Des sages-femmes qui sauvent les mères ? - article ; n°2 ; vol.13, pg 269-290
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Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 269-290
Abstract Is the attempt for best training the midwives in the second part of the eighteenth century, significant on the maternal mortality level ? To solve this problem, we studied demographic datas issued of two rural sections of Normandy (one near Pont-1'Evêque, the other not far from Vernon) and two towns, Cherbourg and Vernon. Training lessons began around 1777, under the impulse of the «intendant», Thiroux de Crosne. The datas give for every parish the status of women delivering parturiants, and if they did follow the lessons. Among the 18 139 deliveries inventoried, we observe a fall of the maternal mortality, which depends on midwives training. Mortality rate (42 days after the delivery) is 8,68 per thousand for women delivered by untrained midwives, «matrones» ans 5,31 by the others, «sages-femmes», (10,06 per thousand and 6,28 60 days after the delivery). First day mortality is particularly low when training midwives practise. This finding suggest that improved knowing of obstetrical technics may be efficient in preventing early mortality. In Normandy, the training of midwives is correlated to a fall of maternal mortality. This phenomenon affect both towns and countryside. However, post partům infections limit the improvement ; a real best will be done only in the twentieth century.
Résumé Les efforts entrepris en vue d'une meilleure formation des sages-femmes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ont-ils eu des effets notables sur la mortalité maternelle ? En étudiant deux zones rurales de la généralité de Rouen (l'une proche de Pont-1'Evêque, l'autre voisine de Vernon) et les villes de Cherbourg et Vernon, nous nous sommes proposés de répondre à cette question. Les cours de formation des sages-femmes se mettent en place à partir de 1777 dans cette région sous l'impulsion de l'intendant, Thiroux de Crosne. Les sources nous ont permis de déterminer quelles paroisses de l'échantillon étaient pourvues d'une accoucheuse et quand tel était le cas, de savoir si elle avait ou non reçu une formation. Les 18 139 accouchements (fiches MF et MO) observés entre 1777 et 1807 font apparaître une diminution de la mortalité maternelle, laquelle est fonction du niveau de formation des accoucheuses. Lorsque les femmes sont accouchées par des matrones non formées, le taux de mortalité maternelle est de 8,69 pour mille (délai de 42 jours après l'accouchement, 10,06 pour mille, délai de 60 jours), il s'abaisse à 5,38 pour mille (6,28 pour mille, délai de 60 jours) quand c'est une sage-femme formée qui opère. La différence est notamment sensible sur la mortalité maternelle du premier jour, c'est-à-dire celle que l'on peut attribuer aux manœuvres de l'accouchement et au choc obstétrical. Il apparaît donc, en Normandie du moins, que les cours de formation des sages-femmes ne sont pas étrangers à la baisse, même modérée, de la mortalité maternelle. Cette baisse qui était connue pour les villes concerne aussi les campagnes. Ces efforts trouvent cependant leurs limites dans le haut niveau de l'infection post néonatale, infection que l'on n'a commencé à réellement maîtriser qu'au XXe siècle.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Scarlett Beauvalet-Boutouyrie
Jacques Renard
Des sages-femmes qui sauvent les mères ?
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°2. pp. 269-290.
Citer ce document / Cite this document :
Beauvalet-Boutouyrie Scarlett, Renard Jacques. Des sages-femmes qui sauvent les mères ?. In: Histoire, économie et société.
1994, 13e année, n°2. pp. 269-290.
doi : 10.3406/hes.1994.1697
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_2_1697Résumé
Résumé Les efforts entrepris en vue d'une meilleure formation des sages-femmes dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle ont-ils eu des effets notables sur la mortalité maternelle ? En étudiant deux
zones rurales de la généralité de Rouen (l'une proche de Pont-1'Evêque, l'autre voisine de Vernon) et
les villes de Cherbourg et Vernon, nous nous sommes proposés de répondre à cette question. Les
cours de formation des sages-femmes se mettent en place à partir de 1777 dans cette région sous
l'impulsion de l'intendant, Thiroux de Crosne. Les sources nous ont permis de déterminer quelles
paroisses de l'échantillon étaient pourvues d'une accoucheuse et quand tel était le cas, de savoir si elle
avait ou non reçu une formation. Les 18 139 accouchements (fiches MF et MO) observés entre 1777 et
1807 font apparaître une diminution de la mortalité maternelle, laquelle est fonction du niveau de
formation des accoucheuses. Lorsque les femmes sont accouchées par des matrones non formées, le
taux de mortalité maternelle est de 8,69 pour mille (délai de 42 jours après l'accouchement, 10,06 pour
mille, délai de 60 jours), il s'abaisse à 5,38 pour mille (6,28 pour mille, délai de 60 jours) quand c'est une
sage-femme formée qui opère. La différence est notamment sensible sur la mortalité maternelle du
premier jour, c'est-à-dire celle que l'on peut attribuer aux manœuvres de l'accouchement et au choc
obstétrical. Il apparaît donc, en Normandie du moins, que les cours de formation des sages-femmes ne
sont pas étrangers à la baisse, même modérée, de la mortalité maternelle. Cette baisse qui était
connue pour les villes concerne aussi les campagnes. Ces efforts trouvent cependant leurs limites dans
le haut niveau de l'infection post néonatale, infection que l'on n'a commencé à réellement maîtriser
qu'au XXe siècle.
