Débat sur les perspectives - article ; n°1 ; vol.73, pg 151-164
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'OFCE - Année 2000 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 151-164
Les prévisions occupent une place particulière dans le débat public en économie. Elles sont généralement considérées comme des prédictions, qualifiées fréquemment d'optimistes ou de pessimistes, comme si elles dépendaient de l'humeur des équipes qui les réalisent. Certes, en un sens, la prévision est un art tant elle dépend des signes précurseurs que nous livre le présent, de l'interprétation des évolutions en cours, de la capacité des économistes de sélectionner les informations pertinentes parmi celles, multiples, dont l'intérêt n'est qu'anecdo-tique. Mais elle est surtout une science puisqu'elle consiste à déduire des informations dont on dispose sur le présent une vision de l'avenir. Elle ne peut être formulée en dehors d'un cadre général d'interprétation, c'est-à-dire d'une théorie qui met en relation les informations que l'on privilégie et les variables que l'on cherche à prévoir. Parmi ces informations, certaines, cruciales, ne sont pas vraiment disponibles car, pour l'essentiel, elles dépendent de décisions à venir et qu'il n'existe pas vraiment de théorie permettant de déduire des données existantes ce que seront ces décisions. Il faut donc formuler des hypothèses alternatives et retenir celles qui nous paraissent les plus vraisemblables. Dès lors, les erreurs de prévision peuvent avoir au moins trois origines : une insuffisance d'information sur le présent, une mauvaise spécification théorique, la non réalisation de certaines hypothèses. De surcroît, il existe une incertitude irréductible au sens ou certains événements sont imprévisibles, alors même que leur conséquence sur l'activité économique est déterminante. Voilà pourquoi les chiffres associés à une prévision sont éminemment fragiles, qu'ils doivent être considérés comme conditionnels aux hypothèses que l'on formule, aux données dont on dispose et au cadre théorique dans lequel on raisonne. Il m'a donc semblé nécessaire que les prévisions réalisées par l'OFCE soient publiées en même temps qu'un débat autour de ces prévisions. Cela offre le double avantage de rendre explicite le doute inhérent à tout exercice de prévision pour les raisons déjà exposées, et de participer au pluralisme nécessaire à l'indépendance et au sérieux des études économiques. Une prévision, pour rigoureuse qu'elle soit, n'est pas un exercice mécanique au terme duquel la vérité serait révélée, mais une « histoire » raisonnée du futur délivrant des résultats incertains. Il est utile d'en comprendre d'emblée les limites, pour ne point s'en servir comme d'un argument d'autorité, à l'instar de ce qui est trop fréquemment le cas.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Christian De Perthuis
Paul Kestens
Jean-Paul Fitoussi
Olivier Passet
Christine Rifflart
Philippe Sigogne
Henri Sterdyniak
Xavier Timbeau
Débat sur les perspectives
In: Revue de l'OFCE. N°73, 2000. pp. 151-164.
Citer ce document / Cite this document :
De Perthuis Christian, Kestens Paul, Fitoussi Jean-Paul, Passet Olivier, Rifflart Christine, Sigogne Philippe, Sterdyniak Henri,
Timbeau Xavier. Débat sur les perspectives. In: Revue de l'OFCE. N°73, 2000. pp. 151-164.
doi : 10.3406/ofce.2000.1589
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_2000_num_73_1_1589Résumé
Les prévisions occupent une place particulière dans le débat public en économie. Elles sont
généralement considérées comme des prédictions, qualifiées fréquemment d'optimistes ou de
pessimistes, comme si elles dépendaient de l'humeur des équipes qui les réalisent. Certes, en un sens,
la prévision est un art tant elle dépend des signes précurseurs que nous livre le présent, de
l'interprétation des évolutions en cours, de la capacité des économistes de sélectionner les informations
pertinentes parmi celles, multiples, dont l'intérêt n'est qu'anecdo-tique. Mais elle est surtout une science
puisqu'elle consiste à déduire des informations dont on dispose sur le présent une vision de l'avenir.
Elle ne peut être formulée en dehors d'un cadre général d'interprétation, c'est-à-dire d'une théorie qui
met en relation les informations que l'on privilégie et les variables que l'on cherche à prévoir.
Parmi ces informations, certaines, cruciales, ne sont pas vraiment disponibles car, pour l'essentiel, elles
dépendent de décisions à venir et qu'il n'existe pas de théorie permettant de déduire des
données existantes ce que seront ces décisions. Il faut donc formuler des hypothèses alternatives et
retenir celles qui nous paraissent les plus vraisemblables. Dès lors, les erreurs de prévision peuvent
avoir au moins trois origines : une insuffisance d'information sur le présent, une mauvaise spécification
théorique, la non réalisation de certaines hypothèses. De surcroît, il existe une incertitude irréductible
au sens ou certains événements sont imprévisibles, alors même que leur conséquence sur l'activité
économique est déterminante. Voilà pourquoi les chiffres associés à une prévision sont éminemment
fragiles, qu'ils doivent être considérés comme conditionnels aux hypothèses que l'on formule, aux
données dont on dispose et au cadre théorique dans lequel on raisonne.
