Deux dédicaces kharosthī - article ; n°1 ; vol.74, pg 29-34
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1985 - Volume 74 - Numéro 1 - Pages 29-34
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Fussman
Deux dédicaces kharosthī
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 74, 1985. pp. 29-34.
Citer ce document / Cite this document :
Fussman Gérard. Deux dédicaces kharosthī. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 74, 1985. pp. 29-34.
doi : 10.3406/befeo.1985.1661
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1985_num_74_1_1661DEDICACES KHAROSTHÏ1 DEUX
PAR
Gérard FUSSMAN
1 ) Reliquaire de Šatrea
(PI. I-IV, fig. 1)
Ce reliquaire est la propriété d'un collectionneur parisien qui a bien voulu me permettre de
l'examiner à loisir et de le publier. Qu'il me soit permis ici de l'en remercier2.
Reliquaire sphérique en steatite, composé de deux parties qui s'emboitent. Diamètre: 11,5
cm.; hauteur totale: environ 12 cm. Légèrement endommagé: la partie inférieure porte une
trace laissée par un objet pointu; le couvercle a été partiellement brisé et recollé (PI. III, 5).
Le reliquaire contenait encore, lorsque je l'ai vu, de la terre, des fragments d'os, d'argent, de
perle, de lapis ou turquoise et de corail, c'est-à-dire des reliques (os) accompagnées des sept
métaux précieux traditionnels dans le bouddhisme: or, argent, perle, béryl, cristal, corail
blanc, rubis3.
La partie inférieure est anépigraphe et très simplement décorée (deux fois deux lignes
autour de la panse). Le couvercle, terminé par un bouton, est décoré au sommet d'une rangée
de pétales de lotus; sur l'épaule d'une série de triangles incisés et quadrillés, pointe en haut.
La panse porte une inscription kharosthï d'une ligne (1. 1), gravée entre deux fois deux traits
incisés. Cette inscription se poursuit à l'intérieur du couvercle (1. 2 et 3).
La brisure du couvercle n'a pas endommagé l'inscription dont la gravure est peu profonde
et l'écriture irrégulière. Les caractères vont en grandissant du début à la fin de la ligne 1 où ils
dépassent largement les deux traits incisés, qui peuvent ainsi se confondre avec un -r- souscrit
ou un signe vocalique. Au début de la 1. 1 le tracé de deux signes est unusuel au point que la
lecture n'en est pas assurée. L. 1 et 1. 2 quelques signes de voyelle ont apparemment été
oubliés ou ajoutés par erreur. Dans l'ensemble les 1. 2 et 3 sont cependant mieux gravées que
lai. 1.
1 J'utilise, comme à mon habitude, les signes conventionnels suivants: [ ] restitution; ( ) correction; <>
ajout; X aksara disparu; . lettre disparue.
2 Les photos des PI. I-IV ont été faites par M. Gérard MULLER du laboratoire photographique de l'Université
des Sciences Humaines de Strasbourg.
3 Voir A. FOUCHER, L'art gréco-bouddhique du Gandhâra, I, Paris, 1905, p. 48 et, beaucoup plus détaillé, J.
MEUNIÉ, dans J. НАСКШ, J. CARL et J. MEUNIÉ, Diverses recherches archéologiques en Afghanistan
(1933-1940), Mém. DAFA, tome VIII, Paris, 1959, pp. 124-125. 30 Deux Dédicaces Kharosthï
II n'est pas exclu que le début de la 1. 1 ait contenu une date, mais je ne suis pas en mesure
d'en donner une interprétation, même hypothétique. Seuls les critères paléographiques
permettent donc de dater ce texte. Il contient trois sa à demi-fermés; deux sont gravés en
deux parties, l'autre (dans saghď) a déjà le ductus continu des sa ouverts d'époque kouchane .
Cela permet de dater l'inscription des environs de notre ère, disons entre 50 avant n.è. et 50
après n.è.4
La distinction entre t {šatrea-) et d (pàthavidï) ne dépend pas de critères paléographiques:
le ductus de l'inscription est trop anguleux et trop maladroit pour le permettre. J'ai simple
ment affecté la valeur d à celui des signes de dentale qui m'est apparu le plus cursif, mais ce
choix est arbitraire. La distinction entre y a (pointu) et sa (à tête plate) est par contre assurée
par la présence du mot puyae <pùjâ- à la fin de la 1. 1.
1 yarae [katšada-pravo y a?] rae satraena sagharthaniena pathavid(a) sarva-sapana puyae
2 imana ca šarirrana la(bh)eo dira šatreasa bharyae
Ъуага
«[. . .] Satrea, fondé de pouvoir de la communauté, a fait une fondation en l'honneur de tous les êtres.
Par cette (relique) corporelle doit obtenir de devenir enceinte la femme de Šatrea YARA.»
Un important espace non inscrit subsiste entre le début et la fin de la 1. 1. et indique de
façon certaine où il faut commencer à la lire. La lecture des trois premiers aksara (PI. III, 5)
est assurée. Viennent ensuite deux signes gravés à l'endroit où le couvercle fut brisé (PI. III,
6) , mais qui n'ont pas été endommagés par cet accident; ils ne correspondent à aucun aksara
kharosthï connu. Le premier ressemble à un ka, qui aurait été gravé en deux parties et serait
en biais; le second, qui dans un texte plus tardif pourrait être transcrit ka5, semble ici être un
ligature: tša, peut-être spa. Il est suivi d'un da très clairement visible, qui précède deux aksara
peu profondément gravés, mais dont le tracé est sûr. Les ambiguités de la kharosthï font
qu'on peut hésiter sur la transcription: pa oupra, tha ou vo; j'ai choisi d'imprimer pravo, mais
patha ou pratha serait tout autant possible. Le tracé de Y aksara qui suit est incertain: il y a à
gauche un trait oblique qui prolonge la haste droite et ferait croire à un ka cursif; mais il me
paraît résulter d'une éraflure postérieure et je lis donc un ya un peu moins anguleux et un peu
plus grand que les autres y a de ce texte. Cette séquence se termine par un ra et un e accolés
(PI. III, 6).
Le sens de ce début de la 1. 1, qui paraît encadré par deux obliques identiques {yarae),
m'échappe tout à fait. La terminaison -ae est celle des locatifs féminins, mais on la trouve
parfois au locatif masculin: samvatsaraye6. Dans les inscriptions comportant une date, celle-ci
figure au tout début du texte et au locatif: il est donc tentant de chercher ici une date et de
dériver yarae de ekâdasa-, «onzième». Cf. Ap. Mâhâràstrï eâraha, «onze», Sindhi yàrâhâ,
Lahnda yàhrâ, Panjabi yârà, Pâhàri yàre, «onze». Mais trois objections viennent aussitôt à
l'esprit: le terme attendu à l'initiale, vase ou samvatsarae, manque; aucun mot ne peut être
4 Sur ce critère, voir G. FUSSMAN, BEFEO, LVII, 1970, pp. 48-50.
5 C.C. DAS GUPTA, The Development of Kharosthï Script, Calcutta, 1958, PI. XIII, I. 7.
6 samvatsarae/ samvatsaraye est la formule utilisée dans les inscriptions dont la date se réfère à l'ère d'Azès:
KONOW, JRAS, 1932, p. 950; KONOW, Ep. Indica, XXI (1931-32), p. 259; KONOW, Corpus Inscriptionum
Indicarum, II, 1, Calcutta, 1929, p. 62 (s'opposant à vase, «année de règne»); G. FUSSMAN, BEFEO, LXVII,
1980, p. 3 et 6; G. FUSSMAN, BEFEO, LXXIII, 1984, p. 35 et 39; infra, p. 37. Autres exemples, KONOW, Corpus,
p. 28, 57, 65, p. 158, p. 165 (ces deux dernières d'époque kouchane). Vasaye exceptionnellement: G. FUSSMAN,
BEFEO, LXXI, 1982, p. 5, 14 b et p. 35. Gérard Fussman 3 1
interprété comme nom de mois ou de jour; -s- est normalement conservé en gândhâri et
aucune des langues dardes modernes héritières de l'ancienne gàndhàri ne présente une forme -d-~ Il semble ainsi exclu que l'inscription soit datée. de type y are avec -r- < '.
L'ordre du texte rend peu probable qu'on ait en cet endroit un complément de lieu au
locatif: dans ce type de formule, le complément de lieu, quand il existe, vient normalement
après la forme verbale . Reste à chercher en ce début de ligne le nominatif suj et de verbe , mais
la lecture pravo est trop sujette à caution pour que j'y reconnaisse ce nominatif et aucune des
combinaisons possibles ďaksara ne permet de lire un mot donnant, une fois traduit, un sens
acceptable (comme stupa, reliques, etc.). Enfin yarae semble être repris 1. 3 par un yara tout
aussi énigmatique {infra, p. 34). Devant toutes ces incertitudes, je renonce à proposer une
traduction de ce début de phrase.
La séquence šatraena sagharthaniena pathavidi doit être corrigée en satr(e)ena (voir 1. 2)
pa(ti)thavid(a) ou -d(o). Il est difficile de dire s'il s'agit de fautes de gravure ou de graphies
correspondant à des réalités linguistiques. On peut penser que šatra- suivi d'un -e- se
prononçait de t

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