Aux origines de l héraldique.  - article ; n°2 ; vol.109, pg 198-208
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1951 - Volume 109 - Numéro 2 - Pages 198-208
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

Pierre Gras
Aux origines de l'héraldique.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1951, tome 109, livraison 2. pp. 198-208.
Citer ce document / Cite this document :
Gras Pierre. Aux origines de l'héraldique. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1951, tome 109, livraison 2. pp. 198-208.
doi : 10.3406/bec.1951.449440
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1951_num_109_2_449440AUX ORIGINES DE L'HÉRALDIQUE
LA DÉCORATION DES BOUCLIERS AU DÉBUT DU XII« SIÈCLE
D'APRÈS LA BIBLE DE CÎTEAUX
II est admis aujourd'hui que l'apparition des emblèmes
héraldiques vers le début du xne siècle est liée à la nécessité
où se trouvèrent les combattants de se faire reconnaître
dans les batailles, alors que le heaume leur cachait en partie
le visage et les rendait méconnaissables. Le mode de recon
naissance consista essentiellement en une décoration par
ticulière du bouclier, puis ces signes distinctifs, d'abord per
sonnels, devinrent ensuite héréditaires et leur usage fut
adopté par les femmes, les ecclésiastiques, les roturiers1.
Les plus anciennes armoiries connues sont celles des
Plantegenets, attestées dès 1127 : des lions, qui devinrent
ensuite des léopards, figuraient à cette date sur l'écu du
comte d'Anjou, Geoffroi. Par contre, les boucliers repré
sentés sur la tapisserie de Bayeux, que l'on place vers 1070-
1080 2, ne sont pas encore armoriés ; le plus souvent pourvus
d'une bordure, ils se ramènent, sauf deux exceptions, à
trois types : un dragon, un semis de points et, cas le plus fr
équent, une croix ou un sautoir aux bras généralement ondul
és, accompagnés parfois de points. L'ornementation de ces
boucliers ne pouvait donc pas servir à distinguer les cheval
iers. L'apparition des armoiries se placerait donc entre
1080 environ et 1127.
Il n'a pas été possible de préciser davantage, et la ques-
1. Sur ces questions de la définition et de l'apparition de l'héraldique, nous
renvoyons à l'excellent ouvrage de M. Rémi Mathieu, Le système héraldique
français (Paris, J.-B. Janin, 1946 [Collection La roue de fortune']).
2. André Lejard, La tapisserie de Bayeux (Paris, Éditions du Chêne, 1946),
p. 9. AUX ORIGINES DE l'hÉRALDIQUE 199
tion des origines de l'héraldique n'a guère fait de progrès
depuis l'article de Louis Bouly de Lesdain sur Les plus an
ciennes armoiries françaises, paru en 1897 1. Les documents
utilisables ne sont pas nombreux, en effet. Les chroniqueurs
paraissent avares de détails sur cette matière et la descrip
tion du bouclier de Geoffroi Plantegenet reste exceptionnelle ;
on s'efforce actuellement de recueillir les indications conte
nues dans les chansons de geste, bien que celles-ci offrent
l'inconvénient de ne pas être exactement datées2. D'autre
part, en ce qui concerne les documents figurés, il ne semble
pas que l'on puisse tirer encore quelque chose de l'examen
des sceaux, déjà très étudiés.
Il est cependant une autre source, encore peu utilisée3,
qui est constituée par les enluminures des manuscrits, dont
certains peuvent être datés avec assez de précision. Il n'est
pas nécessaire que ces miniatures concernent des événements
de l'époque où le manuscrit a été écrit, puisque les illustra
teurs du Moyen Age ont presque toujours représenté les
personnages de tous les siècles de l'histoire comme des gens
de leur propre temps.
C'est ainsi que, dans une Bible du début du xne siècle,
conservée à la bibliothèque de Dijon, figurent des guerriers
munis de l'équipement caractéristique de cette époque,
haubert de mailles qui encapuchonné la tête, heaume co
nique à nasal, grand bouclier en amande enfin. Les boucliers
sont tous ornés de façon différente et leur décoration, passée
inaperçue jusqu'à présent, peut apporter quelques préci
sions sur les débuts de l'héraldique.
Cette Bible appartient à un groupe d'une vingtaine de
manuscrits écrits et enluminés à Cîteaux dans les premières
années de l'existence de l'abbaye, fondée en 1098, avant que
l'influence de saint Bernard n'eût fait proscrire vers 1125
toute fantaisie et toute recherche d'art4. Elle comprend
1. Dans les Archives héraldiques suisses.
2. Jean Marchand, L'art héraldique d'après la littérature du Moyen Age. Les
origines : la Chanson de Roland, dans le Moyen Age, 3 e série, t. VII (XLVI de
la collection), 1937, p. 37-43.
3. Voir, par exemple, Paul Ganz, Geschichte der heraldischen Kunst in der
Schweiz im XII. und XIII. Jahrhundert. [Thèse de philosophie de Zurich,
1899.]
4. M. Ch. Oursel, alors conservateur de la bibliothèque de Dijon, a décrit .
200 P. GRAS
actuellement quatre volumes, dont les deux derniers seuls,
manuscrits 14 et 15, renferment les miniatures qui nous inté
ressent ici ; elle a été exécutée sur l'ordre de l'abbé Etienne
Harding et très certainement fut terminée avant 1109. A la
fin du second tome (ms. 13), à la suite d'un explicit daté de
1109, figure, en effet, de la même écriture et de la même
encre, une lettre d'Etienne Harding, dans laquelle celui-ci
explique comment il fit reproduire l'exemplaire de la Bible
qu'il trouva le plus complet, puis comment il fit corriger la
copie en la comparant à d'autres textes et en recourant
même à l'avis de rabbins.
Or, les traces des corrections résultant de la méthode
adoptée par l'abbé Etienne se retrouvent dans les deux der
niers volumes, aussi bien que dans les deux premiers. Ils
étaient donc tous écrits à cette date de 1109, malgré les
différences que l'on relève entre eux, la décoration des
tomes I et II étant beaucoup plus fruste et leur format plus
grand. La place de la lettre d'Etienne Harding à la fin du
second volume, qui paraissait inexplicable1, vient simple
ment de ce que les deux premiers tomes de la Bible n'en
formaient primitivement qu'un seul ; les cahiers du premier
sont signés I à XIV, ceux du second XV à XXXIII ; l'abbé
a fait transcrire assez naturellement sa lettre à la fin du
premier tome d'alors. D'autre part, il n'y a aucune raison
de supposer que les enluminures aient été exécutées long
temps après la copie du texte, de sorte que l'on peut ad
mettre que les manuscrits 14 et 15 donnent le costume mili
taire de la première décade du xne siècle.
Il n'y a pas lieu de douter de l'exactitude de ces représent
ations. A côté des influences antique, anglo-saxonne et
orientale, la décoration des manuscrits de Gîteaux fait une
large place à l'observation et de nombreuses miniatures
montrent des scènes de la vie de chaque jour rendues avec
un rare réalisme2. Précisément, des guerriers représentés
ces manuscrits dans un article du Bulletin de la Société française de reproduct
ions des manuscrits à peintures de 1923, p. 5-33, puis dans une étude plus
détaillée, La miniature du XIIe siècle à l'abbaye de Cîteaux, d'après les manusc
rits de la bibliothèque de Dijon (Dijon, Venot, 1926). — Nos références s'ap
pliquent à ce dernier ouvrage.
1. Oursel, p. 20.
2, Oursel, p. 30. AUX ORIGINES DE l'hÉRALDIQUE 201
comme ceux de la Bible se retrouvent exactement dans une
initiale du manuscrit 173 1, celui de tout le groupe dont la
décoration offre le plus grand nombre de scènes pitt
oresques2; comme nous le verrons, c'est aussi dans ce ma
nuscrit que l'on remarque la même figuration du « vair »
que dans la Bible.
* *
La miniature de beaucoup la plus importante du point de
vue héraldique se trouve dans le manuscrit 14 au verso du
folio 13. Elle montre David en majesté, siégeant dans Jéru
salem3. La ville est représentée par une muraille crénelée
qui encadre toute la scène, muraille percée sur chacun des
quatre côtés d'une porte surmontée d'une tour. Les tours
de droite et de gauche et toute la courtine supérieure sont
garnies de guerriers armés d'épées, d'arcs, de frondes, de
haches, de lances ou jouant du cor ; beaucoup sont munis de
boucliers. La miniature est à pleine page, 245 sur 425 mm.,
et l

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