Il m'a donc semblé nécessaire que les prévisions réalisées par l'OFCE soient publiées en même temps
qu'un débat autour de ces prévisions. Cela offre le double avantage de rendre explicite le doute
inhérent à tout exercice de prévision pour les raisons déjà exposées, et de participer au pluralisme
nécessaire à l'indépendance et au sérieux des études économiques. Une prévision, pour rigoureuse
qu'elle soit, n'est pas un exercice mécanique au terme duquel la vérité serait révélée, mais une «
histoire » raisonnée du futur délivrant des résultats incertains. Il est utile d'en comprendre d'emblée les
limites, pour ne point s'en servir comme d'un argument d'autorité, à l'instar de ce qui est trop
fréquemment le cas.de l'OFCE n° 73 I avril 2000 Revue
Débat sur les perspectives
fréquemment économie. tant l'humeur elle Les dépend des Elles prévisions équipes d'optimistes sont des généralement signes qui occupent les ou précurseurs réalisent. de une considérées pessimistes, place Certes, que particulière nous en comme un livre sens, des dans le si la prédictions, présent, elles prévision le débat dépendaient de l'interprépublic est qualifiées un art de en
tation des évolutions en cours, de la capacité des économistes de sélectionner les
informations pertinentes parmi celles, multiples, dont l'intérêt n'est qu'anecdo-
tique. Mais elle est surtout une science puisqu'elle consiste à déduire des dont on dispose sur le présent une vision de l'avenir. Elle ne peut
être formulée en dehors d'un cadre général d'interprétation, c'est-à-dire d'une
théorie qui met en relation les informations que l'on privilégie et les variables
que l'on cherche à prévoir.
Parmi ces informations, certaines, cruciales, ne sont pas vraiment dispo
nibles car, pour l'essentiel, elles dépendent de décisions à venir et qu'il n'existe
pas vraiment de théorie permettant de déduire des données existantes ce que
seront ces décisions. Il faut donc formuler des hypothèses alternatives et retenir
celles qui nous paraissent les plus vraisemblables. Dès lors, les erreurs de
prévision peuvent avoir au moins trois origines : une insuffisance d'information
sur le présent, une mauvaise spécification théorique, la non réalisation de
certaines hypothèses. De surcroît, il existe une incertitude irréductible au sens ou
certains événements sont imprévisibles, alors même que leur conséquence sur
l'activité économique est déterminante. Voilà pourquoi les chiffres associés à une
prévision sont éminemment fragiles, qu'ils doivent être considérés comme condi
tionnels aux hypothèses que l'on formule, aux données dont on dispose et au
cadre théorique dans lequel on raisonne.
Il m'a donc semblé nécessaire que les prévisions réalisées par l'OFCE
soient publiées en même temps qu'un débat autour de ces prévisions. Cela offre
le double avantage de rendre explicite le doute inhérent à tout exercice de
prévision pour les raisons déjà exposées, et de participer au pluralisme néces
saire à l'indépendance et au sérieux des études économiques. Une prévision, pour
rigoureuse qu'elle soit, n'est pas un exercice mécanique au terme duquel la vérité
serait révélée, mais une « histoire » raisonnée du futur délivrant des résultats
incertains. Il est utile d'en comprendre d'emblée les limites, pour ne point s'en
servir comme d'un argument d'autorité, à l'instar de ce qui est trop fréquemment
le cas.
Jean-Paul FITOUSSI 152 Débat sur les perspectives
Participants au débat sur les perspectives à court terme
du 29 mars 2000
Christian De Perthuis : BIPE-Conseil
Paul Kestens : Dulbea, Université libre de Bruxelles
Jean-Paul Fitoussi, Olivier Passet, Christine Rifflart, Philippe Sigogne,
Henri Sterdyniak, Xavier Timbeau
: OFCE
Remarques générales sur la prévision
Paul Kestens : Je vous remercie de votre accueil. Critiquer votre prévision
est difficile, car le document reproduit les différentes hypothèses
faites de façon exhaustive. Et dans une prévision, on sait que les
hypothèses sont fondamentales. Ceux qui analysent les prévisions
ex post le font souvent en oubliant les éléments de base à partir
desquels elles ont été faites, ce qui rend la critique facile mais non
pertinente.
Les prévisions de l'OFCE ne me surprennent pas : elles ressem
blent à celles que le DULBEA a établies en ce début d'année et
elles se situent dans la prolongation des exercices précédents. Il y
a peu d'éléments neufs par rapport au diagnostic posé à l'automne
dernier. La stabilité des prévisions n'est donc pas due au « conser
vatisme » que l'on attribue en général aux prévisionnistes, mais
bien au fait que les éléments de diagnostic ont confirmé les
premiers scenario.
Les économies européenne et mondiale ont-elles retrouvé, à la fin
des années 1990, les profils de croissance des années 1950-1960,
c'est-à-dire une croissance plus soutenue, durable et présentant
peu de variance ? Ou plus exactement pourquoi la croissance au
cours des trois dernières décennies n'a-t-elle pas été comparable
à celle observée au lendemain de la seconde guerre mondiale ?
Les changements de policy mix expliquent en grande partie ces
évolutions.
A l'heure actuelle, il y a trois éléments qui garantissent le soutien
et la durabilité

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents