Des Malgaches à Paris sous Louis XIV : exotisme et mentalités en France au XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.9, pg 79-90
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Archipel - Année 1975 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 79-90
3. With regard to the Malagasy people brought to France under the reign of Louis XIV, A. Lombard-Jourdan describes the way the western rulers made use of the arrival of these exotic people to enhance their own prestige.
3. Mengenai beberapa orang Malagasi yang dibawa ke Perancis di bawah pemerintahan Louis ke XIV, A. Lombard-Jourdan, menggam- barkan bagaimana cara para penguasa Barat mempergunakan kedata- ngan orang-orang eksotik tersebut demi kejayaan mereka.
3. A propos de quelques Malgaches amenés en France sous Louis XIV, A. Lombard-Jourdan, expose la façon dont les souverains occidentaux utilisaient pour leur gloire la venue des premiers individus exotiques.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
Des Malgaches à Paris sous Louis XIV : exotisme et mentalités
en France au XVIIe siècle
In: Archipel. Volume 9, 1975. pp. 79-90.
Abstract
3. With regard to the Malagasy people brought to France under the reign of Louis XIV, A. Lombard-Jourdan describes the way
the western rulers made use of the arrival of these "exotic" people to enhance their own prestige.
ringkasan
3. Mengenai beberapa orang Malagasi yang dibawa ke Perancis di bawah pemerintahan Louis ke XIV, A. Lombard-Jourdan,
menggam- barkan bagaimana cara para penguasa Barat mempergunakan kedata- ngan orang-orang "eksotik" tersebut demi
kejayaan mereka.
Résumé
3. A propos de quelques Malgaches amenés en France sous Louis XIV, A. Lombard-Jourdan, expose la façon dont les
souverains occidentaux utilisaient pour leur gloire la venue des premiers individus "exotiques".
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne. Des Malgaches à Paris sous Louis XIV : exotisme et mentalités en France au XVIIe siècle. In: Archipel.
Volume 9, 1975. pp. 79-90.
doi : 10.3406/arch.1975.1220
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1975_num_9_1_122079
DES MALGACHES À PARIS SOUS LOUIS XIV :
exotisme et mentalités en France au XVIIe siècle
par Anne LOMBARD-JOURDAN
S'évader hors du temps et hors de paysages trop connus est un
goût de toujours et de partout. L'étude du Passé ou la fiction utopique
permettent d'échapper à la réalité contemporaine. L'Orient byzantin
et le Monde musulman s'employèrent à dépayser l'Occident médiéval.
Puis vint la révélation du Nouveau monde. Ronsard et Montaigne se
prirent à envier les joies insoucieuses des bons et vertueux sauvages
au fond des vastes forêts. De quel droit leur enlevait-on leur ignorance?
Au XVIe et au XVIIe siècle, les "amateurs de pérégrinité" (x)
nourrissent leur désir d'aventure en lisant les Relations de voyageurs.
Un goût très vif se manifeste pour les "plus rares curiosités des Pays",
pour les "singularités du Monde" et "choses mémorables", c'est-à-
dire pour les êtres et les choses sortant de l'ordinaire et néanmoins
scientifiquement attestés (2). Les riches collectionneurs constituent
des "cabinets de choses rares" ; les foires montrent des phénomènes
(1) Rabelais, Quart Uvre, Ch. XI, éd. de la Pléiade, p. 590.
(2) Le 20 mai 1515 arriva à Lisbonne un rhinocéros envoyé des Indes en cadeau
au roi de Portugal. Ce dernier l'adressa au pape Léon X à Rome, mais l'animal
mourut noyé accidentellement dans le golfe de Gênes. Valentin Ferdinand en
avait fait, à Lisbonne, un dessin qu'il envoya à un ami de Nuremberg, dessin
qui incita Albert Diirer à exécuter sa célèbre gravure sur bois dont le succès
fut considérable: la planche fut éditée huit fois. C'est d'après cette gravure que
le rhinocéros fut connu et qu'on le représenta un peu partout en Europe
jusqu'à la fin du XVIHe siècle. 80
vivants tels que l'imagination n'aurait su les rêver (3). L'Europe s'ouvre
chaque jour davantage à la connaissance des mondes extérieurs. Les
précieuses cargaisons en provenance d'Orient, d'Inde et d'Extrême-
Orient apportent porcelaines, soies et laques — des objets de collection,
mais aussi les modèles qui renouvelleront l'inspiration des artistes et
les productions des manufactures. D'Amérique, de Madagascar ou de
l'archipel insulindien arrivent non seulement des objets, mais des
hommes, qui, par leur seule présence, révèlent aux vieux civilisés
d'Europe la variété de la nature humaine et l'existence d'autres com
portements. Les Français remettent en question leur propre mode de
vie. Voltaire confie à son Huron l'enseignement de la sagesse.
Le nombre des indigènes brusquement transplantés à l'occasion
des entreprises françaises dans les contrées lointaines n'est pas
négligeable. Sur l'initiative des lieutenants du Roi dans les terres
d'Outre-mer beaucoup furent amenés en France et à Paris : Indiens
d'Amérique d'abord, au XVIe siècle, puis Malgaches et Bugis de
Celebes (4), au XVIIe siècle. En octobre 1550, cinq ans avant l'ex
pédition du chevalier de Villegagnon(5), une cinquantaine de Tupi-
nambas(6) participèrent aux fêtes célébrées à l'occasion de l'entrée
solennelle d'Henri II et de Catherine de Médicis à Rouen (7). Dans
l'église Saint-Jacques à Dieppe on peut voir encore un bas-relief du
XVIe siècle représentant une série d'Indiens coiffés de plumes (8).
Pourquoi faire figurer ces Brésiliens au "triomphe royal"? L'auteur
de la Relation de l'entrée d'Henri II à Rouen nous en instruit.
S'adressant au roi, il s'écrie :
"Voyez-vous point soubs vostre nom et port
Bresilliens ancrez en nostre port?...
(3) Voir, par exemple, sur les monstres animaux et humains montrés à la foire
Saïnt-Germain ce qu'en dit le Strasbourgeois E. Brackenhoffer, qui visita Paris
entre septembre 1644 et février 1645. Voyage de Paris en Italie, 1644-1646, trad.
H. Lehr, Paris, 1927, pp. 70-72.
(4) A propos de deux princes de Makasar amenés à Paris par le Pères Jésuites,
voir un article de Christian Pelras, à paraîre prochainement dans Archipel.
(5) Nicolas Durand, chevalier de Villegagnon (1510-1571) partit du Havre en août
1555 pour aller fonder une colonie de protestants au Brésil. Il débarqua dans
la baie de Rïo où il fonda un établissement plus tard ruiné par les Portugais.
(6) Terme employé pour la première fois par André Thevet dans sa Cosmographie
universelle pour désigner les Indiens du Brésil.
(7) Sur cette fête où 50 Tupinambas mêlés à 250 matelots normands se montrèr
ent nus au roi et à la reine, voir : F. Denïs, Une fête brésilienne en 1550,
d'après V "Entrée d'Henri H à Rouen", Paris 1851.
(8) A. Heulhard, Villegagnon roi d'Amérique. Un homme de mer au XVIe siècle
(1510-1572), Paris, 1897, p. 88 et planche.
Légende de la planche ci-contre p. 90 ■80 4-e
Illustration non autorisée à la diffusion 81
Sire, il n'est pas jusques aux Canniballes
Isles, à tous fors à nous desloyalles,
Où ne soyons en bonne seureté
Pour la faveur de vostre autorité." (9)
Les Tupinambas sont là pour témoigner au roi la reconnaissance de
Rouen pour la protection qu'il accorde à ses marins et pour exalter sa
puissance jusqu'aux limites de la terre. Protection illusoire d'ailleurs
et flatterie excessive.
Soixante ans plus tard, François de Razilly(10), lieutenant du Roi,
ramena du Brésil trois autres Tupinambas qui furent baptisés solen
nellement, le 24 juin 1613, en présence de Louis XIII et de la régente
et auxquels le jeune roi décida de donner son nom. Une gravure fut
imprimée pour célébrer et commémorer l'événement (u). Le texte qui
lui sert de légende est très significatif de l'esprit avec lequel l'artiste
souhaitait que son oeuvre fût regardée :
"Ce vous est, ô grand Roy, un tres-heureux presage
De voir des Estrangers de la France esloignez
Venir en vostre Cour pour vous rendre l'hommage ;
Plain de douceur aussi vous ne les dédaignez.
Soingneux de leur Salut vous les faicte(s) instruire
En tout ce qu'il faut croire en la Religion
Du saint siege Romain, et pour les y induire,
Vous mandez les Docteurs dedans leur Region.
Et afin qu'ils ne soient de Satan l'anathesme
Alors sont instruictz vous leurs faicte(s) avoir
Les graces qu'on acquiert aux saincts fons du Baptesme,
Puis de vostre beau nom vous les vouliez pourvoir."
Après ces vers adressés au jeune Louis XIII, suit un commentaire
célébrant le courage et les mérites des pères Capucins et les résultats
obtenus par eux chez les sauvages cannnibales du Brésil, résultats dont
les trois Tupinambas étaient là pour porter témoignage. On ne leur
avait fait faire le voyage que pour cela.
(9) Cité par F. Denis, op. cit.
(1°) François de Razilly (1578-1622) fonda, en 1612, Saint-Louis do Maranhao et
pénétra dans l'estuaire de l'Amazone, entreprise qui avait été approuvée par
Henri IV.
(n) "Le Baptesme de trois sauvages ou Tououpïnanbous " A Paris, chez Michel
de Mab

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