Connaissances, modèles d interaction et rationalisations - De la théorie de l entreprise à l économie de la connaissance - article ; n°1 ; vol.88, pg 187-209
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Connaissances, modèles d'interaction et rationalisations - De la théorie de l'entreprise à l'économie de la connaissance - article ; n°1 ; vol.88, pg 187-209

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Revue d'économie industrielle - Année 1999 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 187-209
We present here a theory of the dynamics of collective action which describes the formation and revision of individual learnings constrained or supported by interaction models between agents. Inspired by the study of design activities, this approach revisits the concept of « knowledge transfer » in economics and management science and formulates a principle of « non separability between knowledge and relations ». This principle clarifies the growth problems of knowledge-based economies and criticizes the notions of focal points or convention emerging ex nihilo. All this throws new light on the variety of merchant exchanges and on the enigma of cooperation.
Nous présentons ici une théorie dynamique de l'action collective qui décrit la construction et la révision d'apprentissages individuels contraints ou permis par des « modèles d'interaction » entre les acteurs. Issue de l'étude des activités collectives de conception, cette théorie redéfinit la notion de transfert de connaissances en Économie ou en Gestion et repose sur un « principe de non-séparabilité connaissances/relations » qui permet de préciser les difficultés des économies fondées sur la connaissance et de critiquer les notions de « point focal » et de convention ex nihilo. On éclaire alors la variété des formes de l'échange marchand et le caractère énigmatique de la coopération.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Armand Hatchuel
Connaissances, modèles d'interaction et rationalisations - De la
théorie de l'entreprise à l'économie de la connaissance
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 88. 2e trimestre 1999. pp. 187-209.
Abstract
We present here a theory of the dynamics of collective action which describes the formation and revision of individual learnings
constrained or supported by interaction models between agents. Inspired by the study of design activities, this approach revisits
the concept of « knowledge transfer » in economics and management science and formulates a principle of « non separability
between knowledge and relations ». This principle clarifies the growth problems of knowledge-based economies and criticizes the
notions of focal points or convention emerging ex nihilo. All this throws new light on the variety of merchant exchanges and on the
enigma of cooperation.
Résumé
Nous présentons ici une théorie dynamique de l'action collective qui décrit la construction et la révision d'apprentissages
individuels contraints ou permis par des « modèles d'interaction » entre les acteurs. Issue de l'étude des activités collectives de
conception, cette théorie redéfinit la notion de "transfert de connaissances" en Économie ou en Gestion et repose sur un «
principe de non-séparabilité connaissances/relations » qui permet de préciser les difficultés des économies fondées sur la
connaissance et de critiquer les notions de « point focal » et de convention ex nihilo. On éclaire alors la variété des formes de
l'échange marchand et le caractère énigmatique de la coopération.
Citer ce document / Cite this document :
Hatchuel Armand. Connaissances, modèles d'interaction et rationalisations - De la théorie de l'entreprise à l'économie de la
connaissance. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 88. 2e trimestre 1999. pp. 187-209.
doi : 10.3406/rei.1999.1750
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1999_num_88_1_1750Armand HATCHUEL
École des Mines de Paris
CONNAISSANCES,
MODÈLES D'INTERACTION
ET RATIONALISATIONS
DE LA THÉORIE DE L'ENTREPRISE
À L'ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE
Mots-dés coordination-coopération. : apprentissage collectif, transfert de connaissances, théorie de la conception,
Key words ; Organizational Learning, Knowledge Transfer, Design Theory, Coordination-
Cooperation.
Les idées ne sont pas comme des images muettes sur un tableau.
Spinoza, Ethique, livre 2
La notion d'apprentissage collectif est souvent évoquée pour décrire les
transformations créatrices, la création de connaissances partagées ou les
processus d'innovation. Elle exprime alors l'un des fondements de la
firme ou des processus de croissance. Cependant, l'usage accru de la notion
d'apprentissage collectif ne peut masquer les difficultés conceptuelles rencont
rées pour comprendre l'articulation entre plusieurs apprentissages indivi
duels, le « transfert » de connaissances ou la rationalité des acteurs lorsqu'ils
sont confrontés à un renouvellement de leurs connaissances.
Dans cet article, nous tenterons de résoudre ces difficultés en ne prenant pas
le collectif comme un sujet connaissant et en présentant les éléments d'une
théorie dynamique de V action collective qui rend compte de la construction et
de la révision d'apprentissages individuels contraints par leurs interdépen
dances ou rendus possibles par celles-ci (Hatchuel 1994).
