Dialogus de Ente Linguistico : Uno, Vero, Bono - article ; n°86 ; vol.22, pg 21-39
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Description

Langages - Année 1987 - Volume 22 - Numéro 86 - Pages 21-39
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacob Mey
Dialogus de Ente Linguistico : Uno, Vero, Bono
In: Langages, 22e année, n°86, 1987. pp. 21-39.
Citer ce document / Cite this document :
Mey Jacob. Dialogus de Ente Linguistico : Uno, Vero, Bono. In: Langages, 22e année, n°86, 1987. pp. 21-39.
doi : 10.3406/lgge.1987.1953
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1987_num_22_86_1953Jacob MEY
Université d'Odense, Danemark
1er avril 1986
bicentenaire de la découverte du
Dialogus de Ente Linguistico : Uno Věro Bono
Avant-propos
de l'éditeur
Le texte reproduit ci-dessous représente la traduction d'un manuscrit en langue occitane
(maintenant disparu), traduction qui fut découverte vers la fin du XVIIIe siècle pendant la recons
truction de l'Ancienne Maison Million, demeure seigneuriale située dans le duché d'Aoste, près
de la frontière française.
Selon les conjectures des historiens, le manuscrit original pourrait avoir été en la possession
de l'illustre savante Sœur Marie-Lorraine d'Albi, qui dut fuir son pays à la suite des troubles des
Cathares au XIIIe siècle, pour se rendre à Strasbourg, où elle est morte en odeur de sainteté.
L'ancien propriétaire de la maison, le célèbre sieur de Beauchamps, ayant reconnu l'impor
tance capitale du document, le fit aussitôt traduire en français ; mais, comme pour des raisons
tant pécuniaires que politiques la traduction ne put paraître, peu à peu elle tomba dans l'oubli.
Le texte actuel fut établi à partir d'une reproduction photographique de la traduction retrouvée,
que nous a fournie aimablement le présent baron de Beauchamps, lui-même philologue eminent.
(Pour faciliter aux lecteurs modernes la compréhension d'un texte parfois assez obscur, nous en
avons normalisé l'orthographe.)
L'éditeur espère que ses modestes efforts aideront à renouveler l'intérêt pour l'oeuvre du célè
bre grammairien de Fontvaux, et qu'ils pourront faire avancer les discussions récentes sur Yens
linguistique et sa catégorisation transcendantale.
DIALOGUS DE ENTE LINGUISTICO UNO, VĚRO, BONO
SEU
Ilepi
PERSOINAE
Viggo a Fontevalle, ontologus et grammaticus.
Absalon de Altamonte, amicus Viggonis, amicus litterarum.
Heloisa Georgiades, cognomine Piscatrix, studiosa symbolices.
ABSALON : Bonjour, cher maître — vous voilà en route vers les Facultés ?
VlGGO : Bien sûr, mon ami, il ne faut jamais perdre une minute. La vie est courte et
nos jours sont comptés. De plus, il me semble souvent que le but vers lequel je
tends s'écarte de moi plus je m'en approche.
21 Vous devez penser à votre grand projet de la grammaire définitive de notre AB.
chère langue maternelle ?
VI. Non, en fait ce n'est pas ce projet-là qui me chagrine. Cette nuit, j'ai eu un
songe : il m'est apparu clairement que la grammaire d'une seule langue ne se
laisse concevoir sans prendre en considération la de toutes les langues.
Donc, je me suis résolu à m 'occuper d'abord de cette dernière.
AB. La grammatica univer salis, alors, c'est bien ce que vous voulez dire ? Que le
bon Dieu et le Docteur Subtile nous protègent !
VI. Si vous voulez, je peux vous raconter mon songe — peut-être cela vous rassurera-
t-il un peu ? Si vous avez le temps, vous pouvez m 'accompagner un bout de che
min, je crains d'être en retard pour mes cours.
AB. Très volontiers. Mais voici la jeune Georgiades : n'est-elle pas une de vos
auditrices ?
VI. Certes, et je me demande ce qu'elle peut bien faire ici à cette heure : les cours
obligatoires doivent avoir déjà commencé. Du reste, c'est une jeune femme pleine
de bon sens ; parfois, elle s'asseoit parmi les Auditeurs de mon cours supérieur, et
elle m'étonne toujours par la profondeur de ses propos.
AB. Holà ! jeune amie ! Vous pensez faire l'école buissonnière aujourd'hui ou quoi ?
HeloISA : Bonjour Messieurs — alors on ne vous a pas prévenus ? Aujourd'hui ont
lieu les jeux interfacultaires d'athlétisme, et presque tout le monde s'y rend pour
regarder et applaudir ses favoris.
VI. C'est vrai, je l'avais complètement oublié. Dites-donc, vous n'allez pas à ces
jeux ?
HE. Non, je ne m'intéresse pas à de pareils spectacles. C'est du reste une bonne occa
sion pour faire un peu de pêche ; je vais donc éprouver la fortune de ma canne.
AB. C'est bien pour cela qu'on vous a donné ce sobriquet : piscatrix, la Pêcheuse ?
HE. Je le crois. Mais du reste, j'aime beaucoup réfléchir sur les choses que j'ai
entendues dans vos cours, cher maître, la canne à la main, assise dans mon petit
canot.
VI. Vous me flattez, chère amie.
AB. Bon, j'ai une idée. Maître Viggo a décidé d'écrire une grammaire universelle,
et il aura la bonté de m'expliquer ce projet en quelques mots. Donc, si ça vous
dit, vous pourriez vous joindre à nous pour une conversation péripatétique, au
lieu de vous abandonner à vos propres réflexions seule, à la dérive, en la compag
nie muette des citoyens des fleuves.
HE. Volontiers, cher ami, je suis très honorée de votre invitation. Mais ma présence
ne vous gênera-t-elle pas dans vos conversations ?
VI. Aucunement, ma jeune amie. Je vais commencer par vous raconter le songe dont
je parlais tout à l'heure à notre ami Absalon. Je me suis trouvé devant un édifice
dont la forme rappelait un temple, pas très grand, mais bien proportionné. En
entrant, j'ai vu trois portes successives, conduisant à l'intérieur du temple, qui
portaient respectivement les inscriptions VNUM, VERVM, BONVM. Après avoir
franchi ces portes l'une après l'autre, je me suis enfin trouvé devant une qua
trième porte, fermée à clé, plus grande et plus resplendissante que les trois
autres, derrière laquelle j'ai entendu une voix qui répétait la phrase familière des
Confessions de St. Augustin : TOLLE LEGE, TOLLE LEGE. En regardant autour de
moi, je n'ai vu ni clé ni livre ; dans mon impuissance, l'idée m'est venue d'esca
lader la porte en grimpant sur le mur : mais après avoir gagné un peu de hau
teur, j'ai perdu l'équilibre, je suis tombé au sol, et c'est alors que je me suis
réveillé.
22 AB. Quel drôle de songe ! Qu'est-ce que tout cela veut dire, cher maître, à votre
avis ?
VI. Naturellement, j'ai beaucoup réfléchi à cela. Comme je me suis occupé, derniè
rement (vous le savez, d'ailleurs) de l'idée d'une grammaire comprehensive, tout à
fait nouvelle, de notre langue maternelle, mon songe m'a semblé vouloir indiquer
que la réussite de mon projet dépendait de certaines conditions générales, qui
seraient à réaliser avant que je ne puisse entreprendre ma grande œuvre. Étant
donné, d'autre part, que les trois portes rappellent les trois attributs de Y Ens,
comme disent nos amis de l'École (je ne parle pas ici de certains hérétiques, dits
'postmodernes', qui veulent lui en ajouter un quatrième, celui du PULCRVM), je
crois bien pouvoir interpréter mon songe comme une indication du but vers lequel
II me faudra désormais diriger mes efforts : la recherche de l'être universel li
nguistique, Ens Linguisticum Unum, Verum, Вопит, c'est-à-dire la grammaire
universelle.
HE. Alors, cher maître, vous risquez de parcourir une série d'épreuves à la manière
du célèbre Toscan, passant par l'Enfer, puis par le Purgatoire, pour finir au
Paradis — on dirait une comédie plutôt qu'une grammaire divine !
AB. Je ne suis pas sûr, jeune amie, que notre maître vénéré sache apprécier votre ton
quelque peu ironique.
VI. Laissez donc parler cette jeune enthousiaste ; ses plaisanteries ne sont pas mal
choisies, bien qu'elles me semblent un peu influencées par l'esprit railleur de
notre illustre confrère, le grand Galileuus de Dacia.
HE. C'est vrai que je dois beaucoup à ce grand grammairien : en particulier, il me
semble avoir raison quand il nous dit de vérifier nos idées par des épreuves prati
ques, comme celle qu'il a appelée la commutation. Quant à moi, je me méfie des
notions trop abstraites — après tout, le premier devoir des grammairiens est
d'expliquer les faits concrets de la langue, n'est-ce pas, cher Absalon ?
AB. Si je vous comprends bien, vous rejetez l'idée d'une grammaire générale ou uni
verselle — mais ce n'est pas ce que nous a enseign

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