Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age - article ; n°1 ; vol.89, pg 5-39
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1928 - Volume 89 - Numéro 1 - Pages 5-39
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1928
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Louis Demaison
Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1928, tome 89. pp. 5-39.
Citer ce document / Cite this document :
Demaison Louis. Documents sur les drapiers de Reims au Moyen Age. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1928, tome 89.
pp. 5-39.
doi : 10.3406/bec.1928.448812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448812DOCUMENTS SUR LES DRAPIERS DE REIMS
AU MOYEN AGE
L'industrie et le commerce des étoffes ont été très pros
pères à Reims au moyen âge. De nombreux documents nous
montrent que les draps, tapis, serges, camelots, étamines, et
surtout les toiles de Reims, étaient fort recherchés et export
és jusqu'en des contrées très lointaines. Chacun de ces ar
ticles mériterait une étude spéciale, mais, sauf pour les draps,
nos archives ne nous fournissent guère de renseignements
utiles. Il faudrait recourir à d'autres sources, règlements des
foires et des marchés les plus fréquentés, inventaires, re
gistres de comptes, témoignages des auteurs contemporains.
Nous savons que les tapis de Reims jouissaient jadis d'un
grand renom. Ils sont mentionnés dans un tarif des tonlieux
levés aux foires de Troyes ' .
La serge était une étoffe croisée, ordinairement en laine,
parfois avec un mélange de fil. Celle que l'on fabriquait à
Reims au xine siècle était très réputée. Dans un compte des
recettes et dépenses de la maison de saint Louis pour 1234, il
est question des sargiis de Remis'1. On se rappelle l'anecdote
rapportée par Joinville ; il avait vu en rêve le roi à genoux
devant un autel et revêtu par plusieurs prélats « d'une cha
suble vermeille de serge de Reims ». L'explication qu'il nous
donne de cette vision nous montre que la serge était une
étoffe assez commune, peu propre à confectionner des cha
subles3. Elle servait surtout à faire des rideaux et des cou
vertures de lits. Un compte de l'argenterie des rois de France
1. F. Bourquelot, Éludes sur les foires de Champagne, t. I, p. 246.
2. Ibid.
3. Histoire de saint Louis, chap, cxliv, édit. de Wailly, Paris, 1874, p. 396
et 398. DOCUMENTS SUR LES DRAPIERS DE REIMS 6
en 1316 mentionne l'acquisition de six serges vertes de Reims
pour mettre aux fenêtres de la chambre du roi1.
Il semble aussi qu'il faut voir des serges dans les serica
Remensia qui figurent parmi les présents envoyés au sultan
Bajazet pour la rançon de plusieurs seigneurs français faits
prisonniers en 1395 à la désastreuse bataille de Nicopolis2.
Le camelot était une étoffe fine et lisse, non croisée, faite
avec du poil de jeune chameau ou du poil de chèvre d'Armén
ie. Les matières premières étaient importées d'Orient, et
l'on savait les utiliser à Reims dès la fin du xine siècle3. Les
camelots de Reims sont cités à cette époque dans un tarif des
marchandises vendues ä Paris4. Leur réputation s'est main
tenue beaucoup plus tard. Un compte de la maison du roi, de
l'année 1387, note une dépense de 20 sols parisis « pour un
camelot de Reims vermeil pour doubler une houppelande de
drap vert, pour le varlet et garde de la royne 5 ».
L'étamine de Reims, étoffe légère, non croisée, était par
fois entièrement en laine, ou toute en soie, ou en laine et soie.
Elle était aussi fort estimée. Un document de l'année 1305
nous montre qu'elle était alors exportée en Italie0.
Ce sont surtout les toiles de Reims, tissus fins et délicats,
qui avaient acquis jadis une célébrité attestée par d'innom
brables documents. C'était un article de luxe, dont les princes
et les seigneurs faisaient usage et que le commerce répandait
en France aussi bien qu'à l'étranger.
Les « fines toiles de Reims » sont nommées fréquemment
dans les comptes de l'argenterie des rois de France. On en
faisait des draps de lit, des courtepointes, des serviettes, des
chemises, des doublets (vêtements de dessous). Elles étaient
considérées comme des étoffes fort précieuses ; un inventaire
de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, de l'année 1420, si-
1. F. Bourquelot, op. cit., p. 246.
2. « Tantae cladis nuntio in Galliam perlato, undique perquiruntur munera,
qusecumque Turcse grata fore putabantur. tape tes Atrebatici,... serica Remens
ia... » (Marlot, Melrop. .Remensis hist., t. II, p. 684). Cf. Francisque Michel,
Recherches sur le commerce, la fabrication et l'usage des étoffes de soie, a" or et d'ar
gent et autres tissus précieux en Occident, pendant le moyen âge, t. I, p. 97 ; Bour
quelot. op. cit., p. 247.
