Bourgogne - article ; n°2 ; vol.11, pg 367-419

Abbé J.Joly

Description

Gallia préhistoire - Année 1968 - Volume 11 - Numéro 2 - Pages 367-419
53 pages

Informations

• Publié par: GALLIA0
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 42
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 10 Mo

Extrait

J. Joly
Bourgogne
In: Gallia préhistoire. Tome 11 fascicule 2, 1968. pp. 367-419.
Citer ce document / Cite this document :
Joly J. Bourgogne. In: Gallia préhistoire. Tome 11 fascicule 2, 1968. pp. 367-419.
doi : 10.3406/galip.1968.1328
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1968_num_11_2_1328Circonscription de Bourgogne, M. l'Abbé J. Joly, Directeur.
Côte-d'Or L'industrie lithique de cette couche est
très abondante ; à part quelques éléments en Beaume-les-Créancey. — Au printemps de bon silex, la majeure partie de l'outillage est
1965 une tranchée d'adduction d'eau profonde tirée par un débitage grossier d'une chaille
de 1,30 m était effectuée dans la haute vallée grise d'origine locale qui ne donne la plupart
de la Vandenesse ; elle montrait surtout aux du temps que des outils informes ; on peut environs du hameau de Beaume-les-Créancey, noter cependant la recherche d'instruments
des vestiges archéologiques de diverses époques. tranchants (fîg. 2), de grattoirs, d'éclats assez
Par ailleurs, deux sondages de 17 cm de dia larges et de lames courtes1.
mètre donnèrent des indices intéressants jusqu'à La céramique est peu . abondante (une 2,50 m où ils durent être arrêtés à cause d'une quarantaine de fragments). Il en existe deux arrivée d'eau trop importante. catégories : la première est une céramique M. l'Abbé Puisségur et M. A. Clair, ingé grossière mal cuite ; un tesson indique la nieur géologue du Génie Rural, entreprirent présence de fonds plats débordant vers d'étudier la série stratigraphique du fond de l'extérieur ; un autre porte un cordon avec la vallée de la Vandenesse. Ils implantèrent un impressions à l'ongle ; la deuxième catégorie est décapage de 3 m sur 3 m au lieu-dit les Chene-
une céramique plus fine, mieux cuite et lissée vières de l'Étang, c'est-à-dire aux environs des en surface, qui, par son aspect, s'apparente lieux où la Vandenesse sort du plateau jurassi aux céramiques des Champs d'Urnes connues que pour rejoindre l'Auxois. Ils eurent à vaincre dans les environs en particulier dans les grottes de très grosses difficultés puisque leur chantier creusées dans les rochers qui surplombent le implanté tout près de la rivière elle-même fond de la haute vallée de la Vandenesse. atteignait rapidement le niveau phréatique Il y a quelque vraisemblance pour que ce bas et qu'il fallut une pompe puissante pour lutter niveau d'occupation remonte à la fin de l'âge contre les arrivées d'eau et disposer un solide du Bronze. coffrage pour parer aux éboulements.
Les différents niveaux d'occupation humaine Les décapages furent ainsi conduits couche
étaient séparés par des couches archéologique- par couche jusqu'à 4,15 m de profondeur. La
ment stériles mais riches en mollusques. Un coupe ci-jointe (fig. 1) donne la nature des
prélèvement de 10 kg fut effectué dans chaque couches rencontrées et montre que dans ce
niveau, ce qui donna pour l'ensemble plus de fond de vallée se succédèrent dans le temps
25 000 coquilles. plusieurs occupations humaines. La première
(couches 14 et 18) est gallo-romaine, des
ne et ine siècles ; la seconde est
1. Cette industrie n'est pas sans rappeler l'industrie du Ier siècle. La troisième (couche 7) contient lithique grossière trouvée par M. Vernet sur les rives des silex et de la céramique ; elle est plus difficile du barrage de Grosbois. Cf. Gallia Préhistoire, VIII,
à dater. 1965, p. 66, fig. 11. 368 INFORMATIONS ARGHÉOLOGIOUES
m pas caractéristiques Bien terminée, que l'analyse les d'un associations certain malacologique milieu de mollusques, ou ne de soit cer
O-i
taines conditions physiques, reconnues dans
les diverses couches permettent de tirer
provisoirement les conclusions suivantes.
La faune des niveaux inférieurs (1 à 5)
indique un terrain entièrement boisé, très
humide et un climat plus froid que l'actuel.
Avec le niveau 6 le climat est nettement moins
humide mais la forêt reste aussi dense. En 7,
celle-ci est en régression ; l'homme a vraisem
blablement déboisé une bonne partie du
terrain, ce qui a pu être la cause d'inondations
qui se manifestent par des accumulations de
mollusques aquatiques. En 8, la forêt reprend
ses droits et les mollusques aquatiques dimi
15 nuent. De 9 à 12, il y a régression de la forêt
et reprise des inondations. En 13, les mollusques
aquatiques sont si nombreux par rapport aux 14
mollusques terrestres que la vallée ne devait
être qu'un vaste marécage non boisé. Puis la 13 forêt reprend (couches 14 et 15) jusqu'au
moment où les gallo-romains du Ier siècle
(couche 10) vont la défricher alors complète
12 ment. Après une légère reprise de la forêt 2-h
consécutive à l'abandon du site, le terrain
est complètement et définitivement déboisé.
De grands espaces découverts indiquent vra
isemblablement l'extension de la culture, et
l'abondance des espèces thermophiles un r
échauffement du climat ou au moins un plus
grand ensoleillement.
Une telle fouille, outre qu'elle montre l'impor
tance des formations postglaciaires dans le
remplissage des vallées en bordure de l'Auxois,
3-11
1 Beaume-les-Créancey. Coupe stratigraphique du fond de la
vallée de la Vandenesse : 1 : tuf argileux gris ; 2 : tuf sableux ;
2 bis : argiles beiges ; 3 : argiles grisâtres avec débris végétaux ;
4 : tourbe marron contenant des débris végétaux ; noircit rap
idement à l'air ; 5, 6 : matière nauséabonde, plus fine vers la
base (5), plus grossière au sommet (6) ; 7 : tuf sableux, plus
grossier et teinté de rouille vers la base, très riche en vestiges
(silex et poterie non roulée) ; 8 : tourbe grise ; 9 : tourbe noire,
peu de végétaux, racines ; 10 : tourbe noire, beaucoup de débris
végétaux; 11 : grandes pierres plates avec silex et poterie roulée;
12 : tuf sableux, parfois assez grossier ; 13 : argileux, assez clair,
matériel très fin ; 14 : lentille de tuf sableux ; 15 : argileux,
humique, assez foncé ; 16 : Gallo-Romain, début du Ier siècle ;
17 : marne grise stérile, veinée de rouille ; 18 : Gallo-Romain, IIe-
me siècles, rouille ; 19 : iie-ine siècles, noir ;
1 20 : argile brune ; 21 : terre arable. GIRGONSGRIPTION DE BOURGOGNE 369
2 Beaume-les-Créancey. 1 à 5, instruments tranchants ; 6 à 9, éclats. Faces supérieures en haut de la page ;
faces inférieures en bas de la page. 370 INFORMATIONS ARCHÉOLOGIQUES
souligne que l'étude d'horizons dénués de et les quelques pierres qui avaient subi l'action
vestiges archéologiques, mais souvent riches du feu et qui étaient disséminées dans le massif
en faune et en flore, permet de retracer de n'avaient pas subi cette action sur place ;
façon continue l'évolution du milieu et en les nombreux débris de charbons, rencontrés
dit parfois plus long sur l'occupation humaine, au voisinage de la sépulture étaient peut-être
sur les climats qu'elle a dû affronter, sur les les restes d'une protection en bois du cadavre.
milieux qu'elle a dû défricher ou abandonner, Autour du massif central s'étendait une zone
que tel niveau riche en vestiges, bien fouillé, dépourvue de pierres (fig. 3, b) ; puis s'élevait
mais isolé de tout contexte. une murette construite en dalles minces très
régulièrement empilées, sur le sommet de Chaume-les-Baigneux. — Au lieu-dit La
laquelle étaient des pierres plus grandes Forêt s'élevaient un gros tumulus (tumulus
débordant vers l'intérieur ; cette murette était n° 1), un autre un peu moins grand
contrebutée à l'extérieur par un massif d'argile n° 2) et un troisième (tumulus n° 3) de petites
et de pierres disposées sans ordre (fig. 3, c) ; dimensions. Ils étaient situés sur la rive gauche
ce massif était limité sur la périphérie par de de la Laignes à 15 km à vol d'oiseau de l'impor
grosses pierres (sorte de cromlech). Sur tous tant groupe de Magny-Lambert. La structure
les éléments précédents (massif central, murettdes tumulus de ce groupe ayant été très mal
e, massif extérieur de contrebutage) s'étendait étudiée il était naturel de penser que ceux-ci
une couche d'argile rouge (fig. 3, d). C'est une la mettrait clairement en