Cantique latin à la gloire d Anne Musnier, héroïne du douzième siècle. - article ; n°1 ; vol.1, pg 289-304
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Cantique latin à la gloire d'Anne Musnier, héroïne du douzième siècle. - article ; n°1 ; vol.1, pg 289-304

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1840 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 289-304
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1840
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

Félix Bourquelot
Cantique latin à la gloire d'Anne Musnier, héroïne du douzième
siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 289-304.
Citer ce document / Cite this document :
Bourquelot Félix. Cantique latin à la gloire d'Anne Musnier, héroïne du douzième siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1840, tome 1. pp. 289-304.
doi : 10.3406/bec.1840.444250
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1840_num_1_1_444250■о
CANTIQUE LATIN
A LA GLOIRE
D'ANNE MUSNIER
HÉROÏNE DU DOUZIEME SIECLE.
Le cantique latin qu'on va lire , rappelle un événement histo
rique dont le souvenir était encore populaire en Champagne, il y a
quelques années. S'il faut en croire la tradition, à la fia du dou
zième siècle, vers 1175, un complot avait été tramé contre les
jours du comte de Champagne Henri-le-Libéral. Le crime allait
s'accomplir, trois chevaliers attendaient dans le palais du prince
le moment favorable pour le frapper. Mais une femme, Anne
Musnier, a entendu les paroles sinistres qu'échangent entre eux
les conspirateurs; elle appelle le chef, l'éloigné de ses complices,
et le frappe d'un poignard avant même qu'il ait pu songer à se
défendre. Les deux autres accourent au bruit; elles les attaque,
et, couverte de blessures, lutte longtemps avec une incroyable
énergie. Enfin les assassins sont arrêtés, l'héroïne sauvée1.
Ce fait si curieux n'a été rapporté ni par les historiens, ni par
« Cel événement , suivant la tradition , s'es.1 accompli dans la ville de Provins r
ей Brie, dont Arme Musnier paraît avoir été originaire. M. Grillon, dans ses Mé
moires Ms., lui donne pour théâtre le palais des comtes de Champagne, dont on
voit encore les restes à Provins; Sainte-Foix partage le sentiment de M. Grillon.
On trouve, pendant plusieurs siècles, dans la capitale de la Brie, des membres de
la famille d'Anne, qui était mariée à un certain Gérard de Langres : Petrus Lin-
gonensis ou de Lingonis , présent à des actes du comte Henri, de i j 55 et 1 1.56 ,
et regardé comme le beau-père d'Anne; Girard de Langres, échevin en 1З01; Jean
de Langres, nommé dans un procès-verbal de J^iS, lorsque les grands vicaires
de l'archevêque de Sens, Henri de Savoisy, prennent possession de l'archevêché
dans les églises de Provins; Guillaume de Langres, curé de Gimbrois, en i5os, etc. 290
les érudits de la Champagne. Pilhou, Moissant, Camusat, Baugier,
Desguerrois, l'ont passé sous silence. Le récit en a seulement été
conservé dans les Essais sur Paris, de Sainte-Foix1, et dans le
Traite de la Noblesse d'André de la Roque2. Le cantique que
nous publions, et qui paraît remonter au commencement du tre
izième siècle, est un témoignage de l'admiration que dut inspirer
aux contemporains Anne Musnier, cette nouvelle Judith, sauvant la
vie d'un prince justement chéri. Sous ce point de vue déjà, il mér
ite une attention sérieuse, surtout lorsque l'on considère combien
peu d'anciens chants historiques sont parvenus jusqu'à nous3. En
tièrement composé de versets de la Bible, revêtu, malgré l'absence
du rythme, d'une forme éminemment poétique, il constitue dans
son ensemble un petit drame plein de mouvement et de vie ; et ces
particularités sont en sa faveur de nouveaux et puissants motifs
d'intérêt. D'ailleurs, il a L'avantage de se rattacher à la question
assez ardue des institutions nobiliaires sur laquelle il reste encore
bien des recherches à faire et bien des points à éclaircir.
Le cenlon fait à la gloire d'Anne Musnier nous a été conservé
par un savant et intègre religieux, M. Nicolas Billate4, qui en
donne lui-même la date approximative, d'après l'examen du ma
nuscrit où il Га trouvé : Opus, dit-il, fere totum ex Scripturœ sa-
crœ verbis contextum, circiter anno 1200, aucthore anonymo.
Malgré cette asssertion d'un homme dont la bonne foi n'est pas
douteuse, l'antiquité de ce monument a trouvé quelques contradic-
1 Tome III , page icp, 3e édit.
2 In-"4°, 1710, page 242.
3 L'abbé Lcbœuf en a reproduit quelques-uns; l'un d'eux est relatif à Hugues,
fils de Charlemagne (Лес. de div. écrits pour setvîr d'éclaircissements à Г hist, de
France). — Mabillon a fair, imprimer dans ses Ann. benedict, (tome III, p. 692 )
un cantique du moine Hucbold , intitulé: Hymnus de sanclo Theodorico. —
D. Bouquet a publié ( tome X , p. 94) une pièce intitulée : Rhyûimus saùricus de
lernporibus Roberti régis , etc.
4 Billate, né à Rélhel, chanoine régulier de l'Hôtel-Dieu et de Saint-Quiriace
de Provins, fut exilé comme coupable de jansénisme, à l'abbaye de Dilo , près
Briénon, et y mourut à cinquante-cinq ans de douleur et de misère (1748). Il avait
fait ďimmenses recherches sur la ville de Provins, et même commencé son his
toire ; mais ses écrits , presque tous inédits , ont été dispersés , et il ne reste guère
que quelques pièces copiées par lui, parmi lesquelles est notre cantique. Une autre
copie de ce monumenl, historique existe dans les Ms. de M. Ylhier ( Hist, des il
lustres de Provins) 5 mais elle paraît avoir été faite sur celle de M. Billate. 291
leurs. Quelle preuve, a-l-on dit, M. Billale nous fournil-il de ce
qu'il avance? Le manuscrit original n'existe plus, el tout examen,
toute vérification sont par conséquent impossibles. Le cantique à
la gloire d'Anne Musnier ne serait-il pas un morceau composé
après coup, pour justifier les prétentions illégitimes d'une famille
qui avait usurpé la noblesse? L'auteur anonyme de cette compos
ition nous dit, il est vrai, que le fait s'est accompli de son temps, et
ce fait est arrivé vers 1175, d'après Sainle-Foix: Ecceopus factum
est in diebus nostris; et plus loin : A Domino factum est istud, et
est mirabile in oculis nostris. Mais ces paroles mômes ne sont- elles
pas un piège habile pour abuser la crédulité du lecteur?
Malheureusement, le style du monument ne peut nous conduire
à aucune induction favorable ou contraire à son authencilé. Les
phrases qui le composent se trouvent toutes, comme nous l'avons
dit, dans l'Ancien et dans le Nouveau-Testament. Peut-être, cepen
dant, pourrait-on regarder comme le caractère d'une certaine an
cienneté le mot miles pris de l'acception de chevalier qu'il avait
exclusivement au moyen âge, tandis qu'il n'est jamais employé
dans la Bible que pour désigner un soldat. En outre, l'expression
de conviva principis , et celle de signantes annulo meo, quoique
appartenant toutes deux au langage biblique, rappellent des habi
tudes du moyen âge, et par conséquent affaiblissent le soupçon
d'une contrefaçon moderne. En effet, si un faussaire avait été l'au
teur de cette pièce, il est certain qu'il ne lui eût donné la forme
du centon que dans la crainte de revêtir son récit d'expressions
impropres pour le temps auquel l'action s'est passée. Or, comment
supposer que dans son choix des versets bibliques, le hasard l'eût
fait tomber précisément sur ceux qui pouvaient faire équivoque
aux douzième et treizième siècles?
Mais il est d'autres points sur lesquels la discussion peut jeter
de plus vives lumières. Sainte-Foix affirme que des lettres de no
blesse furent accordées par Henri à Anne Musnier dont le courage
lui avait sauvé la vie, à son mari et à sa postérité. De la Roque s
ignale aussi l'existence de ces lettres, et notre texte contient à cet
égard ces paroles remarquables : Tu vocaberis nobilis virago juxta
decrelum quod non liceat immutarc; sit quoque nobilis vir tuus,
et sedeat cum senatoribus terrœ. Scribite ergo litter as, signantes
annulo meo. Ainsi, en prenant nobilis dans le sens de noble, on
trouve dans ces versets renonciation précise de lettres de noblesse
données en faveur de l'héroïne et de son mari. Or, une grave ob- 292
jection s'élève contre ce fait. Les anoblissements par lettres ne
paraissent avoir commencé qu'à la fin du treizième siècle, et les
lettres de noblesse octroyées par Philippe-le-Hardi à Raoul l'Or
fèvre, vers 4271, sont les premières dece genre qu'on reconnaisse
co

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