De l analyse des constellations diplomatiques - article ; n°2 ; vol.4, pg 237-251
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Description

Revue française de science politique - Année 1954 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 237-251
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Raymond Aron
De l'analyse des constellations diplomatiques
In: Revue française de science politique, 4e année, n°2, 1954. pp. 237-251.
Citer ce document / Cite this document :
Aron Raymond. De l'analyse des constellations diplomatiques. In: Revue française de science politique, 4e année, n°2, 1954.
pp. 237-251.
doi : 10.3406/rfsp.1954.452646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1954_num_4_2_452646Constellations Diplomatique des
RAYMOND ARON
ES circonstances m'ont amené, depuis plusieurs années» à suivre
régulièrement les vicissitudes de la politique mondiale. J'ai
ainsi, progressivement, dégagé moins de système de concepts
qu'une pluralité de points de vue à partir desquels, me semble-t-il,
il convient d'analyser une constellation diplomatique. La considé
ration simultanée des différents points de vue permet d'éviter l'énu-
méràtion incomplète, les interprétations partielles et, de ce fait,
partiales qui sont le fléau des sciences sociales.
1. Détermination du champ d'activité diplomatique ou encore
limites dw ou des systèmes diplomatiques.
Les relations régulières, nouées entré les Etats, l'envoi
d'ambassadeurs qui résident dans les capitales des pays étrangers
ne datent que de quelques siècles en Europe, de bien moins encore
dans les autres continents. Il y a à peine un siècle que le Japon
fut contraint de renoncer à l'isolement presque absolu dans lequel
iî avait vécu sous le Shogunat de Tokugawa. II y a moins de deux
siècles, F empereur de Chine répondait à l'ambassadeur de Grande-
Bretagne venu lui apporter dès présents et lui suggérer des échang
es, que l'Empire du Milieu possédait tous les biens concevables et
■n'avait nul besoin de commercer avec les nations barbares.
' Lorsque le réseau diplomatique s'étend à la planète entière, il
ne s'ensuit pas encore que celle-ci constitue un champ unifié. Au
début du siècle, les hommes d'Etat européens ne croyaient pas que
les Etats-Lînis fissent partie du champ européen ; ils étaient con
vaincus que les nations européennes régleraient entre elles, sans
intervention, venue- d'un autre continent, leurs querelles. Font partie
* Extrait d'une Introduction à une sociologie des relations internationales. :
.
'
'
'
Raymond Aron
d'un certain système les Etats dont on tient compte dans les calculs
d'équilibre, dent on attend la participation à une guerre générale.
Les limites des systèmes ne sont rigoureusement tracées ni par
îa géographie ni par l'histoire. Le champ d'action diplomatique
recouvre plus ou moins ,: nettement une. zone de civilisation, encore
que fréquemment un des Etats à l'intérieur de cette zone s'allie à
un Etat d'autre civilisation, contre ses rivaux. Les cités grecques
combattirent ensemble l'Empire perse, défensivement sous la direc
tion "d'Athènes, dans une aventure de conquête sous la direction
d'Alexandre/ Entre temps, telle cité n'hésitait pas à demander le
secours du Grand Roî contre une autre, de même que ïe roi de
France s'alliait au Grand Turc. Au sens où nous prenons ces
termes, les limites d'un système sont moins fixées par la commun
auté de civilisation que par les calculs d'équilibré et la combinaison
des Etats aux prises. \
II va de soi que les perspectives diplomatiques changent du
tout au tout avec l'élargissement du champ unifié. Aux époques où
celui-ci est brusquement agrandi, les hommes d'Btaf commettent
les plus lourdes erreurs.
2; Relations de puissance ou schémas d'équiMbre* ;
- Au début du siècle, Russie; Allemagne, A.uiriche^Hongrie,
Grande-Bretagne, France, Italie passaient pour grandes puissances,
dotées certes >de ressources inégales mais d'une inégalité .qui Jes
laissait dans: une même catégorie. Ges grandes puissances nouaient
des alliances précaires, se surveillaient et se faiottsaieîït, tout accrois
sement^ de forces de l'une -apparaissant attx autres comme une
menace. Elles s'efforçaient de maintenir une situation d'équilibre,
_ souvent de régler d'un commun accord les problèmes posés soit par
les petites nations, soit par les conflits a propos de territoires colo
niaux.
