Des grandes compagnies au quatorzième siècle. II. Guerres de France.- Aperçus généraux. - article ; n°1 ; vol.5, pg 232-253
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Des grandes compagnies au quatorzième siècle. II. Guerres de France.- Aperçus généraux. - article ; n°1 ; vol.5, pg 232-253

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 232-253
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ernest De Fréville
Des grandes compagnies au quatorzième siècle. II. Guerres de
France.- Aperçus généraux.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 232-253.
Citer ce document / Cite this document :
De Fréville Ernest. Des grandes compagnies au quatorzième siècle. II. Guerres de France.- Aperçus généraux. In: Bibliothèque
de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 232-253.
doi : 10.3406/bec.1844.451773
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451773DES
GRANDES COMPAGNIES
AU QUATORZIÈME SIÈCLE.

II.
Guerres de Fiance. _ Aperçus généraux.
Après avoir montré l'organisation intérieure des Compagnies
et fixé le caractère des hardies expéditions de ces bandes qui
parcoururent l'Europe (1), il faut dire quelle part d'action leur
revient dans les événements et sur les mœurs. La France est le
théâtre que nous avons préféré pour cette exposition ; car c'est
là que les luttes et les transformations d'où allait sortir l'Europe
moderne, se sont produites avec le plus de variété et d'énergie.
Le docte Secousse paraît avoir été frappé le premier de l'im
portance de notre sujet. « Les différentes expéditions de ces
Sociétés ou Compagnies sont, dit- il, un des points les plus inté
ressants et les plus curieux de l'histoire du quatorzième siècle ; il
n'est pas encore assez éclairci et mériteroit d'être traité en parti
culier. » On aurait lieu d'être surpris du peu de succès de cette
grande question , ainsi recommandée , n'était une autre remar
que du savant historien : « Quelquefois ces brigands vendoient
leurs services aux princes qui sefaisoient la guerre ; quelquefois,
sans être autorisés par les puissances, ils se répandoient dans un
royaume et y eommettoient des actes d'hostilité (2). » Cette simple
observation, pleine de justesse, a eu peut-être pour première con
séquence d'arrêter l'auteur lui-même. Peut-être que la nécessité
d'écarter les faits généraux, tout en les rappelant, et de s'épar
piller sans diffusion , n'a pas encore autant effrayé Secousse
que la gêne qui résulte du passage incessant des Compagnies
(1) Voy. notre 1er article dans la Bibl. de l'École des Chartes, t. III, p. 258 et sniv.
(2) Hist, de Charles le Mauvais, t. I, part. I, pages 186 et 334, note 3. 233
de l'état de troupes soudoyées à la vie d'hommes hors la loi. Dès
lors fallait-il s'interdire la connaissance d'une anecdote carac
téristique , parce qu'elle s'est passée à l'ombre d'une querelle
nationale, ou devait-on au contraire s'efforcer de suivre à la trace
ces protées de la guerre? Alternative scabreuse, dans laquelle
nous avons évité de prendre un parti, en renonçant à l'histoire
chronologique des Compagnies. Mais sans le secours de Froissart,
cette liberté même eût été assurément un trop lourd fardeau; l'él
oquent narrateur est donc l'âme de ce travail, et il nous en four
nira souvent aussi la matière.
«On se pourroit esmer veiller en pays lointain et estrange, du
noble royaume de France, comment il est situé et habité de cités
et de chastels ; car autant bien ens, es lointaines marches, en y a
grand planté, comme il y a ens, ou droit cuer de France (1). » C'é
tait déjà le plus beau royaume de la chrétienté, et celui où le sou
venir des troubles civils se perdait le plus facilement dans le bien-
être, si passager qu'il fût; en sorte que malgré de lourds impôts,
odieusement multipliés depuis Philippe le Bel jusqu'au premier
Valois, la France excitait l'admiration de ses voisins et l'envie des-
Anglais. La comparaison « de leur repaire maritime, de ce coin de
terre à l'extrémité du monde (2), » avec cette heureuse et douce
contrée, allumait malgré eux leurs désirs jaloux. Les prétentions
d'Edouard III à la couronne de France devinrent donc du goût
