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Publié par | Thesee |
Nombre de lectures | 209 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 9 Mo |
Extrait
UNIVERSITÉ FRANÇOIS - RABELAIS
DE TOURS
ÉCOLE DOCTORALE SHS
Équipe de recherche : Lieux et enjeux des modernités musicales
THÈSE présentée par :
Jérôme CAMBON
soutenue le : 03 juillet 2009
pour obtenir le grade de : Docteur de l’université François - Rabelais
Discipline: Musicologie
CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DES
SOCIÉTÉS INSTRUMENTALES
POPULAIRES DE MAINE-ET-LOIRE
SOUS LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
(1870-1914)
ANGERS, CHOLET, SAUMUR
THÈSE dirigée par :
Monsieur GOSSELIN Guy Professeur, Université François - Rabelais de Tours
RAPPORTEURS :
Monsieur DECARSIN François Professeur, Université Aix - Marseille 1
Madame MUSSAT Marie-Claire Professeur émérite, Université de Rennes 2
JURY :
Madame BIGET Michelle Professeur, Université François - Rabelais de Tours
Madame MUSSAT Marie-Claire Professeur émérite, Université de Rennes 2
Monsieur GOSSELIN Guy Professeur, université François - Rabelais de Tours
Monsieur GUMPLOWICZ Philippe Maître de conférences, Université de Dijon
Longtemps leurs musiques me poursuivaient d’affirmations utiles au bon ordre de la société.
Ah ! C’est une musique bien portante, (…), sûre de soi, qui sait où elle va, avec ce quelque
chose d’un peu bébête qu’il y a dans le chant du coq. Et le tambour ! On sent qu’il n’a pas
beaucoup de choses à dire, mais que, ce qu’il dit, il en est persuadé.
1
Henri de Monterlant
1
La petite infante de Castille, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Tome I, 1928, p. 623 et 624.
5 Remerciements
Nous exprimons notre plus vive gratitude à Guy Gosselin. Ses conseils avisés et sa
patience nous ont été d’une grande aide.
Nous tenons également à remercier les conservateurs et le personnel des archives
municipales d’Angers, Cholet, Saumur et de la Bibliothèque Toussaint pour leur accueil et
leur disponibilité, les présidents et les directeurs de l’Orchestre d’Harmonie de la ville
d’Angers, de l’Orchestre Harmonique de Cholet et l’Harmonie de Saumur pour avoir mis à
notre disposition des archives privées et des partitions anciennes d’une exceptionnelle qualité,
les membres de notre famille pour leur soutien et leur encouragement.
6 Introduction
7 Proposer une étude sur les sociétés instrumentales d’Angers, Cholet et Saumur au
e
cours du dernier tiers du XIX siècle, c’est d’abord participer à un vaste programme de
valorisation des expressions musicales populaires. Depuis une trentaine d’années, chercheurs
2
et musiciens s’intéressent plus particulièrement à l’Orphéon . Ouvrages, articles, concerts,
émissions radiophoniques et télévisuelles concourent à la réhabilitation d’un mouvement
musical majeur. Reléguées au second plan dans les années 1970, ces pratiques associatives
attirent à nouveau l’attention. Leur profil populaire « cumulant inscription civique et
ambitions artistiques », la persistance de « traditions et d’usages sociaux qui ne peuvent que
susciter immanquablement la nostalgie », et une couleur sonore propre aux instruments à vent
3en seraient les principales raisons . Nous connaissons bien la tradition prospère et
relativement ancienne des départements du Nord de la France. Devrait-on pour cela
circonscrire le dynamisme des harmonies et des fanfares à cette seule sphère géographique ?
4Les recherches d’Olivier Bellier ont pourtant bien révélé l’existence d’une activité musicale
florissante en Maine-et-Loire qui méritent une attention tout aussi particulière.
Notre travail concourt ainsi à l’élargissement et à l’approfondissement des
connaissances sur les sociétés instrumentales populaires. Par leur nombre et leur vitalité, les
sociétés de Maine-et-Loire participent activement à la généralisation de la pratique amateur
sous la Troisième République. La contribution angevine restant méconnue, ce mémoire espère
aussi lui donner la place qui lui revient de droit. Au demeurant, comptes rendus
journalistiques et archives abondantes permettent d’apprécier pleinement l’implication des
sociétés angevines, choletaises et saumuroises dans la cité. Les nombreux festivals et
concours auxquels accourent les sociétés, issues pour la plupart des départements limitrophes,
témoignent de la renommée musicale angevine. En se rendant occasionnellement dans des
pays européens, comme la Belgique ou l’Italie, certaines sociétés angevines exportent un
savoir-faire et une réputation. Celles-ci s’entourent enfin de chefs et de musiciens talentueux
dont la notoriété rayonne dans le milieu orphéonique, à l’image de Louis Boyer qui dirige la
Musique municipale d’Angers. Compositeur distingué, ce dernier siège dans de nombreux
concours orphéoniques. Angers acquiert sa dénomination d’« Athènes de l’Ouest » par ses
initiatives dans les domaines de l’art et des lettres, et le dynamisme de ses sociétés
instrumentales.
2
Cette expression désigne à l’origine une chorale d’homme. Empruntée par des sociétés instrumentales,
l’appellation se généralise ensuite au mouvement. Le vocable est néanmoins utilisé pour différencier les sociétés
vocales des sociétés instrumentales lors des concours et des festivals.
3
GUMPLOWICZ (Philippe), Les Travaux d’Orphée, 150 ans de vie musicale amateur, harmonies, fanfares,
chorales, Paris, Aubiers, 2001 (reprint), p. II.
4 e
BELLIER (Olivier), Les Sociétés de musique dans le Maine-et-Loire au XIX siècle, mémoire de maîtrise
dactylographié, Tours, 1986.
8 e
Dès le début du XX siècle, quelques érudits, motivés par l’ampleur du mouvement,
rédigent articles et ouvrages, visant à synthétiser les savoirs sur les sociétés chorales et
5
instrumentales françaises . C’est alors la question du devenir du mouvement orphéonique qui
occupe tout particulièrement. Henri Radiguer déplore, en 1925, un discrédit sur les activités
orphéoniques. Seuls les « adeptes des sociétés musicales populaires » restent selon lui fidèles
à cette pratique, tandis que les « artistes professionnels et les dilettantes » manifestent de
6
l’indifférence et même une certaine déconsidération . De fait, cette dynamique musicale,
pourtant capitale sous la Troisième République, a longtemps été considérée comme « un sous-
produit de l’art véritable, un épiphénomène folklorique et, parfois même, une regrettable
7simulation de la musique authentique » . La dépréciation de son répertoire reposait alors sur
des préjugés prévalant sur toute finalité et implication sociétale.
Par leur mission éducative, harmonies et fanfares occupent une place privilégiée dans
le mouvement orphéonique. Plus qu’une révolution culturelle et sociale, cette dynamique
instrumentale a sans doute connu son âge d’or sous la Troisième République. En autorisant à
« plusieurs centaines de milliers d’ouvriers, de mineurs, d’employés, d’artisans,
d’agriculteurs, de petits commerçants et de fonctionnaires subalternes » l’accès à l’instruction
musicale, le mouvement orphéonique contribue au partage du savoir réservé jusque-là à une
8
élite intellectuelle et économique . En organisant des manifestations « hors des cercles fermés
des classes dirigeantes », les sociétés représentent une « voie spécifique de modernité
9
musicale et sociale » .
e
Cet important courant musical inscrit dans le XIX siècle se manifeste par un
développement considérable de chorales, fanfares et harmonies amateurs. Existantes dès le
début « sur un mode anonyme fondu dans les associations de sapeurs pompiers ou de Garde
10nationale » , il faut attendre le milieu du siècle pour que les sociétés instrumentales
rejoignent les choristes dans le sérail orphéonique et prennent leur véritable essor. La pratique
musicale n’est plus réservée à une seule élite cultivée et mondaine, mais s’ouvre au « petit
11peuple » urbain et rural de France, « le plaisir du prince devenant la culture de tous » . En se
5 MARÉCHAL (Henri) et PARÈS (