Deux épisodes du roman de Mélusine par Jean d Arras : Irlande et Bretagne - article ; n°3 ; vol.38, pg 533-575
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Description

Annales de Bretagne - Année 1928 - Volume 38 - Numéro 3 - Pages 533-575
43 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1928
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Louis Stouff
Deux épisodes du roman de Mélusine par Jean d'Arras : Irlande
et Bretagne
In: Annales de Bretagne. Tome 38, numéro 3, 1928. pp. 533-575.
Citer ce document / Cite this document :
Stouff Louis. Deux épisodes du roman de Mélusine par Jean d'Arras : Irlande et Bretagne. In: Annales de Bretagne. Tome 38,
numéro 3, 1928. pp. 533-575.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1928_num_38_3_1646Louis STOUFF
DEUX ÉPISODES DU ROMAN DE MÉLUSINE
par Jean d'ARRAS
IRLANDE ET BRETAGNE
En souvenir de • M. Dijon, Georges 1891-1892. Dottin.
Jean d'Arras écrit son histoire « selon les vraies chro
niques ». Mais il a une façon singulière de s'y conformer.
Il s'empare d'un texte très court sur lequel il compose un long-
épisode entièrement étranger au sujet que traite la chronique.
Il n'y a de commun entre les deux récits que le nom du lieu
et quelque vague analogie dans les faits. C'est ainsi qu'il en
use avec Albert de Strasbourg pour son siège de Porrentruy
et avec Guillaume de Nangis pour la surprise du château de
Sion. La « haute roche » sur laquelle la forteresse est assise
et que Jean d'Arras transporte en Irlande, n'est autre que le
mont Snowdun entre le pays de Galles et l'Angleterre. (Test
la « montagne escarpée » qu'en 1276 le prince de Galles
Lewellyn fortifie pour résister au roi d'Angleterre Edouard Ier.
Il a appris, dit Guillaume de Nangis, que le roi avait arrêté sa
fiancée, Eléonore de Montfort. Il prend aussitôt les armes. Le
roi envahit son pays. Lewellyn s'enferme dans le fort de Sion.
Le siège dure longtemps. C'est l'hiver, beaucoup d'Anglais
périssent dans les marais et les défilés. Mais le roi ne renonce
pas à son entreprise, il oblige le prince à se rendre, et la
guerre se termine, pour le moment, par le mariage de Lewellyn
et d'Eléonore que le roi fait célébrer en sa présence. Le fait
principal dans l'histoire de Guillaume de Nangis et dans la
fable de Jean d'Arras, c'est la révolte du vassal contre son
suzerain, suivie du châtiment W.
(1) Loelinus, princeps Wallensium, intellecto quod rex Anglie Eduardus
cepisset et teneret in carcere puellam que sibi matrimonio copulandam duce- 534 DEUX ÉPISODES DU ROMAN DE MELUSINE
I
UNE GUERRE FÉODALE
Geoffroy à la Grand Dent et les vassaux rebelles d'Irlande
Foi. iw, v, En ceste partie dit l'ystoire que Remond, par son vasselage,
conquist moult grant'pays, et lui fist main baron hommage /
jusques en Bretaigne.
Gieffroy fu grant et parcreux pour lors, et ouy nouvelles
Foi. 105, r°, qu'il avoit en Yrlande un peuple qui pas ne vouloit obéir en
i" coi. ce qU'j]z dévoient à son père. Lors jura / Gieffroy la dent Dieu
qu'il les feroit venir à raison. Il prist congié de son père, qui
moult en fu doulent, et enmena jusques à vc hommes d'armes
et cent arbalestiers et s'en vint en Yllande, et enquist où
les desobeissans estoient, et ceulx qui tenoient la partie de
Remond lui enseignèrent les forteresses des diz desobeissans.
Et lors s'armèrent et se présentèrent à Gieffroy et lui dirent
qu'ilz lui aideroient à destruire ses ennemis. Par Dieu, se
igneurs, dist Gieffroy, vous estes bonnes gens et loyaulx., et je
vous mercie de vostre bonne voulenlé, mais il n'est besoing
quant à présent, car j'ay assez gens sans vous traveillier pour
acomplir mon affaire, au plaisir de Dieu. Par foy, sire, font
ceulx, vous avez plus affaire que vous ne pensez, car- voz
batilr, contra regem Anglie fortiter rebellavit et quemdam montem longum et
arduum in terre sue confinio quem dicunt Senaudone fort! adversus eum muni-
mine roboravit. Sed rex ipsum tempore hyemali obsidens, cum multos de suis
amisisset propter paludium et viarum angustias, tandem ab incepto non desinens
ad dedicionem coegit principem pervenire. Et pacto cum ipso inito quod princi-
patus Wallenskiim post eius interitum ad suos heredes minime deueniret,
terram et uxorem reddidit, et eam in sua presencia fecit eidem maritali fédère
copulari. (Chronicon Guillelmi de Nangiaco, Dom Bouquet, Recueil des histo
riens des Gaules et de la France, XII, p. 566 Cpr le môme récit et presque les
mêmes termes dans les Gesta Philippi tertii Francorum régis, p. 500). IRLANDE ET BRETAGNE. 535
ennemis sont fors et de merveilleux et fier couraige, et sont
tous cousins et du plus grant sang de cest pays. Ne vous
chault, dist Gieffroy, j'en cheviray bien. Sachiez que il n'y a
si grant, se il ne veult obéir à mon mandement que je ne
face / mourir de maie mort. Et aussi, seigneurs, se je voy que 2- coi
il soit besoing, je vous manderay querre. Et ceulx respondent :
Et nous serons tous prestz maintenant ou quant il vous plaira.
