César et les vénètes : Le combat naval de 56 av. J.-C. - article ; n°1 ; vol.63, pg 55-87
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Annales de Bretagne - Année 1956 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 55-87
33 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Emmanuelli
Monsieur Pierre Merlat
César et les vénètes : Le combat naval de 56 av. J.-C.
In: Annales de Bretagne. Tome 63, numéro 1, 1956. pp. 55-87.
Citer ce document / Cite this document :
Emmanuelli P., Merlat Pierre. César et les vénètes : Le combat naval de 56 av. J.-C. In: Annales de Bretagne. Tome 63,
numéro 1, 1956. pp. 55-87.
doi : 10.3406/abpo.1956.2004
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1956_num_63_1_2004-NOTICES D'ARCHEOLOGIE ARMORICAINE .">.">
CÉSAR ET LES VÉNÈTES :
LE COMBAT NAVAL DE 56 av. J.-C.
Le bilan de nos connaissances actuelles sur le combat
naval de 56 av. J.-C, qui permit à César de vaincre les
Vénètes, a été récemment dressé par MM. Merlat, Colbert
de Beaulieu et Denis (1) et par Melle Leroux et M. Guyon-
varc'h (2), qui, faisant la critique des nombreuses études
consacrées dans le passé aux textes de César et de Dion
Cassius, ont tenté d'éliminer le négatif ou l'invraisemblable
et de dégager le positif, plutôt maigre à la vérité.
Néanmoins, je pense que les aspects nautique et naval
de la question n'ont pas été tout à fait vidés de leur sub
stance, et c'est pourquoi je me propose, en prenant comme
base le vaisseau vénète tel que l'a décrit César, de remonter
au port vénète, au mouillage de Brutus et au campement
de César, tous les trois étroitement liés, afin d'esquisser
une version rationnelle du combat naval, et cela en injec
tant dans ce sujet usé des arguments issus de l'architecture
navale, de la navigation à voiles, des instructions nau
tiques, des cartes marines, de l'annuaire des marées, etc.,
en faisant donc appel aux bateaux, au vent, à la mer, aux
reliefs terrestre et sous-marin, arguments que je n'ai pas
jugé suffisamment exploités par les commentateurs anté
rieurs.
Je ne discuterai point la théorie de M. A. Guilcher qui
admet, avec beaucoup de probabilités, qu'à l'époque de
César le golfe du Morbihan devait avoir sensiblement le
(1) Cf. M. Denis, La campagne de César contre les Vénètes, dans
Notices d'arch. armor. des AB, LXI, 1954, p. 126-153; P. Merlat,
César et les Vénètes, ibid., p. 154-183; J.-B. Colbert de Beaulieu,
Contribution de la numismatique à l'étude de la catastrophe des
Vénètes, ibid., p. 184-200.
(2) Cf. F. LEROUX-Ch. Guyonvarg'h, César et la destruction des dans Ogam, VI, 2, p. 51-70. 56 notices d'archéologie armoricaine
même aspect que le golfe actuel (3). J'admettrai donc, ca
qui est infiniment probable, que, de ce fait, le profil côtier,
les reliefs terrestre et sous-marin, ainsi que le régime des
marées en baie de Quiberon et dans le Morbihan sont res
tés sensiblement identiques depuis César. Mais, pour qui
ne l'admettrait pas, la suite de cette étude serait évidem
ment sans objet.
I. — CÉSAR, FACE A L'OCÉAN, AUX VÉNÈTES
ET A LEURS VAISSEAUX
César, un des plus grands hommes de guerre de tous les
temps, n'est pas à l'aise en face de l'Océan et il réagit à la
fois en terrien et en méditerranéen, lorsqu'il écrit que la
campagne terrestre fut, pendant une grande partie de cet
été-là, d'autant plus décevante pour lui que « nos vais
seaux étaient retenus par le mauvais temps et que sur cette
mer vaste et ouverte, sujette à de hautes marées, où il y
avait peu ou point de ports, la navigation était extrême
ment difficile » (4).
Sur cette côte, en effet, où la hauteur d'eau entre haute
et basse mer varie d'environ 4 mètres (5), l'aspect des
écueils, la force et le sens des courants varient avec l'heure
de marée. La sûreté du mouillage en côte dépend de la
force du vent et de sa direction. Et pourtant, le fond de
la baie de Quiberon et le Morbihan sont remarquablement
abrités du vent. Qu'eût dit César, s'il avait dû fréquenter
Penmarc'h, le Raz de Sein, Ouessant, en hiver !
Aussi, les marins vénètes, qui affrontent ce dangereux
Océan, sont-ils hardis et redoutables et César en fait
l'aveu : « Ce peuple est de beaucoup le plus puissant de
(3) A. Guilcher, Le relief de la Bret. mérid. de la baie de Douar-
nenez à la Vilaine, p. 194 et s., 574 et s. (allégué par P. Merlat,
An. de Bref., l. c, p. 155).
i.4) Caes., Bel. Gai, III, 12,5 (trad. L.-A. Constans, éd. Les Belles
Lettres).
(5) Annuaire des marées des Côtes de France, publié par le Ser
vice Hydrographique. NOTICES D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE 57
toute cette côte maritime ; c'est lui qui possède le plus
grand nombre de navires, flotte qui fait le trafic avec la
Bretagne ; il est supérieur aux autres par sa science et son
expérience de la navigation ; presque tous ceux qui na
viguent habituellement dans ces eaux sont ses tributaires »
(6).
Il admire aussi beaucoup la construction et les perfo
rmances des vaisseaux vénètes en les comparant à celles de
ses galères et il leur consacre une description dont la lon
gueur surprend, si on met en parallèle son laconisme et
même son mutisme sur d'autres sujets qui nous paraissent
pourtant beaucoup plus importants. Pour autant, cette
description, pleine de répétitions et d'appréciations élo-
gieuses exagérées, veut manifestement laisser croire au
lecteur que de tels vaisseaux étaient pratiquement invul
nérables, aussi bien à la mer dans les tempêtes, qu'au
mouillage sur des hauts-fonds, qu'au combat contre les
fragiles galères.
Sans vouloir répéter toute cette description, retenons-en
l'essentiel : les vaisseaux vénètes étaient lourds, caracté
ristique présentée comme une qualité (7), leurs proues et
leurs poupes étaient très relevées (8), leur carène était plus
plate que celle des galères (9) ; ils pouvaient mouiller en
toute sécurité sur des hauts-fonds, où, abandonnés par le
reflux, ils ne redoutaient ni les rochers ni les écueils (10) ;
en cas de rencontre avec de pareils vaisseaux, l'unique
avantage de la flotte romaine consistait en sa rapidité et
en l'élan des rames ; tout le reste était en faveur des navi
res ennemis, mieux adaptés et préparés à la nature de
la mer et à la violence des tempêtes (11). Etant donné la
hauteur de leur construction, les traits des Romains ne
pouvaient pas les atteindre facilement (12) et ils domi-
(6) Caes., III, 8,1.
(7) III, 13,6.
(8) Caes., III, 13,2.
(9) III, 13,1.
(10) Caes., III, 13,9.
(11)III, 13,7.
(12) Caes., III, 13,8. 58 .notices d'archéologie armoricaine
naient encore de la hauteur de leur poupe les tours dres
sées sur les galères romaines (13).
Les vaisseaux des Vénètes avaient-ils des avirons ?
César n'en parle pas, mais Dion Cassius y fait allusion à
deux reprises lorsqu'il écrit : « Aussi les Vénètes les
(= vaisseaux romains) attaquèrent-ils pendant qu'ils
étaient encore au mouillage, espérant les couler bas, sans
la moindre peine, avec leurs avirons... » (14), et : « .... Le
vent tomba soudain, les flots se calmèrent, les navires des
barbares, loin d'être poussés avec la même rapidité par les
avirons, étaient en quelque sorte rendus immobiles par
leur pesanteur... » (15).
C'étaient sans doute des avirons de secours, mis en place
seulement pour se rapprocher de la côte par calme, dou
bler une pointe en appuyant les voiles ou faciliter une
manœuvre, une évolution, un virement de bord, un
appareillage ou un mouillage, etc. Ils furent l'ultime et
infructueux propulseur des Vénètes dans le combat qui
consomma leur perte.
Selon Dion Cassius, ces impressions de César, favorables
aux Vénètes, lui donnaient un complexe d'infériorité ;
« Même avec le concours des galères de Brutus, écrit-il,
César ne comptait pas sur le succès » (10) ; mais, complé-
mentairement, les Vénètes avaient un complexe inverse de
supériorité méprisante, car, nous dit le même auteur :
« Les barbares ne s'inquiétèrent nullement des vaisseaux
romains, à cause de leur petitesse et de leur mauvaise
construction » (17).
En 52 av. J.-C, à Rome, 4 ans après le combat naval, le
lecteur des Commentaires était donc so

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