Dionysos entre histoire et sociologie - article ; n°2 ; vol.15, pg 285-308
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1989 - Volume 15 - Numéro 2 - Pages 285-308
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Giovanni Casadio
Dionysos entre histoire et sociologie
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°2, 1989. pp. 285-308.
Citer ce document / Cite this document :
Casadio Giovanni. Dionysos entre histoire et sociologie. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 15 N°2, 1989. pp. 285-308.
doi : 10.3406/dha.1989.1856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1989_num_15_2_1856DHA 15,2 1969 285-308
DIONYSOS ENTRE HISTOIRE ET SOCIOLOGIE
Giovanni CASADIO
Dionysos est un dieu qui défie toute tentative de définition ou de
classification. C'est un postulat maintes fois affirmé et qu'on peut
vérifier sans difficulté, en parcourant les actes de la Table ronde que
l'École française de Rome a consacrée à la discussion du sujet
« L'association dionysiaque dans les sociétés anciennes ». Déjà dans
l'introduction (De quelques théories modernes sur l'association dio
nysiaque), Olivier de Cazanove, qui a été le principal organisateur
et l'animateur du colloque, s'est trouvé confronté à cette réalité.
«Qu'y a-t-il de commun... entre les trois thiases mythiques de
Thébaines dans les Bacchantes d'Euripide, la troupe non moins
mythique des satyres et des ménades qui entoure en tous lieux Dionys
os, le thiase de Dionysos Baccheios qui, au Ve siècle av. J.-C, à
Borysthènes compte dans ses rangs un roi scythe, ou encore, à l'époque
hellénistique, le koinon des Dionysastes de Rhodes, le synode athé
nien des technites de Dionysos, les sept mille < conjurés > des Bacchan
ales, ou enfin, à l'époque impériale, des collèges de négociants en
vin placés sous la protection de Liber Pater ? » (p. 1). Afin de mettre
de l'ordre dans cette réalité multiple et d'établir un réseau interprét
atif, Cazanove dégage trois axes de recherche valables pour
l'analyse du phénomène dionysiaque dans sa dimension commun
autaire.
À propos de L'association dionysiaque dans les sociétés anciennes.
Actes de la table ronde organisée par l'École française de Rome (Rome,
24-25 mai 1984), Roma, 1986. 286 Giovanni Casadio
En utilisant la classification repérée par G. Le Bras dans le
domaine de l'institution ecclésiale, on peut d'abord analyser les
rapports supranaturels avec le divin (dans notre cas, la phénomén
ologie de la mania ou transe) ; ensuite les rapports communiels entre
les croyants (soit la structuration interne du thiase) ; enfin les rap
ports civiques de la communauté avec le monde extérieur (soit
l'attitude de l'association dionysiaque face à la société dont elle est
issue). Nous avons affaire à trois plans de recherche qui sont en même
temps trois niveaux de l'expérience religieuse. Dans les cadres du
dionysisme, même le premier niveau qui devrait exprimer la ren
contre avec le divin de la façon la plus individualiste prend les
allures d'une expérience collective. La mania est un « phénomène
épidémique » qui, dans la vision métahistorique de Nietzsche, él
imine le principe d'individualisation qui isole les êtres et rend
l'homme « membre d'une communauté supérieure ». On peut entrevoir
la même catégorie de la fonction unificatrice de la transe dans le
concept de mania visé par W.F. Otto et mutatis mutandis dans
l'anthropologie historisante de H. Jeanmaire : « la dynamique
collective que met en jeu la mania fonctionne, non comme identifica
tion (du groupe réel au groupe irréel), mais comme adjonction des
bacchants au < thiase mystique > » (p. 6). La suite du dieu résulte de
cette façon de la réunion de deux composantes : la société démoniaque
des ménades et satyres (niveau du mythe) et la humaine des
bacchantes et bacchants du rite). C'est une véritable théolo
gie de la convivialité dionysiaque qui se dégage de l'analyse des
aspects sociaux de la transe dionysiaque.
Suivant la deuxième voie de l'enquête envisagée, ГА. se livre à
l'examen des structures internes de l'association dionysiaque et, sur
les traces des travaux de Foucart et Poland - dont plusieurs conclu
sions générales devraient être sujettes à rectification -, il conclut
d'une façon persuasive que « le thiase se conçoit idéalement comme
un entre-deux, à mi-chemin de la société des dieux et de celle des
hommes » (p. 8). On devrait relever que le thiasos l, avant d'être le
Qui n'est pas la seule forme d'association entre les fidèles de
Dionysos : on trouve comme dénominations courantes la synodos, le
koinon, le bakcheion et la speira (surtout à l'époque romaine).
Cf. F. CUMONT, La grande inscription bachique du Metropolitan
Museum, A] A, 1933, p. 232-263 : 235 ; et en dernier lieu W. BURKERT,
Ancient Mystery Cults, Cambridge (Mass.)-London, 1987, p. 32, 44. Dialogues d'histoire ancienne 287
nom de la confrérie dionysiaque par excellence, est tout d'abord le du regroupement des compagnons de Dionysos sur le plan
surnaturel du mythe. C'est justement à partir de cette imitation des
satyres et des ménades de la compagnie divine, qu'a lieu la prise de
contact avec le niveau supérieur, l'entrecroisement du plan cultuel et
du plan mythique.
Tandis qu'il aborde la dernière direction de l'enquête, qui concerne
l'attitude de l'association dionysiaque vis-à-vis du monde (c'est-à-
dire les institutions de la cité antique), Cazanove est conduit à
réexaminer les lectures du dionysisme élaborées par Rohde et Gernet.
Les deux savants, intéressés par la religion dionysiaque en tant que
phénomène social, parviennent à des conclusions qui coïncident sur le
point fondamental. Si pour Rohde « l'idéal ascétique détermine... la
constitution de groupes restreints, clos sur eux-mêmes, délibérément
marginaux » (p. 9), autrement dit de sectes, qui entraînent
« l'institutionnalisation des charismes » (ibid.) et s'opposent au
culte officiel, constituant une religion dans la religion, Gernet n'est
pas moins catégorique. Le thiase, affirme-t-il, penche vers la secte ;
des groupes privés en sont naturellement issus, qui se présentent
comme fermés et jaloux : « c'est par l'institution de la secte que
l'esprit dionysiaque a pris des formes particulières qui devaient
durer et se transmettre, quoique le plus souvent en marge de la rel
igion officielle » 2. Nous émettrons notre réserve à l'égard de l'adop
tion d'un terme sémantiquement très spécifique (si non compromis)
comme « secte ». Après les analyses novatrices de M. Weber et E.
Troeltsch, reprises avec diverses nuances dans l'élaboration de la
sociologie religieuse contemporaine la plus avertie (surtout améri
caine : B. Wilson, R. Robertson), on ne peut guère utiliser le mot «
secte » au sens pourtant large d'« association cultuelle marginale » 3.
Pour définir un regroupement religieux « secte », il ne suffit pas qu'en
lui se manifestent une tendance à la solidarité grégaire et une auto
conscience d'appartenance à une élite religieuse (on parlera, le cas
échéant, de confréries initiatiques ou de clubs plus ou moins concernés
L. GERNET, dans L. GERNET-A. BOULANGER, Le génie grec dans la
religion, Paris, 1932 (1970), p. 121, cf. p. 108-109.
Ainsi, encore dans Sectes religieuses en Grèce et à Rome dans
l'Antiquité Païenne, p. 14 (un ouvrage de vulgarisation de plusieurs
auteurs dont l'abondance d'informations n'est pas toujours associée à
une rigueur scientifique). Giovanni Casadio 288
par des célébrations cultuelles). L'esprit « sectaire » se révèle dans
la mesure où l'on peut remarquer, en même temps qu'une auto
conscience de la propre individualité religieuse, une dissidence qui
aboutit à une contestation du statu quo religieux-social, se manif
estant, au niveau de la praxis, principalement dans la profession
d'une ascèse (d'apparence rigoriste ou transgressive, selon le cas) 4.
Comme il résulte très clairement des contributions mêmes du
volume considéré, les conditions requises pour que l'on puisse parler
de véritables sectes sont remplies très rarement dans le cas des asso
ciations dionysiaques, soit d'époque classique, soit d'époque romaine
(malgré la grande variét

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