Appartenance à la société libérale et dévaluation de la citoyenneté américaine - article ; n°1 ; vol.6, pg 93-110
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Appartenance à la société libérale et dévaluation de la citoyenneté américaine - article ; n°1 ; vol.6, pg 93-110

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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1990 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 93-110
L'appartenance à une société politique libérale et la dévaluation de la citoyenneté américaine
Peter H. SCHUCK
La citoyenneté, qui limite les droits politiques et ceux de l'individu en général sont en tension par rapport à l'éthique libérale qui célèbre les droits humains universels. Cet article analyse l'évolution de ce rapport de tension aux Etats-Unis, qui a été de plus en plus favorable aux droits universels. Les trois premières parties montrent comment la Cour Surpéme à interprété de plus en plus largement les principes d'égale protection et de juste traitement, qui sont inscrits dans la constitution américaine, et l'affaiblissement croissant du principe de consentement mutuel, qui est à la base de la citoyenneté américaine. Ces changements ont réduit l'attrait de l'acquisition de la citoyenneté. La dernière partie évalue cette dynamique. On conclut qu'au total, la dévaluation de la citoyenneté est un fait plutôt positif, et qu'elle garde un sens dans une société libérale, car elle peut constituer un pont symbolique entre les loyautés paroissiales et les aspirations universelles.
Membership in the liberal polity: the devaluation of American citizenship
Peter H. SCHUCK
National citizenship, which limits legal and political rights, coexists in tension with a liberal ethos, which celebrates universal human rights. In the US, that tension has increasingly been resolved in favor of universal rights. The article explores how that resolution has proceeded. The first three sections of the article emphasize the Supreme Court's expansive interpretations of the equal protection and due process principles, which are embedded in the US Constitution, and the US's increasing weakening of mutual consent as the basis for national membership. These changes, the article argues, have effectively reduced the value of acquiring US citizenship. The final section considers whether this is desirable or not. It condudes that on balance the devaluation of citizenship is a positive development and that citizenship retains significance in a liberal polity, where it can act as a symbolic bridge between parochial loyalties and universist aspirations.
La pertenencia a una sociedad política liberal y la devaluación de la ciudadanía norteamericana
Peter H. SCHUCK
La ciudadanía que limita los derechos políticos y los del individuo en general, está en tensión respecto a la ética liberal que celebra los derechos humanos universales. Este artículo analiza la evolución de esta tensión en Estados-Unidos, que ha sido cada vez más favorable a los derechos universales. Las tres primeras partes muestran como la Corte Suprema intepretó cada vez más ampliamente los principios de igual protección y de justo tratamiento, inscritos en la constitución norteamericana, y el debilitamiento creciente del principio de consentimiento mutuo, base de la ciudadanía norteamericana. La última parte estudia como esos cambios han reducido el atractivo de la adquisición de la ciudadanía. Se concluye que al fin y al cabo, la devaluación de la ciudadanía es un hech más bien positivo y que conserva un sentido en una sociedad liberal, porque puede constituir un puente simbólico entre las lealtades parroquiates y las aspiraciones universales.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Peter H. Schuck
Appartenance à la société libérale et dévaluation de la
citoyenneté américaine
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 6 N°1. L'immigration aux États-Unis. pp. 93-110.
Citer ce document / Cite this document :
Schuck Peter H. Appartenance à la société libérale et dévaluation de la citoyenneté américaine. In: Revue européenne de
migrations internationales. Vol. 6 N°1. L'immigration aux États-Unis. pp. 93-110.
doi : 10.3406/remi.1990.1229
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1990_num_6_1_1229Résumé
L'appartenance à une société politique libérale et la dévaluation de la citoyenneté américaine
Peter H. SCHUCK
La citoyenneté, qui limite les droits politiques et ceux de l'individu en général sont en tension par rapport
à l'éthique libérale qui célèbre les droits humains universels. Cet article analyse l'évolution de ce
de tension aux Etats-Unis, qui a été de plus en plus favorable aux droits universels. Les trois premières
parties montrent comment la Cour Surpéme à interprété de plus en plus largement les principes d'égale
protection et de juste traitement, qui sont inscrits dans la constitution américaine, et l'affaiblissement
croissant du principe de consentement mutuel, qui est à la base de la citoyenneté américaine. Ces
changements ont réduit l'attrait de l'acquisition de la citoyenneté. La dernière partie évalue cette
dynamique. On conclut qu'au total, la dévaluation de la citoyenneté est un fait plutôt positif, et qu'elle
garde un sens dans une société libérale, car elle peut constituer un pont symbolique entre les loyautés
paroissiales et les aspirations universelles.
Abstract
Membership in the liberal polity: the devaluation of American citizenship
Peter H. SCHUCK
National citizenship, which limits legal and political rights, coexists in tension with a liberal ethos, which
celebrates universal human rights. In the US, that tension has increasingly been resolved in favor of
universal rights. The article explores how that resolution has proceeded. The first three sections of the
article emphasize the Supreme Court's expansive interpretations of the equal protection and due
process principles, which are embedded in the US Constitution, and the US's increasing weakening of
mutual consent as the basis for national membership. These changes, the article argues, have
effectively reduced the value of acquiring US citizenship. The final section considers whether this is
desirable or not. It condudes that on balance the devaluation of citizenship is a positive development
and that citizenship retains significance in a liberal polity, where it can act as a symbolic bridge between
parochial loyalties and universist aspirations.
Resumen
La pertenencia a una sociedad política liberal y la devaluación de la ciudadanía norteamericana
Peter H. SCHUCK
La ciudadanía que limita los derechos políticos y los del individuo en general, está en tensión respecto
a la ética liberal que celebra los derechos humanos universales. Este artículo analiza la evolución de
esta tensión en Estados-Unidos, que ha sido cada vez más favorable a los derechos universales. Las
tres primeras partes muestran como la Corte Suprema intepretó cada vez más ampliamente los
principios de igual protección y de justo tratamiento, inscritos en la constitución norteamericana, y el
debilitamiento creciente del principio de consentimiento mutuo, base de la ciudadanía norteamericana.
La última parte estudia como esos cambios han reducido el atractivo de la adquisición de la ciudadanía.
Se concluye que al fin y al cabo, la devaluación de la ciudadanía es un hech más bien positivo y que
conserva un sentido en una sociedad liberal, porque puede constituir un puente simbólico entre las
lealtades parroquiates y las aspiraciones universales.93
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 6 - N° 1
1990
Appartenance à la société
libérale et dévaluation
de la citoyenneté américaine*
Peter H. SCHUCK
La citoyenneté, a écrit Alexander Bickel, « est au mieux
une idée simple pour un gouvernement simple ». Selon lui, l'adhésion à la commun
auté politique américaine a été largement et facilement réalisable au moins depuis
que le quatorzième amendement a été adopté et que la nature de cette citoyenneté
globale — en particulier les droits légaux et les obligations attachés à ce statut --a
cessé d'être depuis longtemps un problème important qui divise l'opinion. L'obser
vation de Bickel a un mérite : elle est probablement plus vraie aujourd'hui qu'au
moment où il la formula, en 1973.
La citoyenneté américaine comparativement à la plupart des autres pays et
des périodes antérieures de l'histoire américaine — est notablement plus facile à
obtenir, difficile à perdre et elle confère peu d'avantages légaux ou économiques
par rapport au statut d'étranger résident permanent.
Ce modèle est entièrement compatible avec les prémisses philosophiques de la
constitution américaine. Le même éthos libéral qui a dominé le discours politique
et a façonné les institutions politiques de ce pays, a également profondément
modelé la signification politique, légale et sociale de la citoyenneté. L'influence du
libéralisme reflète la force génératrice des trois principes fondamentaux de la vie
américaine. Selon le « principe d'égalité » le gouvernement est fortement présumé
traiter de la même manière tous les individus qui sont dans la même situation. Le
« principe de juste traitement » exige que le traite équitablement
tous les individus sur lesquels il exerce un pouvoir coercitif. Le « principe de
consentement » souligne que l'adhésion politique doit être fondée sur une relation
continue et consensuelle entre l'Etat et les citoyens.
Dans cet essai, je soutiens que la signification distinctive de la citoyenneté
américaine, révélée par le droit et les obligations précises qu'elle entraîne, a été
transformée dans les dernières décennies par une philosophie publique qui étend
* Traduction d'Yves Charbit, Véronique Petit et Hélène Van de Walle. 94 Peter H. SCHUCK
régulièrement les principes d'égalité et de juste traitement dans le sens des valeurs
libérales. Ce changement a presque réduit à néant la valeur marginale de la
citoyenneté comparée au statut d'étranger résident. Il n'a pas seulement minimisé
les motivations1 des étrangers à la naturalisation. Il a aussi altéré la signification
sociale de la citoyenneté ('). Du point de vue de la société et de celui des étrangers,
ce changement a été entièrement cohérent avec le principe de consentement.
Dans les parties I, II et III, j'examine comment les principes d'égalité, de juste
traitement et de consentement se sont développés en dévaluant la citoyenneté. La
partie IV cherche a évaluer ce développement. Cette discussion présume d'un bout
à l'autre que les Etats-Unis possèdent non seulement un droit légal mais aussi une
justification morale à limiter le droit d'entrer sur leur territoire et à participer
pleinement à la vie politique (2). Bien que ces prémisses peuvent être contestées à
plusieurs titres (3), de tels arguments sont hors du champ de cet essai.
LE PRINCIPE D'ÉGALITÉ
Dès les premiers jours de la république, la citoyenneté américaine a été relat
ivement facile à acquérir, du moins pour les hommes blancs (4). Elle fut définie
constitutionnellement par le quatorzième amendement ratifié en 1868. A l'origine,
cet amendement avait pour but de casser Tunique décision Dred Scott de la Cour
Suprême (5) et d'affranchir les Noirs récemment libérés. Dans sa première phrase
(la « clause de citoyenneté »), l'amendement conférait la citoyenneté à « toute
personne née aux Etats-Unis et soumise à leur juridiction » (6), universalisant de
fait la citoyenneté pour toutes les personnes nées sur le sol américain (7). Les
conditions statutaires imposées par la loi pour la naturalisation sont faciles à
satisfaire, ont été libéralement interprétées

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