de ses sujets, sitôt que nos riches provinces leur parurent en bon
point pour une récolte magnifique.
Lorsque Edouard , guidé par le ressentiment de Godefroi de
Harcourt, débarqua en basse Normandie, en 1346, il trouva un
pays « gras et plantureux de toutes choses (3) ; » il y eut tant à
prendre que les moindres valets d'armée ne faisaient nul compte
du gros butin, mais seulement de la vaisselle d'argent y des bons
florins , des reliquaires et des calices. La prospérité et l'aisance
régnaient aussi dans le Languedoc et le Poitou que le prince de
Galles chevauchait en 1355 (4). D'ailleurs on se livrait presque
(1) Froissart, 1. III, ch. 24.
(2) Collection des documents inédits pour servir à Vhistoire de France; Ano
nyme de Saint-Denys, publié avec traduction , par M. L. Bellaguet , t. I, p. 5.
(3) Froissart, 1. I , part. I, ch. 268.
(4) Id., part. H, ch. 19. Robert d'Avesbury a donné dans son ouvrage , et M. Bu- 234
sans danger au plaisir de cet immense gaspillage ; car les paysans,
« qui ne savoient que c'estoit de guerre ni de bataille, fuyoient
devant les Anglois de si loin qu'ils en oyoient parler (1). » Les
bourgeois ne songèrent pas davantage à la résistance (2),. Presque
toutes les villes étaient sans remparts , ou avaient franchi leurs
murailles pour s'étendre dans des faubourgs populeux. Saint-Lô,
où Edouard trouva de huit à neuf mille bourgeois et gens de mét
ier (3) ; Caen, « plus grosse ville qe nutle ville d'Engleterre, hors
pris Londres (4) ; » Louviers, déjà célèbre pour la fabrication de
ses draps (5), étaient des villes ouvertes. En Languedoc, les cités
n'avaient jamais été fortifiées ou se trouvaient démantelées confo
rmément aux capitulations faites avec Jean de Montfort, pendant
la guerre des Albigeois (6). La proie était donc attrayante et facile ;
mais elle allait subir rapidement une transformation complète.
L'agriculture et le commerce arrêtèrent tout à coup leur déve
loppement, et chacun pourvut à sa sûreté. Les villes réclamèrent
des fortifications, afin d'éviter, sinon un siège, du moins les sur
prises. "■ Elles firent trop bien en cela, dit un capitaine du temps,
« autrement elles eussent esté perdues et courues par trop de fois(7).»
3£n effet, les armées anglaises et spécialement les Compagnies, ne
pouvant traîner des machines de guerre dans leurs courses en
pays ennemi, s'arrêtaient peu devant les places qu'il eût fallu as
siéger régulièrement. On jugera, du reste, des précautions minut
ieuses qui furent prises dans les bonnes villes, par ce qui se passa
à Paris. Le dauphin en ordonna la clôture immédiatement après
la bataille de Poitiers ; et on abattit sur-le-champ, soit en dedans,
chon a reproduit dans son édition de Froissar t (t. I, p. 320, en note), trois lettres
fort importantes sur la chevauchée du prince de Galles. La lettre de J. Wingfeld part
iculièrement donne des indications très-circonstanciées sur les grands revenus que le
roi de France tirait du Poitou et du Languedoc.
(1) Froissart, 1. I, part. 1, ch. 270, et part. H, ch. 19.
(2) En 1346, à la prise de Caen, seule ville de la basse Normandie qui ait fait mine
de résister, les Anglais n'eurent qu'un écuyer blessé grièvement. Voyez une lettre de
Mich, de Northburgh, rapportée par Robert d'Avesbury et par M. Buchon, édition de
Froissait déjà citée, 1. 1, p. 219, en note.
(3) Froissart, 1. 1, part. I, ch. 270.
(4) Voy. la lettre de Mich, de Northburgh, déjà citée.
(5)1. I, part. I, ch. 273.
(6) D. Vaissète, Hist, génér. de Languedoc, t. IV, année 1346 et suiv. Cf. Frois
sart, I. I,part. II, ch. 19.
(7) Froissart, 1. III , ch. 15. Nous généralisons la réflexion du Bascot de Mauiéon ,
au sujet du mur d'enceinte élevé autour de Nevers. 235
soit en dehors de la ville , toutes les maisons qui eussent été ad
hérentes aux murs, de vastes couvents et de superbes hôtels
qui occupaient le terrain où l'on devait creuser les fossés (1). La
défiance et les inquiétudes croissant avec la peur, on défendit de
sonner les cloches depuis vêpres jusqu'au lendemain au grand
jour. On craignait qu'à la faveur du bruit les ennemis n'app

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