Discours prononcé à l'ouverture du Congrès des Sociétés savantes à Rennes le 3 avril 1909 - article ; n°1 ; vol.25, pg 1-13

J. Loth

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Annales de Bretagne - Année 1909 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 1-13
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• Publié le: 01 janvier 1909
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J. Loth
Discours prononcé à l'ouverture du Congrès des Sociétés
savantes à Rennes le 3 avril 1909
In: Annales de Bretagne. Tome 25, numéro 1, 1909. pp. 1-13.
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Loth J. Discours prononcé à l'ouverture du Congrès des Sociétés savantes à Rennes le 3 avril 1909. In: Annales de Bretagne.
Tome 25, numéro 1, 1909. pp. 1-13.
doi : 10.3406/abpo.1909.1318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1909_num_25_1_1318'
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CONGRÈS DES 8OCIÉTÉ8 SAVANTES A HENNES 5 ■■ - i .
DISCOURS
PRONONCÉ A LA SÉANCE D'OUVERTURE DD CONGRÈS
le samedi 3 avril 19O9
Par M. J.LQTH.
Doyen de la Faculté des Lettres de l'Université de Rennes.
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
Si l'on m'a offert le périlleux honneur de prendre la parole
devant vous et si je n'ai pas cru pouvoir m'y dérober, c'est
moins en raison de la situation que m'a value la confiance
de mes collègues qu'à cause de l'enseignement que je repré
sente. L'existence d'une chaire de celtique à la Faculté des
lettres est, en effet, comme un symbole de l'esprit qui a
présidé à la fondation de la jeune Université de Rennes; c'est
le trait le plus caractéristique de sa physionomie, et, en
même temps, une innovation d'un heureux augure pour son
développement dans l'avenir.
En fondant les Universités provinciales, , le Gouvernement
de la République a vpajtlu non setiiement créer des foyers de
recherches scientifiques et de h»ute culture rayonnant sur
chacune des aones pri»eipa!es de notre pays, mais encore
contribuer à mettre en œuvre i«s ressources particulières
de chaque terroir, à en développer et mettre en relief, les 2 DISCOURS PRONONCÉ A LA SEANCE D'OUVERTURE
qualités propres. C'est donc à la fois une œuvre d'un intérêt
général et en quelque sorte humain qu'on a voulu inaugurer
en même temps qu'une œuvre nationale. Ce sera assurément
un des principaux titres de la troisième République à la
reconnaissance du pays; mais, si son importance ne saurait
être exagérée, il est clair que c'est une œuvre de longue
haleine et que l'Etat seul ne peut mener à bonne fin. Aussi,
a-t-il très justement convié à y collaborer les régions mêmes
qui devaient être les premières à en recueillir les bénéfices.
L'Université de Rennes n'a pas failli à la mission qui lui
a été confiée. Tout en restant fidèle à son devoir essentiel —
celui de toutes les Universités sous toutes les latitudes —
c'est-à-dire l'exposition méthodique et l'extension des acquis
itions de la science dans ses différentes branches, l'initiation
de ses étudiants à la discipline scientifique, elle s'est appliquée
à intéresser à ses efforts les populations au milieu desquelles
elle est fixée et à leur prouver par d'indiscutables services
qu'en aidant à sa prospérité elles travaillent à la leur propre.
La Faculté des lettres, pour ne parler que d'elle, a déployé
dans cette voie une inlassable et féconde activité. Comprenant
que la péninsule bretonne, par les deux langues qui y sont
parlées, par la richesse de sa littérature populaire, par l'or
iginalité de ses coutumes et de ses traditions, par tout son
passé écrit et non écrit, en particulier même son passé pré
historique, lui offrait un champ illimité de recherches, elle a
fait de sa revue, les Annales de Bretagne, conformément
d'ailleurs à la volonté expresse du Ministère de l'Instruction
publique, un organe exclusivement régional et breton, jus
tement apprécié non seulement en France, mais encore à :
l'étranger. Outre les résultats déjà considérables; de ses
recherches, la Faculté y gagne de prolonger ainsi hors de
Rennes, dans tous les coins de la péninsule, son enseigne
ment, d'y propager les saines méthodes linguistiques et
historiques, et de contribuer, pour une part appréciable, au
bon renom de l'Université.
De plus, les Annales, par les nombreux échanges qu'elles
ont provoqués avec les revues françaises et étrangères, DU CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 3
apportent à la bibliothèque universitaire un sérieux concours
et lui économisent de coûteuses acquisitions. La Faculté a
trouvé de précieux collaborateurs dans les archivistes des
cinq départements de Bretagne et aussi parmi ses propres
étudiants. Pour former, par exemple, les étudiants de la
section d'histoire aux méthodes et à la critique historiques,
ce sont les archives locales qui ont fourni les matériaux
d'études, et déjà bon nombre d'importants travaux d'histoire
régionale, qui font honneur à la fois aux maîtres et aux
élèves, ont ainsi vu le jour.
Là ne s'est pas borné notre labeur régional. Nous avons
commencé une collection de moulages et de photographies
destinée, pour une large part, à aider à l'enseignement de
^l'archéologie à toutes les époques, même de l'archéologie
préhistorique.
Le laboratoire de géographie a pris aussi, dans la mesure
du possible, un caractère régional. Nous songeons à y
annexer une section d'anthropologie. Notre laboratoire de
psychologie expérimentale, le mieux organisé de France
peut-être, malgré ses faibles ressources, grâce au dévouement
et à l'esprit inventif du professeur qui l'a créé et le dirige,
possède une section de linguistique expérimentale qui a déjà
rendu quelques services aux études dialectales et est appelé
à en rendre bien d'autres le jour où nos étudiants pourront,
sans nuire à leur avenir, se livrer- à des études qui n'auront
pas uniquement pour objectif, comme maintenant, Fensei--
gnement professionnel. Il n'est pas jusqu'à la musique locale1
qui n'ait attiré notre attention. Le laboratoire de linguistique
possède déjà une riche collection d'airs bretons recueillis à
l'aide du phonographe, qui ne le cèdent guère en charme et
en originalité à ceux que le recueil de M. Bourgault-
Ducoudray a popularisés dans l'Europe entière. Nous compt
ons utiliser aussi le phonographe pour l'organisation d'une
sorte de bibliothèque des variétés dialectales, celtiques et
romanes de Bretagne, le jour où notre phonographe, série
usement enroué et fatigué par de multiples exercices, aura eu
un successeur à la voix plus souple et plus sonore. 4 DISCOURS PRONONCÉ A LA SEANCE B'otTVERTURE
En raison de sa situation géographique, l'Université de
Rennes pouvait espérer attirer à elle un certain nombre
d'étudiants des Iles Britanniques. Aussi la Faculté des lettres
a-t-elle organisé des cours spéciaux et créé des diplômés
pour les étudiants étrangers. Le succès commence à répondre
à nos. efforts. Nous avons à nous féliciter, en particulier, de
la création d'un doctorat de l'Université de Rennes (section
des lettres ou mieux, des sciences philosophiques, histo
riques et philologiques). Il est à peine créé depuis trois ans
que deux Anglais l'ont obtenu en soutenant avec succès, en
français, devant notre Faculté, des thèses écrites en anglais.
Plusieurs autres nous ont soumis des sujets de thèse. Tout
récemment, un étudiant américain, des Etats-Unis, s'est
inscrit en vue du doctorat. Jusqu'ici, les Français, auxquels :.
il était destiné aussi bien qu'aux étrangers, n'en avaient pas
profité. Cette année, un de nos meilleurs étudiants libres
donne le bon exemple en nous présentant une remarquable
thèse de philosophie actuellement à l'impression.
Chose étrange, le principal objectif de la Faculté, la créa
tion d'une chaire de celtique, n'a été atteint qu'après de
longues années d'attente et d'efforts.
Cette création se justifiait déjà, s'imposait même par l'i
mportance croissante qu'ont prise les études celtiques depuis
quelques