Au schéma d'un équilibre à plusieurs s'oppose le schéma de
deux 'blocs, la formation, à l'intérieur du champ' unifié", ;de deux
coalitions rigides, chacune dirigée par une puissance domïnaiïte, le
camp 'd'Athènes et le camp de Sparte, le camp américain "et le tamp
soviétique. - \ '" " "; ; \ ;" ■ :
, Le premier schéma exige l'existence dé plusieurs Etats dont le
poteritïel de forces soit comparable, le second suppose un écart con
sidérable entre les Grands et îés' autres. D'autres facteurs" déter
ces' rapports dé" puissance» minent encore là configuration de
288 l'Analyse des Constellai-ions. Diplomatiques De
II importe seulement, ^ci, Je marque" »« .ccessjté i%-z c,4*; li 'ys~
des tonfiguratiors •„ ^a-ci -'^~t, er a~oe îrecar^ ~.é^ - ii*c- sas
les circonstances ec non per !<? o"o «. > des hommes.
**■ Technique de* -/^ors entre Eiarx. pacifiques c><. opI'î-
qt-eux. ou encore technique ce 1 a y-j-'v/ii'^ et de Ja guerre.
De c£S deux techniques 1a plus >aporiarLe de oeatzeup ts
celle de la cjjenrc. î! n'esc pas I Jhftcretit de ia\cir ^or.ment er
a négoaé au\ dif£.rer»t;> s-^ècles, le "ôîe qu'^r.f ;o.^e !>«: ambas a-
deurs, comment s-c *f if, tit !>:? c^riéiencei Je ^ p~:.x A notre
commun' époque les ncu\e'les sxcûai'^^ c'e elaboration ou de
mxi1;*^' • diplomate éccnorx-Iqae mtemaciortaîes se sonr cations ees
dans le c^dre des orcciiisations mcnaiaîcs (Gatt) ou eurepéenres
(O.E.C.E.), diplomatie militaire dans le cadre du Nato, etc. Mais
autrement décishe est l'influence qu'exerce la technique militaire
sur les instirutions des Etats et les relations entre Etats.
La souveraineté & comporté, par essence le droit de recourir
aux armes. C'est par rapport à la guerre, suprême instance, que
les hommes d'Etat ont pensé, que les unités politiques se sont const
ituées. Les deux". questions1: Qui combat ? Avec quelles armes, ?
doivent être posées à chaque époque, pour comprendre non pas les
seules1 péripéties de l'histoire militaire mais les bouleversements des
-sociétés et fô procession des- régimes. Démocratie et industrie : les
deuxpgrâîides forces du monde moderne, dit-on. Traduisons ;, set-
:.ï/îce- militaire. obiigat&ire et guerre de matériel* et la traduction est
fidèle Les guerre* res^er'b'ent cixx société^ cir" î*s livrent. Dans
les œa^rc « ie oar se fcrgetit lus m- ri.^e~*s d.* ]a bd*ail e
4. Reconnaissance c?» rton-recon . -aus *~~*> "c<uip^avc Ses
Etats.
î ^rxi^i'^is le vp""iie lercr ^a t «* » 'te u %*r irSxlit-L* A-d;c
ic se tc lcj c-Q^qu^ ^i ce terr^ If" 'u^îii - ^"^KoC 'es d" er^e°
Ceite au ^e ^l>\.j^-ù Ji°-\«^.- ser,, ci?.:/ _..o a I é*i,cte de la
relation aco-ï - ^a.." q^e* ^^ !>- ùa, -- ""•'■ ent-ilb récipro-
t ae reZe <^r-e Q1 -*i ^a ^i£ "i-erre es \^r èr<»s, mais nor1 Raymond' ' .....
Aron
Etats, soient en jeu ? Dans quels cas, au contraire l'existence des
le refus de reconnaissance réciproque implique~t-ii, en cas d hostil
ités, la menace de destruction pour l'Etat vaincu ?
Le premier cas de non-reconnaissance, fréquent à travers l'his
toire, est celui des relations entre peuples civilisés et tribus dites
plus ou moins primitives. Français, Allemands, Anglais se recon
naissaient les uns les autres le droit à une existence étatique, ils
ne le reconnaissaient, en fait, au siècle dernier, à aucune populat
ion africaine. Inversement., il arrive que des royaumes semi-bar
bares conquièrent des nations civilisées ou des Etats décadents.
La non-reconnaissance est fréquente, sinon de règle, dans les cas
de rencontres entre civilisations hétérogènes. Les Espagn

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