Des adjectifs et de quelques problèmes de formalisation du lexique - article ; n°1 ; vol.11, pg 91-101
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Des adjectifs et de quelques problèmes de formalisation du lexique - article ; n°1 ; vol.11, pg 91-101

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1971 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 91-101
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Lélia Picabia
Des adjectifs et de quelques problèmes de formalisation du
lexique
In: Langue française. N°11, 1971. pp. 91-101.
Citer ce document / Cite this document :
Picabia Lélia. Des adjectifs et de quelques problèmes de formalisation du lexique. In: Langue française. N°11, 1971. pp. 91-
101.
doi : 10.3406/lfr.1971.5550
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1971_num_11_1_5550LÉLiA PicABiA, Université de Paris-VIII (Vincennes)
et L.A.D.L., C.N.R.S.
DES ADJECTIFS ET DE QUELQUES PROBLÈMES
DE FORMALISATION DU LEXIQUE
1 . Des récents travaux en linguistique proposent d'aborder le problème
de la représentation des propriétés syntaxiques dans un dictionnaire,
où chaque entrée serait définie par un ensemble de propriétés distribu-
tionnelles et transformationnelles. Nous proposons quelques exemples
de problèmes relatifs à l'insertion des adjectifs dans un tel dictionnaire.
Avant toute étude, la notion d'adjectif se pose, car s'il est aisé de
donner une définition du verbe que l'on peut décomposer en une racine
(r(V), un temps (T), un afïîxe personne-nombre (pn), il n'en est pas de
même pour les adjectifs. On pourrait cependant appeler adjectifs les
morphèmes non précédés de déterminant après les séquences SN est — ,
tels rouge ou heureux dans :
Le livre est rouge.
Pierre est heureux.
Cette définition n'exclut pas des termes comme lassant, satisfait, chanteur,
qui pourraient être qualifiés respectivement de participe présent, de
participe passé, et de substantif. Dans le dictionnaire syntaxique, la
description de ces termes pose un problème que l'on peut résoudre
en les opposant syntaxiquement aux adjectifs.
1.1. Adjectifs et participes présents.
Tout participe présent peut être introduit par en, c'est-à-dire que
l'on peut obtenir à partir du radical de n'importe quel verbe la séquence
en r(V)ant,
sauter, sautant, en sautant;
dormir, dormant, en dormant;
amuser, amusant, en amusant;
91 Tout adjectif peut se mettre après la séquence :
en étant,
heureux, en étant heureux;
digne, en digne;
mais jamais un adjectif ne peut être précédé de en uniquement :
*en digne, *en heureux.
Certaines formes participiales ont des propriétés d'adjectifs, c'est-
à-dire qu'elles acceptent à la fois (tels lassant, amusant...) les constructions
en r(V)ant,
en élanl r( V )unt.
Il semble donc raisonnable de chercher quelles classes de verbes permettent
ces deux constructions.
N'importe quel locuteur français reconnaît que les phrases suivantes
sont en relation de paraphrase :
(a> Accepter ce travail contrarie Marie.
(b) ce est contrariant pour Marie.
(a) Entendre cette musique lasse Marie.
(b)est lassant pour Marie.
où l'on voit que les phrases (a) ne diffèrent des phrases (b) que par
l'adjonction dans (b) de г (être) -ant pour. L'ampleur du phénomène et
les relations de paraphrases pourraient faire penser à l'existence de liens
transformationnels entre (a) et (b).
Les verbes qui acceptent ce type de paraphrase ont tous une struc
ture Qu P V SN, tels amuser, agacer, exaspérer..., ou bien une structure
Ou P V SN prep ce Qu P, par exemple encourager, contraindre.
On remarque :
(i) Qu P en position sujet commute toujours avec un substantif /humain/.
SN est toujours /humain/ et accessoirement /non humain/. SN ne commute
jamais avec une complétive.
(ii) Du fait que le sujet peut être à la fois /humain/ et /non restreint/
(i.e. présence possible d'une complétive (Qu P)) les phrases du type
Jean agace Pierre,
sont ambiguës. La première interprétation est « volontaire ». « Jean fait
volontairement une action qui agace Pierre. » La deuxième interprétation
est « involontaire ». « Jean agit de telle façon que sa conduite agace
Pierre. »
(iii) La paraphrase ne porte que sur l'interprétation involontaire. Elle
est impossible si SN est /non humain/ :
Attendre Pierre bouleverse Marie. est bouleversant pour Marie.
Attendre Pierre bouleverse ses plans.
* est pour ses plans.
(iv) Si le verbe a une structure à double complément comme encourager,
92 paraphrase n'est possible qu'avec l'omission du complément préposila
tionnel. Soit :
(a) Ce fait nouveau encourage Marie à poursuivre son travail.
(b) Ce fait Marie.
La paraphrase est possible avec (b), impossible avec (a) :
Ce fait nouveau est encourageant pour Marie.
*Ce est Marie à poursuivre son travail.
(v) Cette classe comprend approximativement quatre cents verbes. Ils
ont tous un caractère sémantique commun. On pourrait les appeler les
verbes « psychologiques ».
Le très petit nombre d'exceptions (où la paraphrase est impossible)
suggère que les relations décrites sont de type transformationnel. De
ce fait, les participes présents qui ont des caractéristiques adjectivales
sont à étudier dans le cadre des constructions verbales.
1.2. Adjectifs et participes passés.
Si l'on considère la transformation d'extraposition [extrap.] qui
opère sur les structures
Qu P V prep SN.
[extrap.] -> II V prep SN Qu P.
on remarque qu'elle s'étend de façon très générale aux structures où une
complétive peut être passivée :
Jacques a cru que Paul était malade.
[passif] — > Que Paul était malade a été cru par Jacques.
[extrap.] -> II a été cru par Jacques que Paul était malade.
Cette propriété s'élargit aux substantifs :
On a acheté beaucoup de livres.
[passif] -> Beaucoup de livres ont été achetés.
[extrap.] — > II a été acheté de livres.
mais avec des contraintes :
Ce livre a été acheté.
*Il a été acheté ce livre.
Si un adjectif entre dans la structure :
Qu P est Adj (E + prep SN).
l'extraposition opère de même et sans exception :
[extrap.] -> II est Adj (E + prep SN) Qu P,
mais jamais elle ne s'étend aux substantifs :
Que Pierre ait échoué est possible.
[extrap.] -+ II est possible que Pierre ait échoué.
L'échec de Pierre est possible.
[extrap.] ~> *Il est possible l'échec de Pierre.
sauf si l'adjectif est un participe passé. Prenons le cas d'un verbe tel
que contenter qui peut avoir deux formes de passif. Sur des phrases :
(Pierre + ce livre + Que Pierre vienne) contente Jacques.
93 nous obtenons, après application de la transformation passive, deux
séries de phrases, l'une avec l'insertion de la préposition par et de l'affîxe
participe passé; l'autre, avec l'insertion de la de et de ce
que l'on pourrait appeler l'affixe zéro, ce qui revient à l'emploi de l'adject
if. Nous avons donc d'une part :
Jacques est contenté par (Pierre + ce livre).
Les phrases suivantes, avec l'emploi de la préposition de, et avec l'agent
Que Pierre vienne, sont interdites :
* Jacques est contenté de (Pierre + ce livre).
*est par ce que Pierre vienne.
Nous obtenons d'autre part :
Jacques est content de (Pierre + ce livre + ce que Pierre vienne).
La préposition par est interdite :
*Jacques est content par (Pierre + ce livre -f- ce Que Pierre vienne).
Soit la phrase suivante :
Ces revendications ont contenté un grand nombre de personnes.
(i) Un grand nombre de personnes ont été contentées par ces revendicat
ions.
(ii) Un grand nombre de ont été contentes de ces revendications.
L'extraposition s'applique sur (i) et pas sur (ii) :
// a été contenté un grand nombre de personnes par ces
* II a été content un de ces revendications.
Dans (i), nous avons affaire à un participe passé, et dans (ii) à un
adjectif.
L'extraposition est donc un critère qui oppose adjectif et participe
passé, et dans le cadre d'un dictionnaire syntaxique les participes passés
doivent être analysés en rapport avec les formes verbales correspondantes.
1.3. Adjectifs et substantifs.
Après la séquence SN est —, des éléments lexicaux tels que ouvrier
chanteur, charbonnier, etc., peuvent être ou non précédés d'un déte
rminant :
(i) Jean est (chanteur + charbonnier).
(ii) est un +
Ces éléments lexicaux sont des substantifs qui en aucun cas ne peuvent
être considérés comme des adjectifs. En effet, ces termes s'opposent à
de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents