Découverte d'une Gravure de Sabot de Cheval de l'Époque Néolithique, sur le Rocher du Grand Chiron, à l'Ile d'Yeu (Vendée) - article ; n°5 ; vol.6, pg 238-260

Marcel Baudouin

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1909 - Volume 6 - Numéro 5 - Pages 238-260
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1909
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Dr Marcel Baudouin
Découverte d'une Gravure de Sabot de Cheval de l'Époque
Néolithique, sur le Rocher du Grand Chiron, à l'Ile d'Yeu
(Vendée)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1909, tome 6, N. 5. pp. 238-260.
Citer ce document / Cite this document :
Baudouin Marcel. Découverte d'une Gravure de Sabot de Cheval de l'Époque Néolithique, sur le Rocher du Grand Chiron, à l'Ile
d'Yeu (Vendée). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1909, tome 6, N. 5. pp. 238-260.
doi : 10.3406/bspf.1909.7907
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1909_num_6_5_7907238 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
Découverte d'une Gravure de Sabot de Cheval
de l'Époque Néolithique, sur le Rocher du
Grand Chiron, à l'Iled'Yeu (Vendée).
Par le Dr
Marcel BAUDOUIN (de Paris).
I. — Description d'ensemble.
Découverte. — En août 1908, lors d'une course à travers l'Ile
d'Yeu (Vendée) à la recherche de Rochers à Gravures, nous nous
rendîmes à un lieu dit, appelé le Grand Chiron, d'où émerge un
certain nombre de pointements rocheux, d'ailleurs très peu ac
centués et presque cachés sous les bruyères à l'heure actuelle.
De suite, nous reconnûmes, sur l'un d'eux, que nous appellerons
Le Grand Chiron n° 1, la présence de Cupules indiscutables, dont
une très belle. — Cela nous encouragea à jeter un coup d'œil
tout autour de lui, sur les roches voisines, faisant une saillie,
à peine marquée d'ailleurs, hors des broussailles desséchées.
Immédiatement, nous aperçûmes un autre rocher, assez aplati,
et placé au ras du sol actuel, sur lequel nous vîmes quelques
Cupules et une Figure spéciale, qui attira, de suite, notre attention,
car nous connaissions, depuis longtemps, la question des « Pieds
d'Animaux gravés ». — Nous désignerons ce second pointement
sous le nom de Grand Chiron n° II.
A cette première inspection, qui fut d'ailleurs très rapide,
nous avions diagnostiqué une magnifique Gravure, sur Rocher fixe,
de Sabot d'Equidé (1).
C'est à l'étude de cette Gravure artistique, très intéressante et
très rare, qui est la première de ce genre, et de Y Epoque Néolithi
que, découverte en Vendée proprement dite (2), que ce mémoire
(1) Nous nous refusons à adopter la terminologie classique : « Empreinte de pied
gravé » ," et n'acceptons que celle de : Gravure de Sabot, avec ou sans Fers,
d'Equidé.
Nous ne pouvons insister ici sur la raison, absolument primordiale, qui nous
empêche d'accepter les mots à' Empreinte et de Pied ; qu'il nous suffise de dire
aujourd'hui que c'est parce qu'ils sont totalement inexacts tous les deux.
Nous le démontrerons d'ailleurs, d'une façon péremptoire et indiscutable, dans
notre travail sur les Gravures de Plantes de Pieds humains. — En Zootechnie,
au demeurant, l'analogue de la Plante du Pied est le Sabot, et non le Pied lui-
même.
(2) Les Rochers gravés, étudiés par MM. Capitan et Breuil, ne sont pas, en effet,
situés en Vendée, mais dans les Deux-Sèvres. — J'ai protesté jadis d'autant plus
contre l'emploi du mot Vendée en l'espèce que ces gravures n'ont aucun rapport avec
celles que j'ai découvertes à ГНе-d'Yeu, c'est-à-dire en véritable Vendée, géolo-
giquement parlant [Marcel Baudouin. — Qu'est-ce que la Vendée ? — Le Vendéen
de Paris, 1908, XII, juillet n° 7, p. 2-3. — Tiré à part, Paris, 1908, in 8°, 3<= Edit.,
4P-]- SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE 239
sera consacré. — Nous l'avons d'ailleurs signalée dans quelques
publications antérieures (1).
I. — Topographie. — Le Grand Chiron (2) est un tenement
de ГПе-d'Yeu, qui est très facile à repérer sur la carte.
a) Voie d'accès . — II se trouve sur le côté Ouest de la grande
route n° 1, qui va du Vieux-Sémaphore à la pointe des Cor
beaux, et traverse toute l'Ile, entre le Bourg de Saint-Sauveur
et le Village de la Croix.
