Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l île de l Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle - article ; n°2 ; vol.106, pg 993-1023
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Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l'île de l'Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle - article ; n°2 ; vol.106, pg 993-1023

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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1994 - Volume 106 - Numéro 2 - Pages 993-1023
Grégoire Poccardi, Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l'île de l'Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle, p. 993-1023. Nombreux furent les essais pour restituer le plan antique de la ville d'Antioche, restitutions faites à partir des textes anciens, mais aussi d'après les traces archéologiques conservées sur place ou fouillées entre 1932 et 1938 par l'université de Princeton. Si les grandes lignes du plan de la Vieille Ville sont plus ou moins bien connues (grand-rue, enceinte, dimension des îlots), celui de la Ville Neuve située dans l'île reste une énigme. Malgré les fouilles qui ont permis de dégager le grand cirque, un stade et de nombreux bains, aucun des grands monuments recherchés, cités par les textes antiques, n'a été retrouvé. Des nombreux plans proposés pour restituer l'organisation urbaine de la ville, celui de D.N. Wilber publié en 1936, associait les informations émanant des auteurs anciens et des (v. au verso) fouilles archéologiques récentes. Cette carte est celle qui est généralement reproduite de nos jours. En superposant ce plan et la carte des vestiges archéologiques de l'île, nous montrons que la restitution de Wilber est incorrecte. Cet article propose donc d'expliquer pourquoi et avance une autre hypothèse.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Grégoire Poccardi
Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l'île de
l'Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 106, N°2. 1994. pp. 993-1023.
Résumé
Grégoire Poccardi, Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l'île de l'Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle, p. 993-
1023.
Nombreux furent les essais pour restituer le plan antique de la ville d'Antioche, restitutions faites à partir des textes anciens, mais
aussi d'après les traces archéologiques conservées sur place ou fouillées entre 1932 et 1938 par l'université de Princeton. Si les
grandes lignes du plan de la Vieille Ville sont plus ou moins bien connues (grand-rue, enceinte, dimension des îlots), celui de la
Ville Neuve située dans l'île reste une énigme. Malgré les fouilles qui ont permis de dégager le grand cirque, un stade et de
nombreux bains, aucun des grands monuments recherchés, cités par les textes antiques, n'a été retrouvé. Des nombreux plans
proposés pour restituer l'organisation urbaine de la ville, celui de D.N. Wilber publié en 1936, associait les informations émanant
des auteurs anciens et des
(v. au verso) fouilles archéologiques récentes. Cette carte est celle qui est généralement reproduite de nos jours. En superposant
ce plan et la carte des vestiges archéologiques de l'île, nous montrons que la restitution de Wilber est incorrecte. Cet article
propose donc d'expliquer pourquoi et avance une autre hypothèse.
Citer ce document / Cite this document :
Poccardi Grégoire. Antioche de Syrie. Pour un nouveau plan urbain de l'île de l'Oronte (Ville Neuve) du IIIe au Ve siècle. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 106, N°2. 1994. pp. 993-1023.
doi : 10.3406/mefr.1994.1867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1994_num_106_2_1867GRÉGOIRE POCCARDI
ANTIOCHE DE SYRIE
POUR UN NOUVEAU PLAN URBAIN DE L'ÎLE DE L'ORONTE
(VILLE NEUVE)1 DU IIIe AU Ve SIÈCLE
Introduction
La ville d'Antioche est une création séleucide. Fondée par Séleucos Ier
Nicator en 300 avant J.-C, juste après qu'il eut conquis la Syrie au détr
iment d'Antigone le Borgne, elle faisait partie des quatre grandes fondations
de ce roi, avec Apamée, Séleucie de Pièrie et Laodicée.
D'abord concentrée sur la rive est de l'Oronte, Antioche s'agrandit rapi
dement, mais l'île ne fut aménagée que sous le règne d'Antiochos III le
Grand (223-187 avant J.-C), c'est-à-dire environ un siècle après la création
de la ville par le premier roi séleucide. Il y installa des vétérans de son
armée, originaires en majorité de l'Étolie, de la Crète et de l'Eubée.2
La résidence royale semble avoir été située dans l'île dès l'époque
séleucide. Le gouverneur romain de Cilicie, Q. Marcius Rex fit reconstruire
le palais, ainsi qu'un hippodrome en 67 avant J.-C. L'île de l'Oronte fut
entièrement réaménagée au IIIe siècle de notre ère, surtout grâce à d'im
portants travaux effectués par l'empereur Dioclétien : le palais impérial fut
totalement reconstruit et agrandi, l'hippodrome restauré et des bains
construits. C'est à cette époque que l'île prit le nom de Ville Neuve. La
vision que l'on a de ce quartier et de la ville d'Antioche en général, à travers
les descriptions de Libanios vers 356-360, de Théodoret de Cyr dans la pre
mière moitié du Ve siècle, ou d'Évagre le Scholastique et de Malalas au VIe
siècle, date de cette période. C'est donc une vision tardive de l'urbanisme
1 Je voudrais tout d'abord remercier messieurs J.-P. Sodini et J.-M. Dentzer qui
se sont chargés de la lecture du manuscrit. Leurs remarques et réflexions m'ont
permis d'enrichir cette étude. Je tiens aussi à remercier J. Leblanc qui m'a aidé pour
l'analyse du cadastre.
2 Libanios, Discours XI Antiochikos, 119, éd. par Foerster, Leipzig, Teubner,
p. 474-475 (voir aussi A.-J. Festugière, Antioche païenne et chrétienne, Paris, 1959,
p. 43).
MEFRA - 106 - 1994 - 2, p. 993-1023. 65 GRÉGOIRE POCCARDI 994
de l'île que nous connaissons et c'est cet urbanisme de la basse Antiquité
qui est reproduit sur les plans restituant la ville d'Antioche.
- Le plan de D.N. Wilber.
Un plan de la ville antique fut présenté par D.N. Wilber et publié par
C.R. Morey3 (Fig. 1) en 1936. Il semble que cette carte soit admise aujour
d'hui par tous et serve de modèle à toutes les représentations de l'Antioche
antique. Elle est présentée comme ayant été réalisée à partir des sources
littéraires et des découvertes archéologiques faites dans l'île entre 1932 et
1935.
Selon cette restitution, l'île se situait au nord de la ville, avait la forme
d'un croissant et était reliée à la Vieille Ville par cinq ponts enjambant le
bras intérieur de l'Oronte. Le palais occupait un bon quart de l'île et son
espace interne était divisé en quatre ensembles. Au sud du palais se trou
vait un grand carrefour avec un tétrapyle d'où partait quatre rues à por
tiques, toutes allant en direction des portes de l'île, à l'exception de la rue
nord qui servait de propylée au palais impérial. À l'est du palais se trouvait
le grand cirque; on y accédait par une grande rue à portiques qui partait du
pont se trouvant au débouché de l'une des grandes rues à colonnades
venant du tétrapyle, et s'achevait à l'extrémité sud de l'hippodrome. Elle
était dans le prolongement de l'axe de ce monument.
Or, à échelle identique, la restitution du plan de la Ville Neuve de D.N.
Wilber, pourtant présentée comme intégrant les données de la fouille et les
sources littéraires, ne se superpose pas correctement avec celui des fouilles
archéologiques (Fig. 2)4.
Comme tant d'autres, A.-J. Festugière5 ne fit que reprendre le plan de
D.N. Wilber. Il y ajouta les divers monuments découverts lors des fouilles
archéologiques que ce dernier avait omis de signaler sur son plan, mais en
réadaptant leurs situations en fonction de la restitution de D.N. Wilber,
3 C. R. Morey, The excavation of Antioch-on-the-Orontes , dans Proceedings of the
American Philosophical Society, 76, 1936, p. 638.
4 À la même échelle, seules la grande rue de la Vieille Ville, la partie de muraille
autour de la porte Saint Paul (nord-est) et la porte du Chien correspondent. En
revanche, ni la portion de rempart à l'est avec la citadelle, ni même celle de l'ouest ne
sont correctement restituées sur le plan de D.N. Wilber; le pont de l'Oronte au sud,
ainsi que le cours soit disant moderne du fleuve semblent également incorrects.
Nous verrons que les erreurs commises à propos de l'île sont encore plus import
antes.
5 A.-J. Festugière, Antioche païenne et chrétienne, 1959, entre les pages 37 et 38. Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Restitution de D. N. Wilber publiée par C. R. Morey, The excavation of Antioch-on-the-Orontes ,
dans Proceedings of the American Philosophical Society, 76, 1936, p. 638. 4 Km
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 2 - Superposition du plan de D. N. Wilber (en noir) et de la carte des vestiges archéologiques
répertoriés à Antioche entre 1932 et 1936 (en rouge). ANTIOCHE DE SYRIE 997
alors que ces monuments avaient été soigneusement repérés et que c'était
autour d'eux que devait s'esquisser la reconstitution des grandes lignes du
plan de la Ville Neuve.
Nous allons donc nous efforcer de redéfinir la topographie de la Ville
Neuve en tenant compte à la fois des données archéologiques et littéraires.
Analyse des données archéologiques et géographiques
et littéraires
1) La Ville Neuve déente par les Anciens.
Nos principales sources sont évidemment Libanios6, Théodoret de
Cyr7 et Évagre le Scholastique8.
La Ville Neuve se trouvait dans l'île de l'Oronte, elle avait la forme d'un
cercle et était ceinte par une muraille. Quatre rues à portiques se rejoi
gnaient au centre de l'île au niveau d'un tétrapyle, la rue nord de cet
ensemble servait de propylée au palais impérial qui occupait environ un
quart de la superficie de l'île. Le avait do

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