Comment légitimer une innovation théorique en grammaire transformationnelle : la théorie des traces - article ; n°42 ; vol.10, pg 77-110
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Description

Langages - Année 1976 - Volume 10 - Numéro 42 - Pages 77-110
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Yves Pollock
Comment légitimer une innovation théorique en grammaire
transformationnelle : la théorie des traces
In: Langages, 10e année, n°42, 1976. pp. 77-110.
Citer ce document / Cite this document :
Pollock Jean-Yves. Comment légitimer une innovation théorique en grammaire transformationnelle : la théorie des traces. In:
Langages, 10e année, n°42, 1976. pp. 77-110.
doi : 10.3406/lgge.1976.2310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1976_num_10_42_2310J.-Y. Pollock
Paris XII,
DRL Paris VII.
GOMMENT LÉGITIMER
UNE INNOVATION THÉORIQUE
EN GRAMMAIRE TRANSFORMATIONNELLE :
LA THÉORIE DES TRACES 1
0. Introduction.
0.1. Le but du présent article est de montrer à quelles conditions doit
obéir une innovation théorique pour être considérée comme légitimée dans
le cadre de l'« Extended Standard Theory » (EST dans le reste du texte)
de la grammaire transformationnelle. Nous prendrons comme exemple la
théorie des traces des règles de mouvement développée au MIT depuis
quelques années.
0.2. L'EST peut être caractérisée très brièvement comme un effort pour
restreindre au maximum la classe des grammaires possibles dans la théorie,
c'est-à-dire comme une tentative pour contraindre la classe des phéno
mènes linguistiques possibles (cf. 1.2.2). Pour ce faire,
a) On contraint la classe des structures profondes en exigeant que les
règles de réécriture soient toutes de la forme 2 :
Xn -> ... X11"1 ... où X1 = [ocN, pV]1 et X1 = X . (1)
b) On contraint la classe des opérations syntaxiques possibles : 1) en
posant soit que ces opérations sont « préservatrices de structure », soit
qu'elles n'opèrent que sur des phrases « racines » 3 ; 2) en définissant les
transformations comme des opérations « locales » s'appliquant à deux IS
adjacents dans une dérivation, en fonction d'une analyse structurale qui
ne peut être que de la forme :
(2) (ai ... an)
où ai est une variable, une catégorie non lexicale unique ou une suite ter
minale. Il suit de cette caractérisation extrêmement restrictive que de
nombreuses opérations définissables comme des transformations dans le
modèle standard ne peuvent plus être ainsi formulées dans TEST. Ainsi
par exemple la relation actif-passif ne peut plus être codée dans le forma
lisme par une seule opération mais par deux, appelées respectivement
« Agent post-posing » et « NP pre-posing » (voir 1.1, plus bas). De même
l'utilisation des analyses structurales « doubles » devient impossible. On
contraint également les changements structuraux en posant que seules les
opérations formelles suivantes sont possibles : 1) déplacement, 2) adjonct
ion, 3) effacement (limité aux catégories non lexicales, à savoir à
[ — N, — V]) et enfin 4) « spelling rules » (voir 1.1, plus bas, et la note 6).
c) On postule par ailleurs que les transformations, ainsi définies, sont
contraintes par tout un ensemble de conditions générales (sur quelques-unes
de ces contraintes, voir 1 . 3, plus bas).
0.3. De la structure de l'EST telle qu'elle émerge de cette caractérisation
trop brève on peut tirer un certain nombre de conclusions en ce qui concerne
77 les conditions que devra respecter une innovation théorique pour être consi
dérée comme légitimée :
1) II faut, idéalement, que cette théorique n'augmente
pas le pouvoir descriptif de la théorie.
2) Du fait du pouvoir descriptif très faible de la composante trans-
formationnelle ainsi caractérisée, d'autres composantes vont jouer un rôle
crucial pour obtenir une caractérisation adéquate des jugements d'accept
abilité. Il faut donc, idéalement, qu'une innovation théorique puisse être
articulable dans plusieurs composantes de la description (sémantique,
phonologique par exemple).
Nous nous proposons donc d'examiner les points suivants :
1) La théorie des traces augmente-t-elle le pouvoir descriptif de
l'EST ? (Voir 1.2, plus bas.)
2) Comment cette innovation théorique s'articule-t-elle avec les
conditions générales sur les transformations ? (Voir 1.3.)
3)s'articule-t-elle avec les composantes phonologiques et
sémantiques ? (Voir 2 et 3.)
Nous utiliserons sur ces deux derniers points les travaux d'E. Selkirk
(The Phrase Phonology of English and French, MIT, 1972, non publié)
et de R. W. Fiengo (Semantic Conditions on Surface Structure, MIT, 1974,
non publié). Au terme de cet examen, il nous sera possible d'évaluer l'inté
rêt de l'innovation théorique constituée par la théorie des traces.
1. Théorie des traces, capacité generative, conditions sur
les transformations .
1.1. Formulation
Chomsky formule ainsi ce que nous avons appelé la théorie des traces
des règles de mouvement :
« Toute transformation de mouvement laisse une trace t et cette trace
est à considérer comme une variable liée par la catégorie déplacée par la
règle en question 4. »
Ainsi, par exemple, en fonction de la caractérisation des transformat
ions de 0.2, le traitement de la relation (3) et (4) :
(3) John kissed Mary
(4) Mary was kissed by John
implique les étapes suivantes :
(5) John past be kiss Mary by => (« Agent post-posing»)
lié par
г \
t past be kiss Mary by John
(6) t past be kiss Mary by John => (« NP pre-posing »)
Mary past be kiss t by John .
lie
L'examen de la relation entre énoncés actifs et passifs peut fournir
un premier exemple de la façon dont on peut tirer parti de la théorie des
traces pour construire une argumentation syntaxico-sémantique. On
78 remarque qu'en ce qui concerne les phrases, si « Agent post-posing » s'appli
que, elle doit obligatoirement être suivie de l'application de « NP pre-
posing ». Au contraire dans les NP « Agent post-posing » peut ne pas être
suivie de « NP pre-posing ». Comparons :
(7) the enemy destroyed the city
(8) the enemy's destruction of the city
(9) the city was by the enemy
(11)(10) the * j i city's 4uere it destruction ) was destroyed by the enemy city by the enemy
(12) the destruction of the city by the enemy.
Par ailleurs un verbe intransitif ne peut subir, dans le cadre de la
phrase, « Agent post-posing », mais ceci est possible dans le cadre du NP :
(13) John painted
*
(14) j 1/кеге j
(16)(15) the John's painting was by painted John. by John
Comment expliquer ces faits ? Si on adopte l'idée que les traces sont
des variables liées par la catégorie déplacée, il s'ensuit qu'elles doivent avoir
toutes les propriétés des anaphores liées 5, en d'autres termes la relation
entre une trace et la qui la lie doit être identique à la
existant entre un terme anaphorique et son antécédent, comme dans :
(17) John saw himself
(18)and Peter looked at each other
(19) John lost his mind.
Il existe une contrainte de surface qui exclura par exemple :
(20) * himself saw John
(21) * each other looked at John and Peter
(22) * his mind was lost by John.
Cette contrainte est approximativement de la forme :
(23) Г [XÏÏ... NP...] 1
Ls LnpJ Lvp vpJ sj
où aucun X ne peut avoir NP pour antécédent.
Si les traces sont des variables liées, il s'ensuit que (23) a pour cas
particulier l'impossibilité de la configuration suivante :
(24) г mr...NP...i i
Ls LnpJ lvp vpjsj
où NP lie t.
On peut associer à (11) la structure de surface (25) :
(25) Г Г t 1 [was destroyed the city by the enemy] 1 .
Ls LnpJ Lvp vpjsj
On voit immédiatement que (11) est alors exclue par la même contrainte
qui exclut (20), (21) et (22). Pourquoi (12) est-elle possible ?
On fait l'hypothèse qu'en ce qui concerne les syntagmes nominaux
il existe des « spelling rules » qui permettent de remplacer t par « the »,
« some », etc., règles analogues dans leur propriété à la règle qui introduit
« there » dans des énoncés du type « there's a man in the garden ». Avant la
79 en œuvre de ces « spelling rules », la structure de surface associée à (12) mise
serait, du point de vue qui nous concerne ici, identique à (25) et donc exclue
par (23)-(24). C'est l'existence idiosyncratique de ces « spelling rules » qui,
dans le cadre de cette argumentation, explique la gra

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