Armes, amours, écriture. Figure de l écrivain dans le Méliador de Jean Froissart - article ; n°41 ; vol.20, pg 133-148
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Armes, amours, écriture. Figure de l'écrivain dans le Méliador de Jean Froissart - article ; n°41 ; vol.20, pg 133-148

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Médiévales - Année 2001 - Volume 20 - Numéro 41 - Pages 133-148
Le roman en vers arthurien de Jean Froissart, Méliador, généralement considéré comme une anomalie dans l'œuvre de l'auteur, a longtemps été relégué au second plan des études sur Froissait. Cet article vise à démontrer que Méliador, en dépit de son sujet insolite, est bel et bien intégré à la plus grande partie de l'œuvre de Froissart, y compris les Chroniques et les Dits, et que cette intégration est rendue possible précisément grâce aux insertions lyriques de Wenceslas de Brabant. Les circonstances qui entourent ces insertions et la manière dont elles sont introduites soulignent particulièrement la fonction des écuyers dans la production littéraire de leur maître, le rôle du narrateur et la façon dont les écuyers et le narrateur fonctionnent comme les doubles de Froissart. À l'instar de beaucoup d'autres œuvres de Froissart, Méliador témoigne de la préoccupation de la postérité, du rôle de la mémoire et sa relation à l'écriture, du travail de composition littéraire comme un des sujets du texte.
Armes, amours, écriture. Figures of the Author in Jean Froissart's Méliador - Jean Froissart's Arthurian verse romance, Méliador, generally seen as anomalous among the works of Froissart, has long been relegated to the sidelines of Froissart studies. The present article seeks to demonstrate that, despite its singular subjectmatter, Méliador, is in fact closely related to the larger body of Froissart's works, including his Chroniques and his Dits, and that this integration is achieved precisely by means of the lyric insertions of Wenceslas de Brabant. The article focuses on the circumstances and manner of the lyric insertions, with particular emphasis on the function of the squires in the literary production of their masters, the role of the narrator, and the ways in which both squires and narrator function as doubles for Froissart himself. Like many of Froissart's other works, Méliador exhibits a preoccupation with posterity, the role of memory and its relationship to writing, and the process of literary composition as a subject of the text itself.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prof. Daisy Delogu
Armes, amours, écriture. Figure de l'écrivain dans le Méliador de
Jean Froissart
In: Médiévales, N°41, 2001. pp. 133-148.
Citer ce document / Cite this document :
Delogu Daisy. Armes, amours, écriture. Figure de l'écrivain dans le Méliador de Jean Froissart. In: Médiévales, N°41, 2001. pp.
133-148.
doi : 10.3406/medi.2001.1529
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2001_num_20_41_1529Résumé
Le roman en vers arthurien de Jean Froissart, Méliador, généralement considéré comme une anomalie
dans l'œuvre de l'auteur, a longtemps été relégué au second plan des études sur Froissait. Cet article
vise à démontrer que Méliador, en dépit de son sujet insolite, est bel et bien intégré à la plus grande
partie de l'œuvre de Froissart, y compris les Chroniques et les Dits, et que cette intégration est rendue
possible précisément grâce aux insertions lyriques de Wenceslas de Brabant. Les circonstances qui
entourent ces insertions et la manière dont elles sont introduites soulignent particulièrement la fonction
des écuyers dans la production littéraire de leur maître, le rôle du narrateur et la façon dont les écuyers
et le narrateur fonctionnent comme les doubles de Froissart. À l'instar de beaucoup d'autres œuvres de
Froissart, Méliador témoigne de la préoccupation de la postérité, du rôle de la mémoire et sa relation à
l'écriture, du travail de composition littéraire comme un des sujets du texte.
Abstract
Armes, amours, écriture. Figures of the Author in Jean Froissart's Méliador - Jean Froissart's Arthurian
verse romance, Méliador, generally seen as anomalous among the works of Froissart, has long been
relegated to the sidelines of Froissart studies. The present article seeks to demonstrate that, despite its
singular subjectmatter, Méliador, is in fact closely related to the larger body of Froissart's works,
including his Chroniques and his Dits, and that this integration is achieved precisely by means of the
lyric insertions of Wenceslas de Brabant. The article focuses on the circumstances and manner of the
lyric insertions, with particular emphasis on the function of the squires in the literary production of their
masters, the role of the narrator, and the ways in which both squires and narrator function as doubles
for Froissart himself. Like many of Froissart's other works, Méliador exhibits a preoccupation with
posterity, the role of memory and its relationship to writing, and the process of literary composition as a
subject of the text itself.Médiévales 41, automne 2001, p. 133-148
Daisy DELOGU
ARMES, AMOURS, ÉCRITURE.
FIGURES DE L'ÉCRIVAIN DANS LE MÉUADOR
DE JEAN FROISSART*
Depuis la redécouverte l du manuscrit de Méliador en 1893, ce roman
arthurien de Jean Froissart (v. 1337-après 1404) a eu bien du mal à surmonter
les préjugés de la critique, qui l'a trouvé trop long, répétitif et ennuyeux,
n'ayant pour but que d'idéaliser le même monde chevaleresque que Froissart
décrivait dans ses Chroniques, et de mettre en valeur les poésies de Wenceslas
de Brabant (t 1383), mécène de Froissart 2, qui sont enchâssées dans le récit 3.
Peter Dembowski a commencé à réhabiliter le roman en 1983 avec la publica
tion de Jean Froissart and His Méliador, context, craft, and sense 4, et plus
récemment ce texte curieux a commencé à recevoir de la critique l'attention
qu'il mérite. Néanmoins, on continue à trop insister sur l'hétérogénéité de
* Je profite de l'occasion qui m'est offerte ici pour remercier le Professeur Jacqueline
Cerquiglini-Toulet pour l'aide très précieuse qu'elle a apportée à l'élaboration du présent article.
1. Voir l'introduction au texte d'Auguste Longnon : « Indiqué dans les catalogues manusc
rits de cet important dépôt sous le titre inexact de Roman de Camel et d'Hermondine, il demeura
en quelque sorte perdu jusqu'au mois d'octobre 1893 » (« Introduction », Méliador, A. Longnon
éd., Paris, Firmin Didot, 3 vol., 1894-1899, vol. 1, p. XLV-XLVI).
2. Sur Wenceslas de Bohême, comte de Luxembourg puis duc de Brabant, voir
G. HASENOHR, M. Zink éd., Dictionnaire des lettres françaises, Le Moyen Âge, Paris, Fayard, rééd.
1992, s. v., p. 1502.
3. Voir « Le Dit du Florin » dans Jean Froissart, Dits et Débats, A. Fourrier éd., Genève,
Droz, 1979, v. 291-307.
4. Quelques travaux sur Méliador ont précédé ce texte, tels l'article de J. Cerquiglini-
Toulet, « Pour une typologie de l'insertion », Perspectives Médiévales, 3, 1977, p. 9-13 ; celui de
J. LODS, « Les Poésies de Wenceslas et le Méliador de Froissart », dans Mélanges de langue et
littérature françaises du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à Charles Foulon, 1. 1, 1980,
p. 205-216 ; et celui de N. Wilkins, « A Pattern of Patronage : Machaut, Froissart and the Houses
of Luxembourg and Bohemia in the Fourteenth Century », French Studies, 37, juillet 1983, p. 257-
281. L'œuvre de P. Dembowski est la première monographie consacrée au roman de Froissart. 134 D. DELOGU
l'œuvre de Froissart et à négliger les liens profonds qui unissent Méliador, ses
Chroniques et sa production poétique 5. En outre, la critique a tendance à traiter
séparément les poèmes de Wenceslas et le récit de Méliador : les études consa
crées aux insertions lyriques se sont concentrées, pour la plupart, sur les diver
ses fonctions des pièces insérées ou sur les aspects techniques de l'insertion 6,
tandis que les études qui traitent du récit ont souvent négligé la composante
lyrique. Ce manque relatif d'intérêt pour les poèmes relève peut-être du mépris
pour les talents littéraires de Wenceslas, mais cette manière d'étudier le roman
a nui au développement d'une vision cohérente du texte. Dans le présent travail
nous espérons montrer que ce sont justement les insertions lyriques, et en parti
culier les circonstances qui président à la mise en scène des poèmes, qui font
ressortir les façons dont Méliador se relie aux autres œuvres de Froissart et qui
font voir la main de l'auteur. Nous examinerons d'abord les liens entre les
chevaliers, qui sont les énonciateurs principaux des poèmes 7 et leurs écuyers.
Ensuite, nous parlerons de la figure du narrateur et des rapports qu'il entretient
avec l'histoire qu'il raconte ainsi qu'avec les poèmes qu'il annonce.
Le rôle de Pécuyer dans la création poétique
Le roman de Méliador, qui comprend plus de 30 000 vers, se déroule en
Ecosse, en Angleterre et en Irlande, et raconte les aventures des chevaliers qui
précèdent l'ère arthurienne. Il s'agit d'une quête pour la main d'Hermondine,
fille et héritière du roi d'Ecosse. Importunée par plusieurs prétendants, dont un
la menace de lui faire la guerre, Hermondine déclare qu'elle n'épousera que le
chevalier qui, après cinq ans d'épreuves, sera déclaré le plus vaillant devant la
cour du roi Artus. Pendant ces cinq ans les chevaliers doivent garder l'anonymat
et rester solitaires. Le récit suit les aventures amoureuses et chevaleresques
entrelacées des divers chevaliers, dont les principaux sont Méliador, fils du duc
de Cornouailles, Agamanor, un chevalier normand, et Sagremor, fils du roi
d'Irlande. Il se termine avec une série de mariages, celui du vainqueur, Méliador,
5. Froissart Across the Genres, D. Maddox et S. Sturm-Maddox éd., Florida, University
Press of Florida, 1998, est le fruit d'un colloque dédié à l'écrivain qui a eu lieu à Amherst College
en 1995. Cette publication met en évidence un nouvel intérêt pour toutes les œuvres de Froissart,
et en particulier les liens qui existent entre elles.
6. Voir par exemple D. KELLY, Medieval Imagination, Wisconsin, University of Wisconsin
Press, 1978, où sont examinés les divers rôles que jouent les pièces lyriques dans Méliador, ou les
travaux de J. Cerquiglini-Toulet, qui étudie Méliador dans le cadre d'un thème beaucoup plus
vaste, celui de l'insertion lyrique au xive siècle. Voir en particulier Cerquiglini-Toulet, « Full
ness and Emptiness : Shortages and Storehouses of Lyric Treasure in the Fourteenth and Fifteenth
Centuries », trad. C. Cano, dans D. Poirion et N. Freeman Regalado éd., Contexts

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents