Brest, étude de géographie urbaine (Suite) - article ; n°4 ; vol.40, pg 593-624
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Annales de Bretagne - Année 1932 - Volume 40 - Numéro 4 - Pages 593-624
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Publié le 01 janvier 1932
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Langue Français
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Mlle S. Castel
Brest, étude de géographie urbaine (Suite)
In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 4, 1932. pp. 593-624.
Citer ce document / Cite this document :
Castel S. Brest, étude de géographie urbaine (Suite). In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 4, 1932. pp. 593-624.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1932_num_40_4_1707Mlle S. CASTEL
BKESÏ
ÉTUDE DE GÉOGRAPHIE UKBAIÏŒ
(Suite).
CHAPITRE IV
LE DÉVELOPPEMENT DE BREST, DE LA RÉVOLUTION
A NOS JOURS
La période révolutionnaire l'ut pour l'extension de Brest une
période de stagnation et pour l'accroissement de sa population
une. période de recul.
Nous avons déjà vu, bien des fois, durant le xviir9 siècle les
difficultés financières de la municipalité venir contrecarrer
les projets d'agrandissement et d'embellissement de la ville,
niais jamais encore la cité n'avait connu une détresse finan
cière telle que celle qu'elle subil pendant les dernières années
de ce siècle. Les octrois et les droits d'entrée * qui avant 1789
produisaient annuellement de 50 à 55.000 livres avaient été
supprimés à compter du 1er avril 1791 et ce n'était pas le
seizième attribué à la ville dans le produit de la vente des
bien nationaux qui pouvait compenser cette perte. Et cepen
dant il fallait que la municipalité nourrît l'immense populat
ion flottante que la Révolution et la guerre contre l'Angleterre
avaient concentrée à Brest : armées de terre et de mer,
citoyens, ouvriers, prisonniers de guerre, prisonniers poli
tiques, réfugiés de la Martinique et de l'Acadie (après la prise
1. Levot, Histoire de Brest, t. III, p. 306. 594 BREST, ÉTUDE DE GEOGRAPHIE URBAINE
de ces colonies par les Anglais2. Il est vrai que les prises
nombreuses faites sur tous les pavillons maritimes en guerre
contre la République française encombraient les magasins
particuliers de la ville, quelques-uns même du service mari
time et qu'il fallait en venir à un bazar de caravane3. Mais
la loi du maximum d'un côté, le défaut de communications
avec l'intérieur de l'autre rendaient ces richesses sans valeur
pour le commerce; de sorte que Brest abondait en un petit
nombre de denrées coloniales et manquait totalement de
denrées de première nécessité, tels que blé et viande *. Les
réquisitions incessantes5 faites pour l'armement et le ravi
taillement des troupes avaient épuisé le pays; la mauvaise
récolte de 1793, le cours forcé des assignats et des billets de
confiance qui perdaient chaque jour de leur valeur rendaient
la situation de la municipalité de plus en plus difficile, de
plus en plus inextricable.
Dans une pareille détresse elle était bien loin de songer à
des établissements dans la ville; aussi les seuls travaux entre
pris à cette époque sont-ils des travaux de défense : on
construit en 1792 deux ouvrages de campagne à la carrière du
Pape (ouvrage des Fédérés) et à Kéroriou, et on remplace le
mur crénelé des fronts de Brest par un parapet terrassé.
L'arrêt de l'extension de la ville est une des conséquences
de la Révolution et de la guerre; la diminution de la population
municipale en est une autre. iLorsque, le district de 1793 adopte
la division de Brest en deux paroisses 6, voici les chiffres de
population qu'il donne : la paroisse de Saint-Louis, avec les
2. A. du Chatelliee, Brest et le Finistère sous la Terreur, p. 57.
3. On avait dû établir de grandes tentes en voilure de bâtiments depuis la
mâture Jusqu'à la grande cale et sous le couvert se logeaient le sucre, le
coton, le café qui ne pouvaient être emmagasinés.
4. A. DTT CHATELLIEK, OUVT. Cité, p. 37.
5. Sur l'ordre du représentant Leignelot, le conseil municipal avait décrété,
le 8 germinal an II (28 mars 1794), que les terrains propres à la culture de
la pomme de terre seraient mis en réquisition pour les besoins de la com
mune. C'est ainsi qu'un terrain vague (haut de la rue Jean-Macé actuelle)
situé entrs le Petit-Couvent et Le cours d'Ajot fut transformé par la municip
alité en champs de pommes de terre.
6. Levot, Brest pendant la Terreur, p. 62. ÉTUDE DE GEOGR \PI1IK URISAIXE 595 BREST,
glacis, les faubourgs et la chapelle des Carmes pour oratoire,
renferme une population de 16.120 âmes; la paroisse de Saint-
Sauveur, avec Prat-Lidan et Lanninon et la chapelle Notre-
Dame pour oratoire, contient 8.060 habitants; ce qui fait au
total 24.180 habitants, c'est-à-dire 3.000 de moins qu'en 1789.
Quelles sont les causes de cette diminution de la population ?
Les réquisitions d'hommes pour l'armée 7 et pour la flotte
enlevèrent certainement un grand nombre d'hommes valides;
de plus, il y eut un fort courant d'émigration qui s'accentua
encore après la mort de 'Louis XVI; la majorité des émigrés
étaient des officiers de marine 8 et leurs familles. Plus encore
peut-être que leurs convictions politiques, les mutineries de
leurs équipages et les vexations dont ils étaient l'objet les
poussèrent à abandonner leurs postes9.
La population diminua aussi des religieux qui quittèrent
Brest lorsque, en 1792, le couvent des Carmes, le couvent des
Capucins, le petit couvent furent transformés en biens natio
naux. Enfin, le tribunal révolutionnaire, qui s'installa le
5 février 1794 dans l'ancienne église des Jésuites, fit lui aussi
des brèches dans la population; nous ne possédons pas 1<'
chiffre exact des condamnations qui s'échelonnèrent durant
toute la Terreur, mais il y en eut au moins 73.
En même temps que la population municipale diminuait, la
population flottante s'accroissait : les armements entrepris
7. Ibid., p. 267. « L'armée des côtes de Brest se recrutait avec facilité, et
l'on voyait le cours d'Ajot, les remparts, les fossés de la ville remplis d«
réquisitionnaires qu'on faisait entier dans les corps après une bien courte
instruction ». « Le recrutement de l'escadre se faisait au moyen des marins
du convoi et de la Cayenne où l'on rassemblait les réquisitionnaires destinés
au service à la mer ».
8. La revue extraordinaire que l'intendant fit passer le 20 novembre 1792
démontra que 75 officiers seulement étaient présents au port, que 162 étalent
embarqués et 9 détachés, mais que le nombre des absents s'élevait à 403 dont
104 en vertu de congé, 271 sans congé et 28 ayant demandé leur retraite. De
novembre à décembre 1792 115 congés furent expédiés.
9. Deux députés de la Société des Amis de la Constitution déclarèrent, le
Ie* juin 1791, au Club des Jacobins que les matelots canonniers refusaient de
faire le service des vaisseaux jusqu'à ce que, par une loi nouvelle, l'Assemblée
eût purgé le corps des officiers de la marine de tous les hommes connus par
leur haine pour la Constitution (Levot, Brest pendant la Terreur, p. 267). 596 BREST, ÉTUDE DE GÉOGRAPHIE TJRBAINJ&
contre l'Angleterre entraînaient un accroissement du per
sonnel ouvrier qui atteignit le chiffre de 5.000 10; beaucoup
d'étrangers étaient attirés par la vente fréquente des prises
qui permettait d'heureuses spéculations: enfin, les casernes
et les prisons étaient combles.
De 1795 à 1800, la vie normale commença à reprendre dans
Brest comme dans toute la France; la ville se décongestionna
peu à peu; les marchands étrangers s'éloignèrent, la réappari
tion du numéraire ayant permis au commerce local de leur
faire concurrence. D'autre part, le courant d'émigration étant
enrayé, la population prit une allure plus stable. iLe nombre
d'ouvriers et de marins restait encore considérable, car le
Directoire préparait alors une expédition en Irlande sous la
direction de Hoche et se préoccupait dans ce but de réorga
niser la marine. Elle en avait bien besoin si Ton en croit le
message, du Directoire au Conseil des Cinq-Cents, le
3 décembre 1795 : « Nos flottes humiliées, battues, bloquées "
dans nos ports, dénuées de ressources en vivres, en matières
navales, déchirées par l'insubordination, avilies par l'igno
rance, épuisées par la désertion, tel est l'état dans lequel les
hommes auxquels vous avez confi

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