Dans une première partie, nous reviendrons sur les approches en Économie
ou en Gestion qui accordent une place importante aux apprentissages collect
ifs : approche evolutionniste de la firme, théorie des économies fondée sur la
connaissance, approches gestionnaires de la hiérarchie et du rapport concept
ion/exécution. Nous verrons qu'elles reposent sur des interprétations diverses
de la métaphore du « transfert de connaissances ». Cette métaphore permet
d'évoquer le « syndrome de Babel » qui pèse sur les économies fondées sur la
connaissance, mais elle n'a pas de sens théorique précis sans l'hypothèse d'un
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 88, 2' trimestre 1999 1 87 de relations qui détermine ce que nous appellerons les « modèles d'insystème
teraction » possibles entre les acteurs.
Pour approfondir cette thèse, on s'appuiera sur les enseignements des
recherches récentes sur les activités collectives de conception (développement
de produits par exemple). Ces activités se caractérisent par la révision néces
saire et simultanée des connaissances et des relations. Elles requièrent une
théorie de l'action collective dont le principe fondamental, que l'on peut appel
er « principe de non-séparabilité connaissances/relations » (Hatchuel 1998),
énonce que la production de connaissances et la production de relations sont
indissociables. Dans cette théorie, l'action n'est plus opposée à la connaissan
ce mais est définie comme un opérateur de transformation modifiant aussi bien
« un réel » que les connaissances associées à cette modification par son auteur
ou par d'autres acteurs. On verra alors que les théories du point focal ne décri
vent pas des processus d'émergence mais des modèles d'interaction sans poss
ibilité de révision des connaissances préalablement partagées.
Dans une deuxième partie, nous montrerons que la notion de « rationalité
limitée » devient tautologique dès que l'on intègre le régime d'acquisition et
de production de connaissances dans la représentation du comportement des
acteurs. Nous introduirons alors la notion de « rationalisation » ou d'« action
rationalisatrice » qui rend compte des processus de révision en situation col
lective. La parabole des promeneurs illustrera cette notion.
Ces concepts rendent compte sans difficultés de la variété des formes de l'échan
ge marchand et expliquent le caractère jusque là énigmatique de certains universaux
comme la coordination, la coopération, et le transfert des connaissances.
I. - LA CREATION COLLECTIVE DE CONNAISSANCES COMME
PROBLÈME COMMUN AUX SCIENCES ÉCONOMIQUES ET AUX
SCIENCES DE GESTION
La littérature en Économie et en Gestion connaît un renouvellement sensible.
Depuis une dizaine d'années, les notions de « connaissances », de « compét
ences », « d'apprentissage » ou « d'information » sont au centre de beaucoup
de réflexions. Dans le passé, ces notions avaient déjà intéressé des chercheurs :
ainsi, Charles Babbage (1830), comme d'autres témoins de la révolution
industrielle, expliquait la prospérité des nations par le développement des
connaissances scientifiques et par l'invention de nouveaux procédés aussi bien
techniques que gestionnaires (1).
(1) Comme innovation de gestion on peut signaler son appel au développement des « compt
eurs » permettant d'organiser la vente et la distribution.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 88, 2e trimestre 1999 Mais la prise de conscience des problèmes d'apprentissage ne s'est pas
effectuée de la même façon en économie et en gestion. Au début de ce siècle,
la pensée économique tend à styliser la firme et à la résumer à quelques
modèles simples (fonction de production, profit...) parce qu'il s'agit d'abord
de rendre compte des propriétés macroscopiques des mécanismes de marché.
À l'inverse, au même moment, les recherches gestionnaires s'éloignent des
études commerciales et s'engagent dans l'étude détaillée des entreprises qui
connaissaient des mutations radicales et dont les structures ou le gigantisme
étaient autant d'énigmes théoriques.
Dans les deux disciplines, les problèmes d'apprentissage et de renouvelle
ment des connaissances avaient été, non pas oubliés, mais situés en deçà des
capacités d'investigation ou renvoyés à des débats philosophiques plus larges
(Machlup, 1968, fait exception en Economie). Et lorsque certains auteurs abor
dent ces questions cet aspect de leur œuvre est peu perçu. L'Économie a accor
dé plus de place à Keynes qu'à Shumpeter ; en gestion, le lien entre les tran
sformations structurelles et la mise en œuvre d'apprentissages collectifs
n&

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