Beaulx seigneurs, dist Gieffroy, ce fait bien à mercier.
Lors prent congié de eulx et se met à chemin envers une
forteresse qui est appellée Sion. Et estoit dedens uns des
ennemis Gieffroy, qui estoit nommez Glandes de Sion, et estoit
lui iije de frères. Moult furent les iij. frères fiers et escoux et
orguilleux, et vouloient suppediter tous leurs voisins et estre
seigneurs de tous. Gieffroy envoya devers les frères, en disant
comment ilz venissent faire obéissance à Remond, son père.
Et ceulx dirent au messaige : Pour Remond ne pour homme
de par lui ne feroient ilz rien, et qu'il n'y retournast plus, car
il feroit que folz. Par foy, dist le message, je vous promet que
je m'en garderay bien si non que je vous amaine le medicin
qui vous destrempera un tel electuaire que vous en serez tous
penduz par la gorge. De / ce mot furent les frères moult cour- FoL 105> v° 1" col.
rouciez. Et sachiez, se le messaige n'eust si tost hasté le
cheval, qu'il estoit mort sans remède;, car ilz estoient felz et
crueulx, et ne craingnoient Dieu ne homme. Et le messagier
retourna à Gieffroy, et lui compte l'orgueil et le bobant des
iij. frères. Par mon chief, dit Gieffroy, grant vent chiet pour
peu de pluie. Je les payeray bien de leurs gaiges.
L'ystoire dit que quant Gieffroy ot oye l'orguilleuse res-
ponce des trois frères, que, sans plus dire, s'en vint logier à
demie liene prez de la forteresse. Et quant il ot ses gens
logiez et ordonnez, il s'arma de toutes pièces et print o lui un
escuier qui savoit tout le pays, et le fist monter sur un riche
conrcier à l'avanlaige, et commanda à sa gent que ilz ne se
meussent tant que ilz auroient nouvelles de lui; ilz lui dirent
que non feroient ilz. 536 DEUX ÉPISODES DU ROMAN DE MEXTJSINE
Lors se part Gieffroy entre lui et Fescuier. Mais là ot ung
chevalier qui l'ot nourry et doctrine, qui bien congnoissoit
son fier couraige et comment il ne ressoingnoit nulle rien du
2- coi. monde. Gellui / chevalier fu nommé Phillibert de Moritmoret,
et estoit moult vaillans homs de la main, et qui moult avoit
esté en foison de bonnes places. Gellui chevalier amoit tant
Gieffroy que plus ne povoit. Gellui chevalier se party, lui xe de
chevaliers, tous armez, et suivoit Gieffroy de loing tant que
oncques n'en perdy la veue. Et chevaucha tant qu'il
appet'çoit le fort de Sion qui seoit du costé de là où il estoit,
sur une haulte roche. Par foy, dist Gieffroy, se la forteresse
est aussi forte de l'autre costé comme de cestuy cy, elle me
fera grant ennuy avant qu'elle soit prise. Il me fault savoir
se elle est aussi forte par delà. Et lors prindrent à environner
la forteresse tout le couvert d'un petit bois qui illec estoit, et
vindrent à la coste de la montaigne, et s'avalèrent aval en
une moult belle praierie. Et tousjours Phillibert le suivoit le
couvert, ne oncques n'en perdy la veue, et faisoit ses gens
esconser ou bois. Et Gieffroy chevaucha tant, lui et son escuier,
l'^ooi'*' CIU ^ °^ environné la forteresse. Et regarda bien / que au costé
de devers le pont c'estoit le plus feble, et lui sembla bien que
par là poiiiroit elle bien estre prinse d'assault. Car les murs
estoient bas, et n'estoient point les tours guerlandées; mais
il ot sur la porte une grosse tour et assez haulte, et estoit bien
couronnée, et monstroit grant deffense où lez febles et bas
murs estoient. Mais Gieffroy avisoit de venir pourveu de man-
teaulx et de cloies pour les pierres de faiz.
Et ainsi qu'il s'amusoit en ce pensant, il entra en une
estroicte charrière qui remontoit la montaigne, à revenir
autour de la forteresse, pour repairer à son logeiz. Phillibert
l'apperceut bien et qu'il vouloit repairier, et s'en vint à ses
gens, et les remena assez prez du chemin par

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