3. Gay, Glossaire archéolo gique du moyen âge et de la Renaissance, t. I, p. 262. —
Enlart, Manuel d'archéologie française, Le costume, p. 5.
4. Bourquelot, op. cit., p. 247.
5. Gay, op. cit., p. 264.
6.p. 281-282. AU MOYEN AGE 7
gnale, en effet, une grande pièce de cette toile, « frangée de
soye et bordée d'or », destinée à faire des draps de lits1. La
reine Isabeau de Bavière avait revêtu à la messe, le jour de
son sacre, un large doublet de toile de Reims, fait en manière
de chemise2.
Les toiles rémoises étaient si renommées que l'on ne dédai
gnait pas d'en offrir en présent aux souverains. Froissart nous
apprend que Galéas Visconti, duc de Milan, avait l'habitude
d'envoyer chaque année au sultan Amurat, avec d'autres
dons, « des draps de fines toiles de Reims », fort appréciées
des Sarrasins, car ils n'avaient pas de ces tissus en leur pays,
sinon ceux qui leur venaient de nos contrées 3.
Quand Jacques de Helly vint annoncer à Paris la défaite de
Nicopolis, on lui demanda quels étaient, parmi les joyaux
que l'on pourrait transmettre à Rajazet de la part du roi de
France, pour le rachat des prisonniers, ceux qui lui seraient
le plus agréables. Le chevalier répondit « que l'Amorath pren-
droit grand plaisance à voir draps de hautes lices ouvrés
à Arras en Picardie... Avecques tout, il pensoit que fines
blanches toiles de Reims seroient de l'Amorath et de ses gens
recueillies à grand gré, et fines escarlattes, car de draps d'or
et de soie, en Turquie, le roi et les seigneurs avoient assez et
largement, et prenoient en nouvelles choses leurs ebattemens
et plaisances4 ».
Ainsi l'on jugeait que nos toiles seraient mieux accueillies
des Turcs que de riches tissus de soie brodés d'or. On voit de
quelle faveur elles jouissaient en Orient.
Les anciens registres de comptes de la ville de Reims nous
1. « Une grant pièce de fine toile de Rains qui puet faire de bien grans draps
de lit, tout d'une pièce, sans aucune cousture, frangée de soye et d'or » (Gay,
Glossaire, t. I, p. 565).
2. « Pour 16 aunes de fine toille de Reims, pour faire un grant et large doublet
de 4 toilles, fait en manière de chemise, qui a esté fendu devant au collet et par
derrière, pour la dicte dame (la reine Isabeau), qu'elle a eu et vestu à la messe, le
jour de son sacre,... au prix de 12 sols pour l'aune » (Compte royal d'Arnould
Bouchier, 1389 ; Gay, ibid.) Déjà, en 1387, on avait acquis sept aunes de toile de
Reims pour lui faire « un doublet à vestir », au prix de 8 sols l'aune (Compte royal
de Guillaume Brunei; Gay, ibid.).
3. Galéas « lui envoy oit tous les ans dons et présens de chiens et d'oiseaux, ou
de draps de fines toiles de Reims, qui sont moult plaisans aux payens et Sarras
ins, car ils n'en ont nuls, si ils ne viennent de nos parties » {Chronique de
Froissan,\\sf. IV, ch. 50. Cf. Francisque Michel, op. cit., t, I, p. 98).
4. Chronique de Froissart, liv. IV, ch. 53. 8 DOCUMENTS SUR LES DRAPIERS DE REIMS
montrent que les Rémois ne se faisaient pas faute non plus
d'offrir ces produits de leur industrie aux nobles visiteurs qui
se présentaient en leur ville. On en envoyait aussi à ceux dont
on voulait s'attirer les bonnes grâces. Le 21 novembre 1481, à
la suite de l'incendie de la cathédrale, les chanoines de Reims
achètent des toiles et des serviettes pour en faire présent aux
principaux seigneurs de la cour et en obtenir des fonds pour
la réparation du monument1.
Le commerce de ces toiles était très actif au moyen âge
dans les pays étrangers2. Des documents du temps nous
donnent à ce sujet des renseignements d'un grand inté

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