiger leurs honoraires avant de plaider; il avait sans doute
payé ce préceple de forte expérience. Il est certain que, sur neuf
ou dix affaires qu'il perdit, deux avaient trait à des demandes
en payement de salaires. Mais on verra à quel tarif il les faisait
monter, et s'il laissait rien à imaginer à cet égard à certains
avocats de nos jours.
L'esprit de cupidité ne dominait pas du Brueil seulement au
palais ; il s'en montrait possédé dans toutes les relations de la
vie civile; tous ses procès roulent sur des questions d'argent;
presque toujours il y figure comme demandeur.
Il en est un cependant, et certes ce n'est pas le moins curieux,
qui fait exception ; notre avocat n'eut pas plus à s'en louer.
Cette fois il était défendeur, et il avait le parlement lui-même
pour adversaire. L'antipathie des magistrats éclata, il semble, à
cette occasion, dans tout son jour; et du Brueil fut condamné à
une^amende exorbitante, d

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