En suivant cette route, du nord-ouest au sud-est, on arrive, après
Saint-Sauveur, près du village ancien des Martinières, qu'on
laisse à droite. Après avoir dépassé, à l'ouest, les deux sentiers
qui y conduisent, on en trouve un troisième, se dirigeant au sud.
Il suffit de le suivre pendant 250 mètres; et l'on arrive alors au
sommet du Grand Chiron, correspondant à un croisement de
chemins, en forme de T renversé (jj.
Le rocher, que j'ai appelé le Grand Chiron n°I, est dans Tangle
Ouest de ce ^ ; et le Grand Chiron n° II, dans l'angle Est.
b) Situation. — Le Grand Chiron constitue un lieu dit,
occupé surtout à son centre par une lande, couverte de bruyères,
et de laquelle émergent, ça et là, des poiutements de Granite,
peu élevés au-dessus du sol, et formant plusieurs roches, aplat
ies, en saillie de quelques centimètres seulement au-dessus de
la terre végétale.
Il est placé près des roches de La Dévalée, situées à 200 mètres
au nord, où il y a aussi des Gravures, et à 300 mètres au nord-est
de l'ancien village disparu des Chauvitelières, où il y a encore
des Cupules. — II est entouré de tous côtés par des champs cul
tivés.
c) Altitude. — II correspond, avec La Dévalée, au flanc Est de la
Butte, assez élevée, de La Guette, dominée par un Mégalithe
sous tumulus, à 32m20 d'altitude [Tumulus de la Guette) (3).
Il est situé lui-même à 25 mètres environ d'altitude.
Il importe de noter cette exposition en plein Est, c'est-à-dire
au Soleil Levant, en face de la plaine basse de la côte occidentale
de l'Ile et du Marais de la Gorelle. Avant la séparation de l'Ile
d'Yeu du continent, la vue s'étendait sur tout ce qui est actue
llement submergé du Détroit.
(1) Marcel Baudouin. — Découverte de Rochers gravés et de Pierres à Cupules,
àl'Ile-d'Yeu {Vendée). — L'Homme préhistorique, Paris, 1908, VI, n" 12, décembre,
p. 360-369. — Tiré à part, Paris, Schleicher, 1908, in 8°, 10 p. [Voir page 5].
(2) Nous avons étudié, dans un autre mémoire, la signification et l'étymologie
du terme Chiron [Marcel Baudouin. — Le Grand Chiron, rocher à cupules de l'Ile-
d'Yeu, Vendée].
(3) Voir notre mémoire inédit sur la Fouille de ce Mégalithe. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE 240
d) Emplacement [Roche n° II du Grand Chiron]. — La roche,
où est le Sabot gravé, appelée par nous Le Grand Chiron n° II, est
située la plus à YEst, dans l'angle Est des chemins cités, qui se
croisent au sommetdu Chiron. Son grand axe est à peu près Ouest-
est ; et son extrémité Est, à peu près arrondie, est en pente légère
de ce côté. Là encore : Exposition à С Est. — C'est vers le centre de
sa surface libre que se trouvent les Cupules; mais le Sabot ďE-
quidé — fait à souligner encore — est gravé à cette extrémité
Est, c'est-à-dire du côté du Soleil Levant !• — Cette surface forme
une sorte de dôme, très peu accentué, ne saillant pas plus de
0m10 à 0m15 au-dessus du sol naturel (PI. I; Fig. 1).
II. — Folklore. — A. Pau de l Ane. — Un lieu dit de l'Ile-d'Yeu,
le ou la Pau de l'Ane (1), si nous y avions songé plutôt, aurait
pu nous faire présumer cette découverte de Sabot gravé, d'autant
plus que nous avions constaté, au préalable, qu'il présentait des
Cupules et un Bassin (2) ; mais, avant la trouvaille en question,
notre attention n'avait pas été suffisamment attirée sur cette dé
nomination, qui désormais nous apparaît comme tout à fait
caractéristique. Or ce lieu dit n'est pas très éloigné vers YEst
(encore!) du Grand Chiron (à peine 800 mètres), et présente sans
doute des gravures analogues, qu'il nous faudra rechercher avec
soin.
B. Le Grand Chiron. — Mais, en ce qui concerne le Grand
Chiron, aucune légende n'existe pour ces gravures de Cupules et
de Sabot, à l'encontre de ce qui s'observe d'ordinaire.
Il est, au demeurant, facile d'en donner les raisons ; et il y en
a au moins deux, qui suffisent amplement