Abstract Is the attempt for best training the midwives in the second part of the eighteenth century,
significant on the maternal mortality level ? To solve this problem, we studied demographic datas issued
of two rural sections of Normandy (one near Pont-1'Evêque, the other not far from Vernon) and two
towns, Cherbourg and Vernon. Training lessons began around 1777, under the impulse of the
«intendant», Thiroux de Crosne. The datas give for every parish the status of women delivering
parturiants, and if they did follow the lessons. Among the 18 139 deliveries inventoried, we observe a
fall of the maternal mortality, which depends on midwives training. Mortality rate (42 days after the
delivery) is 8,68 per thousand for women delivered by untrained midwives, «matrones» ans 5,31 by the
others, «sages-femmes», (10,06 per thousand and 6,28 60 days after the delivery). First day mortality is
particularly low when training midwives practise. This finding suggest that improved knowing of
obstetrical technics may be efficient in preventing early mortality. In Normandy, the training of midwives
is correlated to a fall of maternal mortality. This phenomenon affect both towns and countryside.
However, post partům infections limit the improvement ; a real best will be done only in the twentieth
century.DES SAGES-FEMMES QUI SAUVENT LES MERES ?
1777 — 1807
par Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE
et Jacques RENARD
Résumé
Les efforts entrepris en vue d'une meilleure formation des sages-femmes dans la seconde moitié
du XVIIIe siècle ont-ils eu des effets notables sur la mortalité maternelle ? En étudiant deux zones
rurales de la généralité de Rouen (l'une proche de Pont-1'Evêque, l'autre voisine de Vernon) et les villes
de Cherbourg et Vernon, nous nous sommes proposés de répondre à cette question.
Les cours de formation des sages-femmes se mettent en place à partir de 1777 dans cette région
sous l'impulsion de l'intendant, Thiroux de Crosne. Les sources nous ont permis de déterminer quelles
paroisses de l'échantillon étaient pourvues d'une accoucheuse et quand tel était le cas, de savoir si elle
avait ou non reçu une formation.
Les 18 139 accouchements (fiches MF et MO) observés entre 1777 et 1807 font apparaître une
diminution de la mortalité maternelle, laquelle est fonction du niveau de formation des accoucheuses.
Lorsque les femmes sont accouchées par des matrones non formées, le taux de mortalité maternelle est
de 8,69 pour mille (délai de 42 jours après l'accouchement, 10,06 pour mille, délai de 60 jours), il
s'abaisse à 5,38 pour mille (6,28 pour mille, délai de 60 jours) quand c'est une sage-femme formée qui
opère. La différence est notamment sensible sur la mortalité maternelle du premier jour, c'est-à-dire
celle que l'on peut attribuer aux manœuvres de l'accouchement et au choc obstétrical.
Il apparaît donc, en Normandie du moins, que les cours de formation des sages-femmes ne sont
pas étrangers à la baisse, même modérée, de la mortalité maternelle. Cette baisse qui était connue pour
les villes concerne aussi les campagnes. Ces efforts trouvent cependant leurs limites dans le haut
niveau de l'infection post néonatale, infection que l'on n'a commencé à réellement maîtriser qu'au XXe
siècle.
Abstract
Is the attempt for best training the midwives in the second part of the eighteenth century,
significant on the maternal mortality level ? To solve this problem, we studied demographic datas
issued of two rural sections of Normandy (one near Pont-1'Evêque, the other not far from Vernon) and
two towns, Cherbourg and Vernon.
Training lessons began around 1777, under the impulse of the «intendant», Thiroux de Crosne.
The datas give for every parish the status of women delivering parturiants, and if they did follow the
lessons. Among the 18 139 deliveries inventoried, we observe a fall of the maternal mortality, which
depends on midwives training. Mortality rate (42 days after the delivery) is 8,68 per thousand for
women delivered by untrained midwives, «matrones» ans 5,31 by the others, «sages-femmes», (10,06
per thousand and 6,28 60 days after the delivery). First day mortality is particularly low when training
midwives practise. This finding suggest that improved knowing of obstetrical technics may be
efficient in preventing early mortality.
In Normandy, the training of midwives is correlated to a fall of maternal mortality. This
phenomenon affect both towns and countryside. However, post partům infections limit the
improvement ; a real best will be done only in the twentieth century. HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 270
La dépopulation continue et menaçante de la France1 constitue un leitmotiv au
Siècle des Lumières. Cette fausse rumeur explique sans doute, ou contribue à expli
quer l'intérêt pour la médecine et en particulier pour la formation des accoucheuses.
L'inquiétude des contemporains les a même conduits à tenter d'évaluer la mortalité
maternelle : (ainsi Icart, dans un rapport daté des années 1781, avance la proportion de
1 décès de mère pour 1 000 naissances par an, ce qui porterait à 30 000 le nombre de
femmes décédées des suites des couches2), et à faire de la formation des sages- un objectif prioritaire.
Jacques Gélis a étudié la naissance d'une nouvelle «profession», celle de sage-
femme, et il invoque leur concurrence, parfois conflictuelle avec les matrones formées
sur le tas3. De leur côté, les démographes ont mesuré la mortalité maternelle et montré
qu'elle n'était pas aussi tragique que l'avaient dit, sans preuve, un certain nombre
d'historiens des mentalités4. Ils ont vu également que les niveaux de la mortalité en
couches variaient localement. En articulant les mesures de mortalité et le niveau de
formation des accoucheuses, il est possible d'évaluer les résultats des notables efforts
de accomplis dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, notamment par Ma
dame Du Coud ray.
Pour cette étude, nous avons utilisé les bases de données rassemblées sous la di
rection de Jean-Pierre Bardet au Centre Roland Mousnier de l'Université de Paris IV
Sorbonně. C

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