Contribution à une meilleure connaissance des relations de Brizeux et de La Villemarqué grâce à des documents inédits - article ; n°3 ; vol.78, pg 509-535
28 pages
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Contribution à une meilleure connaissance des relations de Brizeux et de La Villemarqué grâce à des documents inédits - article ; n°3 ; vol.78, pg 509-535

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Annales de Bretagne - Année 1971 - Volume 78 - Numéro 3 - Pages 509-535
27 pages

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Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 10
Langue Français
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Extrait

Georges Mahé
Contribution à une meilleure connaissance des relations de
Brizeux et de La Villemarqué grâce à des documents inédits
In: Annales de Bretagne. Tome 78, numéro 3, 1971. pp. 509-535.
Citer ce document / Cite this document :
Mahé Georges. Contribution à une meilleure connaissance des relations de Brizeux et de La Villemarqué grâce à des
documents inédits. In: Annales de Bretagne. Tome 78, numéro 3, 1971. pp. 509-535.
doi : 10.3406/abpo.1971.2567
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1971_num_78_3_2567Georges MAHE
Contribution à une meilleure
connaissance des relations de Brizeux
et de La Villemarqué
grâce à des documents inédits
Auguste Brizeux et Théodore Hersart de la Villeniarque
se sont tous deux illustrés au siècle dernier dans des
domaines différents. Le premier (1803-1858) consacra sa
vie à la poésie, le second eut à cœur de rassembler des
chants populaires bretons et d'en créer le Barzaz- Breiz.
Originaires de villes très voisines (Lorient et Quimperlé),
tous deux rejoignirent Paris après leurs études secondaires
et c'est dans la capitale qu'ils firent connaissance et se
lièrent d'une amitié qui ne fut jamais troublée. Quand se
rencontrèrent-ils ? Les biographes des deux écrivains bre
tons s'accordèrent à dire qu'ils nouèrent des relations en
1835. A cette époque, Brizeux jouissait déjà d'une certaine
notoriété. Il avait publié en 1831 son charmant recueil
poétique intitulé Marie et fréquentait les auteurs romanti
ques les plus en vue tels que Victor Hugo, Sainte-Beuve et
surtout Alfred de Vigny. La Villemarqué venait de prendre
sa première inscription à l'Ecole des Chartes après avoir
fait ses humanités à la pension Bailly. Le jeune étudiant
quimperlois déraciné de sa Bretagne natale ressentit très
rapidement le besoin de fréquenter des compatriotes émi
grés comme lui à Paris et c'est tout naturellement qu'il se
dirigea vers le groupe de Bretons de Paris qu'animait le
grammairien et celtisant Le Gonidec. Ce dernier « mis à la
retraite était venu chercher à Paris dans une maison parti
culière le travail nécessaire pour nourrir sa famille (1) ». Ce
salaire d'appoint lui fut fourni grâce à la place qu'il obtint
(1) Brizeux-Œuvres, Notice sur Le Gonidec. BRIZEUX ET DE LA VILLEMARQUÉ 510
aux Assurances Générales dirigées par Auguste de Gourcuff,
originaire du pays cornouaillais. C'est dans les bureaux des
Assurances Générales, semble-t-il, que prit naissance ce
groupe qu'il est convenu d'appeler le « Cénacle Breton ».
Toujours est-il qu'Auguste de Gourcuff attira dans son
entourage de nombreux bretons et il est vraisemblable de
penser que Brizeux et La Villemarqué se rencontrèrent chez
lui pour la première fois.
A partir de 1834, les frères Pol et Alfred de Courcy pri
rent l'habitude de réunir régulièrement autour d'eux des
bretons tels que Louis de Carné, Barazer de Lannurien,,
Gabriel de La Landelle, Aurélien de Courson, Léopold de
Lézeleuc, Auguste du Marhalla, les frères La Villemarqué,
Edmond Robinet, Emile Souvestre et Auguste Brizeux. Il
convient de noter au passage que tous étaient de jeunes
gentilshommes bretons à l'exception des trois derniers. Ces
réunions amicales faites dans la mansarde des frères de
Courcy se passaient à parler du pays natal, le plus souvent
dans la langue du pays. On comprend qu'ainsi ait pris nais
sance une sorte de nationalisme breton car tous ces bretons
« transplantés » avaient en commun l'amour de leur pro
vince natale. Tout en buvant des bolées de cidre, on chant
ait des chansons du pays et l'on suivait assidûment les
leçons de Breton données par Le Gonidec que tous respec
taient et considéraient comme un maître.
Il ne fait pas de doute que Brizeux et La Villemarqué,
familiarisés avec la langue bretonne bien avant leur arrivée
à Paris, améliorèrent leurs connaissances de la langue
écrite et parlée au contact du célèbre grammairien dont,
paraît-il, Brizeux était le disciple préféré. C'est ce que note
La Villemarqué dans un article publié par La Revue de
VArmorique en 1843 : « De tous ceux qui suivaient les
leçons de Le Gonidec, aucun n'en était plus aimé et ne lui
faisait plus d'honneur que M. Brizeux. »
Un banquet des Bretons de Paris fut organisé en 1837
et le Kanaouen Ar Vretoned, dû à l'inspiration de Brizeux,
y fut chanté pour la première fois. Voici comment La Ville-
marqué relate le fait : « Personne, avant notre poète, n'avait BKIZËUX ET DE LA VILLEMAIiQUÉ 511
•songé à chanter la Bretagne, la vraie Bretagne celtique,
soit en français, soit en breton. Ce fut donc avec enthou
siasme que nous accueillîmes la jeune muse malgré son
air un peu timide et son léger accent parisien. La salle se
leva tout entière, comme par un effet électriqtue, et reprit
en chœur le refrain tant de fois répété depuis : Ni zo bepred
Bretoned tud kalet (2). » Ajoutons que lorsque Brizeux eut
traduit son chant des Bretons, Hector Berlioz le mit en
musique.
Dans le môme temps, La Villemarqué écrivait un article
sur son ami Brizeux dans L'Echo de la Jeune France et le
conclut par cette exaltation de la Bretagne : « La France
sourira peut-être à notre amour pour toi (...) Mais nous
a-t-elle portés dans ses entrailles ? Avons-nous sucé le lait
de ses mamelles ? La comprenons-nous, cette étrangère
qui est venue s'offrir à nos pères, un poignard à la main,
et qui nous oppresse et nous tue ! Non, non, ô ma Breta
gne (...) nous n'aurons de mère que toi, nous voulons
mourir sur ton sein ! » Brizeux participa aussi en 1836 à
cette renaissance bretonne par sa deuxième édition de Marie
dans laquelle tous les noms de lieux et de personnes avaient
été volontairement transposés en breton par l'auteur. C'est
aussi à partir de cette époque qu'il se mit à composer en
langue bretonne les poèmes de Telen Arvor (La Harpe
d'Armorique). Cette œuvre en langue bretonne n'a pas
grande valeur littéraire : la mort de Le Gonidec survenue
en 1838 n'avait pas permis au chantre de Marie d'acquérir
une connaissance assez approfondie de la langue écrite.
Toujours est-il qu'il milita dans la mesure de ses moyens et
avec la plus grande volonté, pour la cause bretonne et cette
contribution à une renaissance bretonne eut pour effet de
le rapprocher encore plus de La Villemarquél.
Ces liens déjà très amicaux ne firent que se renforcer
lorsque Le Gonidec les fit tous deux admettre dans la société
des Cymreigyddion. Dans une lettre adressée au révérend
Price le 4 février 1837, Le Gonidec écrit : « ...Je crois vous
(2) Nous sommes toujours Bretons, les Bretons race forte. 512 BRIZEUX ET DE LA VILLEMAKQUÉ
iaire plaisir en mettant en rapport avec vous deux Mes
sieurs de mes amis qui s'occupent avec beaucoup de zèle de
la langue bretonne : l'un, est un poète aimable. Si je suis
mis hors d'état de travailler pour notre littérature bretonne,
j'aurai le plaisir au moins de voir les jeunes gens s'y adon
ner avec fruit. » Le 22 décembre de la même année, il
écrivit une nouvelle lettre à Price : « ...J'ai beaucoup de
remerciements à vous faire, ainsi qu'à la société des Cym-
reiggydion, pour avoir bien voulu m'admettre dans son sein
en qualité de membre honoraire. Je tâcherai de me rendre
digne de cette faveur. Je suis chargé en même temps d'être
l'interprète de MM. Hersart de La Villemarqué et Brizeux
pour la même faveur ». Notons d'autre part qu'à l'issue du
Banquet Breton de février 1838 présidé par Le Gonidec,
Brizeux porta un toast aux frères du pays de Galles, les-
Kemris : « ...C'est un devoir de fraternité pour tous ; c'en
est un particulièrement pour moi qu'ils ont accueilli avec
M. Le Gonidec, notre véritable président, et M. de La Ville-
marqué, dans lasociété des Kymreigyddion ». Les deux
jeunes bretons se faisaient une joie et un honneur de se
rendre au Pays de Galles où ils étaient invités pour
l'Eisteddfod d'Abergavenny e

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