Des passions et de la compétence politique - article ; n°1 ; vol.46, pg 103-124
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Des passions et de la compétence politique - article ; n°1 ; vol.46, pg 103-124

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1992 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 103-124
It is possible to find any consistency in Spinoza's heterogeneous argument leading to the abrupt conclusion (last page of his interrupted « Tractatus politicus ») that « women cannot rule ».
A detour through Spinoza's « Ethics » where it is shown that Passions (here Jealousy) tend to interfere with the requirements implied by social agreement, is needed in order to understand the logic underlying Spinoza's argument. While, according to Real-Politik, it is impossible to hold absolute command over passions. It is clear that women are the cause of dissension between men, since they are objects of a contrary desire to social agreement and impossible to share. Thus the reason why women are not suited for government is not some intrinsic inability ; it is rather due to some indirect consequence : since neither desire nor objects of desire can be suppressed, the only way out is to make these objects harmless. Conjugal appropriation is the way found to abolish the real danger inherent to a « free thing ». Once a woman is « in the power of her husband », she does not fulfil the logical and legal conditions required by citizenship. Quod erat demonstrandum. Women are thus expelled out of the political field where they would otherwise be cause of desire, therefore of discord.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Duroux
Des passions et de la compétence politique
In: Les Cahiers du GRIF, N. 46, 1992. Provenances de la pensée femmes/philosophie. pp. 103-124.
Abstract
It is possible to find any consistency in Spinoza's heterogeneous argument leading to the abrupt conclusion (last page of his
interrupted « Tractatus politicus ») that « women cannot rule ».
A detour through Spinoza's « Ethics » where it is shown that Passions (here Jealousy) tend to interfere with the requirements
implied by social agreement, is needed in order to understand the logic underlying Spinoza's argument. While, according to Real-
Politik, it is impossible to hold absolute command over passions. It is clear that women are the cause of dissension between men,
since they are objects of a contrary desire to social agreement and impossible to share. Thus the reason why women are not
suited for government is not some intrinsic inability ; it is rather due to some indirect consequence : since neither desire nor
objects of desire can be suppressed, the only way out is to make these objects harmless. Conjugal appropriation is the way found
to abolish the real danger inherent to a « free thing ». Once a woman is « in the power of her husband », she does not fulfil the
logical and legal conditions required by citizenship. Quod erat demonstrandum. Women are thus expelled out of the political field
where they would otherwise be cause of desire, therefore of discord.
Citer ce document / Cite this document :
Duroux Françoise. Des passions et de la compétence politique. In: Les Cahiers du GRIF, N. 46, 1992. Provenances de la
pensée femmes/philosophie. pp. 103-124.
doi : 10.3406/grif.1992.1864
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1864.
Des passions et de la compétence politique
La démonstration spinoziste de l'inopportunité de la présence
des femmes au gouvernement d'un État
Françoise Duroux
Voici d'abord quelques pièces du dossier. D'autres viendront s'y ajouter dans le
cours de l'instruction.
1. Au paragraphe 37 du chapitre VI du Traité de l'autorité politique, Spinoza
écrit : « Jamais l'autorisation ne pourra être donnée au roi de partager l'État entre ses
descendants, ni de leur léguer indivis, ni d'en faire cadeau à celui d'entre eux qu'il voud
ra, et, bien moins encore d'en attribuer une partie à une fille comme dot. Car il ne faut,
sous aucun prétexte, tolérer que des filles puissent recueillir en héritage un État ».
Étrange monarchie que celle de Spinoza : quasi-constitutionnelle, protégée sy
stématiquement des effets de corruption, héréditaire seulement dans les limites du
droit positif ; mais vient s'ajouter aux dispositifs qui ligotent le roi à « la volonté de
la masse » (T.P. Vil § 25) une clause spécifique de défiance envers les filles.
2. Au chapitre XI, Spinoza en arrive au régime démocratique « caractérisé par
son absolutisme rigoureux où tous les habitants sans exception, pourvu qu'ils n'obéis
sent point à d'autres lois que celle de leur pays, que par ailleurs ils soient indépendants
et mènent une vie honorable, jouissent du droit de voter à l'assemblée suprême et de
revêtir les charges publiques... J'ajoute : et soient par ailleurs indépendants afin d'ex
clure tant les femmes et les esclaves (au pouvoir de leurs maris et de leurs maîtres) que
les enfants et les pupilles (dans la mesure où ils subissent le pouvoir de leurs parents et
de leurs tuteurs) » (T.P. ch. XI § 3).
Comme pris d'un scrupule, Spinoza précise au § 4 (et je citerai le texte dans son
intégralité, pour que l'analyse en soit claire) : « Mais peut-être me posera-t-on cette
question : Est-ce du fait de leur nature même, ou en vertu d'une institution que les
femmes sont au pouvoir de leurs maris ? Le problème ne peut rester en suspens, car, si
la soumission des femmes ne résultait que d'une institution, aucun motif ne nous
contraindrait plus à exclure les femmes du gouvernement. Toutefois, si nous méditons
les leçons de l'expérience, nous voyons que la condition des femmes dérive de leur fai- JQ3 naturelle. Nulle part en effet il n'est arrivé que les hommes et les femmes régnent blesse
ensemble. Dans tous les pays de la terre où vivent des femmes et des hommes, nous
voyons les premiers régner et les seconds subir leur domination. De cette façon, les
deux sexes connaissent la paix. Au contraire lorsque les amazones, jadis, détinrent le
règne - ainsi que le veut une légende elles ne toléraient aucun homme sur le territoire
de leur patrie ; elles n'élevaient que leurs filles, tuant les mâles qu'elles avaient mis au
monde. Quoiqu'il en soit, si les femmes étaient, de par la nature, les égales des
hommes, si, en force de caractère et intelligence (constituants essentiels de la puissance
et, par conséquent du droit des humains) les femmes se distinguaient au même degré
que les hommes, l'expérience politique le proclamerait bien ! Parmi les peuples nom
breux et divers du monde, il s'en trouverait quelques-uns où les deux sexes assumer
aient ensemble l'autorité politique, ainsi que d'autres où les femmes gouverneraient les
hommes et les feraient éduquer, de telle manière que leur intelligence ne se développât
point. Comme de pareilles situations ne se sont jamais produites nulle part, il est permis
d'affirmer, sans hésitation, que les femmes ne jouissent pas naturellement d'un droit
égal à celui des hommes, mais qu'elles leur sont naturellement inférieures. Par suite il
est impossible que les deux sexes assurent ensemble le gouvernement de l'État, et
encore bien plus que les hommes soient gouvernés par les femmes. Plaçons-nous en
outre du point de vue du jeu de la sensibilité humaine : les hommes, on le sait, n'aiment
le plus souvent les femmes que d'un désir sensuel ; ils n'apprécient leur intelligence et
leur sagesse qu'autant qu'elles sont belles. D'autre part les hommes supportent très mal
que les femmes qu'ils aiment accordent la moindre marque d'intérêt à d'autres hommes,
et ainsi de suite... Dès lors nous voyons sans peine que, si les hommes et les femmes
assumaient ensemble l'autorité politique, la paix aurait beaucoup à souffrir de cette pro
babilité permanente de conflits. Mais je n'en dirai pas davantage là-dessus (Toute la
suite de l'ouvrage manque).
3. Pour l'intrigue enfin, je citerai l'épisode rarement où jamais relevé de la vie
exemplairement philosophique de Baruch Spinoza. De la biographie rédigée par
Jean Colerus en 1706 on ne retient généralement que l'excommunication, ou encore
la sobriété du fabricant de lentilles. Et pourtant... : « Comme il avait beaucoup d'en
vie d'apprendre la langue latine, on lui donna d'abord pour maître un Allemand. Pour se
perfectionner dans cette langue, il se servit du fameux François Van den Ende, qui la
montrait à Amsterdam et y exerçait en même temps la profession de médecin. Van den
Ende avait une fille unique qui possédait elle-même la langue latine si parfaitement,
aussi bien que la musique, qu'elle était capable d'instruire les écoliers de son père en
son absence, et de leur donner la leçon ».
Cela commence comme un conte de fées, ou plutôt comme la nouvelle des Dia
boliques de Barbey d'Aurevilly : « Le bonheur dans le crime », l'histoire de Haute-
claire, maître d'armes : « Comme Spinoza avait l'occasion de la voir et de lui parler
104 tres souvent, il en devint amoureux ; et il a souvent avoué qu'il avait eu dessein de l'épouser. Ce n'est pas qu'elle fût des plus belles ni des mieux faites, mais elle avait
beaucoup d'esprit, de capacité et d'enjouement ; ce qui avait touché le cur de Spinoza,
aussi bien que d'un autre disciple de Van den Ende, nommé Kerkering, natif de Hamb
ourg. Celui-ci s'aperçut bientôt qu'il avait un rival et ne manqua pas d'en devenir
jaloux ; ce qui l'obligea à redoubler ses soins et ses assiduités auprès de sa maîtresse. Il
le fit avec succès, quoique le présent qu'il avait fait auparavant à cette fille d'un collier
de perles de la valeur de deux ou trois cents piastres contribuât sans doute à gagner ses
bonnes grâces. Elle les lui accorda donc et lui promit de l'épouser, ce qu'elle exécuta
fidèlement après que le sieur Kerkering eût abjuré la religion luthérienne, dont il faisait
profession, et embrass&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents